Comment gérer les émotions négatives

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Définitions de « bon » et de « mauvais » ou de « positif » et de « négatif »

Comment gère-t-on les émotions négatives ? C’est un sujet important qui pose la question de savoir ce qui est positif et ce qui est négatif. Existe-t-il une chose qui soit absolument positive ou absolument négative ? Je ne le sais pas vraiment. Tout est interdépendant et tout revêt différents aspects. Un observateur voit quelque chose sous un certain angle et perçoit une certaine image, mais le même observateur, placé à un autre endroit, voit les choses sous un angle différent.

Pourquoi, alors, chaque personne a-t-elle une vision différente du monde ? Eh bien, c’est parce que chacun d’entre nous voit le monde sous un angle différent. Le même objet peut apparaître différemment à la même personne. En conséquence, quelles sont la distinction et la définition du bien et du mal ? Je l’ignore. Même une fourmi n’analyse pas cela. Mais, d’une certaine manière, une fourmi sait qu’une chose utile à sa survie est bonne, et la considère comme telle ; de même, une chose qui menace sa vie, elle la ressent comme mauvaise et l’évite.

C’est pourquoi, peut-être pourrait-on dire que la distinction entre le bon et le mauvais est fondée sur la survie. Une chose utile à la survie est donc considérée comme bonne : elle est positive. Une chose qui nous attaque et met notre survie en danger, on la considère comme mauvaise : elle est négative.

Définition des « émotions négatives »

Selon cette définition du positif et du négatif, pour ce qui est de notre façon de gérer les émotions négatives, nous devons en premier aborder notre façon de les définir. Tout d’abord, ce sont des choses qui perturbent notre paix intérieure, c’est la raison pour laquelle on les appelle « négatives ». En revanche, les émotions qui favorisent la force et la paix intérieures, seront appelées « positives ».

D’après les discussions que j’ai eues avec des scientifiques, en particulier avec Francisco J. Varela, un de mes proches amis et éminent homme de science, nous sommes arrivés à la conclusion qu’une compassion puissante est ultimement une émotion bénéfique. Nous sommes donc tombés d’accord pour dire que même l’esprit d’un bouddha possède des  émotions en termes de compassion ; c’est pourquoi l’émotion n’est pas en soi nécessairement bonne ou mauvaise. Nous devrons donc considérer l’infinie compassion du Bouddha comme une émotion. Ainsi, le Bouddha était infiniment émotionnel. Si l’on considère la compassion comme une émotion, alors c’est très positif. Par contre, la peur et la haine détruisent notre paix intérieure et notre bonheur, aussi doit-on les considérer comme négatives.

Gérer de manière rationnelle les émotions négatives

Comment gérons-nous maintenant les émotions négatives telles que la peur et la haine ? On doit considérer comment ces émotions nocives n’ont pas de fondement solide. Elles proviennent d’une attitude irréaliste, contrairement aux émotions positives qui, elles, s’appuient sur une base solide. Certaines émotions, par exemple, peuvent être augmentées grâce au raisonnement et à la logique ; elles possèdent donc une base solide. Une émotion négative surgit automatiquement, mais, si on la soumet à l’analyse et à la raison, elle décroît : elle ne repose pas sur une base solide. Une émotion positive est donc quelque chose qui est en rapport avec la réalité, tandis qu’une émotion positive est fondée sur une distorsion de la réalité, autrement dit sur l’ignorance.

Par exemple, quand nous sommes en colère après une personne ennemie, dès cet instant, la colère nous fait croire que ses agissements peuvent nous nuire. D’où l’idée que nous avons que cette personne est mauvaise. Mais, si on analyse la situation, on réalise que cette personne n’est pas un ennemi de naissance. Si elle me fait du mal, cela doit être dû à différentes raisons, et non à cause de la personne elle-même. Si la personne appartenait vraiment à la catégorie « ennemie », elle devrait l’avoir été depuis sa naissance et il serait impossible alors qu’elle devienne « amie ». Dans des circonstances différentes, elle pourrait très bien devenir notre meilleur ami. D’où il ressort que la colère et la haine envers une personne sont erronées.

L’erreur se situe dans ses actes, non dans la personne elle-même. Mais une colère fondée seulement sur les actes fautifs d’une personne est dirigée sur la personne elle-même. En revanche, la compassion est principalement dirigée envers la personne peu importe ses actions. Nous pouvons donc avoir de la compassion pour un ennemi en s’appuyant sur le fait que cet ennemi est une personne.

Nous devons donc faire une différence entre la personne et ses actions. Il existe une compassion fondée sur des facteurs biologiques. Ce genre de compassion est favorisé par une personne qui nous est bénéfique, telle notre mère. Ou bien parlons-nous d’une compassion fondée sur la raison, laquelle est impartiale ? Celle qui est fondée sur la raison est bien meilleure, elle est objective et rationnelle. Elle se focalise sur la personne, pas sur l’acte. Une émotion négative fondée uniquement sur les actes n’est pas raisonnable, outre qu’elle ne nous rend pas heureux.

Analyser les inconvénients des émotions négatives telles que la colère

Afin de gérer les émotions négatives, la chose la plus importante alors est l’analyse. Par exemple, quel bénéfice est-ce que je tire de la colère ? La colère met en jeu une énergie très puissante, c’est vrai. Même dans nos propos et les expressions de notre visage, on peut le constater. Quand on se met en colère, ceux-ci deviennent très durs. On devient déterminé à choisir les mots les plus durs qui puissent blesser l’autre personne. Puis, quand la colère cesse, l’énergie si puissante et violente redescend, et l’esprit se sent vraiment plus vif. C’est pourquoi le type d’énergie qui sert de support la colère est aveugle car notre esprit s’en trouve moins vif. À cause de cela, la colère n’est d’aucune aide, alors que si nous faisons usage toujours d’une approche intelligente et réaliste, cela peut s’avérer très utile. Même dans un tribunal, si un avocat se met à crier sous l’emprise de la colère, cela ne sert à rien, tandis que s’il fait preuve d’intelligence, alors il peut vaincre la partie adverse.

En bref, la colère détruit la capacité de l’intelligence à fonctionner clairement. Notre jugement peut être endommagé par des propos dits avec colère. Aussi, grâce à l’intelligence, nous sommes à même de comprendre que la colère ne sert à rien. Si, dans une situation difficile et menaçante, nous sommes capables, grâce à notre intelligence, d’adopter les contremesures appropriées, c’est d’une plus grande aide. Autrement dit, en conservant de la compassion envers l’autre personne, nous laissons ouverte la possibilité de devenir amis plus tard. Si nous sommes en colère, cela ferme toute possibilité d’amitié future. Pensant de la sorte, les émotions négatives peuvent être réduites. Même si elles se manifestent à nouveau, elles seront plus faibles.

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