Définition du Sangha et du Joyau du Sangha
Le mot « Sangha » est un mot sanskrit qui signifie, littéralement, une communauté qui se réunit et vit ensemble. En ce sens, j'utilise parfois le terme de « réseau », car toutes ces personnes et éléments réunis interagissent et forment un tout. D'une part, il peut s'agir d'un groupe de personnes qui vit, fonctionne et travaille ensemble en tant que communauté. À un autre niveau, il peut s'agir d’un réseau de purifications et de réalisations sur un continuum mental, qui existe, interagit et travaille ensemble. À ce second niveau, le Sangha fait plus précisément référence aux véritables cessations des véritables souffrances et de leurs véritables causes, ainsi qu'aux véritables cheminements d’esprit (véritables voies) qui ont conduit à l'obtention de ces véritables cessations sur le continuum mental d'un arya. Cet arya peut être soit nous, soit quelqu'un d'autre. Ces véritables cessations et ces véritables cheminements d’esprit constituent également un Sangha, une communauté vivant ensemble, autrement dit, existant et fonctionnant ensemble.
Au lieu de traduire le terme « Sangha », les Chinois l'ont translittéré en utilisant le mot seng-jia (僧伽), ou simplement seng (僧), qui sonne comme Sangha. C'est le terme classique utilisé pour désigner un membre de la communauté monastique : un moine, une personne du Sangha. Le terme peut également désigner un Sangha dans un sens plus élevé. De notre côté, nous utilisons également le mot « Sangha » plutôt que de le traduire.
Les Tibétains ne se sont pas contentés de prendre le mot « Sangha » comme nous le faisons ou comme le font les Chinois. Ils l'ont traduit par le mot gendun (dge-'dun), qui signifie « les personnes ou les choses qui poursuivent un but constructif ». Gen signifie « constructif » et dun signifie « déterminé à faire quelque chose ». Cet objectif constructif est soit la libération, soit l'illumination. Nous pouvons donc avoir une communauté de personnes qui visent ou sont résolues à atteindre la libération ou l'illumination, ou nous pouvons également avoir des purifications et des réalisations sur un continuum mental, qui sont, d’une certaine manière, déterminées ou qui visent à atteindre un but, la libération ou l’illumination.
Je pense qu'il est toujours utile d'examiner les mots en premier pour avoir une idée de ce qu'ils signifient. Par exemple, le mot que l'on traduit généralement par « refuge » est le mot sanskrit sharanam, qui signifie « protection ». L'expression « prendre refuge » signifie donc « chercher à se protéger ». Cela implique qu'il s'agit d'un processus actif, que nous faisons réellement quelque chose, qu'il ne s'agit pas simplement de s'asseoir et de recevoir une protection. C'est pourquoi je l'appelle « aller dans une direction sûre » : il s'agit de prendre une direction sûre dans notre vie, d'aller vers cela, et de le faire afin d'obtenir une protection contre la souffrance. Nous pouvons également recevoir la protection des autres dans le sens où ils peuvent nous offrir un modèle sur la façon de nous protéger. Un bouddha est un modèle : nous voulons devenir comme lui, et si nous atteignons cet objectif, nous serons réellement préservés de la peur et de la souffrance. Autrement dit, si nous mettons en pratique le Dharma, les enseignements du Bouddha, pour devenir nous-mêmes un bouddha, nous nous prémunirons contre la souffrance.
Quel est le rôle du Sangha dans ce contexte ? On dit généralement que le Sangha nous aide à aller dans cette direction. Nous devons examiner cette affirmation pour voir ce qu'elle signifie réellement. Cela peut en effet signifier beaucoup de choses.
Lorsque nous prenons refuge, ce n'est pas dans le Sangha en général, mais dans le Joyau du Sangha. Le Sangha et le Joyau du Sangha sont différents. Pour aller dans la direction sûre du Joyau du Sangha, nous devons évidemment savoir de quoi il s'agit. Ici, le danger est d'appeler « Sangha » une communauté de personnes d’un centre du Dharma, car si nous ne savons pas clairement ce qu'est le Joyau du Sangha, nous pourrions penser qu'il se réfère aux personnes de notre centre du Dharma. Plus tard, si cette communauté nous déçoit ou agit de manière inappropriée, nous risquons de perdre notre refuge en pensant : « Ce n'est pas du tout quelque chose qui est digne de confiance. »
La même chose peut se produire si nous pensons que le Joyau du Sangha se réfère uniquement aux moines et aux moniales, parce qu'il peut y avoir des moines et des moniales qui sont assez perturbés émotionnellement et desquels nous pourrions penser : « Comment puis-je prendre refuge en eux ? » Ce n'est donc pas non plus ce à quoi se réfère le Joyau du Sangha. C'est pourquoi, afin de vraiment prendre la direction sûre, il est très important d'identifier correctement ce que nous entendons par le « Joyau du Sangha ».
Certaines personnes en Occident pensent que si le Joyau du Sangha ne se réfère qu'aux personnes ordonnées, nous pouvons faire sans elles, que nous n'avons pas besoin de moines et de moniales et que nous pouvons établir un bouddhisme moderne sans la communauté monastique. Cependant, les moines et les moniales ne sont pas du tout ce à quoi le Joyau du Sangha fait référence. Les gens peuvent penser que la tradition monastique est quelque chose d'ancien ou de médiéval, et qu'elle n'est pas nécessaire dans notre société moderne. « Nous n'avons pas besoin du refuge en le Sangha. » C'est une grave erreur, car dans ce contexte, le Joyau du Sangha n'est pas identifié correctement.
Qu'est-ce que le Joyau du Sangha ? Voyons ce qu'en disent (1) la tradition Theravada, (2) la tradition Mahayana que suivent les Tibétains, et (3) la tradition Zen. Cela nous permettra d'avoir une perspective plus large. Je pense qu'il est également très utile d'ouvrir notre esprit et de ne pas nous enfermer dans notre propre tradition du bouddhisme tibétain, afin d'examiner d'autres perspectives au sein du bouddhisme. De cette manière, nous pouvons également voir ce qui est commun à toutes les traditions bouddhistes.
Le Sangha dans les différentes traditions bouddhistes
Le Sangha dans le Theravada
Dans le Theravada, le Joyau du Sangha est spécifié du point de vue des enseignements. Il désigne donc toute personne ayant atteint l'un des quatre stades d'accomplissement spirituel, à commencer par le niveau d’un arya. Un arya est quelqu'un qui a eu une cognition non conceptuelle des Quatre Nobles Vérités. Dans le Theravada, les quatre stades qui commencent par cette cognition sont appelés : « celui qui est entré dans le courant », « celui qui ne revient qu’une seule fois », « celui qui ne revient plus » et « arhat ». Lorsque nous entendons ces termes dans le Theravada, nous ne devrions pas penser : « Oh, celui qui est entré dans le courant, c'est juste un débutant. Tout le monde peut l’atteindre. » Il s'agit en fait du niveau d’un arya. Selon le Theravada, le Joyau du Sangha fait référence à l'Arya Sangha. Ces aryas sont appelés « Joyaux » du point de vue de leur accomplissement, à savoir la réalisation et la cognition non conceptuelle des Quatre Nobles Vérités et, en particulier, du fait qu'il n'existe pas un type de soi impossible (anattā). Ces personnes peuvent être un moine, une moniale ou un laïc.
On peut également parler du Sangha tel qu’il est spécifié dans le Vinaya, les règles de la discipline monastique. De ce point de vue, il s'agit d'une communauté de moines ou de moniales pleinement ordonnés et, plus spécifiquement, d'un groupe d’un minimum de quatre moines ou moniales pleinement ordonnés qui sont tenus d'être présents lors de certains rituels pour lesquels un quorum de membres ayant pris l’ordination est nécessaire. Par exemple, pour l'ordination complète d'un moine, il faut qu'un certain nombre de moines pleinement ordonnés soient présents, et pour l'ordination complète d'une moniale, il faut que toutes les moniales pleinement ordonnées soient présentes, ou que les moines et les moniales pleinement ordonnés soient tous deux présents. Ces moines et moniales pleinement ordonnés, caractérisés selon leurs vœux, sont le Sangha, mais ils ne sont pas nécessairement le Joyau du Sangha. Ils sont ce que l'on appelle le « Sangha conventionnel », et non le Joyaux du Sangha. De toute évidence, certaines personnes ordonnées peuvent également être des aryas, et elles seraient alors à la fois le Sangha conventionnel et le Joyau du Sangha.
L'existence d'une distinction entre le Sangha et le Joyau du Sangha, que l'on retrouve ici dans le Theravada, est également formulée dans toutes les autres formes de bouddhisme. Les termes techniques utilisés peuvent varier, mais il existe toujours une distinction commune générale.
Le Sangha dans le Mahayana
Que dit à ce sujet la tradition indienne du Mahayana que suivent les Tibétains ? Quel était le point de vue traditionnel en Inde lorsque les Tibétains l’ont rencontré pour la première fois ?
Dans le bouddhisme Mahayana indien, l'un des grands maîtres, ou, autrement dit, l’une des grandes sources des enseignements est Maitreya. Maitreya est le prochain bouddha universel qui viendra après Shakyamouni. Un grand maître indien du nom d’Asanga eut plusieurs visions de Maitreya et consigna les enseignements qu’il reçut de ce dernier dans ce que l'on appelle les Cinq Traités de Maitreya. Ces Cinq Traités de Maitreya sont étudiés de manière très centrale, non seulement dans le bouddhisme indien, mais aussi par les Tibétains. Lorsque nous examinons les définitions des Trois Joyaux, nous nous référons à ces traités de Maitreya. Dans trois de ces traités, les Trois Joyaux sont définis de manière légèrement différente, bien qu'ils ne soient pas vraiment contradictoires. Les Tibétains, qui sont très doués pour assembler des choses a priori contradictoires, suivent toutes ces définitions. Ces textes définissent deux positions : une première est exposée dans deux de ces trois traités, tandis que la seconde est exposée dans le dernier de ces trois.
Nous trouvons une de ces positions dans un traité appelé en sanskrit Abhisamayalamkara, en tibétain mNgon-rtogs rgyan, qui signifie « Filigrane » ou « Ornement des réalisations ». C'est le traité majeur que tous les Tibétains étudient pendant cinq ans dans le cadre de leur formation pour devenir un kenpo ou un guéshé. Il s'agit d'un texte très complexe qui est, en fait, la clé pour comprendre tous les Soutras de la Prajnaparamita, car il organise l'immense littérature de la Prajnaparamita en catégories et en sujets compréhensibles. Les Soutras de la Prajnaparamita sont énormes, il en existe de nombreuses versions, l’une d'entre elles comporte cent mille versets. Il n'est pas facile de les étudier en profondeur et d'en saisir clairement le sens, c'est pourquoi ce texte nous y aide.
Selon l'Abhisamayalamkara, chacun des Trois Joyaux possède deux niveaux : le niveau apparent ou conventionnel et le niveau le plus profond ou ultime. Le niveau apparent ou conventionnel dissimule le niveau le plus profond.
Il existe un autre texte de Maitreya appelé Uttaratantra, en tibétain rGyud bla-ma, qui signifie « continuum éternel sublime ». Ce texte traite de la nature-de-bouddha, et il est aussi tout à fait central dans les études bouddhiques des Tibétains. L'Uttaratantra donne les définitions complètes des Trois Joyaux. Le seul point sur lequel il est en désaccord avec l'Abhisamayalamkara concerne les définitions qu'il donne pour le Joyau du Dharma, lequel ne se réfère qu'au niveau le plus profond du Joyau du Dharma et non à son niveau apparent. Hormis cette différence, les deux textes affirment la même position. Le premier texte donne les deux niveaux des Trois Joyaux, tandis que le second texte définit le Joyau du Dharma avec un seul de ces niveaux, le plus profond. Ici, cependant, nous nous intéressons au Joyau du Sangha, pour lequel les définitions données dans l'Uttaratantra s'appliquent à la fois au niveau conventionnel et au niveau le plus profond du Joyau du Sangha. Examinons chacun de ces Trois Joyaux.
Le Joyau du Bouddha, à son niveau apparent, concerne l’ensemble des corps de formes d’un bouddha, le Roupakaya (un corpus de formes). C'est ce que l’on voit. Il existe deux types de corps de formes : le Sambhogakaya (corps ou corpus de plein usage) et le Nirmanakaya (corps ou corpus d’émanations), qui sont les formes subtiles et grossières dans lesquelles un bouddha apparaît. Le niveau le plus profond que ce corpus de formes éveillées camoufle est le Dharmakaya d'un bouddha, un corps ou un corpus qui englobe tout. Un Dharmakaya a deux aspects. L'un est appelé Jnana Dharmakaya, parfois appelé « Dharmakaya de la sagesse » ou « Dharmakaya de la conscience profonde », un corpus de conscience profonde qui englobe tout. Il s'agit des véritables cheminements d’esprit (ou véritables voies) sur le continuum mental d'un bouddha, la quatrième Noble Vérité. L'autre aspect d'un Dharmakaya est appelé Svabhavakaya, un « corps de nature » ou « corpus de nature essentielle ». Il se réfère aux véritables arrêts ou véritables cessations sur le continuum mental d'un bouddha, c'est donc la troisième Noble Vérité. Par conséquent, le Dharmakaya fait référence aux troisième et quatrième Nobles Vérités sur le continuum mental d'un bouddha. C'est le Joyau du Bouddha le plus profond.
Qu'est-ce que le Joyau du Dharma ? Le niveau apparent du Joyau du Dharma est constitué des douze catégories d'enseignements donnés par le discours éveillé du Bouddha. Il s'agit des mots mêmes que le Bouddha a enseignés. C'est ce que nous entendons ou voyons écrit. Le Joyau du Dharma le plus profond est ce qui est sous-jacent à cela, c’est-à-dire les réalisations qui découlent des enseignements du Bouddha. Cela renvoie à nouveau aux troisième et quatrième Nobles Vérités : les véritables cessations et les véritables cheminements d’esprit. Les véritables cessations sont l'éradication totale des deux premières Nobles Vérités d'un continuum mental : la véritable souffrance et ses véritables causes. Les véritables cheminements d’esprit sont soit la conscience profonde qui élimine les deux premières Nobles Vérités, soit, dans le continuum mental d'un bouddha, la conscience profonde qui en résulte et qui est exempte de ces deux Nobles Vérités. La quatrième Noble Vérité sur le continuum mental d'un bouddha n'a pas besoin de travailler pour éradiquer les deux premières Nobles Vérités parce qu'elle en est déjà libérée. En bref, lorsque nous parlons du Joyau du Dharma le plus profond, nous parlons des troisième et quatrième Nobles Vérités qui se trouvent sur le continuum mental de n'importe qui au niveau d'un arya jusqu'à celui d’un Bouddha. Lorsque nous parlons des véritables cheminements d’esprit sur le continuum mental d'un arya, il s'agit de la conscience profonde qui va éradiquer les deux premières Nobles Vérités. Lorsque nous parlons des cheminements d’esprit sur le continuum mental d'un bouddha, il s'agit de la conscience profonde qui est libre de ces deux Nobles Vérités.
Le Joyau du Sangha apparent est la personne individuelle de tout arya, qu'il soit laïc ou ordonné. Par conséquent, il ne s'agit pas du groupe ou de la communauté de ces individus aryas pris dans leur ensemble, mais de chaque membre de la communauté. C'est ce que nous voyons. Qu'est-ce qui se cache derrière cela ? Il s’agit du Joyau du Sangha le plus profond, c’est-à-dire de la troisième et la quatrième Nobles Vérités sur le continuum mental d'un arya. Notez que les bouddhas sont inclus ici comme le niveau le plus élevé d'un arya.
Du point de vue de cette tradition de Maitreya, le niveau le plus profond des Trois Joyaux est fondamentalement le même, il se situe au niveau des troisième et quatrième Nobles Vérités.
- Le niveau le plus profond du Joyau du Bouddha est constitué des troisième et quatrième Nobles Vérités d'un bouddha.
- Le niveau le plus profond du Joyau du Dharma correspond aux troisième et quatrième Nobles Vérités d'un arya jusqu'à celui d un bouddha.
- Le niveau le plus profond du Joyau du Sangha est à nouveau celui des troisième et quatrième Nobles Vérités d'un arya jusqu'à celui d’un bouddha.
À quel niveau des troisième et quatrième Nobles Vérités trouvons-nous l’ensemble des Trois Joyaux ? Nous les trouvons uniquement au niveau d’un bouddha. C'est à ce niveau que les Trois Joyaux convergent en une seule personne, à savoir un bouddha. Les Tibétains appliquent ce point lorsqu'ils parlent des Trois Joyaux comme étant tous présents en une seule personne, à savoir le gourou en tant que bouddha. C'est ce sur quoi se fonde cette affirmation. C'est donc de là que les Tibétains tirent ce point, qui est particulièrement important dans le tantra.
L'autre tradition de Maitreya découle d'un autre de ses traités appelé le Mahayanasutralamkara, Filigrane de soutras du Mahayana ou Ornement de soutras du Mahayana. Cette tradition ne parle du Joyau du Sangha qu'en ce qui concerne la personne individuelle d'un arya. Elle ne parle pas des troisième et quatrième Nobles Vérités. Lorsque les Tibétains parlent du soutra, ils suivent cette deuxième tradition. Dans celle-ci, les aryas bouddhas ne sont pas inclus dans le Joyaux du Sangha, mais seulement les aryas dont l'accomplissement est inférieur à celui des bouddhas. Le point de vue du tantra, dans lequel les gourous sont considérés comme des incarnations des Trois Joyaux, est en accord avec la première tradition de Maitreya dans laquelle les aryas bouddhas sont inclus en tant que Joyau du Sangha.
Chacun des Trois Joyaux a une représentation, que l'on appelle « Joyau nominal », mais ce ne sont pas des pourvoyeurs réels de la direction sûre. Autrement dit, pour la plupart d'entre nous, le Bouddha, le Dharma et le Sangha ne sont pas des éléments que nous pouvons rencontrer, mais nous pouvons rencontrer ce qui les représente. Le Joyau nominal du Bouddha serait les représentations de bouddhas, comme les peintures et les statues. Lorsque nous nous prosternons devant une statue ou une peinture, il ne s'agit pas du Joyau du Bouddha proprement dit, ces objets ne font que le représenter. Nous nous prosternons devant ce que la peinture ou la statue représente. Nous ne prenons pas refuge dans une statue, il n’est pas question d’adoration dans le bouddhisme.
De même, le Joyau nominal du Dharma serait les textes du Dharma imprimés représentant à la fois les paroles du Bouddha et les réalisations qu’amènent ces textes. De la même manière, nous ne prenons pas refuge dans les livres, n'est-ce pas ? Enfin, ce qui représente le Joyau du Sangha est un groupe de quatre moines ou moniales pleinement ordonnés. Nous ne prenons pas réellement refuge dans la communauté monastique, qui n'est que le Joyau nominal du Sangha, ce que les Theravada appellent le « Sangha conventionnel ».
La présence du Joyau du Sangha suffit-elle à perpétuer le Sangha ?
Non, pas selon cette définition. Le nombre de moines pleinement ordonnés nécessaire pour donner l'ordination complète de moine diffère selon les traditions, mais même les moines pleinement ordonnés ne suffisent pas. Pour donner l'ordination, ils doivent avoir été moines pendant dix ans, mais là encore, les traditions varient quant au nombre d'années pendant lesquelles ils doivent avoir été ordonnés. Pour l'ordination de moniales, il existe plusieurs traditions qui détaillent différemment le nombre de moines pleinement ordonnés, ou de moines et de moniales pleinement ordonnés requis, ainsi que le nombre d'années pendant lesquelles ils doivent avoir prononcé leurs vœux d’ordination.
Le Sangha dans la tradition tibétaine
C'est ce que l'on trouve dans la tradition indienne du Mahayana, il est donc intéressant d'examiner ce que l'on trouve dans la tradition tibétaine. Dans Le Précieux Ornement de la libération, Gampopa, [l’un des fondateurs de l’école Kagyou], parle d'objets de refuge communs et spéciaux. Les objets communs sont ceux qui sont communs au Hinayana et au Mahayana. Les objets spéciaux sont exclusifs au Mahayana.
En ce qui concerne le Joyau commun du Sangha, Gampopa dit qu'il y en a deux : les êtres ordinaires et les aryas.
Le Sangha des êtres ordinaires se réfère à un groupe d'au moins quatre moines ou moniales pleinement ordonnés qui n'ont pas encore atteint le stade d'arya. Gampopa ne mentionne que les moines pleinement ordonnés, car la lignée d'ordination des moniales pleinement ordonnées n'a pas été transmise au Tibet. Cependant, le terme « moine pleinement ordonné » (dge-slong, Skt. bhikṣu) peut également être utilisé comme un terme général qui couvre à la fois les moines et les moniales.
L'Arya Sangha désigne n'importe lequel des huit individus des quatre paires. C'est la même chose que ce que le Theravada affirme être le Joyau du Sangha. Les quatre paires, ou les quatre groupes, sont « celui qui est entré dans le courant », « celui qui ne revient qu’une seule fois », « celui qui ne revient plus » et « l’arhat ». Chacun d'entre eux est divisé en deux : l' « entrant », c'est-à-dire celui qui commence à réaliser ce niveau, et le « résultant », celui qui a atteint ce niveau. Gampopa ne précise pas si ces aryas doivent ou non être ordonnés moines ou moniales.
Le Joyau spécial du Sangha, affirmé exclusivement par le Mahayana et non commun aux écoles du Hinayana, a également deux aspects, distingués en fonction de la manière dont il est spécifié.
Lorsqu’il est spécifié en fonction d'objets qui sont devant nous, le Joyau spécial du Sangha se réfère au Sangha des bodhisattvas. Cela inclut vraisemblablement les moines et moniales bodhisattvas pleinement ordonnés qui sont à la fois aryas et pas encore aryas.
Lorsqu'il est spécifié en termes de réalisations, le Joyau spécial du Sangha se réfère aux aryas bodhisattvas, ceux qui possèdent l'un des dix niveaux d'esprit d’un bodhisattva (sa-bcu).
Que dit l’école Nyingma ? Dans un texte du grand maître nyingma Longchenpa, intitulé Trouver le repos dans la nature de l’esprit, le Joyau du Sangha est constitué des shravakas et des pratyékabouddhas, toujours aux quatre stades de « celui qui est entré dans le courant », «celui qui ne revient qu’une seule fois », « celui qui ne revient plus » et d'arhat, ainsi que des aryas bodhisattvas. Mais ici, Longchenpa ajoute aussi ceux que l'on appelle les « détenteurs du mantra » et les « détenteurs de la conscience pure » (rig-'dzin en tibétain). Il s'agit essentiellement d'aryas qui ont suivi la voie dzogchen du tantra. Les nyingmas ajoutent un aspect tantrique à la spécification du Sangha.
Qu'en est-il des Sakyas ? Leur texte fondamental s'intitule L’Admirable Ornement des Trois Visions, de Ngorchen Konchog Lhundrub. Il s'agit des voies progressives lam-rim fondamentales des quatre traditions. Il y est dit que le Joyau du Sangha est la communauté arya, sans entrer dans les différentes divisions comme le font les nyingmas ou les kagyous. Il est intéressant de noter que lorsqu'il parle du Sangha ordinaire, qui est le Joyau du Sangha nominal, Ngorchen Konchog Lhundrub dit : « [Ce sont] ceux qui sont entrés dans le Dharma avant nous. » Cela fait référence aux moines et moniales qui ont reçu l'ordination avant nous. Autrement dit, il ne s'agit pas des moines et moniales novices. Dans la communauté monastique, on s'assoit en fonction de la date à laquelle on a reçu l'ordination. Par conséquent, selon ce texte, le Sangha ordinaire est incarné par toutes celles et ceux qui sont assis devant vous dans l'assemblée, mais pas derrière vous. Je trouve intéressant que le Sangha soit défini ainsi dans l’école Sakya.
Dans l’école Guéloug, que dit Tsongkhapa dans le Lam-rim chen-mo, Les Étapes progressives de la voie ? Tsongkhapa n'identifie pas les Trois Joyaux de la même manière que nous l'avons vu précédemment. Il discute de la différence des Trois Joyaux en fonction de leurs activités, de leurs qualités, etc., mais il est très clair qu'il les considère exactement de la même manière que Gampopa. Il dit que l'Arya Sangha est le Sangha principal, le Joyau du Sangha. Pabongka dit la même chose dans son ouvrage La Libération dans la paume de votre main, mais il précise que le Sangha monastique n'est que le Joyau nominal, et non le Joyau réel.
Il est intéressant de noter que le consensus général est que l'Arya Sangha est le Joyau réel du Sangha, ce qui est en accord avec le Theravada. Cependant, alors que le Theravada ne parle que des aryas du Hinayana, à savoir les shravakas et les pratyékabouddhas, dans le Mahayana que suivent les Tibétains, nous ajoutons les aryas bodhisattvas, et dans l’école Nyingma, ils font une mention spéciale des pratiquants tantriques aryas. N'oubliez pas que le terme arya inclut les bouddhas, un arya étant toute personne ayant une cognition non conceptuelle du vide, et les bouddhas possèdent également cette cognition. Ensuite, le Sangha conventionnel, ou le Joyau nominal du Sangha, qui n'est pas celui dans lequel nous prenons réellement refuge, désigne la communauté monastique. Il est spécifié de manière légèrement différente, mais c'est fondamentalement la même chose.
Dans la tradition tantrique, le gourou incorpore les Trois Joyaux
Pour examiner la tradition tantrique tibétaine, dans laquelle le gourou incorpore les Trois Joyaux, nous pouvons nous référer à la première tradition de Maitreya, en particulier le rGyud bla-ma, Le continuum éternel sublime. Gampopa en parle longuement dans Le Précieux Ornement, où il dit qu'il y a une différence entre un garant ultime et un garant provisoire de direction sûre.
Avant d'atteindre la bouddhéité, quand commence-t-on à atteindre les véritables voies et les véritables cessations ? Seulement lorsque vous devenez un arya. Imaginez, par exemple, que vous ayez une de ces anciennes radios ou télévisions avec, à l’intérieur, de petis tubes disposés sur un socle. Vous voulez transformer ceci en une carte mère d'ordinateur. Dans ce cas, la mauvaise compréhension est représentée par les anciens composants. Ce que vous voulez faire, c'est les retirer et en insérer de nouveaux. Ces nouveaux composants représentent la connaissance non conceptuelle du vide. Lorsque vous en retirez un ancien, c'est sa véritable cessation, c’est l'absence de ce composant, c'est le vide. C'est une véritable cessation, la troisième Noble Vérité. Ensuite, vous y insérez un nouveau composant, et c'est la quatrième Noble Vérité. Ce nouveau composant est ce qui supprime l'ancien et ce qui le remplace. Ce nouveau composant, d'une part, est la chose qui enlève l'ancien composant, il agit donc comme la voie pour se débarrasser de l'ancien, et, d'autre part, il est aussi le résultat, la quatrième Noble Vérité. C'est à la fois la voie et le résultat.
Vous commencez à le faire lorsque vous êtes un arya, c'est-à-dire lorsque vous vous débarrassez de certains composants (les tubes) et que vous les remplacez par de nouveaux. Il y a alors l’absence d'anciens composants et la présence de nouveaux, certains appartiennent à la troisième Noble Vérité et d’autres à la quatrième. Cela signifie que les aryas qui ne sont pas des bouddhas ne sont que des pourvoyeurs provisoires de la direction sûre ; ils ne possèdent pas l'ensemble complet des troisième et quatrième Nobles Vérités. Un bouddha est totalement dépourvu de tous les anciens composants et possède l’ensemble des nouveaux. Par conséquent, seul un bouddha est le pourvoyeur ultime de la direction sûre, car seul un bouddha possède l'ensemble complet des troisième et quatrième Nobles Vérités. Lorsque nous parlons du Joyau du Sangha, nous devons nous concentrer sur le Joyau ultime du Sangha. Le Joyau ultime du Sangha n'est constitué que des bouddhas. Les membres de l'Arya Sangha avant la bouddhéité ne sont que des pourvoyeurs provisoires, ils ne peuvent nous aider que jusqu'à leur niveau [de réalisation], mais pas au-delà.
Cela conduit à percevoir le gourou comme étant les Trois Joyaux en tant que bouddha. Dans le bouddhisme tibétain, nous prenons toujours refuge dans le gourou. Pourquoi le gourou ? Parce qu’il incorpore les Trois Joyaux, y compris le Sangha. Comment inclut-il le Sangha ? Parce qu'un Bouddha, en tant qu'Arya Sangha, est un membre du Sangha. Le Bouddha est les Trois Joyaux du point de vue des troisième et quatrième Nobles Vérités dans le continuum mental d'un bouddha, donc tout est incorporé en un seul. C'est pourquoi nous avons le gourou et le refuge dans le gourou.
Il est intéressant de noter que dans le Theravada, on ne parle pas du quatrième Joyau, ni de prendre refuge dans le gourou. On parle de se réfugier dans son propre karma, car c'est en accumulant un karma positif que l'on se protège de la véritable souffrance et de ses causes. Cela confirme une fois de plus que le refuge est un processus actif.
Pourvoyeurs causaux et résultants de la direction sûre
Une autre différence avec le Theravada concerne le refuge ou la direction sûre du point de vue de ses pourvoyeurs causaux et résultants. Lorsque nous prenons la direction sûre du point de vue causal, nous prenons refuge dans le Bouddha, le Dharma et le Sangha en tant qu'êtres extérieurs, parce qu'ils nous donnent une direction qui agit comme une cause pour notre propre atteinte des Trois Joyaux. Nous allons devenir les Trois Joyaux. Comment devient-on les Trois Joyaux en devenant un bouddha ? Un bouddha incorpore les Trois Joyaux. C'est la « cause » que nous prenons en le Bouddha, le Dharma et le Sangha externes. C'est ce qu'on appelle « la simple prise de la direction sûre ». La prise spéciale de la direction sûre est « la prise résultante de la direction sûre ». Cela fait référence aux Trois Joyaux que nous atteindrons à l'avenir sur la base de notre nature-de-bouddha. Cela nous donne une direction, les Trois Joyaux futurs que nous deviendrons sont l'objet qui nous donne une direction sûre. Par exemple, lorsque nous faisons des prosternations, nous les faisons dans le cadre de la prise de refuge, de la direction sûre. Nous montrons du respect, non seulement pour les Trois Joyaux causaux, qui sont externes, mais aussi pour notre propre réalisation future, notre propre devenir des Trois Joyaux.
Nous pouvons penser : « Que signifie l'Arya Sangha, le Joyau du Sangha, vis-à-vis de ce que je vais réaliser ? » Cela peut signifier l'état d'arya que je vais atteindre, qui serait provisoire, ou cela peut se référer au niveau ultime, à la bouddhéité que je vais atteindre. Lorsque nous avons la bodhichitta, il s'agit d'un esprit visant ou focalisé sur notre propre illumination future. Il ne s'agit pas de l'illumination en général, ni de l'illumination du Bouddha, mais de notre propre illumination qui existera quelque part dans le futur de notre continuum mental, mais qui, pour l’heure, n'a pas encore eu lieu. C'est le pourvoyeur et le garant ultime de la direction sûre que nous cherchons à atteindre. Tout cela est très cohérent.
Il est clair que le Bouddha incorpore les Trois Joyaux, mais pourquoi le gourou ?
Le gourou représente le Bouddha. Nous entrons ici dans le sujet qui consiste à considérer le gourou comme le Bouddha. C'est un vaste sujet et il nous faudrait un week-end entier pour en discuter, nous n'en parlerons donc pas aujourd’hui. En bref, lorsqu'on voit le gourou comme un bouddha, on voit la nature-de-bouddha dans le gourou du point de vue de sa pleine réalisation. De la même manière que lorsque nous prenons la direction sûre résultante en nous-mêmes, nous visons notre propre réalisation future des Trois Joyaux. Pour être en mesure de voir cela en nous-mêmes, nous devons le voir dans le gourou. Le voir dans le gourou nous aide à le voir en nous-mêmes. Lorsque nous le voyons en nous-mêmes, cela ne signifie pas que nous sommes littéralement éveillés. Il en va de même pour le fait de voir le gourou comme un bouddha. Cela ne signifie pas que le gourou est omniscient et qu'il connaît, par exemple, le numéro de téléphone de tous les habitants de l'univers, n'est-ce pas ? Ce n’est pas cela dont il s’agit.
Quelle est la différence entre les Trois Joyaux ?
Chacun des Trois Joyaux fait référence à la source ultime de refuge, les troisième et quatrième Nobles Vérités, sur le continuum mental d'un bouddha. Quelle est la différence entre ces Trois Joyaux ?
Plus tôt, nous avons parlé de l'aspect le plus profond de la source ultime ou du pourvoyeur ultime de la direction sûre, autrement dit, l'aspect le plus profond du Joyau du Bouddha, c’est-à-dire les bouddhas externes ou celui que nous allons atteindre nous-mêmes. Nous avons ensuite vu que les Joyaux du Bouddha, du Dharma et du Sangha, en ce qui concerne la direction sûre, font tous référence aux troisième et quatrième Nobles Vérités sur le continuum mental d'une personne. Quelle est la différence entre ces trois éléments ? Il s'agit de considérer ces véritables cessations et ces véritables réalisations de trois points de vue différents.
Du point de vue du Joyau du Bouddha, ce sont des sources d'inspiration, ce que l'on traduit généralement par « bénédictions ». Nous recevons l'inspiration de ces véritables cessations et de ces véritables voies. Le Joyau du Bouddha nous inspire à devenir comme cela, que ce soit de par un bouddha externe, ou dans notre propre réalisation future de la bouddhéité.
Du point de vue du Dharma, ce sont les sources des réalisations réelles, siddhi en sanskrit. Si nous pouvons atteindre ces véritables cessations et ces véritables voies, alors c'est la source de notre atteinte de l’illumination.
Du point de vue du Sangha, elles exercent une influence d'éveil, parfois appelée conduite de bouddha. En ce qui concerne les bouddhas, les véritables cessations et les véritables voies sur leur continuum mental permettent à ces derniers d'exercer une influence d'éveil sur tout le monde. Lorsque nous atteindrons nous-mêmes ce stade, les véritables cessations et les véritables voies de notre propre continuum mental seront la source d'une influence positive sur les autres.
Concernant ce sujet, quelle est notre relation avec le Sangha ? Lorsque nous nous concentrons sur le Sangha, nous nous concentrons principalement sur son influence, son activité, ce que cette communauté fait. Lorsque nous parlons d'une communauté monastique ou d'une communauté dans un centre du Dharma, il est utile de considérer ces aspects principaux : comment fonctionne-t-elle ? Que fait-elle ? Comment nous influence-t-elle ? Comment influence-t-elle les autres ? C'est le principal enseignement que nous pouvons tirer de cette présentation. Il y aurait beaucoup d'autres choses à dire à propos du tantra, mais nous n'avons pas le temps.
Le Sangha dans la tradition zen
Voyons ce que dit la tradition zen. Dogen, le fondateur japonais de la tradition zen Soto, a écrit sur les Trois Joyaux de façon très claire. Selon Dogen, le Joyau du Sangha a deux niveaux. Le premier est le niveau de ce qu'il appelle les « bouddhas célestes », c'est-à-dire les grands bodhisattvas tels que Manjoushri, Avalokiteshvara, Kshitigarbha. On retrouve également ceci dans la tradition tibétaine où, dans la représentation de l'arbre du refuge selon le tantra, figurent Manjoushri et tous les autres grands bodhisattvas autour de la figure centrale du Bouddha représentant le Sangha. C'est la même chose dans la tradition zen.
L'autre aspect du Joyau du Sangha concerne les quatre stades des aryas. Il s'agit ici des aryas shravakas, des aryas pratyékabouddhas, des aryas bodhisattvas et des aryas bouddhas, ce qui est cohérent avec tout ce dont nous avons discuté précédemment.
Dogen parle de trois aspects des Trois Joyaux : les « Trois Joyaux en un seul corps », les « Trois Joyaux manifestés » et les « Trois Joyaux maintenus ». Le « Joyau du Sangha en un seul corps » est la paix et l'harmonie de tous les facteurs de l'illumination. À un niveau plus abstrait, il peut s'agir de l'interconnexion paisible et de l'harmonie de toute chose. Nous pouvons y voir l'idée d'une communauté et d'un réseau dans lesquels tout fonctionne en harmonie. Je pense qu'il est très important, dans une communauté de moines ou d’un centre du Dharma, que tout le monde travaille ensemble de manière interconnectée et harmonieuse, sans laisser personne de côté.
Le « Joyau du Sangha manifesté » est l'apprentissage et la pratique qui permettent d'atteindre le niveau d’un arya. Ceci est similaire à ce dont nous avons discuté plus tôt à propos de l'influence d'éveil, de la fonction, de l'activité du Joyau du Sangha. Quelle est la fonction principale du Sangha au sein de notre centre du Dharma ? C'est d'être capable d'étudier, de pratiquer, de méditer ensemble en vue d’atteindre les véritables cessations et les véritables voies.
Le « Joyau du Sangha maintenu » fait référence à la façon dont le Sangha perdure : comment se maintient-il, comment continue-t-il, et comment demeure-t-il, en éliminant toutes les souffrances et en étant libéré du samsara ? En somme, que fait la communauté ? Il est évident que nous pratiquons et méditons ensemble afin d'atteindre le niveau d’un arya ainsi que les niveaux supérieurs des troisième et quatrième Nobles Vérités. Comment maintenons-nous la communauté pour qu'elle persiste dans le temps ? Nous maintenons la communauté en essayant d'aider non seulement nous-mêmes mais aussi les autres, en se débarrassant de la souffrance et en nous libérant du samsara, ce qui signifie que nous le faisons d'une manière non samsarique. Autrement dit, nous ne nous aidons pas et n'aidons pas les autres pour gagner de l'argent, pour devenir célèbres ou pour rivaliser avec d'autres centres du Dharma. Nous ne faisons pas cela pour des raisons samsariques, nous faisons tout cela avec une motivation d’éveil pure. Si vous avez cela, le centre perdurera. Si vous aidez les autres et vous-mêmes uniquement pour des préoccupations mondaines, pour entrer en compétition ou pour devenir célèbre, les choses ne dureront pas. D'autres personnes vous porteront atteinte ou tenteront de le faire. C'est vraiment important, car la plupart des centres du Dharma rencontrent des problèmes financiers et les personnes qui les dirigent s'inquiètent toujours de payer les factures ou d'attirer plus d'étudiants, et cela devient alors un business. Dans cette optique, il faut alors entrer en concurrence avec d’autres. Cela ne peut qu'engendrer de plus en plus de soucis et de problèmes, détournant votre attention de la pratique réelle du Dharma, du fait d’étudier, de pratiquer et de méditer ensemble, ce qui est la fonction principale du Sangha. Il est vrai que si l'on veut maintenir le centre, il faut penser aux facteurs économiques. Cependant, l’essentiel n'est pas seulement de méditer, d'étudier et de pratiquer ensemble, mais aussi d'essayer d'aider les autres avec une motivation pure et non samsarique. On enseigne aux autres dans le but de les aider, et non pas pour attirer un large public et gagner de l’argent.
Cette présentation du zen Soto est très pertinente quant à la manière de maintenir un centre du Dharma, de sorte que tout le monde travaille harmonieusement de manière interconnectée. Ce faisant, nous nous rapprochons de l'objectif d'atteindre le Joyau du Sangha, de devenir des aryas. Bien que nous prenions la communauté monastique comme modèle, cela ne signifie pas que nous devons tous et toutes devenir moine et moniale, mais que nous prenons l'idéal d'une communauté monastique telle que le Bouddha l'a envisagée. Il est évident que de nombreuses communautés monastiques peuvent être très samsariques dans leur orientation, mais nous ne les prenons pas comme exemple. Nous prenons un exemple plus pur comme modèle, comme idéal, parce que la source ultime vers laquelle nous nous dirigeons est celle des bouddhas. Toute personne, avant d’être un bouddha, a encore des limitations, et aura des défauts samsariques jusqu’à ce qu’elle atteigne le niveau d’un arhat. Il faut garder à l'esprit que ce type de personne n’est qu’une source provisoire de direction sûre, et que c'est le Bouddha que nous considérons comme notre source ultime de refuge. C’est très important, parce qu'il est facile de se décourager quand on voit des défauts chez les moines, ou même chez des êtres hautement réalisés. À moins d'être un bouddha, ils ne sont pas la source ultime de direction sûre, la source ultime de refuge. Ils ont toujours des limites, alors à quoi vous attendez-vous ?
Ne considérez pas tout ce dont nous avons parlé précédemment comme de simples informations et faits érudits. Il s'agit de les appliquer, de voir ce qu'ils nous apprennent sur la manière de vivre selon le Dharma. Ce sont des points importants.
Quels sont les indices d'un fonctionnement samsarique des centres du Dharma ?
Certains indices montrent que l'on est victime de cette approche erronée si l'activité principale du centre du Dharma consiste à collecter de l'argent et à organiser des campagnes pour attirer davantage d'étudiants. De même, si le centre acquiert un grand bâtiment et que la communauté passe tout son temps à l'entretenir, vous n'avez que peu ou pas de temps à consacrer ensemble à la pratique, à la méditation et à l'étude. Vous vous concentrez principalement sur les choses matérielles. Je pense qu'il y a là un certain danger. C'est ce que j'ai constaté dans les centres du Dharma que j'ai visités dans le monde entier. Les membres ne sont là que pour construire et travailler : travailler à la boutique, au restaurant, construire ou réparer le bâtiment. L'accent sur le Dharma est alors perdu, et il reste théorique : « Oh oui, nous faisons cela pour le bien de tous les êtres. » Je parle ici de l'objectif principal. Il est évident que vous avez besoin de bénévoles et que vous devez faire ceci ou cela, payer le loyer et ainsi de suite, mais ne perdez pas de vue l'objectif principal. L'objectif principal est de pratiquer et d'étudier ensemble, et d'essayer d'aider les autres. Lorsque le nouveau centre du Dharma ou la nouvelle grande statue sont plus importants que le fait de se réunir pour pratiquer, alors vous avez des ennuis. Bien sûr, si vous avez besoin d'un lieu plus grand, il est naturel et nécessaire de collecter de l'argent, de travailler à la restauration du bâtiment et ainsi de suite, mais ne perdez pas de vue l’essentiel. Il existe de nombreux exemples de centres du Dharma qui ont perdu leur mission principale et dont les membres n'interagissent plus du tout de manière harmonieuse. Au lieu d'être une source de joie et de paix, ces centres du Dharma deviennent une source d'anxiété, de tensions et d’affrontements. Vous avez alors perdu votre objectif.
Si un centre du Dharma n'est pas une source de calme mais une source de disharmonie, que les gens se rassemblent plus pour socialiser que pour le Dharma, et que les dirigeants ont non seulement accepté mais inspiré cela, est-ce aussi quelque chose de mauvais, ou cela peut-il être justifié dans certaines situations ?
Je pense qu'il est important pour un groupe de pouvoir partager beaucoup de choses ensemble, y compris des moments plus détendus les uns avec les autres. Des choses comme des pique-niques ou des repas partagés sont très utiles pour créer une sorte de sentiment de communauté. Mais, encore une fois, quel est votre objectif ? Donnez-vous davantage d’énergie pour ce genre d’événements, ou vous concentrez-vous sur l'étude, la pratique, la méditation et l'aide aux autres ? Je pense qu'un peu de socialisation est utile, à condition que ce ne soit pas l'objectif principal. S'agit-il d'un club de convivialité ou d'un lieu de pratique, d'apprentissage et de méditation ? Je pense aussi que c'est une grave erreur d'avoir un centre du Dharma où tout le monde se prend trop au sérieux et où personne ne se parle. On entre et on s'assoit pour méditer en regardant le mur, puis tout le monde s'en va sans se parler. Ce n'est pas non plus l’idéal.
Et si c'est le seul endroit que vous connaissez ? Que faire quand on fréquente ce genre d'endroit depuis longtemps et qu'on n'en connaît pas d'autres, ou que les gens ne nous disent pas qu'il y a d'autres endroits ?
Cherchez sur internet. Il s'agit d’être proactif, n’attendez pas que les choses viennent à vous.
Parfois, ces groupes sont très fermés et vous ne pouvez même pas lire leurs sites web.
Allez voir ailleurs. Cherchez. Si ce n'est pas disponible là où vous êtes et si c'est très important pour vous, allez voir ailleurs. Il ne sert à rien de se plaindre. Si c'est très important pour vous dans votre vie, si ce qui est disponible près de chez vous n'est pas satisfaisant, soit vous essayez de créer quelque chose de satisfaisant, soit vous allez ailleurs où c'est mieux. Si ce n'est qu'un passe-temps, c'est autre chose.
Le Sangha monastique
Après le premier discours du Bouddha, un groupe de moines célibataires a commencé à le suivre partout où il enseignait. Au début, dans ces circonstances très particulières, ils devinrent automatiquement moines et suivirent le Bouddha. Environ vingt ans après son illumination, le Bouddha a commencé la première retraite de la saison des pluies. Ce fut le début de la création des monastères. Auparavant, les moines se contentaient d'errer. Peu avant sa mort, le Bouddha a instauré la tradition des moniales. Les différents vœux monastiques se sont développés au fil du temps. Le Bouddha ne s'est pas contenté de s'asseoir et de dire : « Voici les règles ». Au fur et à mesure que la communauté acquérait de l'expérience, lorsque des problèmes surgissaient, par exemple au sujet de mendier la nourriture, le Bouddha se prononçait : « Ah, il est nécessaire d'émettre un vœu pour éviter tel ou tel problème », et c’est ainsi qu’il instaura ces diverses règles de discipline afin que les choses fonctionnent harmonieusement au sein de la communauté. C'est ainsi que les vœux ont évolué. Le Bouddha a dit que l'existence du Sangha monastique était la clé pour assurer la pérennité de ses enseignements. C'est très important ! Le Bouddha lui-même a dit qu'il était essentiel qu'il y ait une tradition monastique. Les moines et les moniales se consacrent entièrement au maintien de l'intégralité des enseignements du Bouddha.
Les enseignements du Bouddha se répartissent en trois corbeilles, connues sous le nom de Tripitaka. La première corbeille, les soutras, traite de la manière de développer diverses concentrations, y compris des concentrations avancées. C'est ce que l'on appelle « l'entraînement à la concentration supérieure ». La deuxième corbeille, l'Abhidharma, ou « les sujets de connaissance », traite de l'entraînement à la sagesse supérieure de la conscience discriminante. En tant que laïcs, nous pourrions être en mesure de respecter ces deux corbeilles, mais pas la troisième, le Vinaya, les « règles de la discipline monastique ». Les moines et les moniales respectent ces préceptes en plus des deux premières (corbeilles). Même si, en tant que laïcs, nous ne respectons pas toutes les disciplines, nous pouvons contribuer à leur maintien en soutenant les moines et les moniales.
Pourquoi devient-on moine ou moniale ? Ce n'est pas seulement le souhait de respecter tous les enseignements du Bouddha, ce qui est très bien. La première raison de prendre l'ordination est de développer une discipline éthique, une autodiscipline. Pour pouvoir développer cette discipline, nous avons besoin des vœux et du soutien de la communauté. Il est très difficile de développer cette discipline par soi-même si l'on a une famille, un travail, etc. C'est la raison pour laquelle on prend l’ordination, pour développer une discipline éthique avec le soutien des vœux et de la communauté laïque. Cette discipline éthique devient la base du développement d'une plus grande concentration et d'une plus grande sagesse. En outre, le fait de devenir moine ou moniale et de renoncer à la vie laïque nous aide à développer un renoncement complet.
Lorsque vous renoncez à la vie laïque, vous renoncez à avoir une famille et à d'autres choses mondaines. C'est le premier pas vers le renoncement complet à tout le samsara afin d'obtenir la libération. Vous renoncez à votre apparence, à votre coiffure, à votre habillement : vous vous habillerez toujours de la même façon, vous aurez toujours le crâne rasé. Vous renoncez à essayer d'attirer un partenaire, etc. C'est une bonne base pour développer le renoncement total nécessaire à l'obtention de la libération.
Je ne dis pas qu'avoir une famille et travailler sont mauvais, ils sont neutres, ni bons ni mauvais. Le fait est qu'ils tendent à créer une situation dans laquelle nous avons plus de soucis, plus de désirs et plus de colère. C'est à cela que nous renonçons. Prendre l’ordination est en fait une étape qui nous permet de nous concentrer pleinement sur l'apprentissage et la méditation, de pratiquer pour atteindre la libération et l'illumination. Bien que nous puissions le faire en tant que laïc sans famille, il serait assez difficile de subvenir à nos besoins. Il se peut que nous devions travailler même si nous n'avons pas de famille, ce qui nous fait perdre du temps par rapport à l'étude et à la pratique. En rejoignant un monastère, nous bénéficions du soutien de la communauté laïque.
L'une des principales responsabilités de la communauté laïque bouddhiste est de soutenir et de nourrir la communauté monastique. La communauté monastique est digne de respect et de soutien. Ce ne sont pas de simples paresseux qui veulent juste manger gratuitement et ne pas travailler. Dans l'un des premiers soutras du Mahayana, le Soutra de Vimalakirti Nirdesha, il est question des bodhisattvas laïcs et de la possibilité d'être un bodhisattva et d'atteindre l'illumination en tant que laïc. Vimalakirti était un bodhisattva chef de famille. Une grande partie de ce soutra se moque des arhats ordonnés. Je pense que ce soutra souligne que des problèmes peuvent survenir si les moines et moniales deviennent arrogants et s’éloignent du fait d’aider les autres.
La vie monastique est toujours considérée comme un idéal. Au début du XIVe siècle, un roi thaïlandais du nom de Luthai a rejoint l'ordre monastique pendant trois mois, puis l'a quitté. C'est lui qui a instauré la coutume thaïlandaise selon laquelle les hommes ont la possibilité de devenir moines pour une courte période, au lieu d'être ordonnés pour toute leur vie comme c'était le cas auparavant. Au XIXe siècle, les Birmans ont également adopté cette coutume. Par conséquent, dans ces pays, tous les hommes (et non les femmes, car la tradition des moniales a été rompue dans ces pays comme au Tibet) sont ordonnés moines pour une certaine période, qui est généralement d'environ trois mois. Si l'on y réfléchit bien, c'est une alternative bien plus réjouissante que de devoir s'engager dans l'armée pour y faire son service militaire. Cela a également contribué à rapprocher les villageois des communautés monastiques. Ainsi, chaque mère nourrit les moines lorsqu'ils se déplacent, car elle a à l’esprit que ses propres fils seront également moines à un moment ou à un autre. Cela renforce donc la coutume selon laquelle la communauté monastique est nourrie et soutenue par l'ensemble du village. Tous les hommes auront une certaine expérience de la vie monastique, ce qui les rendra très compatissants et leur permettra de comprendre que ce n'est pas quelque chose de si éloigné de leur vie. Bien entendu, nombre de ces hommes restent moines toute leur vie, et pas seulement trois mois.
Dans les villages thaïlandais et birmans, les moines dirigeaient également des écoles pour les enfants de la région. Je ne sais pas ce qu'il en est aujourd’hui avec les écoles publiques, mais c'est ce qu’il se faisait traditionnellement. Les moines ne se contentaient pas de méditer et d'étudier, ils étaient également impliqués dans une sorte de service social. Là encore, ce n'était pas le cas de tout le monde, cela dépendait de ce que vous vouliez faire. Dans les communautés monastiques chinoises également, les moines et les moniales s'engagent dans des activités d'aide sociale. En Thaïlande, par exemple, les monastères sont les principales organisations à s'occuper des personnes qui meurent du SIDA lorsque personne d'autre ne veut s'en occuper. L’épidémie de VIH est un grand problème en Thaïlande. Les Tibétains ont été plutôt laxistes dans cet aspect du service social, ce que Sa Sainteté le Dalaï-Lama reconnaît et pense qu'il faut corriger. Je pense qu'au Tibet, cela s'explique en grande partie par la situation géographique. Les monastères étaient très isolés et il n'était pas possible de quitter le monastère et de se rendre à pied à la ville ou au village pour y mendier de la nourriture avec des bols. Les laïcs venaient donc dans les monastères pour faire des offrandes. Je pense que c'est la raison pour laquelle il y a plus de distance.
Il est, d’après moi, très important d'avoir la possibilité d'une alternative monastique, au lieu d'aller à l'armée ou de faire du travail social conventionnel. Si les gens ont la possibilité d'être moines ou moniales, de consacrer leur vie entière à la pratique du Dharma, d'aider les autres s’ils le souhaitent, et qu'ils sont soutenus par la communauté bouddhiste dans son ensemble, alors les enseignements perdurent. C'est ce qu'a dit le Bouddha. Bien sûr, cela dépend de la discipline éthique, de la pratique et de la méditation au sein du groupe, et pas seulement du fait de l’action sociale, de participer à des événements festifs ou d’obtenir des subventions du gouvernement pour perdurer. Il est donc très important qu'en Occident, nous essayions de soutenir les moines et les moniales. En réalité, pour être moine ou moniale, il faut un monastère, c’est toujours une affaire de communauté. Il n'a jamais été prévu que des personnes soient ordonnées et vivent seules, qu’elles portent des vêtements de laïcs et aillent travailler pendant la journée. Ce n'est pas l'idéal d'un moine ou d'une moniale. Malheureusement, de nombreuses personnes ont dû faire cela en Occident, mais nous devons comprendre que c'est difficile pour elles, et ne pas les critiquer parce qu'elles n'ont pas les bonnes conditions pour être moine ou moniale correctement. De nombreux laïcs et de nombreux centres du Dharma méprisent les moines et les moniales et les traitent presque comme des serviteurs dont on attend qu'ils gèrent le centre du Dharma, préparent le thé et fassent ce genre de choses. C'est complètement à l'envers. Ce sont les laïcs qui devraient s'en charger, pas les moines et les moniales.
Pour que les moines et les moniales soient des objets de respect, ils doivent respecter les vœux, être des personnes ordonnées dignes de ce nom. Les textes disent que même un morceau de tissu de la robe d'un moine ou d'une moniale est digne de respect. Cela signifie que même s'ils ne respectent pas vraiment leurs vœux, on respecte quand même leur robe. On respecte le fait qu'ils essaient de travailler sur eux-mêmes en franchissant le pas de l'ordination. Bien sûr, vous pouvez rencontrer des moines et des moniales qui n'essaient pas de se développer. Certains, par exemple, ont été placés dans un monastère alors qu'ils étaient enfants parce que leurs parents ne pouvaient pas les nourrir. Même dans ce cas, nous devons faire la différence entre l'institution monastique en tant que telle, représentée par les robes, et la personne. Je pense qu'en tant que bouddhistes, il est très important de réfléchir à notre attitude personnelle à l'égard des moines et des moniales, ainsi qu’envers l'ensemble de l'institution monastique. S'agit-il d'une chose que nous considérons comme tout à fait triviale et sans importance, et à laquelle nous ne pensons même pas ? Ou s'agit-il d'un véritable objet de respect ? Après tout, même s'ils ne sont pas le Joyau du Sangha, ils le représentent pour nous. Ils représentent leur direction vers l'état d'arya, vers les véritables cessations et les véritables voies, qui est le véritable Joyau du Sangha.
Certaines organisations aident les moines qui travaillent et font autre chose dans le monde.
De nombreux programmes soutiennent les monastères pour les Tibétains en Inde et au Népal, mais pas tellement pour les Occidentaux. C'est là le problème. Les gens ont tendance à être beaucoup plus compréhensifs à l'égard des moines et des moniales étrangers qu'à l'égard des moines et des moniales occidentaux. Les Occidentaux sont en fait ceux qui ont vraiment besoin d'aide. Cependant, il s'agit là d'une grande discussion sur la manière de gérer un monastère en Occident.
En ce moment, l'objectif principal pour nous qui menons des vies mondaines est de construire de meilleurs centres du Dharma. Que pouvons-nous faire pour aider les moines et les moniales ?
Quelle est la manière traditionnelle de les aider ? La manière traditionnelle est de les nourrir et de leur donner un endroit où loger afin qu'ils n'aient pas à gagner de l'argent pour payer leur loyer et acheter de la nourriture. Aidez-les à souscrire à une assurance maladie, par exemple. Un centre du Dharma pourrait certainement organiser une assurance maladie collective pour les moines et les moniales, ce serait également très utile.