La mort, le karma et les problèmes du samsara

Introduction générale et révision

Les traditions tibétaines Kadam, Sakya, Kagyou et Nyingma, toutes issues du Bouddha, suivent une présentation sur les manières d'entraîner nos attitudes qui provient d'une source commune : LEngagement dans la conduite du bodhisattva de Shantideva. La présentation de Shantideva, quant à elle, englobe tous les points que l’on trouve dans les enseignements du lam-rim de la voie progressive, c'est-à-dire tous les cheminements d’esprit progressifs menant à l’illumination. Il n'y a rien dans ces voies progressives qui ne puisse pas être considéré comme un entraînement de nos attitudes. Cependant, les points particuliers dont nous discutons ici s'appliquent à une catégorie spécifique d'enseignements appelée « lojong », « entraînement de l'esprit », « entraînement de l'attitude ». Ils sont condensés dans LEntraînement de l'esprit en sept points, tel qu'il est présenté dans le texte de Guéshé Chekawa et dans le commentaire intitulé L’Entraînement de l’esprit pareil aux rayons du soleil, de Namkapel, un disciple de Tsongkhapa.

Les sept points de l'entraînement de l'attitude sont les suivants :

  • Les préliminaires
  • La méthode d'entraînement aux deux bodhichittas, relative et profonde
  • Transformer les circonstances adverses en une voie d’illumination
  • Condenser la pratique en une seule vie
  • La mesure d’avoir entraîné nos attitudes
  • Les pratiques étroites pour l'entraînement de l'esprit
  • Les points à exercer pour l'entraînement de l'esprit.

La mort et l'impermanence

Nous avons toutes et tous obtenu un précieux corps humain en tant que base de travail, nous souhaitons toutes et tous être heureux, aucun d'entre nous ne souhaite souffrir ou avoir des problèmes. Le bonheur que nous souhaitons ne vient pas de nulle part, il provient de causes. Nous devons donc réfléchir très profondément aux causes qui engendrent notre bonheur et éliminent nos problèmes. Pour pouvoir suivre la voie spirituelle, nous devons profiter de la précieuse vie humaine dont nous disposons. Bien sûr, nous devons subvenir à nos besoins et accomplir les diverses tâches nécessaires à notre vie quotidienne. Cependant, il ne faut pas que nous nous consacrions principalement à gagner de l’argent et des biens matériels, car ils ne sont pas la seule cause du bonheur. Toutes les personnes qui sont riches ne sont pas nécessairement heureuses. Quand on sait qu'il y a beaucoup de gens riches, possédant beaucoup de biens matériels, qui sont malheureux et qui ont de graves souffrances mentales, on ne peut pas dire que la seule cause du bonheur est la possession de biens matériels.

Pour que notre bonheur se réalise, il doit avoir une cause préalable. Le bonheur dépend avant tout de notre état d'esprit. Si l'esprit d'une personne est heureux, alors quelles que soient les circonstances extérieures, cette personne continue d'être heureuse. Si une personne est fondamentalement heureuse, polie, attentionnée envers les autres, cultivée et bonne, alors le fait qu'elle croie ou non à la religion ou au Dharma ne fait aucune différence. Si nous sommes civilisés et prévenants envers les autres, nous accumulons de toute façon de la force positive (mérite). Si, en plus de cela, nous étudions et pratiquons, en nous entraînant aux différentes méthodes du Dharma, le fait d'être une personne aimable et serviable nous apportera un bienfait encore plus grand et nous permettra d'accumuler encore plus de force positive. Cela nous sera bénéfique non seulement dans cette vie, mais aussi dans les vies futures.

Il s'agit donc d'une quête très utile pour utiliser au mieux la base de travail dont nous disposons. Nous devons réaliser que ce précieux corps humain ne durera pas éternellement, qu'aussi parfaites que soient nos circonstances, cette vie est quelque chose qui passera. En effet, tout le monde est soumis à l'impermanence et à la mort. L'essentiel est de ne pas perdre notre temps. Il est donc extrêmement important de réfléchir à l'impermanence et à la façon dont toutes les situations passent.

Il existe plusieurs façons de présenter l'impermanence. On peut par exemple en parler dans le contexte de l'un des seize aspects des quatre nobles vérités, ou on peut parler d'impermanence générale et de ses niveaux grossiers et subtils. Ici, nous parlons de l'aspect le plus grossier de l'impermanence, celui qu’expérimente toute personne qui meurt.

Les inconvénients de ne pas prendre conscience de la mort et de l'impermanence

Nous ferions bien de considérer les avantages de la méditation et de la prise de conscience de l'impermanence, ainsi que les inconvénients de ne pas le faire. Le texte parle d'abord de ces inconvénients, puis de l'extrême importance de rester conscient de l'impermanence et de la mort. C'est important parce que, que nous y croyions ou non, il y a des renaissances futures : nous pouvons tomber dans l'un des pires états de renaissance ou dans l'un des meilleurs. Il est donc très important d'être conscient de nos potentiels négatifs qui peuvent conduire à une renaissance infortunée, et de faire attention à nos actions et aux choses que nous faisons maintenant, puisqu'elles affecteront notre avenir.

Si nous ne sommes pas vraiment conscients de la mort en permanence, même si nous pratiquons le Dharma, nous ne nous y impliquerons pas pleinement et nous ne le prendrons pas au sérieux. Si nous sommes vraiment conscients de la mort et de l'impermanence, et du fait que ce qui se produira dans le futur dépend de ce que nous faisons maintenant, alors il n'est pas nécessaire d’être rappelé à l’ordre par la police. Notre propre conscience de la causalité nous servira de garde-fou et nous empêchera d'agir de manière inappropriée.

Qui que nous soyons, le fait de voir les choses dans la perspective que nous allons tous mourir nous fera comprendre qu'il ne sert à rien de tromper les autres ou d'agir de manière insensible. Au moins, nous verrons qu'il est absurde de nous tromper nous-mêmes en agissant de manière autodestructrice, puisque nous devrons faire face dans le futur aux conséquences de ce que nous avons fait. Il est donc extrêmement important d'être conscient à chaque moment de l'impermanence et de la mort.

Comment s'entraîner à prendre conscience de ces deux données ? Nous le faisons d'abord en prenant conscience du fait qu'aucun de nos biens, de nos amis, de nos parents, etc., ne pourra nous venir en aide au moment de la mort. Ensuite, nous devons réfléchir à toutes les circonstances qui se produiront au moment de la mort, au fait que tous les objets que nous avons acquis au prix de nombreuses difficultés, peut-être même en étant malhonnête, ne nous seront d'aucune utilité au moment de partir. Cependant, nous devrons endurer les conséquences de tous les moyens insidieux que nous avons mis en œuvre durant notre vie.

Il est certain que nous allons toutes et tous mourir parce que nous sommes toutes et tous sous l'influence des attitudes perturbatrices et des diverses impulsions du karma sur notre continuum mental. Même les rois doivent mourir, et certains sont même exécutés. Si nous passons notre temps à ignorer totalement ce fait, à nous tromper nous-mêmes, à mentir, à faire toutes sortes de choses malhonnêtes, nous aurons une surprise au moment de la mort : beaucoup de regrets et de remords. Si nous étions attentifs et conscients du fait que nous allons mourir, nous agirions beaucoup mieux de notre vivant et nous n'aurions pas à mourir avec des regrets et des remords.

Bien qu'il soit impossible de ne pas mourir, nous pouvons nous préparer afin de ne pas mourir dans un état de terreur. La mort n'est qu'une question de temps, il vaut donc la peine de s'y préparer dès maintenant.

Ces points sont présentés dans le texte comme suit :

  • La mort est certaine,
  • Le moment de notre mort est incertain,
  • À l'exception du Dharma, il n'y a rien qui puisse nous aider au moment de la mort.

Tels sont les trois points à considérer.

La certitude de la mort

La mort est certaine. En effet, si même les innombrables bouddhas et arhats doivent mourir, que dire des gens ordinaires que nous sommes ? Qui que nous soyons, une fois que nous sommes nés, il est absolument certain que nous mourrons. Il n'y a personne qui ne doive pas mourir, il est donc impossible de l'éviter. Et si nous regardons les différents bouddhas qui, avant de devenir éveillés, ont atteint l'état d'un corps illusoire et ont ensuite atteint l'éveil dans cet état sans réellement mourir, il y en a très peu. La plupart d'entre eux ont manifesté leur passage en paranirvana. Si nous prenons des exemples dans l'histoire, que ce soit les rois, les empereurs, etc., nous ne trouvons personne qui ait réellement atteint l'immortalité.

Il n'y a nulle part où aller pour échapper à la mort et, bien que nous ayons un corps très fort, il ne sera pas assez fort pour résister à la mort. De la même manière que lorsque l’on se trouve pris au piège dans un endroit encerclé de montagnes, sans aucun moyen de s'échapper, il n'y a aucun endroit où l'on puisse se réfugier pour échapper à la mort.

Imaginer des choses qui pourraient arriver et auxquelles il n'y aurait aucune échappatoire, comme une guerre nucléaire, n’est pas utile. Quoi qu'il en soit, la mort est inéluctable. Nous ne pouvons pas rejeter la responsabilité sur des éléments extérieurs qui pourraient causer notre mort, en vivant en permanence dans la crainte d'événements tels qu'une guerre nucléaire. Les causes de la mort s'accumulent dans notre continuum mental. Les attitudes perturbatrices, le karma, etc., sont les causes internes qui provoqueront notre mort, accompagnées de circonstances externes qui y contribuent. L'essentiel est qu'étant né dans un corps avec des attitudes perturbatrices et du karma sur notre continuum mental, il est certain que nous allons mourir. En effet, au moment où le corps se matérialise, les causes de la mort s’engendrent en même temps.

En ce qui concerne l'impermanence et la souffrance de tous les êtres, dont nous parlerons plus en détail ultérieurement, l'une des souffrances que nous pouvons tous constater est la vieillesse. En vieillissant, nous commençons par exemple à perdre le pouvoir de nos sens, ce qui est une indication de la certitude de la mort à venir.

Il y a des raisons pour lesquelles la mort est inéluctable. Premièrement, il y a plusieurs choses qui peuvent nous arriver, des causes en nous : nous vieillissons et tout dégénère, le pouvoir de guérison des médicaments s'affaiblit, et nous mourons. Ensuite, notre durée de vie ne s'allonge pas, elle diminue constamment. Bien sûr, il y a des prières, certaines poujas de longue vie et des pratiques de ce genre, mais il est difficile d'augmenter la durée de vie réelle.

Notre durée de vie provient de la force positive, du karma et ainsi de suite, que nous avons accumulé au cours des vies précédentes. Tout comme les jours passent constamment, si l'année dernière il nous restait cent ans à vivre, cette année il n'en restera que quatre-vingt-dix-neuf. Et quelle que soit la durée de vie que nous imaginons, nous pouvons constater qu'entre ce matin et maintenant, une partie de cette durée s'est écoulée. Notre durée de vie s'écoule à chaque respiration, à chaque instant. Le temps passe constamment et il ne s’arrêtera pas. Nous ne pouvons pas nous asseoir et faire une pause dans l’écoulement de notre durée de vie, même pour un instant. Il n'y a aucun endroit où nous pouvons aller, rien que nous puissions faire, pour éviter que le temps qu'il nous reste à vivre ne s'écoule constamment.

Il existe de nombreuses métaphores de la vie qui s'écoule. On parle de la vie comme de l'eau d’une cascade, qui, une fois qu'elle commence à franchir le bord, ne peut plus s’arrêter et doit continuer à tomber. Ou encore, comme un cours d’eau qui s'écoule en permanence, pensez à la rapidité avec laquelle la vie s'écoule. On parle aussi de la vie comme d’un éclair traversant le ciel, aussi fugace qu’éphémère.

Vient ensuite le point suivant. Sur une vie de, disons, cent ans, la moitié est probablement passée à dormir, surtout si l'on considère combien nous avons dormi cette année. Bien sûr, le cas d’une personne insomniaque est différent, mais en général, la plupart d'entre nous passent énormément de temps à dormir. Si nous prenons une période de soixante ans dans une vie, les vingt premières années sont en quelque sorte perdues à faire des bêtises. Pensez au temps que l'on est réellement capable de mettre à profit : si l'on décompte tout le temps passé à dormir, à manger et à être malade au cours de ces soixante années, il ne reste probablement qu'une période d'environ six ans. Pensez aussi au temps que nous perdons au cours d'une journée dans toutes sortes d'activités triviales pour prendre soin de notre corps.

Un grand lama a déclaré dans sa biographie : « J’ai passé mes vingt premières années à ne jamais m'atteler à la pratique, les vingt années suivantes à me dire "eh bien, je vais m'y mettre un jour ou l'autre", et j'ai passé les dix dernières années à me dire "Oh ! J’aurais aimé me consacrer à ma pratique plus tôt !" C'est ainsi que j'ai gâché une vie humaine parfaite. »

Bien sûr, il y a des exceptions, des personnes qui, dès leur plus jeune âge, ont envie d'étudier et de s'améliorer. Mais la plupart d'entre nous ne ressentent pas cela dès l'enfance et, au cours des vingt premières années, nous ne nous attelons pratiquement jamais à un travail sérieux d'amélioration de soi. Les vingt années suivantes de notre vie sont consacrées à nous établir, à gagner notre vie, et nous remettons toujours à plus tard, en nous disant : « Je dois d'abord m'établir et faire toutes ces choses. » Alors, dix ans passent, puis trente, puis quarante, et nous commençons alors à penser : « Je vieillis, je ne peux plus rien faire. Je ne vois plus très bien, je ne peux pas prendre le risque de m’abîmer davantage les yeux. De plus, je n'entends plus très bien et je dois faire répéter les gens plus fort pour comprendre ce qu’ils disent. » En somme, nous abandonnons nos aspirations à apprendre.

Cela montre à quel point il est difficile de mener une vie spirituelle. Il est beaucoup plus facile de vivre une vie mondaine. Donc, si nous voulons vraiment mener une vie spirituelle, nous ne pouvons pas toujours la remettre à plus tard ou la repousser jusqu'à ce que nous soyons âgés. Nous nous apercevrons que nous ne serons pas capables de faire ce que nous avions espéré et nous aurons seulement de grands remords, regrettant de ne pas nous être formés plus tôt. Si nous voulons mener une vie spirituelle, une vie religieuse, nous devons le faire avec beaucoup de résolution et de détermination à partir de maintenant, là, tout de suite.

Nous devons nous dire : « Dans cette vie, j'ai rencontré les enseignements du Hinayana et du Mahayana et, au sein du Mahayana, j'ai rencontré les soutras et les tantras. » Nous devons comprendre que la responsabilité incombe à chacun d'entre nous. Le Bouddha nous a montré ce qu'il fallait faire, quel chemin suivre. Nous ne pouvons pas rejeter la responsabilité sur quelqu'un d'autre. Le fait de suivre ou non cette voie dépend entièrement de chacun d'entre nous.

La nature de la vie est instable, changeante d'un moment à l'autre. La vie est fragile et on ne peut pas s'y fier. Ainsi, lorsque nous prenons conscience de notre errance et que notre durée de vie s'écoule et se désintègre continuellement, nous réalisons que nous sommes sur le point de sombrer, de quitter cette vie. Si nous passons notre vie à ignorer complètement cette réalité, cela est vraiment pathétique.

Tout cela nous montre que la mort viendra, c'est certain. Même s'il y a des milliards d’habitants sur cette planète, aucun d'entre eux ne sera encore là dans quelques siècles, et cela même si la population mondiale augmente considérablement. Et si nous considérons les personnes ici présentes, dans cent ans, peut-être que quelques bébés seront encore là, mais le reste d'entre nous sera pour sûr décédé ! Si nous pensons à ce qu'il adviendra de ce bâtiment et des autres bâtiments qui l'entourent dans quelques siècles, ils auront probablement disparu eux aussi. Prenons l'exemple d'un arbre : un arbre à feuilles caduques peut être plein de feuilles, mais lorsque l'hiver arrive, elles tombent toutes au sol. Le monde est en perpétuel mouvement. Si nous nous réveillons très tôt le matin, juste avant l'aube, il fait très frais. Puis, le soleil se lève et parcourt le ciel sans s'arrêter un instant. Notre vie est ainsi faite : le jour et la nuit continuent à passer sans jamais s'arrêter.

L'absence de certitude quant à l'heure de la mort

Dans l'histoire, il y a des légendes de personnes qui ont trouvé l’immortalité dans un passé lointain. Elles ont vécu des durées de vie incommensurables, mais de nos jours, les personnes de ce genre ont disparu. Puisque nous allons toutes et tous mourir, nous pourrions nous demander quand la mort viendra. Cependant, il n'y a aucune certitude quant à ce moment, et c'est le deuxième point. Il est très clair que, où que nous allions dans le monde, il n'y a aucune certitude quant au moment exact où notre vie s'achèvera. Nous ne faisons pas référence ici à d'autres continents, comme cela est présenté dans Le Trésor des sujets spéciaux de connaissance. Ici même, sur cette planète, la réalité est qu'il n'y a pas de durée de vie définie.

Si nous observons de nombreuses personnes dans ce monde, nous constatons qu'elles ne sont pas prêtes à affronter la réalité de la mort. Il y a beaucoup d'endroits où les personnes âgées ne veulent absolument pas accepter le fait qu'elles vont mourir. Elles passent leur temps à voyager à travers le monde en touristes, s'habillant de manière très chic, portant beaucoup de maquillage et essayant de paraître jeunes, dans une tentative de fuir la réalité de leur vie, au lieu de préparer leur esprit à savoir où et quand la mort arrivera.

Une fois, après un examen médical, le médecin m'a dit : « Il y a une garantie à cent pour cent que vous vivrez jusqu'à l'âge de soixante ans. » Je n’ai pas accepté cette garantie comme définitive. En revanche, ce qui est sûr, c'est que personne ne peut jamais garantir ce qui arrivera ou n'arrivera pas dans un laps de temps donné.

Un autre point important est que beaucoup plus de circonstances entraînent la mort que celles qui maintiennent la vie, comme les nombreuses maladies, etc. Nous n'avons pas besoin de chercher à l'extérieur les causes de la mort : elles sont toutes rassemblées dans notre continuum mental. Même les circonstances qui entretiennent normalement la vie peuvent causer la mort. Par exemple, nous mangeons pour nous maintenir en vie, mais manger peut aussi nous causer des problèmes d'estomac, de digestion, de foie, etc. En mangeant quelque chose qui nous maintient en vie, nous pouvons causer notre mort.

Le point suivant parle de la faiblesse du corps, de son extrême fragilité, du fait qu'il puisse se briser à tout moment. Notre corps n'est ni fort, ni solide, ni capable de résister à tout. Si nous considérons diverses structures faites de différents éléments telles que les bâtiments ou les montagnes, bien qu'elles nous semblent très solides, elles aussi disparaissent. Le vent et l'eau les érodent, il n'est donc pas nécessaire de mentionner qu’il en est de même pour notre corps. Le cœur bat en permanence, mais s'il s'arrêtait une minute, nous mourrions. Le squelette recouvert de peau est magnifique, mais à l'intérieur de la peau, il est très délicat et fragile. Si nous regardons la délicatesse et la complexité du corps humain, il est tout à fait compréhensible de penser que seul Dieu a pu le créer, tant il est incroyable. Mais si nous regardons vraiment le corps humain, c'est quelque chose de si fragile et qui peut se briser si facilement. Puisque la vie peut passer si vite, et elle passera certainement, nous devons nous appliquer à la pratique du Dharma.

Seul le Dharma est utile au moment de la mort

Le point suivant de cet exposé est que rien ne sera utile au moment de la mort, à l'exception du Dharma. Nous devons être très clairs sur le fait qu'au moment de la mort, rien n'est utile à part l'entraînement spirituel dans le Dharma. Aucun des objets matériels et des diverses choses que nous avons pu accumuler ne sera d'une quelconque utilité au moment de la mort. Nous devrons tout laisser derrière nous. Si nous sommes la personne la plus riche du monde, quelle que soit la quantité d'argent que nous avons à la banque ou dans des investissements, nous ne pourrons pas l'emporter avec nous au moment de la mort, c’est sans espoir.

Il en va de même pour notre famille et nos amis, qui ne peuvent être d'aucune aide au moment de la mort. Certaines personnes semblent si dévouées qu'elles sont prêtes à sacrifier leur vie pour nous, mais elles ne peuvent pas le faire. Si tout le monde doit mourir, à quoi servent ces personnes ? Lorsque la fin de ma vie approchera, si je proclame que « je suis un moine » ou que « je suis le Dalaï-Lama », cela n’empêchera pas la mort d’arriver, et je serai seul à y faire face. Du fait d’être un jour né, il n'y a pas d’autre issue que de partir, seul, à l'heure de la mort. Bien qu’au cours de sa vie, Mao Zedong eut un grand nombre de personnes autour de lui, une armée puissante et beaucoup de pouvoir, aucun de ses soldats n'a pu l'aider ou l'accompagner au moment de la mort, et il a dû y faire face complètement seul.

Ce corps avec lequel chacun d'entre nous a été si intimement lié, expérimentant la chaleur, le froid, la faim et la soif, devra un jour se séparer de l'esprit. Nous accordons une si grande importance à notre corps, alors qu'il va simplement se transformer en cadavre. Un cadavre nous donne généralement la nausée. Nous le considérons comme sale et contagieux, mais d'où vient un cadavre ? Il vient de notre propre corps. D'après vous, d'où vient la saleté d'un cadavre ? Le corps qui se transforme en cadavre ne nous sera d'aucune aide quand nous mourrons. Ainsi, il est très clair que ni le corps, ni la richesse, ni les amis et notre famille ne seront d'une quelconque aide au moment de la mort.

Les gens, sans y penser, continuent d'accumuler et d'économiser des choses, les mettant dans des boîtes en plastique, puis dans des boîtes en bois. Lorsqu'ils voient une belle boîte de conserve vide, ils la mettent de côté et en font des collections, pour rien, juste pour tout laisser derrière eux.

Nous avons établi que notre continuum mental se poursuit des vies passées aux vies futures, et c'est sur cette base que nous avons étiqueté le « moi » et ainsi de suite. Le continuum mental est donc quelque chose qui se poursuit, incapable de transporter des objets matériels. Tout ce qui peut aller sur ce continuum mental, ce sont les diverses potentialités développées au cours de cette vie. Si nous accumulons des potentialités constructives, divers types de forces positives, cela profitera aux vies futures. Les potentiels sont quelque chose que nous pouvons développer par la pratique du Dharma.

Considérons les diverses circonstances qui peuvent survenir au moment de la mort. Nous pouvons être malades et consulter plusieurs médecins qui nous disent que nous sommes atteints d’une longue maladie, sans qu’ils puissent faire quoi que ce soit. Pensez alors à l'inconfort que nous pouvons ressentir, au fait que tout devient de plus en plus désespéré lorsque nous réalisons que nous allons mourir. Le dernier jour de notre vie, nous restons allongés sur notre lit, terrifiés, tandis que les signes s'accumulent et que nous voyons la vie s'éloigner. Il n'y a rien que nous pouvons faire : nous n'avons aucun contrôle sur le processus. Nous mangeons notre dernier repas et la médecine n'est plus en mesure de nous aider. Tout devient de plus en plus pathétique. Nous voulons parler mais nous en sommes incapables, nos lèvres sont desséchées. Nos capacités à voir, entendre et sentir disparaissent, puis c’est notre capacité à respirer qui cesse et nous nous éteignons. Quel que soit le beau prénom que nous ayons pu porter au cours de notre vie, il devient alors le défunt Tashi, ou le regretté Kunzang.

Ainsi, si nous pensons aux circonstances de notre mort imminente et à la manière dont elle va se produire, nous devons être fermement convaincus que seul un certain type de pratique spirituelle peut nous aider lorsque la mort survient. La pratique spirituelle la plus efficace consiste à développer les deux bodhichittas : relative et profonde. Ainsi, en pensant à l'impermanence et à la mort, nous devons prendre la ferme résolution de développer la bodhichitta.

Le karma : la cause et l'effet comportementaux

Le point suivant des préliminaires est la discussion sur le karma : la cause et l'effet comportementaux. Après notre mort, nous ne pouvons aller que dans deux directions, vers le haut ou vers le bas, c’est-à-dire vers de meilleurs ou de pires états de renaissance. Étant donné que le continuum mental a une continuité, il est certain qu'il va renaître. Sous l’effet de quel pouvoir va-t-il le faire ? Cela se fera sous l'influence du karma, c'est-à-dire des causes qui se sont accumulées.

Les lois du karma

Plusieurs citations de La Précieuse Guirlande de Nagarjuna traitent de la certitude du karma. Si nous avons accumulé une force positive en accomplissant des actes constructifs, le seul résultat qui peut en découler est le bonheur. Au contraire, si nous avons accompli des actes destructeurs et accumulé une force négative, le seul résultat qui peut en découler est le malheur et les problèmes. C'est quelque chose de certain et de définitif. Quel que soit le type de force karmique que nous avons accumulé, les résultats seront en accord avec cela.

Le point suivant traite de la multiplication des effets karmiques. Il suffit d'une petite action pour obtenir un résultat énorme. Des actes positifs peuvent produire de grands résultats positifs, et des actes destructeurs peuvent produire des résultats extrêmement négatifs. Il est tout à fait possible qu'une toute petite action négative soit suivie d'une grande catastrophe. Nous l'avons vu dans les différents récits exposés dans les textes. On peut citer l’exemple d’une personne qui un jour insulta un moine de singe ou d’âne, et qui subit en conséquence de renaître pendant des centaines de vies en tant qu’animal du même type que son insulte. Il s'agit là d'exemples de facteurs de multiplication du karma.

Prenons l'exemple des graines de plantes. S'il s'agit de la graine d'une plante médicinale, la graine elle-même aura ces qualités médicinales. S'il s'agit de la graine d'une plante vénéneuse, la graine elle-même sera vénéneuse. Ainsi, d'une graine toxique naît une plante toxique, et d'une graine curative naît une plante curative. De même, quelque chose de grand, comme un chêne, est issu d'un gland de petite taille. Ces exemples illustrent parfaitement les caractéristiques du karma.

Comme le dit Shantideva dans le Compendium des entraînements : « Si quelque chose est utile à long terme mais est nuisible dans l'immédiat, cela vaut la peine de le faire. C'est parce que nous devons penser sur le long terme. En revanche, si quelque chose n'est utile qu'à court terme mais nuisible à long terme, alors il ne faut pas le faire. » Bien sûr, ce n'est pas nécessaire de mentionner les choses nuisibles à la fois à long terme et à court terme.

Prenons l'exemple du meurtre d'un animal par désir de sa viande ou du meurtre d’un ennemi par colère. À court terme, nous nous sentirons soulagés et pourrons ressentir une éphémère bouffée de bonheur. Mais à long terme, nous devrons peut-être faire face aux conséquences du meurtre. Il en résultera certainement beaucoup de malheur et de souffrance. En revanche, si nous protégeons et sauvons la vie d'une créature qui va être tuée, cela ne peut que nous apporter du bonheur, à court terme comme à long terme. D'une petite graine pousse un grand arbre, et, de la même manière, une petite action peut donner de grands résultats. Il est donc tout à fait vrai que de petites causes peuvent être à l'origine de grands bonheurs ou de grandes souffrances.

Voici une citation qui montre comment le karma et les différents potentiels nous accompagnent : « Comme l'ombre d'un oiseau qui l'accompagne partout où il va, même s'il vole très haut et que son ombre n'est pas toujours claire sur le sol, elle accompagne toujours l’oiseau et lorsqu’il se pose, son ombre devient claire. » De même, les potentiels de karma que nous avons accumulés nous suivent où que nous allions, tout au long de notre vie. Même si la façon dont ils mûrissent n'est pas évidente aujourd'hui, il n'en reste pas moins qu'à un moment donné, au fil de notre vie, ces potentiels resurgiront.

Considérons différents types d'actions que nous pouvons entreprendre, disons que nous insultons quelqu’un, et que cela rende les autres malheureux. Personne n'aime se faire insulter, c'est donc une source de malheur. Nous accumulons de ce fait en nous un potentiel négatif pour d'autres actions destructrices. Et cela ne disparaîtra pas d'un coup. Le fait est que le karma ne se perd pas : ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne mûrisse.

Il existe plusieurs forces d'opposition que nous pouvons appliquer et différentes méthodes pour éviter d'avoir à subir les conséquences négatives de nos actions. Nous pouvons par exemple accomplir des actes constructifs qui agiront comme des forces d’opposition. Il s'agit de choses que nous développons progressivement. Il ne s’agit pas seulement d'actions spectaculaires consistant à donner notre corps et d'autres choses de ce genre. Comme il est dit dans LEngagement dans la conduite du bodhisattva, nous devons commencer de manière discrète et progresser vers des actes plus conséquents. Nous ne devons donc pas nous décourager lorsque nous lisons les exploits des grands héros spirituels, des bodhisattvas qui ont fait don de leur corps et ainsi de suite. Nous pouvons penser qu'ils ont commencé, tout comme nous, par de petites actions positives. Il en va de même pour l'abandon de nos actions destructrices et de nos habitudes perturbatrices. Nous commençons par de petites actions et nous progressons lentement en nous débarrassant de nos mauvaises habitudes. Ceci conclut notre point sur la façon dont les résultats se multiplient en fonction de nos actions.

Le point suivant est que si nous avons fait une certaine action, nous en subirons les conséquences tandis que si nous n'avons pas fait une certaine action, ce ne sera pas le cas. Si nous n'avons pas fait une action, nous n'en subirons pas les conséquences, que le résultat soit le bonheur ou le malheur. Si nous n'avons pas rassemblé les causes, nous ne connaîtrons pas le résultat, tandis que si nous avons fait une action, elle ne sera pas sans effet. Qu'il s'agisse d'un potentiel positif ou négatif que nous avons développé, il ne mûrira pas tant que nous ne rencontrerons pas les circonstances qui le feront mûrir, et entre-temps, il ne disparaîtra pas. Ce n'est qu'une question de temps jusqu'à ce qu'il mûrisse.

Le point suivant nous explique comment, si nous avons accumulé un potentiel positif grâce à des actions constructives et que nous nous mettons ensuite en colère, le pouvoir de cette force positive sera ruiné et extrêmement affaibli. Ainsi, à moins qu'un événement ne vienne complètement anéantir la force de ce que nous avons accumulé, lorsque les circonstances sont réunies, le potentiel que nous avons accumulé mûrira, puisque nous l'avons précédemment accumulé.

Les circonstances extérieures actuelles de la perte de leur pays par les Tibétains correspondent à des causes intérieures. Une longue accumulation d'actions destructrices nous a fait perdre notre pays, vivre en exil et connaître des difficultés. Prenez la situation en Afrique, avec l'énorme sécheresse et la famine qui sévissent, ou encore les millions de personnes infectées par des virus et qui en meurent. Tout cela est lié à des schémas karmiques mondiaux, qui proviennent des diverses forces présentes dans les continuums mentaux des différents êtres humains. Bien sûr, nous pourrions inclure les animaux, mais ici nous parlons en premier lieu des potentiels dans les continuums mentaux humains qui partagent un karma collectif, ou karma général. Ceux-ci entraînent des changements dans le karma mondial et provoquent des événements tels que l'énorme sécheresse et la famine que connaît le continent africain.

Même dans de telles situations, lorsqu'il s'agit d'une catastrophe à grande échelle, nous constatons que certains individus survivent et n'éprouvent pas d'énormes difficultés. Cela provient de leurs propres potentiels et karma individuels. Ainsi, lorsque nous vivons des situations terribles, nous devons penser qu'elles sont le résultat de choses que nous avons faites dans le passé, de potentiels que nous avons développés. Lorsque nous pensons de cette manière, notre esprit peut être un peu plus détendu, moins crispé et perturbé par la situation difficile que nous traversons.

Développer une discipline intérieure

Nous pouvons alors réfléchir : « De même qu’aujourd’hui je veux être heureux et ne veux ni souffrances ni problèmes, de même dans l'avenir je vais continuer à avoir la même attitude, je ne vais pas vouloir de problèmes et je vais également vouloir être heureux, je ferais donc mieux de faire quelque chose maintenant. » Avec cette façon de penser, nous n'aurons pas besoin de prisons, de lois et de police pour nous empêcher d'être des personnes indisciplinées. Ne voulant pas subir les conséquences de nos actes négatifs, notre propre sens des responsabilités nous empêchera de voler, de tricher, de tuer et d'entreprendre des actions qui ne nous apporteront que de grandes souffrances à l'avenir.

Si nous avons une discipline intérieure, les restrictions extérieures ne sont pas nécessaires. Il existe encore de nombreux endroits en Inde où les gens n'ont pas besoin de verrouiller leur porte, et s'il y a un vol, ils pensent que c'est une honte pour toute la communauté parce que leur discipline intérieure, qui consiste à s'abstenir de telles activités illégales, signifie tellement pour eux. Le meilleur moyen est d'avoir notre propre discipline sans avoir à dépendre de quelqu'un d'autre pour contrôler nos actions. Si nous observons les pays occidentaux dotés de forces de police sophistiquées, équipées de talkies-walkies et de toutes sortes d'appareils électroniques, nous constatons que plus les forces de police sont puissantes, plus le taux de criminalité est élevé. Les personnes qui manquent de discipline intérieure ne sont pas empêchées de commettre des crimes. Il est donc clair que les restrictions et les forces extérieures n'empêchent pas les gens de commettre des crimes, mais que ce sont les forces intérieures qui sont à l'origine des actes antisociaux.

Les Chinois ont vraiment dû compter sur le renforcement des lois et le contrôle des activités des gens. Toutefois, sans enthousiasme et sans coopération interne, il est très difficile de faire régner la loi et l'ordre dans une société. Il semble qu'en essayant d'instaurer un contrôle par le biais des forces de police et autres, on ne fasse qu'accroître les abus du système. En effet, la police et les gardiens de prison commettent eux-mêmes davantage de crimes. Il est donc extrêmement important de mettre l'accent sur notre propre sens de responsabilité intérieure pour nos actions, ainsi que sur leurs résultats éventuels.

Les divisions du karma : les dix actions destructrices

Dans Le Trésor des sujets spéciaux de connaissance, il y a plusieurs divisions du karma : le karma développé à partir des actions du corps, de la parole et de l’esprit, les actions dont les résultats sont certains et celles qui ne le sont pas. Il y a des résultats qui sont certains d'être expérimentés dans cette vie, ou dans notre prochaine vie, ou dans celle d'après, ou dans la vie d’encore après. Ce sont là quelques-unes des nombreuses divisions dans la présentation du karma.

Bien qu'il existe de nombreux types d'actions karmiques relatives aux types infinis d'êtres, elles peuvent toutes être condensées en dix actions principales. Celles-ci comprennent trois actions du corps, quatre actions de la parole et trois actions de l'esprit. Il y a dix actions destructrices du point de vue des actions négatives, et dix actions constructives qui correspondent au fait de s'abstenir de commettre de telles actions. Il est extrêmement important d'avoir confiance dans les lois de la causalité comportementale et dans le processus qui s'ensuit, en termes d'actions constructives et destructives. C'est l'un des points majeurs des enseignements bouddhiques.

Prenons l'action destructrice de tuer. Elle se décompose en l'intention, la reconnaissance de l'objet, l'attitude perturbatrice impliquée, telle que le désir ou la colère, et la réalisation de l'action. Prendre une vie est l'une des choses les plus graves que nous puissions faire. Même un minuscule insecte chérit sa vie plus que toute autre chose. La plupart des Tibétains, dès la petite enfance, disent que tuer un petit insecte est quelque chose de très mauvais et de négatif. Même si les enfants ne savent pas ce que ces mots signifient, ils savent dès l'enfance que « tuer un petit insecte est une mauvaise chose ». C'est une très bonne chose que des enfants en bas âge disent ce genre de choses.

En ce qui concerne le fait de tuer des animaux pour leur viande, nous devons assurément éviter de manger de la viande obtenue autrement que par les manières mentionnées dans les trois reconnaissances. Selon les règles du Vinaya de la discipline monastique, les moines et les nonnes malades peuvent manger de la viande si elle leur est servie, à condition de respecter les trois règles suivantes : ils reconnaissent ou admettent que (1) ils n'ont pas vu l'animal tué spécialement pour eux, (2) ils n'ont pas entendu dire que l'animal a été tué spécifiquement pour eux, et (3) ils n'ont aucun doute sur le fait que la viande a été obtenue à partir d'un animal qui est mort de mort naturelle ou a été achetée sur le marché de manière appropriée. Nous n'ordonnons pas que des animaux soient abattus pour nous, délibérément. Si nous vivons dans un endroit où la viande est une denrée très commune, c’est une chose, mais si nous nous trouvons dans un endroit où la viande n'est pas facilement disponible, ou si nous pensons qu'elle pourrait être tuée pour notre bénéfice particulier, nous pouvons essayer de réduire notre consommation de viande autant que possible. En ce qui me concerne, j'ai arrêté complètement de manger de la viande pendant deux ans, c’était en 1965. J’ai hélas eu des problèmes hépatiques et je n'ai pas pu continuer à m'abstenir d’en manger. En revanche, si cela n'affecte pas notre santé, il est préférable d'arrêter de manger de la viande.

Le vol est également très négatif, tout comme les comportements sexuels inappropriés, tels que les relations sexuelles avec le ou la partenaire de quelqu'un d'autre. C'est extrêmement destructeur, surtout si des enfants sont issus de telles relations, cela entraîne de nombreuses complications. Nous devons éviter de nous engager dans des rapports sexuels extraconjugaux.

Ensuite, nous avons les actions négatives de la parole, à savoir le mensonge, les propos qui sèment la discorde, les propos injurieux et les bavardages tels que les commérages. Ces derniers ne semblent pas si graves, mais ils ruinent les réputations et constituent une énorme perte de temps. Viennent ensuite les actions négatives de l'esprit, qui comprennent la convoitise, les pensées malveillantes et les pensées antagonistes erronées.

En ce qui concerne la convoitise, elle est très difficile à contrôler. Quelqu’un possède une très belle radio-magnétophone. Son voisin lui demande : « Oh, laisse-moi juste la voir un peu » et développe ensuite un énorme désir de la posséder. Penser avec de l’animosité à l'égard d'autrui est une pensée malveillante, comme si nous n'aimions pas quelqu'un et que, sur son passage, nous souhaitions qu'il trébuche et qu'il tombe. Les opinions erronées antagonistes sont celles qui rejettent ce qui existe dans la réalité et adoptent celles qui inventent ce qui n'existe pas.

Par exemple, les Chinois n'acceptent pas diverses choses qui existent réellement et ont une vision totalement matérialiste. Certaines personnes n'acceptent pas la conscience, et même si elles l'acceptent, elles n'acceptent pas que la conscience ait une continuité dans les vies antérieures et futures. Sur cette base, ils nient la valeur des actions positives et l'existence de la libération, etc.

En ce qui concerne les actions constructives, par exemple, lorsqu’une situation se présente et que nous sommes sur le point de tuer, et qu'à ce moment-là nous pensons aux inconvénients et que nous nous retenons de le faire, il s'agit bien de l'action constructive qui consiste à s'abstenir de tuer. L'action constructive de s'abstenir de tuer ne se produit pas simplement en général lorsqu'il n'y a pas de situation dans laquelle nous pourrions tuer. Elle doit se produire à un moment où nous pourrions réellement tuer quelqu’un et où la pensée surgit et nous empêche de le faire. Les dix actions constructives sont des actes de ce type.

En ce qui concerne la calomnie et le mensonge, certaines personnes aiment toujours dire des mensonges ou simplement faire des commentaires. Pourtant, même si nous ne nous soucions pas de la pratique du Dharma, nous devons prendre soin de notre propre réputation. En outre, il est important de ne pas tromper les autres, et il est donc très négatif de prendre l'habitude de mentir. Dans ce cas, quoi que nous fassions, il est extrêmement important de faire attention à notre comportement, de faire preuve de retenue et de calme, d'être quelqu'un de bon et d'utile pour les autres. Prenons l'exemple des fourmis et des abeilles. En anglais, on dit qu’elles sont des « insectes sociaux » parce qu'elles vivent en grandes communautés. De ce fait, nous pouvons dire que les humains sont également des animaux sociaux. Nous vivons en société et il est donc nécessaire d'être prévenant les uns envers les autres.

Les animaux et insectes sociaux, lorsqu'ils sont confrontés à un ennemi extérieur, se défendent. Ils ont peu de querelles entre eux, et lorsqu'ils en ont, ils les résolvent immédiatement. Nous devons essayer de pratiquer la tolérance de l'intérieur, puis l'étendre à d'autres communautés. Lorsque nous devons tous travailler et vivre ensemble, il ne sert à rien de tricher et de se tromper les uns les autres, n'est-ce pas ? Si nous étions totalement indépendants, si nous pouvions vivre comme des chèvres de montagne qui ne dépendent pas les unes des autres pour leur survie, ce serait une excellente chose. Mais tant que nous devrons dépendre de l'aide et de la bonté d'autres êtres humains, nous devrons apprendre à vivre avec eux. Nous devons apprendre les moyens d'une coexistence pacifique.

Comme nous vivons en société et que tout le monde veut être heureux, la seule façon d'obtenir le bonheur est que tout le monde coopère, afin qu'il y ait des liens étroits et de l'harmonie entre tout le monde. Lorsque cela n'existe pas, même au sein d'une famille, lorsqu'il n'y a pas de liens étroits et d'harmonie, cela ne fonctionne tout simplement pas. Cela cause beaucoup de malheur et de discorde. Si tout le monde est en harmonie, il y a de fortes chances que le groupe entier soit heureux.

C'est la pire erreur que les communistes chinois ont commise en semant le doute et la suspicion entre les membres des familles, entre les enfants et les parents, et entre les gens en général. C'est là qu'ils ont échoué à diffuser les objectifs idéaux du socialisme et du communisme. Les Chinois sont vraiment navrants. Ils nient la religion et bien d'autres choses entièrement par ignorance et ne savent pas ce qu'ils font. Il n'y a personne dans ce monde qui ne se soucie pas de soi et ne se chérit pas. Lorsque les gouvernements communistes tentent d'instaurer le socialisme à coups de bâton ou de fusil, cela montre qu'ils n'ont aucun respect ou aucune considération pour l'individu et peu de souci sincère pour les autres. Comment peuvent-ils donc atteindre leurs objectifs ?

Il est important d'étudier attentivement la causalité comportementale. De nombreux érudits, guéshés et autres, sont impliqués dans ce domaine. Ils s’intéressent de près à la connexion entre les éléments extérieurs et les éléments intérieurs, les processus extérieurs et intérieurs de cause à effet. Tous ces éléments doivent être étudiés très attentivement. Ceci conclut notre discussion sur la cause et l’effet comportementaux.

Les problèmes du samsara

Le quatrième préliminaire porte sur les souffrances ou les problèmes du samsara, la renaissance récurrente incontrôlable. On parle de deux types de souffrance : celle des classes individuelles de formes de vie et la souffrance générale. La renaissance récurrente incontrôlable concerne l'expérience générale de la souffrance. Elle peut être elle-même divisée en six types de souffrances et de problèmes.

Le premier point est qu'il n'y a pas de certitude dans le samsara. Notre statut peut toujours changer. Nous avons eu une infinité de vies et les amis de nos vies précédentes sont devenus des ennemis dans cette vie, tandis que les ennemis du passé deviendront des amis dans celle-ci. La même chose peut se produire au cours d'une même vie. Nous devons donc penser à celles et ceux qui sont bons avec nous et que nous qualifions d’amis, ainsi qu’à celles et ceux qui sont mauvais et que nous qualifions par conséquent d’ennemis. Il n'y a aucune certitude que quelqu'un agira avec bienveillance ou méchamment envers nous, cela peut changer. C'est très facile à voir lorsque quelqu'un que nous considérons comme notre ami le plus cher nous dit quelque chose et que, en conséquence de cela, nos sentiments à son égard changent aussitôt. D'abord, nous avons des doutes sur la nature réelle de ses sentiments, puis nous commençons à avoir toutes sortes de préjugés sur cette personne. Très vite, elle se transforme en un ennemi pour lequel nous pouvons ressentir de la haine. Nous devons donc nous rendre compte que personne n'est ni un ami ni un ennemi absolu qui restera toujours dans cette catégorie.

Le point suivant est qu'il n'y a pas de satisfaction dans le samsara. L'un des fruits les plus merveilleux que nous puissions avoir est la satisfaction ou le contentement. Mais c'est très rare. Quelqu'un peut avoir d'énormes sommes d'argent ou des richesses matérielles, mais si, dans son esprit, il n'est pas satisfait, il éprouve le même type de souffrance que s'il était pauvre. Peu importe ce qu’il possède, dans son esprit, il est pauvre et souffre.

Nous devons également penser à toutes les vies et à tous les corps que nous avons eus. Si nous avions eu des vies humaines tout le temps, depuis l'époque du Bouddha jusqu'à aujourd'hui, combien de corps aurions-nous pris ? Lorsque nous y réfléchissons, nous naissons, nous essayons d'accumuler une quantité énorme de biens, nous mourons, puis nous naissons à nouveau, nous accumulons encore plus de choses, nous mourons, nous naissons, nous continuons encore et encore d’accumuler, nous mourons à nouveau… C’est sans fin. Si nous pensons à tout le lait que nous avons bu, l'océan ne serait pas assez grand pour le contenir. Si nous avions cinquante ans, essayez d'imaginer toute la nourriture que nous aurions mangée pendant ces cinquante années, probablement assez pour remplir ce temple. Et tout cela est parti sous forme d'excréments. Quelle quantité d'excréments avez-vous rejetée au cours de cette vie ?

Si nous n'avons pas su profiter de cette existence, c'est comme si nous avions gaspillé notre énergie et nos dents, que nous avions inutilement causé beaucoup de douleur à nos mâchoires en ruminant des choses dans le vide. Vous voyez donc qu'il est très important d'essayer de voir la réalité de la situation dans laquelle nous nous trouvons, parce que lorsque nous n’en sommes pas conscients, cela cause beaucoup de problèmes. Si nous naissons dans cette vie sous la forme d'un porc, quelles qualités avons-nous ? On dit que les porcs sont nés pour être abattus, et cela semble assez vrai. Même si on ne les abattait pas, il pourrait peut-être y avoir un intérêt à les garder pour le plaisir, mais que faire de porcs ou de porcelets ? Il n'y a aucune beauté dans leur forme, ils sont sales, et tout simplement pathétiques. Quand les gens voient un petit chiot ou un chaton, ils disent : « Oh, comme c'est mignon ! » Mais quand ils voient des petits cochons manger des ordures et des excréments, ils n’en disent pas autant et se bouchent le nez. Donc, si nous n'avons fait aucun usage de notre vie, que nous avons juste passé notre vie à manger comme des cochons, quel était le but de tout cela ? Et nous faisons cela depuis des vies sans fin.

Regardez toutes les fois où les Tibétains ont fait la guerre aux Chinois. Parfois, les Tibétains attrapaient des Chinois, les attachaient par les cheveux et s'asseyaient sur eux. Ils utilisaient également de nombreuses autres méthodes de torture brutales. Cela figure dans les livres d'histoire. Si nous examinons certains récits du passé, nous pouvons y trouver autant d’histoires étonnantes qu’affreuses.

Dans les œuvres complètes du Ve Dalaï-Lama, on trouve le récit d'un assistant du Ier Dalaï-Lama qui renaquit sous la forme d'un oiseau. Si l'on en croit certains récits, cette personne est ensuite redevenue le très grand gourou Suchicho au cours de différentes renaissances. Ce type d'exemple nous montre que nous sommes nés ici et là, dans toutes sortes de situations, comme si nous atterrissions à différents endroits sur un plateau de jeu. Ou, comme dans un jeu de dés, différents lancers se présentent et nous prenons constamment naissance par la force de notre confusion et de notre karma.

Si notre situation était celle d’une plante ou d’un arbre que l’on coupe, puis qui repousse indéfiniment, ce serait sans espoir. Un arbre ne peut rien faire d'autre que de grandir et d'être coupé, de grandir et d'être coupé. Dans notre cas, cependant, il est possible d’agir parce que les situations dans lesquelles nous renaissons sont changeantes et sont dues à l'influence de notre continuum mental, et ce dernier est lui-même sous l'influence de diverses impulsions et potentiels karmiques qui s'y sont accumulés. Nous pouvons donc faire quelque chose pour changer le potentiel afin de briser le schéma. Nous ne sommes pas de simples marionnettes.

Nous avons pris de nombreux types de renaissances, mais combien de fois avons-nous été capables de tirer parti de l’essence d’une renaissance significative ? Pensez aux millions et aux milliards de renaissances que nous avons eues sans profiter d'aucune d'entre elles, c’est vraiment pathétique. Nous devons réfléchir au fait que nous avons pris d'innombrables corps, mais que jusqu'à présent nous n'en avons jamais vraiment profité, et c'est ainsi que nous devons développer un sentiment de dégoût à l'égard de nous-mêmes.

Naître sans cesse, sans répit, prendre d'innombrables corps, bons et mauvais, encore et encore. Essayer de comprendre cette ronde sans fin de naissances, la contempler, peut être un moyen pour développer le renoncement, la détermination à se libérer du cycle incontrôlable et récurrent de la naissance et de la mort.

Le point suivant concerne la manière dont les gens peuvent perdre leur statut et passer du haut au bas de l’échelle, et inversement. Certains humains peuvent être de grands dirigeants, de hauts fonctionnaires, etc., puis, à cause des circonstances, ils tombent dans l'esclavage. On peut aussi mentionner les dieux qui peuvent tomber dans les royaumes infortunés. Les exemples de personnes qui nous entourent montrent très clairement que l'on peut tomber de haut en bas ou s'élever de bas en haut. Nous devons donc nous regarder en face et considérer notre situation : nous avons comme base de travail un corps issu d’une renaissance de statut supérieur, et parmi les renaissances de statut supérieur d'être soit un humain, soit un dieu, nous avons une renaissance humaine, ce qui est le mieux.

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