Qu’est-ce qu’un mandala ?

06:05
Au fil des années, la pop culture a emprunté le terme « mandala » pour désigner des concepts New Age, mais l’a aussi adopté comme nom de marque pour des hôtels, des lieux de détente, des nightclubs, des magazines et bien d’autres choses encore. Plus récemment, des moines tibétains construisent des mandalas de sable aux couleurs vives dans des musées autour du monde pour témoigner de la richesse de la culture tibétaine. Mais qu’est-ce donc qu’un mandala ?

Introduction

Un mandala est une représentation complexe et circulaire de l’univers, dont les diverses parties représentent divers aspects des enseignements bouddhiques. Originaires d’Inde il y a des milliers d’années pour aider les pratiquants à effectuer certaines méditations avancées de l’hindouisme ou du bouddhisme, les mandalas sont souvent recréés en peinture, en modèles 3-D et poudre de sable.

Les mandalas sont encore utilisés dans de nombreux types de méditations et de pratiques bouddhiques. Cet article se propose de passer en revue leurs différents emplois dans la pratique du bouddhisme en général, ainsi que dans le tantra. 

Les mandalas dans le tantra

Dans les pratiques de méditation tantrique, les pratiquants dissolvent l’image ordinaire qu’ils ont d’eux-mêmes en tant que soi, en tant que « moi », solide et permanent, et s’imaginent à la place sous la forme d’un yidam ou figure de bouddha. Celle-ci représente un ou plusieurs aspects d’un bouddha pleinement illuminé, comme par exemple Avalokiteshvara, figure relativement bien connue comme incarnation de la compassion. Les pratiquants tantriques s’imaginent sous la forme d’Avalokiteshvara et ont alors le sentiment d’incarner la compassion, comme Avalokiteshvara. En imaginant que nous sommes déjà capables d’aider les autres exactement comme peut le faire une figure de bouddha – tout en étant pleinement conscients que nous n’en sommes pas encore là – nous pouvons, de manière efficace et efficiente, accumuler les causes pour atteindre notre propre illumination. 

Les figures de bouddha vivent dans des mondes complètement purs connus sous le nom de mandalas. Dans ce cas, le terme « mandala » ne désigne pas seulement l’environnement de ces mondes-là, mais aussi les êtres qui y habitent. Chacun de ces mondes est légèrement différent, mais en général ils comprennent un palais ornementé, de forme carrée, situé au milieu d’un beau paysage, entouré d’une barrière de protection circulaire qui bloque les interférences à la pratique de la méditation. La figure centrale peut être féminine ou masculine, seule ou en couple, assise ou debout au centre du palais. Elle est souvent entourée d’une suite de figures, et parfois certaines se trouvent même à l’extérieur du palais. Beaucoup d’entre elles ont des visages, des bras et des jambes multiples et tiennent à la main une variété d’instruments.

S’engager dans une pratique tantrique requiert une transmission, ou initiation, qui est une cérémonie sophistiquée conduite par un maître tantrique pleinement qualifié. Pendant la transmission, un dessin à deux dimensions représentant le mandala de la figure de bouddha est disposé à côté du maître ; normalement, il est peint sur une étoffe ou fait avec du sable et placé dans un cadre en bois, lequel représente une version simplifiée du palais. Mais lorsque nous visualisons les mandalas, nous les voyons toujours en trois dimensions.

Pendant la cérémonie, le maître confère des vœux aux initiés et leur accorde la permission d’entrer dans le palais ; ces derniers imaginent alors qu’ils se promènent à l’intérieur. À travers diverses visualisations, ce que l’on appelle les potentialités de leur « nature de bouddha » pour atteindre l’illumination au moyen de la pratique, sont activées. Si le mandala est en sable, les grains sont rassemblés en tas lors d’une cérémonie de clôture, représentant ainsi l’impermanence, et offerts dans un corps d’eau.  

À l’issue de cette cérémonie, les initiés sont habilités à se visualiser sous la forme des figures et du mandala lors d’un processus qui fait désormais partie de leur pratique quotidienne. Chaque figure et chaque instrument qu’elle tient représente quelque chose qui est associé à la pratique de la méditation. Par exemple, les six bras d’une figure peuvent représenter les six perfections ou attitudes à longue portée. Les pratiquants imaginent non seulement qu’ils sont eux-mêmes toutes les figures à l’intérieur et à l’extérieur du palais, mais aussi le palais du mandala avec ses divers traits architecturaux qui représentent aussi les divers aspects de la pratique de la méditation. Dans certains mandalas, les quatre murs peuvent représenter les quatre nobles vérités, tandis que le palais de forme carrée avec ses quatre côtés égaux montrent que, en ce qui concerne la vacuité (le vide), les bouddhas et ceux-qui-n’ont-pas-encore-atteint-l’illumination sont égaux.

Certaines méditations tantriques très avancées comportent même des visualisations de parties de leur corps sous forme de parties du palais, ou diverses figures du palais situées dans leur propre corps. C’est ce que l’on appelle un « mandala du corps », lequel est difficile à réaliser car il requiert une excellente concentration et une compréhension approfondie de la philosophie bouddhique. 

Les mandalas dans la pratique générale

Avant de recevoir un enseignement – tantrique ou général – d’un enseignant bouddhiste, les étudiants offrent un mandala de requête et, à la fin un mandala de remerciement. Dans ce cas, le mandala représente un univers parfait, plein d’objets précieux.

L’offrande du mandala peut se faire sous la forme d’un bol à fond plat, que l’on tient le fond tourné vers le haut, avec, à sa surface, des monticules de grains crus ou de gemmes placés les uns au sommet des autres dans des cercles concentriques de plus en plus petits. Le tout est ensuite couronné d’un diadème ornemental. Une alternative consiste à faire un mudra (moudra) ou geste de la main avec des croisements de doigts suivant un schéma particulier. Dans les deux cas, le mandala représente une vision idéale de l’univers telle qu’il est décrit dans la littérature bouddhique traditionnelle. Tout en offrant des mandalas, les étudiants récitent des versets exprimant le souhait que toutes les conditions propices soient réunies à travers le monde pour que les enseignements puissent être dispensés, et pour que tous les êtres puissent vivre dans un monde aussi parfait et recevoir ces merveilleux enseignements.



Beaucoup de bouddhistes, avant de s’engager dans des méditations plus avancées, s’adonnent aux « pratiques préliminaires » (ngondro en tibétain) en guise de préparation – lesquelles consistent habituellement en 100.000 répétitions de certaines pratiques. Ces préliminaires aident à éliminer les blocages émotionnels et à accumuler la force positive nécessaire pour réussir la pratique de la méditation. L’offrande d’un mandala 100.000 fois est l’une de ces pratiques préliminaires ; elle aide les pratiquants à se débarrasser de leur réticence à consacrer tout leur temps et tous leurs efforts à la méditation, et développe en eux la forte volonté de tout donner pour réussir.   

Résumé

Comme nous l’avons vu, les mandalas sont utilisés dans diverses pratiques bouddhiques pour représenter, non seulement l’univers, mais aussi les nombreuses facettes de la voie bouddhique. Tandis que les moines tibétains continuent d’élaborer de beaux mandalas de sable en différents lieux tout autour du monde afin d’attirer l’attention du public sur la situation du Tibet, il est important de ne pas les considérer purement et simplement comme une forme d’art exotique. Les mandalas, en tant qu’outils sophistiqués de méditation, tiennent un rôle central à la fois dans la pratique générale et dans la pratique avancée du tantra, nous aidant à aller plus loin sur la voie de l’illumination.   

Top