Histoires traditionnelles : le karma et le refuge

Se retenir d’employer un langage qui crée la discorde (suite)

Hier, nous parlions de la cinquième action destructrice, à savoir : utiliser un langage qui sème la division. Nous avons déjà couvert les trois actions destructrices du corps et la première de la parole. Nous en étions arrivés au point de débattre de la deuxième action destructrice de la parole : se servir d’un langage qui crée la discorde.

Le support pour un tel langage est un groupe d’individus, qu’ils soient en bonne ou en mauvaise intelligence. La raison pour laquelle il y a deux supports tient au fait qu’on peut faire se séparer un groupe d’individus qui sont en harmonie et, pareillement, faire en sorte qu’un groupe de gens déjà en désaccord le deviennent plus encore. L’intention en jeu comporte une motivation, une attitude perturbée, et une recognition [une identification]. La recognition consiste en la perception réelle correcte du statut parmi les diverses personnes auxquelles vous vous adressez. L’attitude perturbée peut être soit l’attachement, la colère ou l’ignorance associée à l’étroitesse d’esprit. La motivation, elle, serait de faire en sorte que des gens en désaccord ne soient pas capables de s’entendre, ou de pousser des gens qui vivent en bonne entente à se séparer.

L’acte peut être n’importe quel type de paroles, qu’elles soient véridiques ou non. Vous pouvez proférer soit des paroles aimables soit des choses méchantes. Plusieurs méthodes sont en jeu. La conclusion de l’acte se situe quand vous avez effectivement créé une forte division entre les gens ; quand une forte sécession, ou un fossé, s’installe entre eux.

Se retenir de proférer des paroles dures

L’action destructrice suivante de la parole consiste à employer un langage dur et injurieux, en disant des choses cruelles. Cela implique également un support, une intention, une action et une conclusion. Le support est une personne qui vous a blessé(e), ou a blessé un(e) ami(e) à vous, ou un de vos proches, et dont vous avez le sentiment qu’elle le fera à nouveau dans le futur. Vous êtes donc très en colère après elle. L’intention en jeu est la motivation de vraiment dire quelque chose de dur. Les mots employés peuvent être vrais ou non. Cela implique n’importe quelle sorte de propos rudes. Par exemple, dire à quelqu’un de physiquement handicapé qu’il est un « invalide » (ou un estropié, ou un mutilé) serait une assertion vraie, mais ce serait cruel. Dire à quelqu’un qui n’est pas physiquement handicapé qu’il est un « invalide » est un exemple de façon de parler rude mais fausse. Cela peut faire appel aussi bien à des mots agréables que désagréables. Vous pouvez dire à quelqu’un qu’il est un nain, et vous moquez de lui, ou d’elle. Vous pouvez dire à quelqu’un de peau foncée, avec des paroles plaisantes à entendre et de manière sarcastique : « Comme vous avez la peau claire ! » Ou encore, vous pourriez vous moquer de quelqu’un de pauvre en disant combien il est riche. Si quelqu’un n’est pas un bouddha, vous pourriez le ou la traiter de bouddha. C’est une façon cruelle de parler à quelqu’un en utilisant des paroles agréables à entendre. L’acte vient à complétion quand l’autre comprend véritablement ce que vous dites.

S’empêcher de céder au bavardage

L’action destructive suivante de la parole est le bavardage : tenir simplement des propos insignifiants. Cela implique aussi un support, une intention, un acte et une conclusion. La base est n’importe quel type de propos inutiles et oiseux. Pour le reste c’est pareil à ce dont nous venons juste de débattre, excepté pour la conclusion. En réalité, personne n’a à comprendre ce que vous avez dit. Le simple fait de dire quelque chose de stupide, d’insignifiant, fait que l’action est complète. Par exemple, lire à haute voix de la fiction futile et vaine entre dans la catégorie du bavardage quand cela est fait sans but aucun.

Se réfréner d’avoir des pensées de convoitise

Les types d’actions destructrices qui suivent sont d’ordre mental. Les premières sont les pensées de convoitise, par le biais desquelles nous souhaitons posséder ce que les autres ont. L’objet est n’importe quelle possession appartenant à quelqu’un d’autre, son argent, sa fortune, ses biens, sa maison, etc. N’importe quoi fera l’affaire. Le type de pensée est de regarder ces choses et de souhaiter pouvoir les avoir également. L’action est complète quand vous décidez vraiment de faire en sorte d’essayer d’obtenir ce que cette autre personne a.

Se réfréner d’avoir des pensées méchantes

La neuvième action destructrice est de nourrir des pensées méchantes ou de souhaiter faire du mal à autrui. Le support en jeu est le même que dans le cas d’un langage dur et injurieux, à savoir quelqu’un qui vous a blessé, vous, un de vos proches ou un de vos amis, et dont vous avez le sentiment qu’il pourrait recommencer, et après qui vous êtes en colère. La motivation reviendrait à avoir le sentiment de vouloir envoyer votre poing sur l’autre personne ou de la frapper, ou de la blesser d’une façon ou d’une autre. L’action est complète à un niveau mental dès le moment où vous prenez réellement la pleine décision de traduire en acte votre pensée mauvaise. « Je vais aller vers cette personne et lui mettre mon poing dans la figure », ou : « Si je ne démolis pas cette personne, je ne le supporterai pas ».

S’abstenir d’entretenir des vues fausses

Pour ce qui est du fait d’avoir des vues erronées, la base doit être une pensée de cette nature. C’est par exemple de nier qu’une chose est vraie, comme d’insister sur le fait qu’il n’y a pas de vies futures alors que c’est le cas, ou d’insister sur le fait qu’il n’y a pas de relation de cause à effet, ou encore d’insister sur le fait que le bonheur ne découle pas d’actions positives et constructives. Toutes ces choses sont des exemples d’entretenir des vues fausses ou de nier ce qui est vrai.

Pulsions (karma) et trajectoires des pulsions (chemins karmiques)

Bien des questions peuvent faire l’objet de plus amples investigations. Parmi les sept actions destructrices du corps et de la parole, toutes sont des formes de pulsion, de même que la trajectoire de ces pulsions. Tandis que les trois sortes d’actions mentales destructrices servent de trajectoires à ces pulsions, elles-mêmes, ces actions mentales, ne sont pas des pulsions. La véritable définition du karma est la compulsion à faire quelque chose. La pulsion en elle-même est une attitude mentale secondaire, et n’est pas véritablement la trajectoire d’une pulsion. Il s’agit là d’une distinction technique, qu’on pourra analyser plus loin.

À l’avenir, quand vous aurez ici à votre disposition un Guéshé qualifié, voilà une bonne question à lui poser. S’enquérir de toutes sortes de questions variées à propos d’objets dans le ciel, ou autres, ça n’a rien de très profond. Si vous pratiquez la récitation de mantras, etc., après un certain temps la réponse à ce genre de questions deviendra pour vous très claire sans même avoir vraiment besoin d’interroger des personnes savantes. Quant à s’enquérir au sujet de la lune, etc., les réponses deviennent claires en lisant et en étudiant les textes. J’explique seulement quelques petites choses à la marge, ici et là. Nous n’avons pas assez de temps pour aborder en détail toutes ces questions.

Le poids des actes

Il existe aussi une différence entre la gravité et la légèreté des actes. Quand quelqu’un est habitué à commettre des actes destructeurs tout le temps, comme par exemple un boucher, même s’il commet une petite action destructrice, la conséquence en est très lourde. Par exemple, de par sa nature même, le bavardage est le plus léger des dix actes destructeurs, mais si nous nous y livrons tout le temps, à cause de sa fréquence, cela devient assez grave. Par exemple, quand vous empilez un grand nombre de feuilles de papier très minces, elles finissent par peser très lourd. Par ailleurs, si vous commettez une action avec une intention très forte, celle-ci en est aggravée d’autant. Pareillement, si vous faites une action négative ou destructrice et que vous n’en éprouvez aucun regret et n’appliquez aucune des quatre forces pour vous purifier, le potentiel négatif que vous accumulez est plutôt lourd.

Les potentiels positifs qu’on peut accumuler en agissant de manière constructive peuvent aussi être puissants ou faibles. Si vous ne vous mettez pas en colère, alors le potentiel positif demeure fort. Si l’objet de votre acte positif est un maître spirituel, vos parents, ou les Trois Joyaux, alors le potentiel positif devient très puissant. De même, si vous commettez quelque chose de négatif ou de destructeur à leur égard, le potentiel négatif accumulé est très lourd.

Quand on réfléchit à ces questions, ce qu’on doit faire c’est de décider d’accomplir toutes les actions positives et constructives les plus puissantes et les plus fortes possible et d’éviter les actions négatives les plus lourdes. Si vous possédiez la même quantité de plomb et d’or, vous voudriez augmenter celle de l’or et non du plomb. De même, en termes de potentiels positifs et négatifs, si vous aviez deux quantités de même poids, vous voudriez conserver le potentiel positif et laisser tomber le négatif.

Du point de vue de la présentation des trois actions négatives du corps et des quatre de la parole, la première de ces actions est la plus grave. Les autres sont plus légères par nature. Dans la mesure où tout le monde chérit sa vie au plus haut point, tuer est la plus lourde des actions destructrices du corps, tandis que priver quelqu’un de ses possessions en le volant est moins grave, et mal se conduire sexuellement avec cette personne est la plus légère des trois. La même chose est vraie pour les actions destructrices de la parole. La plus lourde est de mentir, ensuite celle d’user d’un langage qui sème la division ; se servir d’un parler dur et bavarder sont respectivement plus légers. C’est exactement le contraire avec les actions destructrices de l’esprit. Les premières sont plus légères tandis que les dernières sont plus lourdes. Des trois, la convoitise est la plus légère, penser faire le mal est plus grave, la plus lourde étant d’entretenir des vues fausses. 

Il est extrêmement important de s’abstenir de commettre les dix actions destructrices, quelles qu’elles soient, et d’essayer en revanche de pratiquer les dix actes constructifs. Autrefois, il y avait en Mongolie un Guéshé hautement qualifié et savant. C’était un maître très précieux qui devint l’abbé de l’un des collèges tantriques. Moi-même, j’ai reçu de lui des enseignements. Un jour, un noble vint qui interrogea ce grand maître sur le vide [la vacuité]. Le maître lui dit : « Oubliez le vide, vous devez cesser d’être un pareil voleur. » Ceci parce qu’il était conscient que ce noble volait. Certains membres de l’aristocratie peuvent à l’occasion faire des offrandes aux membres des monastères, mais souvent, également, leur argent provient de l’exploitation du peuple, et ils en gardent la plus grande partie pour eux.

Voilà, nous avons discuté de la gravité et de la légèreté des diverses actions. 

Les résultats des actions

Le résultat à maturité qui découle de toutes ces actions destructrices est le même : une renaissance dans l’un des pires états d’existence, soit comme créature des enfers, soit comme fantôme, soit comme animal. Il y a deux sortes de résultats correspondant à leur cause. Il y a ceux qui correspondent à la cause du point de vue de votre expérience, et ceux qui correspondent à la cause du point de vue de votre comportement instinctif. Nous avons discuté de ce point hier à propos de l’acte de tuer. Dans ce cas, le résultat qui correspondrait à sa cause dans votre expérience serait une vie courte pleine de maladies.

Le résultat d’user d’un langage dur ou injurieux c’est que les gens crient toujours après vous et vous disent des choses méchantes, de même il vous faut toujours entendre de vilains propos. Le résultat du bavardage est que personne n’écoutera ce que vous avez à dire. Personne ne fera attention à vous et on ne prendra pas vos paroles au sérieux. Si les gens écoute toujours ce que vous dites c’est le résultat d’avoir abandonné le fait de bavarder. Si vous avez de fortes pensées de convoitise, le résultat sera que vous serez une personne en proie à de forts désirs et de grands attachements. Le résultat d’avoir des pensées méchantes, c’est que vous serez une personne très hostile et colérique. Le résultat d’entretenir des vues fausses c’est que vous serez une personne ignorante à l’esprit très étroit.

Le résultat qui correspond à sa cause du point de vue de votre comportement instinctif pour chacune de ces dix actions destructrices est que, dès l’enfance, vous serez enclins à répéter instinctivement ces actions. Comme nous l’avons expliqué hier, le résultat d’ensemble de ne pas tuer est que le pays dans lequel vous naissez est un pays où la nourriture sera abondante et nourrissante. Pareillement, les médicaments seront très efficaces. Le résultat d’ensemble de voler, de prendre ce qui n’a pas été donné, c’est que dans le pays où vous naissez les récoltes sont très pauvres. Le rendement sera très faible, il y aura très peu de pluie, une grande quantité de poussière, etc. Le résultat d’une conduite sexuelle inappropriée c’est que le pays où vous naissez est très sale et pollué, un lieu plein de déchets et d’ordures partout.

Le résultat de mentir est que quand vous plantez ou ensemencez des champs, par exemple, rien ne pousse comme vous l’aviez prévu. Le résultat d’un langage qui sème la division est que dans le pays où vous naissez les terrains sont très accidentés ; il y aura de profondes ravines et des gorges. Il sera très difficile de se rendre d’un point à un autre. En employant un langage dur et injurieux, le pays comportera beaucoup de buissons épineux et de rochers, et l’environnement sera très hostile. La conséquence du bavardage, c’est que les récoltes seront bizarres. Vous aurez des récoltes au mauvais moment de l’année, et rien ne poussera au bon moment.

Le résultat d’ensemble d’avoir des pensées de convoitise est que, dans le pays où vous êtes, tout commence rapidement à se détériorer ; quelles que soient les belles choses que vous avez elles se brisent tout simplement. Le résultat global de la méchanceté c’est que le pays connaîtra beaucoup de maladies et de fléaux. Gourou Rimpotché, le grand Padmasambhava, a prophétisé que dans le futur de nombreuses nouvelles maladies apparaîtraient qui n’avaient pas de nom auparavant et qu’il n’y aurait ni médicaments ni traitements pour les soigner, et que ce serait dû à de fortes pensées de méchanceté et de haine. Nous voyons que cela se vérifie. De nombreuses maladies modernes affectent l’humanité. Le résultat d’ensemble d’avoir des vues fausses c’est que les ressources d’un pays viendront à s’épuiser. Quand bien même un pays pourrait avoir eu des eaux de très bonne qualité, des arbres, des ressources minières, de la richesse, du pétrole, etc., tout cela viendrait à se tarir.

Le résultat d’ensemble d’actions constructives serait tout à l’opposé. Ne pas tuer fera que le pays jouira de médicaments puissants et efficaces et d’une nourriture très abondante et  nourrissante. Vous pouvez déduire le reste des résultats d’ensemble découlant d’actions constructives en imaginant le contraire des résultats d’ensemble des actions destructrices.

La force des potentiels

Par ailleurs, il existe une différence dans la force des potentiels accumulés par des actions selon quatre différents paramètres ou facteurs. Il y a le terrain, lequel fait référence à la personne qui est l’objet de l’action ; le support, lequel fait référence à la situation de la personne qui commet l’action ; l’élément impliqué dans l’action ; et enfin l’état d’esprit en jeu.

En ce qui concerne le premier de ces points, le terrain ou le champ pour l’action, les actes deviennent très puissants quand ils visent les Trois Joyaux et les maîtres spirituels. Ils deviennent aussi très puissants quand ils sont dirigés vers ceux qui sont assimilables aux maîtres spirituels ou aux lamas, et cela fait référence aux gens qui vous disent ce qui est positif et ce qui est négatif. Quiconque vous donne un avis judicieux et sage est l’égal d’un maître spirituel ou d’un lama. De même, les parents sont un terrain très puissant pour l’action, car, peu importe le type d’acte que vous commettez à leur encontre, qu’il soit positif ou négatif, il prend une très grande force. Même si vous aidez de telles gens ne serait-ce qu’un peu, néanmoins cela fait s’accumuler un potentiel positif très puissant. Et quand bien même vous ne feriez qu’une toute petite chose négative ou destructrice à leur encontre, cela favorise l’accumulation d’un très grand potentiel négatif.

Du point de vue du support, si quelqu’un a pris des vœux, alors ses actes deviennent très puissants. Sur la base d’avoir pris les vœux d’un laïc, d’un novice, d’un moine ou d’une nonne pleinement ordonnés, les actions positives ou négatives deviennent encore plus puissantes. En particulier, si vous faites une quelconque action constructive motivée par un cœur dédié à l’esprit de bodhichitta, un cœur dédié aux autres, et à l’obtention de l’illumination, l’acte devient extrêmement fort et puissant. Si vous commencez la journée en pensant : « Comme il est merveilleux que je ne sois pas mort pendant la nuit. Maintenant que je suis réveillé, ce matin, je vais dédier mon cœur au autres et à l’atteinte de l’illumination. Je vais être aussi positif et constructif que possible », alors, quoi que vous fassiez dans la journée, vous serez portés par la force de votre puissante intention, même si vous n’en restez pas pleinement conscient tout le temps. Il est donc très important de commencer la journée avec ce genre d’intention très positive. Les potentiels deviennent puissants et forts à proportion de leur intention.

Ce dernier exemple illustrait le quatrième point [l’état d’esprit]. Pour en revenir maintenant au troisième point, voici un exemple de l’élément en jeu : si on se place du point de vue de la générosité, en donnant aux autres des enseignements et des directives spirituelles, cela est beaucoup plus fort que de donner une simple chose matérielle. À propos du quatrième point : la force déterminée par l’état d’esprit impliqué, il vient juste d’être mentionné. Par exemple, si vous faites l’offrande d’une seule fleur dans le but d’être bénéfique à un nombre infini d’êtres, le potentiel positif accumulé devient vaste proportionnellement [au nombre infini d’êtres]. Dès lors, il est donc important de poser une très puissante intention positive au début de chaque action, celle d’avoir un cœur dédié à l’esprit de bodhichitta, et de souhaiter que ce que vous faites soit bénéfique à tous les êtres vivants. À la fin de la journée, de même, il est très important de vraiment dédier le potentiel positif que vous avez accumulé dans la journée, en l’offrant pour la réalisation de l’illumination afin d’être bénéfique à tous.

De la sorte, l’intention que vous établissez le matin ainsi que la dédicace que vous offrez le soir sont extrêmement importantes. Si, avant de vous endormir, vous formez l’intention d’être très positif et constructif et d’essayer de travailler le plus possible pour le bien des autres le jour suivant, la nuit entière sera très positive dans la mesure où elle sera sous-tendue par cette puissante intention. Si vous passez vos jours et vos nuits de cette façon positive et constructive, vous serez véritablement capable de parcourir en entier le chemin de l’entraînement spirituel et de vivre une vie pleine.

Les huit bonnes qualités venues à maturité d’une précieuse vie humaine

Quand vous veillez à vous garder de commettre ces dix actes destructeurs, vous devez considérer le fait que vous avez obtenu cette précieuse vie humaine maintenant comme résultat d’avoir su préserver ces actions constructives dans le passé. Afin d’être capable d’atteindre l’illumination de la façon la plus efficace et la plus aisée, il est nécessaire d’avoir un support humain, un corps humain qui possède huit bonnes qualités venues à maturité dans leur intégralité. Celles-ci sont d’avoir une longue vie ; d’avoir une apparence physique agréable ; d’être né dans un bon milieu familial ou dans une bonne caste ; d’être riche ; d’avoir une parole tout à fait crédible en sorte que ce que vous dites est cru ; d’être  puissant ou influent ; d’avoir un corps physique robuste, une grande endurance et un esprit  supérieur ou une grande volonté. La dernière qualité est d’être un homme, car, entre le fait d’être homme ou femme, souvent, les circonstances sont telles que les hommes ont plus de temps pour se dévouer à la pratique du Dharma – du moins était-ce le cas traditionnellement.

Chacune de ces qualités a une fonction. Avec une longue vie, vous serez vraiment en mesure de parachever toutes vos études et pratiques. Si vous avez une apparence plaisante, les autres seront attirés par vous, et viendront écouter ce que vous avez à dire. Si vous appartenez à une famille royale, alors tout naturellement les autres écouteront ce que vous dites ; ils suivront vos suggestions. Si vous avez de grandes richesses, les gens seront attirés par vous et vous aurez les ressources et la capacité de faire un grand nombre de choses positives. Si vous avez une parole digne de foi, les autres vous écouteront et vous croiront. Si vous êtes quelqu’un de très influent et puissant, alors les gens suivront et accepteront ce que vous dites. Si vous avez pris renaissance en tant qu’homme, alors vous aurez moins d’interférences et d’empêchements dans votre pratique. Si vous êtes très vigoureux, alors vous serez apte à accomplir de grandes tâches, tel Milarepa qui construisit une tour de neuf étages.

Chacune de ces bonnes qualités a une cause. La cause d’une longue vie est de se retenir de tuer, de sauver la vie de créatures, de prendre soin des malades et de donner des médicaments à ceux qui en ont besoin. La cause de renaître sous une apparence agréable est d’offrir des lampes à beurre aux Trois Joyaux, des vêtements, des bijoux et des parures aux autres, et de ne pas être colérique ni jaloux. La cause pour renaître dans une bonne famille ou une bonne classe sociale est d’être toujours respectueux à l’égard des maîtres spirituels et des parents, de même qu’envers les personnes très savantes ou qui possèdent de grandes qualités. Une autre cause est de ne pas être prétentieux mais d’être humble et déférent. La cause pour être riche est de faire don de tout ce qui est nécessaire, nourriture, vêtements, argent, etc., à ceux qui en ont besoin, même si les gens ne le demandent pas. La cause pour avoir une parole crédible est de ne pas commettre les actions destructrices de la parole : mentir, parler durement, créer la discorde, ou bavarder. La cause pour être quelqu’un de très influent et de puissant est d’avoir fait des prières aux Trois Joyaux, en particulier celle de posséder toutes les bonnes qualités pour être influent. La cause pour renaître en tant qu’homme est de ne pas faire castrer des animaux, de se réjouir de la force et de la capacité que les hommes ont de pratiquer sans interruption, et de réciter les noms et les louanges de bodhisattvas tels que Manjushri et Maitreya. La cause pour avoir une très grande force physique et mentale est d’accomplir des actions que les autres sont incapables ou qu’ils s’estiment être incapables de faire.

Il est important d’essayer d’offrir des prières pour renaître avec une vie humaine dotée de toutes ces bonnes qualités au complet, et d’effectuer toutes sortes d’actions positives et constructives pour qu’elles adviennent. Il est également important, si vous les obtenez, d’utiliser un tel corps et une telle vie de manière constructive car si vous vous en servez pour être une personne destructrice et négative, cela devient encore pire. Dès lors, il est important de faire une prière complète et intégrale pour obtenir le type de vie humaine que vous pourrez employer dans des buts positifs. Si vous souhaitez faire une méditation pour accumuler de bonnes habitudes d’esprit, pensez à toutes les bonnes qualités que vous avez, réjouissez-vous-en et sentez-vous heureux à leur propos. Enfin, tirez la quintessence de cette vie et faites de cette vie, avec toutes ces opportunités, une vie pleine de sens. Ne la gâchez pas ; utilisez-la pour en faire profiter vos vies futures. Quand on a ce genre de réalisation, il s’agit du niveau initial de motivation.

Le fait que vous tous soyez ici veut dire que vous avez réalisé et compris que juste passer sa vie à travailler n’est pas suffisant. Vous avez pris le temps de venir jusqu’ici et d’écouter des enseignements spirituels. C’est une indication comme quoi vous avez déjà eu une forme de réalisation, même modeste. Le seul fait de venir ici repose sur une réalisation. N’allez pas imaginer qu’une réalisation ou une intuition signifie que vous serez capables de voler à travers les airs ou de laisser l’empreinte de votre pied dans un rocher. Si tel était le cas, alors des gens tels que moi, qui pratique depuis plus de soixante ans, posséderaient tous ces pouvoirs. Ne pensez pas non plus qu’il y ait quelque chose de merveilleux à être en mesure de faire ces choses. Il y a des gens qui font diverses méditations sur les courants d’énergie ainsi que des exercices de respiration, et qui peuvent faire de la lévitation et sont capables de se déplacer dans les airs. Être en mesure de faire cela n’est pas une grande prouesse. Mais véritablement se réfréner de commettre une des dix actions destructrices, peu importe laquelle, est un accomplissement beaucoup plus difficile.

La nécessité de s’abstenir des actions destructrices comme préparation au tantra

Quand Atisha fut invité au Tibet, le roi religieux Jangchub Wo (Byang-chub ’od) lui demanda d’enseigner sur la causalité. Le roi lui dit : « S’il vous plaît, ne nous donnez pas un enseignement très profond et compliqué sur le tantra. » Cela plut infiniment à Atisha. Rencontrer pour de vrai sur son chemin des enseignements tantriques et recevoir des initiations implantent en effet de très bons instincts et de très bonnes graines. C’est une chose très constructive à faire si vous en avez l’opportunité. C’est être très chanceux que de pouvoir le faire. La façon d’aborder cela, cependant, est d’effectuer très bien les pratiques du niveau initial, à savoir le fait de s’abstenir des diverses sortes d’actions destructrices. Puis, sur cette base, reportez-vous aux niveaux de motivation plus vastes et, finalement, développez un cœur  dédié à l’esprit de bodhichitta – un cœur complètement dédié aux autres –, et réalisez l’illumination pour être en mesure de les aider. Si, sur cette base, vous entrez dans la pratique du tantra, cela devient une méthode rapide et efficace pour atteindre l’illumination.

Les tantras, les mesures secrètes pour protéger l’esprit, sont un véhicule de pratique qui traite des résultats. Les enseignements des sutras, thèmes habituels de pratique, concernent les causes. On ne peut pas vraiment aborder un véhicule qui traite des résultats à moins d’avoir abordé au préalable le véhicule qui traite des causes ; on ne peut avoir de résultats sans causes. Si vous commencez sur la base du véhicule qui traite des causes, puis passez au véhicule qui traite des résultats, ce véhicule des tantras puissant comme le diamant devient un moyen très rapide et efficace pour atteindre l’illumination.

Si vous entendez dire que ces méthodes tantriques sont un chemin très rapide pour atteindre l’illumination et que vous voulez juste recevoir une transmission de pouvoir pour la mettre en pratique immédiatement, il sera difficile d’aller bien loin avec. Par exemple, bien qu’un avion vole très rapidement dans le ciel, vous ne pouvez pas monter dans l’avion en plein vol. Le seul moyen de monter dans un avion rapide c’est d’en passer par toutes les étapes préliminaires : acheter un billet, passer la douane, prendre les tapis et les escaliers roulants pour se déplacer dans l’aéroport, prendre une petite navette, monter les escaliers d’embarquement pour accéder à l’avion, etc. On s’en approche de manière progressive. Si vous voulez vous embarquer sur un véhicule rapide pour l’illumination, il est important de passer par ces premières étapes avant de monter à bord de ce véhicule : à savoir s’abstenir de commettre les dix actes destructeurs. À partir de là vous aurez une approche ferme et solide pour accéder à ce véhicule rapide.

Imaginons que des représentations vivantes de Manjushri, de Chenrezig et de Maitreya viennent vous voir et vous parler, c’est le genre d’enseignements qu’elles vous donneraient. Si vous êtes déjà entraîné et avez très bien pratiqué, toute ces instructions qui sont très profondes seront prêtes à être délivrées. Si vous ne commencez pas par apprendre comment vous abstenir d’agir de façon destructrice, non seulement vous ne serez pas en mesure de recevoir des enseignements de Manjushri et de Maitreya, mais vous ne serez même pas capables de les voir ou d’en avoir de vraies visions. Si vous pratiquez vraiment très bien ces enseignements, viendra un temps où vous rencontrerez pour de vrai, et de manière directe, ces divers grands êtres, face à face.

Il y avait un groupe de trois frères qui étaient les disciples d’Atisha et de son disciple Dromtonpa (’Brom-ston-pa). L’un d’eux s’appelait Puchungwa (Phu-chung-ba). Il faisait toujours d’intenses pratiques méditatives. Il pratiqua très intensément pendant neuf ans, délaissant la nourriture humaine habituelle. Il vivait dans la montagne récoltant les fientes des troupeaux d’animaux. Ces excréments contenaient de la tsampa non digérée (des grains d’orge). Il les cuisait et en faisait une soupe. Un jour, délaissant pour un temps sa pratique intensive, il se rendit à Lhasa pour voir les grandes et très célèbres statues dans les principaux temples. Alors qu’il arrivait en ville, il vit les vingt-et-une Taras qui l’escortaient. Il leur dit : « Je suis un moine, et ce n’est une très bonne idée, pour vous, femmes, de m’accompagner en ville. » Elles lui dirent : « Tu n’as pas à t’en faire. Personne d’autre ne peut nous voir. » Quand il fut dans Lhasa et vit toutes ce grandes statues dans les temples, elles se mirent à lui parler vraiment.

La première fois qu’il s’en alla dans sa retraite de montagne, il avait l’habitude de rouler et presser ensemble les herbes qui poussaient dans les prairies et de les brûler en guise d’offrande d’encens. Après avoir fait dans la première partie de sa vie de telles offrandes avec un cœur si pur, plus tard dans sa vie il fut à même de faire des offrandes d’encens avec des substances médicinales très précieuses. Un seul bâton d’encens valait environ six cents dollars.

Se projeter, et passer à l’acte

Il existe diverses classifications à propos du karma et du comportement. Certains actes sont projetés puis accomplis réellement ; d’autres ne sont pas projetés mais accomplis réellement ; d’autres sont projetés mais non exécutés ; enfin certains ne sont ni projetés ni commis. Ce sont là des points que vous devez noter par écrit. Il y a des choses très intéressantes et importantes à apprendre sur ce sujet, de telle sorte que dans le futur, quand vous disposerez d’un enseignant ici, vous pourrez demander de plus amples détails. Ce serait trop long de le faire maintenant.

Intentions et actions

Il est possible d’avoir une intention saine mais une action malsaine, une intention malsaine mais une action saine, une intention et une action malsaines, enfin, une intention et une action saines. Si vous le pouvez, vous devez faire en sorte qu’aussi bien l’intention que l’action soit saine ou noble. Pour donner un exemple d’une intention saine et d’une action malsaine, si vous essayez d’enseigner quelque chose à quelqu’un et qu’il n’apprend pas, bien que votre intention soit de l’aider, il se peut que votre action soit de le battre ou de le réprimander. Un exemple d’une intention malsaine mais d’une action saine consisterait à empêcher quelqu’un d’être en mesure d’accomplir une chose en le distrayant – comme de l’emmener en piquenique, de faire une promenade ou de faire quelque chose de plaisant qui prendrait son temps en sorte qu’il ne puisse pas accomplir ce qu’il veut faire. Votre intention était malsaine, mais votre action était saine. Il est facile de donner des exemples où l’action et l’intention sont saines.

Résultats bénéfiques et résultats dommageables

Une autre série divisée en quatre points est la suivante : il y a des actions bénéfiques en apparence mais dommageables à la longue ; il y a des actions en apparence nuisibles mais bénéfiques dans la durée ; il y a celles qui sont bénéfiques tant superficiellement que dans le long terme, et celles qui sont à la fois dommageables tant superficiellement que dans le long terme. Si une chose est à la fois bénéfique en apparence et dans la durée, vous devez la faire. Si une chose est initialement bénéfique mais nuisible à long terme, c’est quelque chose qu’il vaut mieux ne pas faire. Si une chose n’est d’aucun bénéfice à court et à long terme, ne la faites en aucune façon. Vous tous êtes très intelligents et vifs, vous pouvez donc immédiatement comprendre ces choses.

Les quatre principes des actions

Une autre division en quatre points concerne les actions : à savoir, la certitude à propos de l’action ; le point d’accroissement des actions et de leurs résultats ; le fait de n’avoir pas commis une action et donc de ne pas rencontrer ses effets ; enfin, si on a commis une action, le fait que ça ne sera pas perdu, qu’il y aura un résultat.

Le facteur de certitude, c’est que quand vous avez fait quelque chose de constructif, le résultat sera définitivement heureux, et que quand vous avez fait quelque chose de négatif ou de destructeur, le résultat sera assurément une cause de souffrance, de problèmes ou de malheur. Par exemple, quand vous plantez du riz, vous n’obtenez pas des pois. Le facteur d’accroissement est illustré par ce qui se produit quand on plante un grain de maïs : on obtient une grande quantité de grains. D’une petite action positive, une grande quantité de bonheur peut s’ensuivre, tandis que d’une petite action destructive une grande quantité de problèmes peut découler.

Voici un exemple du facteur de certitude. Des gens construisaient un stoupa – un monument servant de reliquaire. Un des ouvriers du projet avait de grandes difficultés dans son travail, et il était toujours à se plaindre. Une fois le stoupa terminé, il le regarda et dit : « Après tout, c’était une bonne chose », et il se sentit très heureux. Il employa son salaire pour acheter une cloche spéciale qu’il offrit pour en orner la pointe du stoupa. À l’époque du Bouddha, il prit renaissance sous le nom de Voix Harmonieuse. Il avait une belle voix, mais son corps était totalement repoussant, chétif et difforme. Sa voix était si belle cependant que même les animaux du voisinage s’arrêtaient pour l’écouter quand il chantait. Un jour, le roi local vint faire une visite au Bouddha. Il entendit la magnifique voix du moine et demanda à pouvoir le rencontrer. Le Bouddha lui dit : « Vous feriez mieux de ne pas le rencontrer. » Mais le roi insista, aussi le Bouddha l’emmena voir le moine. Quand le roi vit combien celui-ci était laid et déformé, il demanda pourquoi il avait une si belle voix dans un corps aussi laid, le Bouddha lui expliqua alors sa vie passée.

Voici quelques exemples du facteur d’accroissement. Quelqu’un dit à un moine : « Votre voix est juste comme celle d’un chien ! » Le résultat fut qu’il prit renaissance en tant que chien cinq cents fois. Vous devez faire très attention de ne pas appeler les gens par de vilains noms, ou d’être brutal et injurieux à leur égard, car, d’un simple dérapage de la langue, vous pourriez commettre une faute tout à fait désastreuse.

Parmi les disciples du Bouddha, celui qu’on connaissait particulièrement pour sa sagesse était Shariputra (Sha-ri’i bu). Bien des vies auparavant, il avait pris renaissance en tant que facteur. Un jour il passa la nuit dans un temple où il y avait de très belles fresques des bouddhas. Quand il alluma une lampe afin de pouvoir réparer ses chaussures, il fut en mesure de voir les images de tous les bouddhas. Le résultat fut qu’il prit renaissance doué d’un immense savoir.

Le facteur suivant à propos du karma c’est que si vous n’avez pas commis une action, vous n’en expérimenterez pas le résultat. Mais, si vous l’avez commise, ce n’est qu’une simple question de temps avant que vous ne fassiez l’expérience du résultat. Cependant, si vous avez fait quelque chose de positif, la colère peut ruiner le potentiel positif que vous avez accumulé, et si vous avez fait quelque chose de négatif, en reconnaissant honnêtement que c’était une faute et en appliquant les quatre forces opposées, il vous est possible de vous purifier de ce que vous avez fait. La colère peut détruire complètement la capacité de votre potentiel positif à agir en tant que racine du bonheur. La façon dont cela se produit est similaire au fait d’exposer une pellicule aux rayons X d’un portail dans un aéroport ; cela détruit et efface complètement les images sur le film.

Il était une fois une reine, Tsunmo Sangmo (bTsun-mo sNgo-bsangs-mo), qui était partie en piquenique avec ses dames de compagnie. Là où elles piqueniquaient se trouvait un buisson où nichaient de jeunes faisans. La reine et ses suivantes mirent le feu au buisson et tuèrent tous les oiseaux pour s’amuser, mais une des servantes qui s’était éloignée pour aller chercher de l’eau n’était pas concernée. Plus tard, à l’époque du Bouddha, la reine prit renaissance en tant qu’homme, lequel avait pris les habits de moine et avait réalisé l’état d’un Arhat doté de divers pouvoirs miraculeux. La servante avait repris naissance au même moment, et, elle aussi, était devenue un moine bien qu’elle n’eût pas atteint l’état d’Arhat. Un jour, suite aux potentiels accumulés par leurs actes antérieurs, la maison où ils vivaient prit feu. L’Arhat, qui avait été la reine, avait encore un restant de potentiel négatif issu de cette action passée, aussi fut-il incapable de faire usage de ses pouvoirs miraculeux pour s’enfuir. Il mourut dans les flammes. Ceci est un exemple du facteur qui veut que si vous avez accumulé un certain potentiel, ce dernier ne sera pas perdu, vous ferez l’expérience de son résultat. Le moine qui avait été la servante fut capable de s’échapper de la maison en flammes à travers un égout par où l’eau sortait de la maison. Ceci est un exemple du fait que si vous n’avez pas commis une certaine action, vous n’en expérimenterez pas les résultats.

La question se pose de savoir comment un Arhat peut-il encore avoir du potentiel négatif en réserve ? Cela peut se comprendre du point de vue de la manière avec laquelle vous appliquez les diverses forces opposées pour vous purifier. Si elles sont appliquées de façon complète et correcte, il est possible de se purifier totalement de tous les potentiels négatifs. Mais si ce n’est pas fait de manière exacte et correcte, il peut toujours rester un reliquat même minime de potentiel négatif ou d’impureté.

Acquérir une confiance croissante dans la vérité des enseignements sur le karma

Voici un excellent sujet : le karma, c’est-à-dire les lois du comportement et de leurs effets. On peut en lire davantage sur la question dans un soutra intitulé Le Soutra du Sage et de l’Insensé (mDdo mdzangs-blun, Skt. Damamuko-nama-sutra). Les diverses anecdotes racontées dans ce texte sont très plaisantes à lire. On y gagne une croyance confiante dans toutes les matières touchant aux causes et à leurs effets en s’appuyant sur l’autorité scripturale. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut prouver par la seule logique pure.

Si vous demandez comment nous pouvons avoir une croyance confiante dans l’autorité scripturale du Bouddha, cela repose en réfléchissant à ce que le Bouddha a dit du vide, de la réalité. Ces enseignements sont corrects. Si on y réfléchit, on peut prouver tout ce qu’il a dit par la logique. Si on acquiert une croyance confiante, fondée sur la logique, que ce que le Bouddha a dit de la réalité est correct, alors, en s’appuyant dessus, on peut aussi croire avec confiance que ce qu’il a dit des causes et des effets est également vrai.

Si vous agissez conformément à ce que le Bouddha a préconisé : à savoir développer un cœur bon et chaleureux, dédier votre cœur aux autres et à la réalisation de l’illumination, et si vous développez l’esprit de bodhichitta, alors, de fait, tout ira au mieux pour vous. Si vous réfléchissez à ce que le Bouddha a dit du vide, et que vous passez en revue tous les points du raisonnement, vous trouvez que c’est parfaitement logique et correct par le simple pouvoir de la logique. En s’appuyant sur ces points, vous pouvez avoir confiance dans les autres choses que le Bouddha a dites. Sans quoi, si vous ne passez pas par ce genre de démarche, il est difficile d’avoir une véritable croyance confiante dans ce que le Bouddha a dit. Si vous lisez des récits comme Le Soutra du Sage et de l’Insensé, vous penserez que c’est juste un recueil de contes de fées et de fables. Tout ce qui concerne l’observance des lois du karma, des lois du comportement et de leurs effets, est très important.

Prendre refuge – les bouddhas

Toute cette question de la conduite de votre vie selon les lois du comportement et de leurs effets est le point principal sur lequel s’entraîner quand vous prenez refuge, en d’autres termes quand vous donnez une direction sûre et sensée à votre vie. Afin de véritablement prendre refuge vous devez disposer d’une source qui puisse procurer cette direction sûre. Il y a trois sources de direction sûre. Quelles sont-elles ?

Le Bouddha, le Dharma, et le Sangha.

Qu’est-ce qu’un bouddha ?

Je ne sais pas.

Un bouddha est quelqu’un dont l’esprit est totalement clair et pleinement évolué. La première syllabe du mot tibétain pour dire bouddha signifie « clair, purifié ». Cela veut dire qu’un bouddha a purifié son esprit de toutes les perturbations et attitudes perturbantes. « Pleinement évolué » est la seconde syllabe. Cela signifie qu’il a obtenu toutes les bonnes qualités au complet ainsi que la pleine conscience de tous les phénomènes en sorte qu’il a atteint l’état d’évolution maximum.

La venue des bouddhas dans ce monde

Au départ, les bouddhas ont dédié leurs cœurs complètement au fait d’avoir la capacité d’être bénéfiques à tous les êtres limités. Ils ont pris la résolution très ferme d’avoir l’esprit totalement clair et pleinement évolué pour être en mesure de faire cela. Ceci est la manière dont ils ont développé un cœur dédié à l’esprit de bodhichitta. Non seulement ils ont dédié leurs cœurs de cette façon, mais ils ont travaillé pendant un nombre incalculable d’éons pour accumuler le potentiel positif qui leur permettra de réaliser cet état.

Au début d’un éon, la durée de vie des humains était de l’ordre d’un « zillion » d’années [le mot zillion n’existant pas en français, il faut l’entendre comme « incalculable »]. Littéralement le mot tibétain veut dire « indénombrable ». Mais il ne s’agit pas d’un nombre « infini » ; il s’agit d’un nombre fini, mais qu’on ne peut compter. Tous les cent ans, la durée de vie est raccourcie d’un an jusqu’à ce que la durée de vie soit de dix ans. Puis elle augmente d’une année tous les cent ans jusqu’à ce que la durée de vie soit de quatre-vingt mille ans. Puis, à nouveau, elle redescend à dix. Elle monte et descend ainsi dix-huit fois, formant un éon intermédiaire. Quand l’univers traverse une période constituée de ces phases, on appelle cela les vingt éons intermédiaires, période pendant laquelle l’univers demeure, ou reste dans un certain état. S’ensuit un autre période de vingt éons intermédiaires, qu’on appelle l’éon de destruction pendant lequel l’univers est détruit et implose. Cela se produit par exemple avec l’apparition de sept soleils qui brûlent pendant sept jours, consumant toutes choses dans le monde. Puis il y a une autre période de vingt éons intermédiaires pendant lequel l’univers est vide, suivie par vingt autres éons intermédiaires où l’univers commence à se former, à commencer par le mandala du vent, la sphère des éthers. Tout ce processus constitue une période de quatre-vingt éons intermédiaires, laquelle équivaut à un grand éon. Si on multiplie cela par un « zillion », on obtient un « zillion » de grands éons. Le Bouddha a accumulé du potentiel positif pendant trois de ces grands éons [« incalculables »] afin de devenir un être à l’esprit totalement clair et purifié, pleinement évolué.

Il y a les grands éons d’obscurité et ceux de lumière. C’est au cours de ces derniers qu’un bouddha apparaît véritablement dans l’univers. Le grand éon actuel, celui où nous vivons, est un éon de lumière appelé « l’éon fortuné ». Au cours de cet éon fortuné, un millier de bouddhas viendront en tant qu’enseignants universels. Les trois premiers bouddhas ou enseignants universels apparurent alors que la durée de vie était de soixante mille, quarante mille et vingt mille ans respectivement. Je ne suis pas absolument certains de ces [premières] figures [manifestations], il faudrait que je vérifie dans les écrits. Actuellement, c’est au moment où la durée de vie a atteint cent ans que le quatrième enseignant universel, à savoir le Bouddha Shakyamuni, est venu dans cet univers. À cette époque déjà, la durée de vie allait en décroissant.

Quand la durée de vie repassera de dix à quatre-vingt mille ans, il y aura la manifestation de monarques universels dotés d’une roue d’autorité, ce seront les empereurs « qui gouvernent au moyen d’une roue ». Il existe quatre types différents de monarques universels : ceux qui font tourner une roue d’autorité en or, en argent, en cuivre et en fer. Quand le Bouddha est apparu certaines personnes vivaient jusqu’à cent ans. De nos jours il est très rare que les gens dépassent cet âge. La durée de vie va graduellement en diminuant. Finalement, elle atteindra dix ans et recommencera à croître lentement, sur une longue période de temps. Quand elle atteindra à nouveau quatre-vingt mille ans, alors le bouddha Maitreya se manifestera.

Les qualités du corps d’un bouddha

On peut prendre des êtres comme Shakyamuni et Maitreya pour exemples de bouddhas totalement purifiés et pleinement évolués. Les bouddhas disposent de divers « kaya » ou corps. Il y a le corps de conscience profonde qui englobe tous les phénomènes (Jnanadharmakaya). Il y a les différents corps formels d’un bouddha (Rupakaya) qui incluent les corps de jouissance (Sambhogakaya) et les corps d’émanation (Nirmanakaya). Seuls les bouddhas eux-mêmes peuvent être conscients entre eux des corps de conscience profonde qui englobent tout. De même, seuls les Aryas bodhisattvas et ceux qui leur sont supérieurs peuvent véritablement percevoir les corps de jouissance. Quiconque de moindre réalisation ne peut pas les rencontrer.

Pour ce qui est des corps d’émanation ou nirmanakayas, il existe un corps d’émanation suprême, un corps d’émanation en tant qu’artiste, et un corps d’émanation en tant que personne. Un corps d’émanation suprême est quelque chose que les êtres ordinaires peuvent voir et rencontrer. Bien que les êtres ordinaires puissent voir un corps d’émanation suprême, pour pouvoir le voir vraiment, ils doivent disposer d’un karma très pur, ainsi que d’actes et de potentiels également très purs. Sans quoi, des gens ordinaires comme nous ne peuvent pas vraiment percevoir un corps d’émanation suprême doté des trente-deux signes majeurs et des quatre-vingt marques emblématiques mineures. Du fait qu’un corps d’émanation suprême a déjà fait la démonstration de la manière de trépasser dans la paix finale, a déjà fait le démonstration du parinirvana, il n’en est aucun autour de nous que nous puissions réellement voir.

Les corps d’émanations suprêmes sont couronnés sur le sommet de leur tête d’une protubérance (ushnisha). Ils ont l’empreinte d’une roue du Dharma proéminente sur la paume de leurs mains. Leurs épaules sont rehaussées comme celles d’un lion. De nos jours, les officiers en uniforme ont des épaulettes sur leurs épaules, n’est-ce pas ? Peut-être sont-ils des corps d’émanations suprêmes, qui sait ? Ces derniers ont des ongles couleur de cuivre, ce qui n’est pas dû au fait d’avoir mis du vernis à ongle. Leurs lèvres sont très rouges sans avoir eu besoin de mettre du rouge à lèvres. Ils ont une boucle de cheveux blancs au milieu de leur front entre leurs deux sourcils qui, si on tire dessus, ne peut jamais être étirée complètement ; elle ne fait que s’allonger de plus en plus. Si vous étudiez les grands textes, vous apprendrez la signification de toutes ces marques majeures et mineures. De plus, leur corps est complètement enveloppé d’un halo de lumière. C’est une lumière qui surpasse n’importe quelle autre sorte de lumière, peu importe la distance où elle se trouve. Par exemple, les dieux sont entourés de halos qui irradient fortement, mais, comparés à ceux d’un bouddha, ils sont comme de petites chandelles à côté d’une grosse lampe phosphorescente.

Les qualités de la parole d’un bouddha

Pour ce qui est de la parole illuminé d’un bouddha, elle possède soixante qualités. Par exemple, quand un bouddha parle, les gens dans la partie avancée du public n’entendent pas sa voix comme particulièrement forte tandis que les gens dans le fond de la salle ne l’entendent pas non plus comme très faible. Tout le monde l’entend à un niveau de volume égal. De même, s’il y a un vaste public composé de gens de différents pays, un bouddha s’exprime seulement en une seule langue, mais tout le monde peut le comprendre dans sa langue propre. Il n’a pas besoin d’interprètes.

Les qualités de l’esprit d’un bouddha

Quant à l’esprit illuminé d’un bouddha, outre le fait qu’il est complètement exempt de toute confusion (sa sagesse est non contaminée), son intelligence et sa conscience comprennent vingt-et-une catégories. Il s’agit là d’un sujet très vaste. Parmi les catégories, l’une se compose des trente-sept facteurs menant à un état purifié. L’esprit d’un bouddha possède également dix-huit qualités qu’il ne partage pas avec les Arhats inférieurs, etc. Il existe en tout vingt-et-une catégories, chacune avec différentes sous-sections.

Toutes ces qualités, telles que les marques physiques majeures d’un bouddha, sont le résultat d’une prodigieuse somme de potentiel positif accumulée au cours de trois éons incalculables. Même si le corps d’émanation suprême d’un bouddha devait se manifester devant nous, du fait que nous n’avons pas un karma pur, que nos potentiels ne sont pas purs, nous ne serions pas en mesure de le voir. Quant aux corps d’émanation en tant que personnes, ce sont des choses que nous pouvons réellement voir et rencontrer. Par exemple, il y a Sa Sainteté le Dalaï-Lama, qui est Avalokiteshvara. Il est le corps d’émanation d’un bouddha sous la forme d’une personne. Malgré tout, quand Sa Sainteté est assise sur un trône, il y a certains Guéshés qui sont incapables de le voir. Le fait que nous soyons capables de voir réellement Sa Sainteté est une très grande chance.

Voici maintenant un exemple d’un corps d’émanation en tant qu’artiste. Il y avait parmi les musiciens célestes un roi qui avait le sentiment d’être le meilleur musicien de l’univers. Il était très imbu de sa personne et arrogant, et jouait d’un luth à mille cordes. Le Bouddha se manifesta en tant qu’artiste musicien, et défia le roi de participer à un concours musical. Une par une, ils ôtaient les cordes de leurs luths pour voir qui pourrait continuer de jouer. Finalement ils ne disposaient plus que d’une seule corde. Alors le Bouddha enleva la dernière corde de son instrument et continua à faire une musique magnifique. Quand le roi ôta la dernière corde, il fut incapable de produire un son, aussi son orgueil en fut amoindri. Ceci est un exemple d’un corps d’émanation en tant qu’artiste.

Le Joyau du Bouddha

Quand on parle du refuge dans le Bouddha, on doit penser à un être évolué et clair comme étant n’importe lequel de ces corps. Du point de vue de notre pratique, il est important de reconnaître les diverses représentations des bouddhas, telles que ces peintures et ces images ici présentes, comme étant vraiment des bouddhas. Quand on pratique, il y a cinq vrais chemins d’esprit. Le premier s’appelle le chemin d’esprit de l’accumulation. Il comporte trois niveaux : petit, intermédiaire et grand. Si vous actualisez vraiment un vaste chemin d’esprit d’accumulation, vous serez capables d’entendre et de recevoir des enseignements de la part de toutes ces représentations de bouddhas. On dit que quand on rencontre ces diverses peintures et représentations du Bouddha [Shakyamuni], si on le fait de manière correcte alors c’est encore plus bénéfique que de rencontrer un véritable bouddha. C’est pourquoi il est important de faire très attention. Actuellement on trouve des images de bouddhas et d’êtres illuminés imprimées un peu partout, dans les journaux entre autres. Si on ne fait pas attention à la façon dont on traite et considère ces représentations des bouddhas, il y aura des difficultés dans le futur.

Le Joyau du Dharma

Le Joyau du Dharma fait référence à toutes les qualités de l’esprit illuminé d’un bouddha. Il s’agit du véritable refuge du Dharma. Quand nous pratiquons, nous devons reconnaître les divers textes écrits comme étant le véritable Joyau du Dharma. Il est important que les diverses lettres et écritures dans lesquelles le Dharma peut s’exprimer soient traitées avec respect, peu importe l’alphabet utilisé. N’enveloppez pas de déchets dans du papier journal. C’est très irrespectueux et négatif. Il est important d’être respectueux pour le mot imprimé.

Pareillement, quand on a des textes du dharma imprimés sur des feuilles volantes, s’il y a un grand vent et que vous devez empêcher que les pages ne s’envolent, on est alors autorisé à poser un rosaire sur les pages. Mais sinon, ne posez rien sur les livres. De même quand vous tournez les pages, ne mettez pas vos doigts dans la bouche pour les humecter. Bien plutôt, si vous devez humidifier vos doigts pour tourner les pages, placez un petit bol d’eau propre et trempez vos doigts dedans. Il est important de recouvrir les livres de tissu afin qu’ils ne touchent pas de surfaces nues. Également, ne marchez sur ou au-dessus de vos livres. Il est correct de placer des livres en hauteur ou au-dessus de statues sur une étagère, mais ne mettez pas de statues sur ou au-dessus des livres.

Le Joyau du Sangha

Le Joyau de la Communauté d’Intention (le Sangha) consiste en n’importe quel être hautement réalisé ou Arya ayant fait l’expérience non conceptuelle du vide (ou réalité). En général quatre moines pleinement ordonnés constituent un Sangha. Un, deux ou trois moines seulement ne suffisent pas. Quand nous pratiquons, nous devons reconnaître quiconque porte les robes de l’ordre bouddhique comme le véritable Sangha.

Le Joyau du Bouddha est celui qui dispense effectivement les enseignements, et indique la direction sûre à prendre dans la vie. Le Joyau du Dharma est la vraie source d’une direction sûre, c’est le vrai refuge ; quand on met en pratique toutes ces mesures spirituelles, cela donne assurément une direction sûre et sensée à la vie. Le Joyau du Sangha sont celles et ceux qui nous aident et nous accompagnent dans la conduite d’une vie pleine de sens. En vous racontant une anecdote, votre compréhension en sera facilitée.

Il y avait une fois un enfant des dieux nommé Stiramati (Blo-gros brtan-pa). Il faisait partie des dieux du Ciel des Trente-Trois Dieux. Là, tout est extrêmement beau et fait de pierres précieuses. Aucune poussière ni impureté. Tout y est d’une propreté immaculée. Ce dieu menait une vie parfaitement heureuse et ne souffrait jamais d’aucun problème. Quand il fut près de mourir, les guirlandes de fleurs qu’il portait se flétrirent puis fanèrent, et son corps commença à dégager une odeur suffocante. Tous ses amis dieux ne voulaient plus s’approcher de lui. Parmi eux, seuls ceux qui étaient vraiment très fidèles et solides avaient à faire à lui. Ils se tenaient à distance et le regardait. Ce dieu avait la capacité de voir que tous les potentiels positifs qu’il avait accumulés étaient désormais épuisés, et que maintenant, en conséquence du potentiel négatif qui lui restait, il renaîtrait dans l’un des pires états de renaissance possible. Il vit que non seulement il renaîtrait dans un de ces terribles états, mais qu’il renaîtrait également comme cochon. À cette pensée, il ressentit la pire des souffrances mentales qu’on puisse imaginer. Il n’y a pas de souffrance mentale plus grande que celle éprouvée par un tel dieu.

Il alla voir Indra (brGya-byin), le roi des dieux, et implora son aide pour lui fournir un moyen d’échapper à son sort. Indra lui dit : « Je suis désolé ; je ne connais aucun moyen pour vous aider à éviter cela. Mais je vais vous emmener voir le Bouddha. Il possède les meilleures méthodes. » Il se rendit auprès du Bouddha et le Bouddha lui donna les instructions de la déesse, ou divinité personnelle, appelée Ushnisha Vijaya (rNam-rgyal-ma). Elle est l’une des trois déités de longue vie. Son corps est blanc, doté de trois visages et de huit bras. Il fit toutes ces pratiques. Quand il mourut, non seulement il ne chuta pas dans l’un des pires états de renaissance, mais il reprit naissance dans un ciel encore plus élevé qu’avant, connu sous le nom de Tushita (dGa’-ldan, Ganden), le Ciel du Plaisir. Indra était incapable de le voir car il ne pouvait voir que les cieux de son niveau ou en dessous. Quand il demanda au Bouddha où ce dieu était rené, le Bouddha lui répondit qu’il avait pris renaissance dans le Ciel de Tushita.

Grâce à cet exemple, nous pouvons voir que le Bouddha est le maître, celui qui indique vraiment la direction sûre à prendre. La véritable raison ayant permis [à Stiramati] de prendre la direction sûre fut la pratique que fit ce dieu, celle d’Ushnisha Vijaya. C’est un exemple du Joyau du Dharma. Celui qui l’aida à trouver et prendre la bonne direction dans la vie fut le roi des dieux, Indra. C’est pourquoi il est un exemple du Joyau du Sangha.

Conseil pour conclure

Si vous voulez méditer sur un objet afin d’accumuler une bonne habitude d’esprit, vous devez visualiser Sa Sainteté le Dalaï-Lama devant vous, représentant tous les bouddhas, et lui adresser de nombreuses requêtes pour vous inspirer. Dites OM MANI PÉMÉ HUNG, et imaginez que des rayons de lumière émanent de lui, qui purifient vos potentiels négatifs.

Quant aux points très précis de pratique que vous devez essayer d’adopter dans votre comportement quotidien, les principaux sont, quand vous vous réveillez le matin, de mettre en place une intention très ferme et positive : « Aujourd’hui, je serai quelqu’un de positif et de constructif, et je vais m’efforcer de faire des choses qui soient bénéfiques pour les autres. » De même, à la fin de la journée, vous devez passer en revue toutes les choses positives que vous avez faites et dédier le potentiel accumulé pour le bien de tous et aussi pour réaliser un état d’esprit totalement clair et évolué afin d’être en mesure d’être bénéfique à tous. Toute cette question de la prise de refuge est très importante. Demain je vous en dirai plus à ce sujet.

Avez-vous des questions à propos de ce que j’ai dit aujourd’hui.

Qu’est-ce que le Dharmakaya ?

Le Dharmakaya est l’esprit omniscient d’un bouddha, lequel embrasse toute chose. Comme cela a été expliqué, il y a vingt-et-une catégories de sortes spéciales de conscience profonde non entachées de confusion. Cela inclut les dix forces, les quatre états libres de peur, etc. Si nous entrions dans le détail à leur propos, cela prendrait beaucoup de temps. C’est extrêmement vaste. Mais, pour servir d’exemples, les dix pouvoirs qu’un bouddha possède sont, pour n’en citer que trois : celui de connaître les conséquences adéquates et inadéquates des diverses actions, celui de connaître les résultats qui découlent de tous les actes, celui de connaître les chemins spirituels à même de conduire chaque être vers ses buts, etc.

Quant aux quatre choses pour lesquelles un bouddha n’éprouve pas de peur : Il n’a pas peur d’affirmer qu’il a abandonné toutes les fautes, de dire qu’il a réalisé toutes les qualités qu’on peut atteindre, etc. Peu importe l’étendue du public qu’un bouddha a en face de lui ; il est capable, sans éprouver de crainte et avec une totale confiance, de dire qu’il connaît toute chose. Un brahmane du nom de Kapila (Ser-skya) se rendait dans tous les villages à la ronde et prélevait un grain de riz dans chacun, marquant chaque grain d’un signe spécial. Il apporta un énorme panier rempli de ces grains de riz au Bouddha et lui dit : « Vous qui connaissez tout, savez-vous d’où viennent ces grains de riz ? » Le Bouddha répondit : « Oui. » Et le Bouddha lui dit d’où venait chaque grain de riz au fur et à mesure qu’on les lui présentait, jusqu’au dernier grain contenu dans le panier.

À l’époque du Bouddha, il y avait des arbres gigantesques. À nouveau, un brahmane voulut tester le Bouddha, il alla donc près d’un arbre et en compta toutes les feuilles. Cela lui prit deux mois. Puis il se rendit auprès du Bouddha et lui dit : « Vous qui êtes si malin, qui connaissez tout, combien de feuilles y avait-il sur cet arbre ? » Le Bouddha fut immédiatement capable de lui en donner le nombre exact.

Il vous est très difficile de lire dans mes pensées et, pareillement, il m’est difficile de lire les vôtres. Mais il est impossible de connaître l’esprit d’un bouddha et ce à quoi il ressemble. Même les boddhisattvas du dixième niveau, la plus élevée des dix terres, ne peuvent savoir à quoi ressemble l’esprit d’un bouddha. Si vous voulez vraiment étudier tous les différents aspects et les diverses qualités du Jnanadharmakaya, le corps de conscience profonde qui embrasse tout d’un bouddha, vous devez étudiez un des textes de Maitreya intitulé Le Filet des réalisations (mNgon-rtogs rgyan, Skt. Abhisamaya-alamkara). Le huitième chapitre traite de ce sujet de façon très détaillée. Si on ne connaît pas vraiment toutes les bonnes qualités d’un bouddha, il est difficile d’avoir une vraie croyance confiante dans un bouddha. Une anecdote du Tibet me revient à l’esprit.

Au Tibet, le détenteur du Trône de Ganden occupe une position très élevée. Celui qui détient ce trône est considéré comme un lama très précieux. Il dispose d’une ombrelle de couleur or au-dessus de lui partout où il va. Je demandai un jour à Rimpotché s’il avait toujours cette ombrelle avec lui partout où il se rendait et Rimpotché dit que je ne devais pas être aussi stupide, bien sûr qu’il ne l’emportait pas quand il allait aux toilettes ! Un jour, une vieille femme était en train de visiter le monastère de Ganden quand le détenteur du Trône de Ganden passa en procession. Un moine qui se trouvait près d’elle lui dit : « Regardez, voici le détenteur du Trône de Ganden. » Pensant que le détenteur du Trône de Ganden était l’ombrelle, elle joignit les mains en signe de respect et dit : « Je prends refuge dans le détenteur du Trône de Ganden. » Après la procession, elle se tourna vers le moine et dit : « N’était-ce pas là un charmant vieux moine qui marchait sous le détenteur du Trône de Ganden ? »

C’est pourquoi nous devons être capable de reconnaître de façon sûre ce qu’est vraiment un bouddha.

[Le reste de l’enregistrement fait défaut.]

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