« La prière en sept branches » : une pratique complète

Vidéo : Thubten Chodron — « L’importance de la dévotion ? »
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Calmer l’esprit en se concentrant sur la respiration

La première chose que nous devons faire avant de commencer toute pratique méditative ou d’assister à un enseignement, c’est de calmer l’esprit afin d’être plus réceptif à l’introspection. On le fait en se focalisant sur la respiration. Nous respirons normalement par le nez, ni trop vite, ni trop lentement, ni trop profondément, ni trop peu, et nous comptons les cycles des respirations. Il y a plusieurs façons de compter. La coutume est de commencer le cycle par une expiration suivie, sans faire de pause, par une inspiration, et de compter un après l’inspiration sans retenir le souffle. Toutefois, la plupart des gens trouvent plus facile de commencer le cycle par une inspiration puis d’expirer de façon naturelle, et, après une légère pause à la suite de l’expiration, de compter un à partir de la pause. En suivant l’une ou l’autre de ces deux méthodes, nous comptons jusqu’à onze et répétons ce cycle de onze deux ou trois fois selon notre vitesse. Faites-le, s’il vous plaît.

Au fait, on ne compte les respirations que si notre esprit est distrait. S’il ne l’est pas, nul besoin de compter. Nous pouvons juste nous concentrer sur la sensation de l’air entrant et sortant au fur et à mesure que nous respirons normalement. Nous pouvons soit regarder vers le bas, soit fermer nos yeux, mais il est préférable de garder les yeux ouverts. Si nos yeux sont légèrement ouverts, nous restons fermement ancrés plutôt que dissociés des autres et égarés dans les contrées féeriques de notre esprit. Le Mahayana insiste sur le fait de rester connectés aux gens. C’est la raison pour laquelle les méthodes du Mahayana soulignent l’importance de méditer les yeux ouverts et non fermés.

Réaffirmer notre motivation

Ensuite, nous examinons et réaffirmons notre motivation. Dans le bouddhisme, la signification du mot « motivation » ne recouvre pas exactement celle qu’elle a dans nos langues occidentales. Dans ces dernières, elle fait référence ordinairement aux raisons émotionnelles qui se tiennent derrière ce que nous faisons. L’accent est donc plus psychologique ou émotionnel. Notre orientation psychologique est importante, mais dans le bouddhisme, la motivation fait référence d’abord à notre intention. Quel est notre but ? Que voulons-nous tirer de notre pratique méditative et du fait d’assister à un enseignement ? Quand nous nous asseyons pour méditer ou étudier, ou quand nous nous rendons à un cours, nous devons réaffirmer ce que nous voulons accomplir. En plus de cela, comme support à notre objectif, nous réaffirmons les raisons pour lesquelles nous voulons l’accomplir, tant les raisons rationnelles qu’émotionnelles.

Ce que nous essayons de faire en écoutant un enseignement, ou en méditant sur les leçons que nous en tirons, cela fait partie de tout un processus que j’appelle : « donner une direction sûre et positive à notre vie ». Habituellement, on appelle cela « le refuge ». La plupart d’entre nous ici avons cette direction dans la vie, direction que nous avons choisie de manière très consciente. Cette direction est indiquée par le Dharma. Le Dharma fait référence à l’état pleinement réalisé d’un bouddha, chez qui tous les défauts et les limitations de l’esprit ont été éliminés et toutes les potentialités et qualités positives pleinement épanouies. C’est ce que nous voulons réaliser. Les enseignements indiquent simplement comment faire cela.

Les bouddhas montrent cette direction dans la mesure où ils ont complètement actualisé cet état totalement purifié et épanoui. Le Sangha fait référence aux êtres hautement réalisés, les aryas, ceux qui ont eu une cognition non conceptuelle directe du vide. Ils ont véritablement atteint un certain niveau de purification. Ils se sont débarrassés pour toujours de certaines limitations et ont actualisé certains des potentiels positifs de l’esprit. Ils ont vraiment atteint un certain stade.

La communauté monastique représente symboliquement le Sangha. L’usage du mot Sangha pour désigner les gens qui se rendent dans un centre du Dharma est une convention purement occidentale. Cela revient à traduire en termes bouddhiques l’idée de « congrégation » d’une église. Bien que la communauté d’un centre du Dharma soit importante, elle n’est certainement pas un objet de refuge. Les gens qui viennent dans un centre du Dharma peuvent être très perturbés. Un centre est juste un groupe de gens qui peuvent, ou ne peuvent pas, prendre la direction de la libération et de la bouddhéité. Le Joyau du Sangha sont ceux qui ont véritablement accompli déjà quelques pas dans cette direction. C’est important de le comprendre.

Il est très intéressant de faire remarquer qu’il est dit très spécifiquement que quand on prend refuge [la direction sûre], on ne le fait pas dans la personnalité du Bouddha ou des aryas. La personnalité est une chose qui varie. Ce qui procure une direction sûre, ce sont les réalisations et les états qu’ils ont actualisés en éliminant leurs défauts.

De même, dans la formulation tibétaine du refuge dans laquelle nous incluons le gourou, on ne prend jamais refuge dans la personnalité d’un gourou. Le gourou représente plutôt la nature-de-bouddha et la possibilité de travailler à, de purifier, et d’actualiser la pleine réalisation de la nature-de-bouddha. C’est cela que le Bouddha représente. Ce point est tellement important parce qu’il est très clair que notre direction dans la vie n’a rien à voir avec les personnalités, les intrigues politiques d’un centre du Dharma, et tout son fatras samsarique. Dès lors, notre refuge est très ferme et stable. Il s’agit du Bouddha, du Dharma, et des êtres hautement réalisés. Comme je le répète sans cesse : qu’attendez-vous du samsara ? Le samsara ne nous procurera que souffrance et confusion. La direction à donner à notre vie n’est pas indiquée par le samsara. Cela doit être bien clair.

Ainsi, méditer et venir à un enseignement est un pas que nous faisons dans la bonne direction ; nous réaffirmons notre refuge. Nous cherchons à purifier notre esprit de ses déchets et à réaliser pleinement tous nos potentiels à l’instar des bouddhas, et de la même façon que les êtres hautement réalisés ont commencé de le faire. Le support émotionnel pour y parvenir est notre crainte et notre dégoût du cycle récurrent incontrôlé du samsara et la confiance qu’aller dans cette direction sûre nous permettra de nous en extraire.

Nous réaffirmons également notre bodhichitta. En venant à une conférence sur le karma et en l’étudiant, par exemple, notre but est d’être capable d’aider les autres le plus possible. Qu’est-ce qui nous empêche de le faire ? Tout le fatras karmique dont nous faisons l’expérience. Nous voulons donc apprendre à comprendre et à surmonter cela afin d’être en mesure d’aider plus les autres. Tel est notre objectif. C’est cela que nous réaffirmons. Accessoirement, nous avons besoin aussi de réaffirmer et renforcer notre amour et notre compassion, lesquels serviront de support émotionnel à notre objectif d’atteindre l’illumination pour être bénéfique aux autres du mieux possible.

Si nous faisons tout cela avant de méditer, cela donne un plus grand sens à notre méditation. Nous savons ce que nous voulons accomplir. C’est la raison pour laquelle nous nous asseyons. Nous ne parlons pas des autres facteurs comme de se sentir contraint ou de faire les choses mécaniquement, qui sont des facteurs importants à prendre en compte. Notre but est essentiel. La question est : qu’est-ce que je fais ici et pourquoi ? Nous devons rendre conscientes nos raisons. Si nous sommes clairs à leur propos, nous les réaffirmons. C’est une étape extrêmement pleine de sens. Il ne s’agit pas d’une chose banale, comme de réciter un simple verset. Faisons cela pendant un moment.

Ensuite, récitons et faisons la pratique de « La Prière en sept branches ».

Les prosternations

En premier, nous nous prosternons. Après avoir réaffirmé la direction vers laquelle nous voulons aller – à savoir atteindre l’illumination afin d’aider autrui du mieux possible, et pas seulement avoir du bon temps –, se prosterner consiste à se lancer complètement dans cette direction. Nous nous projetons dans cette direction, en montrant du respect pour ceux qui y sont allés et l’ont réalisée, du respect pour notre propre future illumination que nous avons pour objectif de réaliser, animés par l’esprit de bodhichitta, et du respect pour notre propre nature-de-bouddha, laquelle nous permettra d’atteindre ce but. De la sorte, nous faisons montre de respect pour les chemins résultants, et les niveaux de base.

Nous regardons la représentation que nous utilisons pour nous rappeler la source de notre direction sûre – une peinture ou une statue, généralement d’un bouddha – et nous essayons d’être conscients de ce que cela représente : les qualités du corps, de la parole et de l’esprit d’un bouddha. C’est ce que nous voulons réaliser pour être en mesure d’aider les autres du mieux possible. Avec cette attitude, nous nous prosternons. Cela revêt alors une grande signification. Nous y mettons tout notre cœur. Nous ne nous prosternons pas simplement sans aucune pensée.

Quand on fait la prière à sept branches, on imagine qu’on se prosterne. D’autres fois, nous nous prosternons physiquement, récitons les versets – peu importe la langue – et pensons aux qualités des Trois Joyaux comme à une chose que nous voulons réaliser et à laquelle nous sommes confiants de parvenir, animés de l’esprit de bodhichitta, sur la base de notre nature-de-bouddha. De cette façon, nous projetons notre parole et notre esprit, tout comme notre corps, dans cette direction. Imaginons cela.

Faire des offrandes au moyen d’offrandes de samadhi

Quand nous faisons des offrandes, le thème principal est aussi le refuge et l’esprit de bodhichitta. Que sommes-nous prêts à donner pour être capables d’aller dans cette direction sûre, pour atteindre l’illumination, et être bénéfique aux autres ? Un bol d’eau n’a pas une grande signification. L’eau ne fait que représenter une chose. Ce que nous voulons donner, c’est nous-mêmes. Nous voulons donner notre temps, notre énergie, tous nos efforts, notre cœur, pour aller dans cette direction consistant à travailler sur nous-mêmes pour être capables d’aider les autres de plus en plus.

On peut faire cela de manière élaborée ou simple. Souvent, on offre sept bols d’eau. Ceux-ci symbolisent les sept parties de cette pratique en sept branches. À un autre niveau, on a ce qu’on appelle les offrandes externes, ce sont les offrandes d’eau, de fleurs, d’encens, etc. Il y un très bel enseignement, toutefois, du grand maître sakya Chogyal Pagpa (Chos-gyal ‘Phags-pa). Il fut le maître de Kublai Khan. Il apporta le bouddhisme au Mongols au milieu du XIIIe siècle. Il enseignait que ces sept articles d’offrande avaient une signification plus profonde qu’il appelait « les offrandes de samadhi » (ou « d’absorption méditative »). En d’autres termes, on se concentre sur ce que ces choses symbolisent quand on fait les offrandes. Je trouve cela très utile quand on fait la pratique en sept branches. Cela lui confère une plus grande signification.

La première des offrandes est l’offrande d’eau. L’eau représente nos lectures, ce que nous étudions. Nous utiliserons tout ce que nous lisons ou étudions pour être capable d’aider les autres. Nous ne lisons pas juste des bandes dessinées pour passer du bon temps, mais des choses qui ont un plus grand sens, qui nous enseigneront comment aider les autres, comment nous comprendre, comment travailler sur nous-mêmes. C’est cela que nous offrons. Et nous ne l’offrons pas seulement aux bouddhas, mais à tout le monde, à tous ceux que nous voulons aider. Nous offrons tout ce que nous avons appris à tous. C’est de cela que nous allons nous servir pour aider tout le monde.

Les fleurs viennent ensuite, les fleurs poussent à partir d’eau. Ce qui pousse de nos lectures et de nos études, ce sont nos connaissances. Nous les offrons sous forme de fleurs.

L’encens représente la discipline éthique, celle que nous utiliserons pour aider les autres. Nous n’allons pas agir selon aucun de nos anciens schémas. Nous nous disciplinerons pour agir de manière bénéfique, utile, et pour ne blesser personne. Nous offrons cet engagement aux bouddhas, à nos maîtres, à tout le monde. Les bouddhas n’ont pas besoin de notre discipline. Nous disons aux bouddhas et à nos maîtres : « Voilà ce que je vais faire. » Nous leur offrons notre discipline et nos bons services. L’encens, soit dit en passant, possède une bonne odeur. Quand une personne a une discipline éthique pure, elle dégage un merveilleux parfum connu sous le nom de « parfum de la discipline éthique ». C’est la raison pour laquelle l’encens symbolise une offrande de pure discipline éthique.

L’offrande suivante est l’offrande de lumière, représentée par des lampes à beurre, des bougies, et autres chandelles. Elle symbolise les réalisations intérieures que nous avons obtenues, et dont nous voulons nous servir pour éclairer les autres.

Vient ensuite l’eau parfumée ou eau de Cologne, servant à asperger le corps pours le rafraîchir. Elle symbolise la ferme conviction. Nous avons lu et étudié (l’eau), nous avons acquis des connaissances (les fleurs), nous nous servons de la discipline (l’encens) pour méditer dessus et pour aider les autres, et grâce à cette discipline nous avons obtenu certaines réalisations et compréhensions (la lumière). Dorénavant nous avons acquis une ferme conviction dans les enseignements (l’eau de Cologne). Elle nous rafraîchit en chassant doute et hésitation. C’est un grand cadeau. Si nous sommes fermement convaincus en nous fondant sur une authentique compréhension et expérience, pas juste du fanatisme, cela aide les autres à acquérir une certaine confiance, une sécurité, et une fermeté également.

La nourriture symbolise la concentration ou absorption méditative. Quand on atteint de très hauts niveaux de méditation, on est soutenu par notre concentration et n’avons pas besoin de nourriture. C’est seulement quand nous avons une conviction ferme dans les enseignements que nous pouvons placer notre concentration en un point sur eux. Si nous avons des doutes, nous ne pouvons pas vraiment appliquer la concentration en un point. Quand on aide les autres, on a besoin d’être concentré, sans penser à autre chose ou tomber endormi. Nous devons être présent. C’est un grand cadeau à offrir aux autres.

La dernière offrande est l’offrande de musique, laquelle en réalité symbolise le fait d’enseigner et de donner des explications aux autres. Cela n’a pas besoin d’être un enseignement formel,  profond et sérieux. Cela peut être simplement de parler de façon sensée, de cœur à cœur, sans exagération ni timidité. C’est la plus belle musique que nous pouvons donner aux autres.

Cette offrande peut aller très, très loin. Elle n’est pas juste banale. Bien sûr, nous pouvons aussi donner des fleurs, de l’eau et de l’encens pour créer une bonne atmosphère. Ce niveau de signification existe, mais nous devons comprendre que dans le Dharma il y a de nombreux niveaux de signification à tout. Ils sont utiles pour commencer et gagner les niveaux plus profonds.

Comme je l’ai expliqué, en général nous disons que nous sommes prêts à tout donner, notre temps, notre énergie, tout ce qui est nécessaire pour aider autrui. Shantideva, le grand maître indien, définit l’attitude de la générosité comme « la volonté de donner », que nous ayons quelque chose à donner ou non. Sans quoi, les gens pauvres ne pourraient pas la développer. Nous pouvons assurément donner notre énergie, notre temps, notre cœur à cette direction sûre consistant à travailler sur nous-mêmes pour être en mesure d’aider plus les autres.

Reconnaître ouvertement nos erreurs et nos défauts

La troisième branche de la pratique est traduite habituellement par « confession ». Mais cela entraîne d’inutiles et peut-être trompeuses associations issues de systèmes de pensée non bouddhiques. En revanche, nous admettons ouvertement que nous ne sommes pas toujours capables d’aider les autres ; parfois nous sommes paresseux, distraits, égoïstes, etc. Dans le contexte du karma, nous reconnaissons que nous agissons quelquefois de façon très destructrice, mais nous le regrettons, et souhaitons réellement ne pas agir comme ça. Ce n’est pas que nous ayons à nous sentir coupables. Nous voulons sincèrement ne pas être comme ça. C’est assez différent de la culpabilité.

Puis nous disons que nous ferons de notre mieux pour ne pas répéter ces comportements. Nous essaierons. Nous ne pouvons pas promettre de ne plus être nuisible à nouveau. Ce serait absurde. Mais nous essaierons. Comment allons-nous dépasser cela ? En allant dans la direction sûre du refuge et de la bodhichitta. Nous réaffirmons que c’est ça que nous allons faire. C’est notre fondation. Enfin, nous appliquons les antidotes pour contrer nos erreurs et nos défauts, ce qui signifie que nous mettrons en œuvre tout ce que nous apprenons ici pour servir d’antidote. Nous allons nous en servir pour aller dans cette direction, et ne le ferons pas sans raison aucune. Telle est la troisième branche, reconnaître ouvertement nos erreurs et nos défauts.

Se réjouir

La quatrième branche est la réjouissance. J’ai le sentiment qu’il est assez important pour nous, Occidentaux, de modifier l’ordre ici. D’ordinaire, on se réjouit d’abord à propos des bouddhas, etc. Je pense que pour nous, dans la mesure où nombre d’entre nous ont des problèmes de mauvaise estime de soi, après avoir pointé du doigt nos défauts, nous devons d’abord nous réjouir de nos bonnes qualités. Nous avons admis que parfois nous avons agi de manière destructrice et égoïste, mais que nous agissons quelquefois de façon constructive tout aussi bien. Nous devons réaffirmer et nous réjouir de toutes les choses positives et constructives que nous avons faites. À un niveau plus fondamental, nous possédons tous la nature-de-bouddha, ce qui signifie que nous avons tous la capacité d’être utiles, compatissants et compréhensifs. C’est fantastique. Et merveilleux. C’est sur cette base que nous pouvons croître et devenir des bouddhas grâce à toutes les choses positives et constructives que nous faisons. Il est important de cultiver un sentiment positif à notre égard et à l’égard de nos capacités, une fois nos défauts admis.

On se réjouit ensuite au sujet des bouddhas, de ceux qui ont réalisé pour de vrai leur nature-de-bouddha, et au sujet des autres, ceux qui ont travaillé dans cette direction. « Je suis heureux pour vous ! Vous l’avez fait ! Bravo ! » Mais, plus encore, on se réjouit du fait qu’ils nous ont enseigné comment faire. De cela nous nous réjouissons immensément. « Je ne peux pas vous remercier assez, bouddhas et grands maîtres de l’Inde et du Tibet, pour nous avoir enseigné et expliqué cela, et l’avoir couché par écrit. C’est incroyable et fantastique et bon de votre part ! Merci ! Je vous suis profondément reconnaissant. » C’est le genre de sentiment que nous devons avoir alors. Ils pourraient très facilement avoir obtenu des réalisations et s’être rendus dans un « champ-de-bouddha » pour se reposer et ne pas s’embarrasser de nous.

Faire la requête d’enseignements

La branche suivante consiste à faire la requête d’enseignements. On a coutume de dire « faire tourner la roue du Dharma », mais cela sonne de manière un peu abstraite. Nous sommes tellement reconnaissants que les bouddhas aient enseigné. Nous leur disons : « S’il vous plaît, enseignez-moi ! Je veux apprendre. Je suis totalement réceptif. » Nous pouvons faire cela avant un cours, avant de méditer ou avant d’étudier un texte du Dharma chez soi. Ce n’est pas comme si nous demandions à quelqu’un de nous accorder quelque chose, mais en faisant cette requête, nous nous inspirons nous-mêmes vraiment. Nous voulons acquérir quelque chose, apprendre quelque chose. Est-ce que vous pouvez voir qu’il s’agit là d’un tremplin vers un état d’esprit plus réceptif ?

Implorer les maîtres de ne pas s’en aller

La sixième branche consiste à implorer les maîtres de ne pas passer en parinirvana, ce qui veut dire de ne pas partir. Qu’est-ce que cela signifie à un niveau pratique ? C’est dire aux bouddhas et aux maîtres : « Je suis sérieux. Ne partez pas. Enseignez-moi jusqu’à ce que j’atteigne l’illumination. Je veux parcourir tout le chemin. Ne m’abandonnez pas en cours de route. » C’est la chose principale : nous allons vraiment le faire, peu importe le temps que ça prendra, peu importe combien de vies il faudra.

Dédicace

L’étape finale, c’est la dédicace. De toutes les étapes, c’est la plus importante. Nous dédions toute la force positive et la conscience profonde accumulées par cette pratique, pour nous et afin que tous atteignent l’illumination pour le bien de tous les êtres.

Résumé

On fait cette pratique préliminaire en sept branches avant un cours, avant d’étudier, avant de méditer ou de faire quoi que ce soit de positif. Le point principal n’est pas de simplement vouloir créer du bon karma ; nous voulons accumuler des actes en vue de l’illumination. Donc, si on fait cette pratique en sept branches dans cette optique, elle est fantastique en tant que pratique quotidienne. Elle n’a pas besoin de prendre beaucoup de temps. On peut la faire en une minute, ou une demi-heure, ou une heure. Cela dépend de notre goût pour cette pratique. Si nous voulons réciter quelques versets, très bien. Nous pouvons réciter quelques versets après avoir généré leur sens dans notre cœur. Si nous générons d’abord leur signification, alors les versets ne sont pas juste vides de sens. Même si nous ne devions pas faire d’autre méditation formelle, celle-ci, en elle-même, est une pratique significative.

[Pour la version en vers de la prière de Shantideva, voir : La prière en sept branches]

S’il vous plaît, ne banalisez pas la pratique de la prière en sept branches. Il est très facile d’en faire une chose banale, comme il est très facile de banaliser le refuge.

Questions sur la manière de faire des offrandes

Quelquefois, on dispose huit bols, les deux premiers contenant de l’eau, puis des fleurs, etc. Pourquoi cela ?

Dans les traditions bouddhiques, il y a plusieurs façons de faire les choses, il n’y a donc pas de « bonne » façon. C’est très important de le comprendre. Notre tendance à l’Ouest est issue de la pensée biblique : une vérité, un Dieu, une bonne manière, et tout le reste est faux, une hérésie. Huit bols d’eau comportent deux offrandes d’eau ; avec neuf bols, trois offrandes d’eau ; avec dix, quatre offrandes d’eau, etc.

Sur un plan littéral, on invite les bouddhas et les bodhisattvas à venir chez nous comme s’ils arrivaient pieds nus sur une route indienne poussiéreuse et brûlante. Tout d’abord nous leur donnons de l’eau à boire. Puis un peu d’eau pour se laver les pieds. Cela dans le cas où nous n’offrons que deux bols d’eau. Le troisième bol serait pour les asperger et les rafraîchir. Puis, nous les invitons à prendre un repas, le quatrième bol serait donc destiné à les inviter à se rincer la bouche.

Sur la table, nous arrangeons de très belles fleurs. Souvent les Indiens éparpillent des fleurs sur le sol quand un invité d’honneur se rend à table. Ou bien ils placent une couronne d’œillets d’Inde autour du cou de leur hôte. Puis, ils font brûler de l’encens. Souvent aussi quand il s’agit d’un gourou, ils allument de l’encens pour le conduire jusqu’à la table ou font brûler de l’encens à côté de la table pour que cela sente bon. Puis ils allument une chandelle et la mette sur la table. L’eau de Cologne est pareille à des serviettes parfumées. Nous avons des coutumes similaires, n’est-ce pas ? Puis ils offrent un délicieux repas accompagné de musique. Telle est l’origine littérale des ces offrandes – elles sont ce qu’on offrirait pour accueillir les bouddhas et les bodhisattvas chez nous afin qu’ils se sentent bien et confortables.

Faire ce genre d’offrandes est une très bonne manière non seulement de donner de la joie à nos maîtres et aux bouddhas, mais, tout en imaginant cela, nous essayons également d’en jouir nous-mêmes et d’en éprouver du plaisir d’une façon non perturbante. Nous ne nous plaignons pas de ce que les fleurs ne soient pas assez belles, que l’encens nous fasse tousser, que la nourriture nous fasse grossir, etc. Aucun de ces embarras n’est présent, simplement une pure jouissance et du plaisir. C’est une merveilleuse chose à cultiver que d’en être capable : pas de récriminations ni de plaintes.

Tous les bols ne contiennent pas de l’eau. Certains sont pleins de riz. Quelle est la signification du riz ? Est-ce que le bol destiné aux fleurs doit contenir de l’eau ou du riz ?

Les deux font l’affaire. Les fleurs dont se servent les Tibétains sont généralement des graines séchées qu’on trouve dans le sud de L’Inde. Elles ne font pas très bien dans de l’eau. On ne voudrait pas, de même qu’un bâton d’encens, les placer dans un bol d’eau. C’est seulement pour des raisons pratiques qu’on les place dans du riz. Cela ne fait pas de différence.

Je n’insisterai jamais assez pour dire qu’il y a plusieurs manières de faire une même chose. Quand on va dans un autre centre ou, en Inde, dans un monastère différent et qu’on voit que les choses sont faites différemment, nous ne devons pas être choqués de manière rigide en pensant qu’ils font « mal » et que seule notre façon de faire est « correcte ». Même au sein d’une même tradition, différents monastères procéderont différemment. Ce qui compte quand on fait des offrandes, c’est l’état d’esprit et le fait d’avoir une sorte de forme ou de structure qui soit pour le moins respectueuse et esthétiquement plaisante, car ce que nous voulons susciter dans l’esprit, c’est de la joie.

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