L’éthique sexuelle bouddhique : questions principales

Les textes traditionnels classiques sur l’éthique sexuelle bouddhique énumèrent une grande variété de formes de conduites sexuelles inappropriées. Motivées par les émotions perturbatrices telles que le désir obsessif, elles créent des potentialités karmiques qui arriveront à maturité sous forme de problèmes. Nous analysons ici si certaines formes de conduite sexuelle sont inappropriées du fait de considérations culturelles uniquement, ou du fait de leurs conséquences négatives inévitables. De quelle latitude disposons-nous pour réformer l’éthique sexuelle bouddhique afin qu’elle corresponde aux mœurs des sociétés occidentales modernes ?

Les systèmes d’éthique occidentale : légalistes et humaniste

Notre sujet de ce soir est l’éthique sexuelle vue d’une perspective bouddhique. En général dans le bouddhisme nous essayons toujours de suivre une voie médiane et, donc, pour ce qui est de la sexualité, nous voulons éviter les deux extrêmes. Un extrême consiste à être très strict et rigide et à voir la sexualité comme quelque chose de sale et de fondamentalement mal. Et puis nous voulons aussi éviter l’autre attitude extrême selon laquelle tout ce qui a trait à la sexualité est O.K. alors « éclatons-nous ».

La voie médiane du bouddhisme qui enseigne une approche éthique de la sexualité évite ces deux extrêmes. Néanmoins, pour pouvoir la suivre, il est nécessaire de comprendre la vue bouddhique de l’éthique. Du fait que les systèmes d’éthique sont nombreux et différents, il faut veiller à ne pas projeter notre propre système sur le bouddhisme. Par exemple, l’éthique biblique enseigne un ensemble de lois proclamé par une haute autorité, en l’occurrence : Dieu. Une conduite éthique, donc, relève de l’obéissance aux lois. Si nous obéissons aux lois de Dieu, nous sommes « bons » et serons récompensés. Si nous désobéissons, nous sommes « mauvais » et serons punis.

Un autre système d’éthique dont nous avons hérité en Occident provient de la Grèce antique. Il est très ressemblant au système biblique, à cela près que les lois ne sont pas énoncées par Dieu mais sont édictées par un corps législatif qui est élu au gouvernement. De nouveau, l’éthique est une question d’obéissance. Si nous obéissons aux lois civiles, nous sommes de « bons citoyens » et si nous y désobéissons, nous sommes de « mauvais citoyens », des criminels, et nous sommes mis en prison.

Nous voyons ici que ces deux systèmes légalistes de l’éthique impliquent et causent de la culpabilité. En d’autres termes, les deux sont fondés sur le jugement. Certains actes sont jugés « mauvais » sur le plan de la morale et d’autres sont jugés « bons ». Si nous faisons quelque chose de « mal », nous sommes coupables. Lorsque nous transposons à la sexualité ce type d’approche éthique qui porte un jugement, il est fréquent que des sentiments de culpabilité accompagnent notre conduite sexuelle, même si personne ne nous surprend en train de faire des « coquineries ». Cela, parce que nous devenons des juges et que nous nous jugeons nous-mêmes, même si nous sommes seuls à porter un jugement.

Une troisième forme d’éthique occidentale est celle de l’éthique humaniste moderne qui est fondée sur le principe de ne pas nuire à autrui. Quoi que nous fassions, c’est d’accord dans la mesure où nous ne faisons de mal à personne. Sinon, c’est non éthique. Habituellement, nous mélangeons l’éthique humaniste et l’éthique légaliste, ce qui fait que si nous blessons quelqu’un, nous nous sentons très mal et nous culpabilisons.

Dans le bouddhisme, tout le thème de la sexualité tourne autour des types d’attitudes et de motivations ; il s’agit de déterminer lesquels sont destructeurs, causes d’insatisfaction, de frustrations et autres difficultés, car pour éviter les problèmes il faut éviter les attitudes destructrices. Entretenir une attitude réaliste par rapport à la sexualité et ne pas en faire une montagne sera d’un grand secours. D’autre part, avoir une relation sexuelle n’est pas la même chose que manger. Il y a quelque chose de plus que la simple satisfaction d’un besoin biologique. C’est un moyen de témoigner de l’affection, de l’amour, de la tendresse, d’apporter du réconfort et ainsi de suite. Mais encore une fois, croire que prendre son pied va résoudre tous les problèmes de tout le monde, c’est de la naïveté. D’un autre côté, y voir un « mal » intrinsèque est tout aussi naïf. Il suffit d’être réaliste. 

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