Entraînement de l'esprit en vue des portées intermédiaire et avancée du lam-rim

Versets 8 à 37

Réaffirmer notre motivation et révision

Regardez les gens autour de vous, qu'ils soient proches ou étrangers, riches ou pauvres, ils sont, autant que vous, égaux dans leur désir de bonheur et d'absence de souffrance. Le meilleur moyen d'y parvenir est la pratique du Dharma. Nous avons un corps humain doté de qualités, nous avons rencontré les enseignements complets de la discipline éthique, du Mahayana et du tantra, et nous avons également rencontré des gourous pleinement qualifiés. Par conséquent, nous devons établir une motivation Mahayana parfaite afin d’éliminer toutes nos émotions et attitudes perturbatrices, et développer toutes les bonnes qualités pour parvenir à l'illumination.

L'essentiel est de développer un cœur chaleureux et bienveillant. C'est la racine de tout bonheur pour nous-mêmes et pour les autres, à un niveau superficiel et ultime. Cette attitude est le fondement de la résolution de bodhichitta, par laquelle nous pouvons atteindre l'illumination et donc la capacité d'apporter le bonheur à tout le monde. C'est pourquoi nous devons, dans la mesure du possible, développer un cœur bienveillant.

Ne vous contentez pas de dire des mots comme : « Puissé-je développer un cœur bienveillant ». Ce que nous devons faire, c'est nous entraîner et pratiquer les étapes pour l'atteindre. Nous devons connaître les méthodes et les mettre en pratique. Les enseignements complets du Dharma se trouvent dans les cent volumes des paroles du Bouddha, le Kangyour, et dans les deux cents volumes des commentaires des maîtres indiens, le Tengyour. Le principal lama qui a introduit au Tibet les étapes complètes du lam-rim pour l'entraînement de l'esprit et la purification de nos attitudes est Atisha. Sa Lampe sur la voie vers lillumination (Tib. Lam-sgron, Skt. Bodhipathapradipa) est la source première des 37 Pratiques du bodhisattva. Comme ces pratiques sont courtes et faciles à comprendre, nous devons essayer de les mémoriser, puis de les réciter souvent, en pensant à leur signification, et de les mettre en pratique.

Écoutez maintenant la suite des enseignements sur ce texte. Tout d'abord, nous devons reconnaître que nous sommes dotés d’un corps humain précieux et devons penser à en tirer profit. Comme il est certain que nous mourrons et que nous le perdrons, nous devons nous détourner de notre obsession pour cette vie et, plus largement, de notre obsession pour les vies futures également.

Pour ce faire, nous devons d'abord penser à la mort et à l'impermanence, et au fait que lorsque nous mourons, nous pouvons renaître dans l'un des trois états de renaissance infortunée. Nous ne pouvons certes pas voir les êtres pris au piège des royaumes sans joie (les enfers) ou les fantômes affamés, mais nous connaissons les animaux et leurs souffrances. Nous voyons comment ils sont maltraités, battus, exploités pour leur travail, utilisés cruellement dans des expériences médicales, sacrifiés pour leur viande, etc. Dans le bouddhisme, nous devons développer de la bienveillance à leur égard. Dans d'autres religions, on estime que tuer des animaux n'est pas très différent d'abattre un arbre ou de cueillir un légume. Mais dans le bouddhisme, c'est différent. Nous prenons au sérieux les souffrances des animaux et nous considérons que nous pourrions facilement renaître comme l'un d'entre eux.

La personne qui enseigne comment éviter de renaître en tant qu'animal est le Bouddha pleinement éveillé. Il a enseigné la voie de la causalité comportementale, des actions à abandonner et de celles à adopter. Nous devons essayer d'apprendre autant que possible les enseignements parfaits du Bouddha, car ils sont sans faille et offrent une direction totalement sûre et fiable à notre existence. Comme nous le disions hier, le Bouddha, le Dharma et le Sangha sont les Trois Joyaux de la Direction Sûre (du refuge). Seuls ces trois offrent une direction infaillible, sûre et stable dans la vie. Bien qu'il n'y ait pas de mal à demander de l'aide aux dieux mondains en tant qu'amis, il est inapproprié de chercher en eux notre refuge ultime.

Regardez les moines des monastères de Thaïlande et de Birmanie ; ils sont vraiment excellents. Dans leurs temples, ils n'ont que des représentations du Bouddha Shakyamouni, et de personne d'autre. Dans les temples tibétains, il y a peut-être une image du Bouddha Shakyamouni, mais il y a aussi divers protecteurs à l'aspect exotique, etc. Au Japon, il n'y a que des images des principaux enseignants et pratiquement aucune représentation du Bouddha Shakyamouni. Bien sûr, le Bouddha est inséparable des gourous et apparaît sous de nombreuses formes, mais c'est une autre histoire. Le fait est que la principale personne vers laquelle nous devons nous tourner pour trouver l'inspiration et l'influence d’éveil est le Bouddha Shakyamouni. Souvent, les gens nous critiquent et disent que nous, Tibétains, oublions le Bouddha et nous contentons de battre des tambours devant des images de protecteurs. Il y a là un grand danger. Il faut donc être prudent. Bien, passons à autre chose.

En ce qui concerne le Joyau du Sangha, la pratique en Thaïlande et en Birmanie est également excellente. Les moines sont traités avec beaucoup de respect et sont soutenus par les habitants qui leur offrent l’aumône. C'est excellent. Souvent, les gens pensent qu'il n'y a en fait que deux Joyaux de la Direction Sûre : le Bouddha et le Dharma, et que le Sangha n'est pas nécessaire. Ils pensent que nous pouvons les oublier. Il n'est pas nécessaire que tout le monde soit moine ou nonne, mais nous devons vérifier nos propres dispositions, et si cela nous convient, le mieux est de prendre l’habit. Au minimum, ne critiquez jamais les moines et les nonnes. Nous ne devons examiner et critiquer que nous-mêmes. Le Sangha est très important pour donner des exemples et symboliser les enseignements du Bouddha. Nous devons faire très attention à notre propre karma et à ce que nous disons et faisons.

S'abstenir de tout comportement destructeur

(8) La pratique dun bodhisattva est de ne jamais commettre dactes négatifs, même au prix de notre vie, car le Sage Compétent a déclaré que les souffrances extrêmement difficiles à endurer des pires états de renaissance sont les résultats dactions négatives.

En clair, du bien que nous faisons découle le bien, à l’inverse, du mal que nous faisons résulte le mal. C'est très simple. L'effet suit la même catégorie que la cause. Il n'y a jamais de défaillance et, en outre, de petites causes peuvent donner lieu à de grands résultats.

Au sein d’un pays également, toutes les conditions horribles qui surviennent sont le résultat de forces négatives accumulées à la suite d'actions destructrices passées. Au Tibet, par exemple, nous avons parfois des sécheresses, nos récoltes sont mauvaises, il y a parfois des guerres, des invasions, etc. Tout cela est dû à nos actions destructrices passées et à notre manque de force positive. Si nous n'avons pas accumulé de force positive grâce à nos actions passées, alors, quoi que nous fassions, cela n'apportera pas de bons résultats. C'est pourquoi nous devons toujours souhaiter le bonheur des autres. C’est valable pour les Chinois, nous ne pouvons que leur souhaiter du bien. Nous ne devons pas souhaiter que de mauvaises choses leur arrivent. Ce qu'ils vivent sera le résultat de leurs propres actions.

Les comportements destructeurs proviennent de nos émotions et attitudes perturbatrices et, en agissant de la sorte, nous accumulons une force négative qui ne nous apporte que de la souffrance. Les actions destructrices peuvent être celles du corps, de la parole ou de l'esprit. Un exemple d’action destructrice du corps serait, par exemple, de tuer, c'est-à-dire d'ôter la vie à n'importe qui, homme ou insecte. Il est très négatif de tuer, c'est pourquoi nous devons nous en abstenir autant que possible.

Tous les êtres ont un droit égal à la vie et la chérissent autant que nous la chérissons. Si nous nous piquons le doigt avec une épine, nous disons : « Aïe, j'ai mal ». Tout le monde ressent exactement la même chose, tous les êtres. Il est particulièrement terrible de sacrifier des animaux, cela se fait encore dans certains pays. Autrefois, ils le faisaient dans le Kinnaur, le Spiti, et dans certains endroits du Népal, et même dans certaines régions du Tibet. De manière superficielle, les gens là-bas prennent refuge en moi, le Dalaï-Lama, et sacrifient ensuite des animaux. C'est très mauvais. Réciter le mantra de la compassion OM MANI PADMÉ HUM, puis s’adonner au sacrifice, cela ne marchera absolument jamais.

Une autre action négative est celle du vol. C'est également très négatif. Il y a également le comportement sexuel inapproprié, qui consiste à avoir des relations avec le conjoint ou la conjointe d’une autre personne, ou avec quelqu'un qui a une relation avec quelqu'un d'autre, sans rien voir de mal à cela. Lorsque nous examinons l’histoire et sa littérature, nous constatons que la plupart des querelles et des conflits au sein des familles royales ont été le résultat d'une inconduite sexuelle. C'est très destructeur.

Vient ensuite le mensonge. Cela aussi est extrêmement négatif. Bien évidemment, c’est une autre chose que de mentir pour protéger la vie de quelqu’un, mais nous devons nous efforcer de toujours être honnêtes. Si nous mentons, cela n'apporte que du malheur. Nous sommes constamment dans la crainte que quelqu'un nous découvre. Cela rend l'esprit très mal à l’aise, n'est-ce pas ?

Vient ensuite le langage qui divise les gens, qui les rend hostiles et les sépare. Cette attitude s’applique lorsque nous entendons de mauvaises choses sur quelqu'un et que nous les répandons, c’est très destructeur. Nous devons plutôt essayer de rapprocher les gens. Lorsque les gens vivent et travaillent ensemble, leur harmonie est fondée sur la confiance mutuelle. Certains Chinois, par exemple, parlent de tout le monde comme de leurs camarades, mais ce ne sont que des principes. En pratique, ils ne partagent même pas une savonnette entre eux. C'est parce qu'ils n'ont pas confiance ; ils ne se font pas confiance. Cela vient du fait qu'ils sèment la discorde entre les autres. C'est pourquoi il ne faut jamais utiliser un langage qui divise.

Vient ensuite le langage abusif, qui consiste à traiter les autres de noms grossiers, comme « clochard », etc. Cela est blessant et n'apporte aucun bonheur. Les commérages et autres bavardages sont le fait de dire des choses insignifiantes, et c'est une perte de temps totale.

Il y a aussi la convoitise. Quelqu'un d'autre possède quelque chose de plaisant, que nous aimerions avoir, et nous suivons cette personne en dirigeant toute notre attention sur cet objet, souhaitant l’obtenir à tout prix. Si nous ne faisons pas attention, nous allons nous heurter à un mur !

Vient ensuite la pensée malveillante. C'est également très négatif. Elle nous rend purement et simplement malheureux. En général, cela ne fait pas de mal à l'autre personne directement, cela ne fait du mal qu'à nous-mêmes. Il est très autodestructeur d'être rancunier et de souhaiter du mal aux autres. Nous ne pourrons jamais résoudre les problèmes avec la rancune. Les problèmes ne peuvent être résolus que par la compassion, l'amour et la patience. Ne vous nourrissez donc jamais de pensées malveillantes ou rancunières. La dernière est la pensée perverse contradictoire : nier ce qui existe ou ce qui est vrai, ou inventer une chose qui n'existe pas ou qui est fausse.

Ces dix actions, de celle de tuer à la pensée perverse contradictoire, sont les dix actions destructrices. Nous devons prendre conscience de leurs inconvénients et nous en abstenir. En réalisant leurs inconvénients, la pratique réelle consiste donc à nous abstenir, par un effort conscient et une persévérance joyeuse, de tuer, de mentir et ainsi de suite. Même si nous ne pouvons pas nous en abstenir complètement, nous devons essayer de les réduire autant que possible. Tout ceci découle de l'adoption d'une direction sûre.

Nous allons maintenant aborder les enseignements correspondant à la motivation de portée intermédiaire.

Travailler à la libération

(9) La pratique dun bodhisattva est de nourrir un vif intérêt pour le suprême et immuable état de la libération, dans la mesure où les plaisirs des trois plans de lexistence compulsive sont des phénomènes qui périssent en un rien de temps, telle la rosée à la pointe des herbes.

Quel que soit l'endroit où nous sommes nés dans les trois royaumes de l'existence compulsive, c'est comme si nous nous trouvions à différents étages d'un immeuble en feu. La souffrance est omniprésente, c'est pourquoi nous devons, par tous les moyens, nous en libérer. Le samsara, l'existence récurrente et incontrôlable, fait référence aux agrégats de souffrance, mélangés à la confusion, que produisent le karma et les émotions et attitudes perturbatrices. Nous devons y réfléchir. Bien que nous ayons une précieuse renaissance humaine, si nous sommes sous l'emprise du karma et des émotions perturbatrices et que nous n'avons pas d'indépendance, nous ne pouvons que créer davantage de souffrance. Par conséquent, nous devons essayer de nous libérer de ces syndromes répétitifs. Quels que soient les plaisirs du monde, ils ne sont pas satisfaisants. Ils sont simplement superficiels et temporaires. De plus, nous pouvons à tout moment basculer dans une renaissance inférieure.

Si notre souffrance provient de nos propres agrégats physiques et mentaux qui sont sous l'emprise du karma et des émotions perturbatrices, alors comment nous sortir de nos agrégats entachés de confusion ? Pensez-y. Si nos agrégats sont eux-mêmes de la nature de la souffrance, comment pouvons-nous leur échapper ?

La source de la souffrance est produite par nos émotions et attitudes perturbatrices, dont les principales sont l'attachement et l'aversion. Elles proviennent toutes deux de l'inconscience (ignorance), celle de la saisie de l'existence inhérente, mais il s'agit là d'une vision déformée. En revanche, en cultivant le point de vue opposé, selon lequel l'existence inhérente n'existe pas du tout, et en nous y habituant, plus nous serons familiarisés avec le point de vue correct, moins nous serons inconscients.

Les souillures d'inconscience sur l'esprit sont éphémères, elles peuvent être éradiquées. L'inconscience de la saisie de l'existence inhérente et la compréhension de l'absence d'existence inhérente visent toutes deux le même objet. Ainsi, lorsque nous avons l'une, nous ne pouvons pas avoir simultanément l'autre. C'est ainsi que la conscience discriminante ou sagesse du vide s'oppose à l'inconscience. Grâce à cette conscience discriminante, nous nous débarrassons de l'attachement et de l'aversion et nous nous libérons ainsi de la souffrance.

Certains disent que l'attachement, l'aversion ou l'hostilité sont naturels, qu’ils font partie de la nature de l'esprit. Ils disent que c'est presque comme si une personne n'était pas en vie si elle n'éprouvait pas de tels sentiments. Mais s'ils faisaient vraiment partie de la nature de l'esprit, alors, comme c'est le cas lorsque nous acceptons la simple clarté et la conscience comme étant la nature de l'esprit, ces sentiments d'attachement et d'hostilité devraient être présents en permanence. Pourtant, nous voyons que la colère peut être apaisée, qu'elle ne dure pas éternellement. C’est donc une erreur de penser que ces sentiments font naturellement partie de la vie et qu'il est dans la nature de l'esprit d'éprouver de l'attachement et de l'aversion.

Nous avons donc besoin d'une conscience discriminante pour voir les deux vérités : du point de vue le plus profond, tout est dépourvu d'existence inhérente, bien que, conventionnellement, la coproduction conditionnée ne soit jamais fausse. Il s'agit de l'entraînement à la conscience discriminante supérieure, et pour l'acquérir, nous avons besoin de l'entraînement à la concentration supérieure comme prérequis, afin d’être libre de tout vagabondage mental et ainsi de suite. Pour cela, nous avons besoin d'un entraînement à une autodiscipline éthique supérieure, que ce soit en tant que religieux ou en tant que personne ordinaire. Il est important de respecter, au minimum, les cinq vœux laïcs, les vœux que prennent les personnes ordinaires. Par conséquent, nous avons donc besoin de pratiquer ces trois entraînements supérieurs.

Viennent ensuite les enseignements qui s'adressent aux personnes dont le degré de motivation est avancé.

Développer un objectif de bodhichitta

(10) La pratique dun bodhisattva consiste à développer lobjectif de la bodhichitta pour libérer des êtres sans nombre, car, si nos mères, qui ont été bonnes pour nous depuis des temps sans commencement, souffrent, que pouvons-nous faire en ne considérant (juste) que notre propre bonheur ?

Tous les êtres limités, aussi nombreux et étendus que l'espace, souhaitent comme nous le bonheur et l'absence de souffrance. Ils sont si nombreux et, si nous les ignorons et ne pensons qu'à nos propres objectifs, c'est pathétique, sans mentionner l’injustice qui en découle. Pour réfléchir à cela, nous devons nous imaginer d'un côté et tous les autres de l'autre. Tous nous souhaitons le bonheur et non la souffrance, la seule différence est que nous sommes un et que les êtres sont innombrables. Qui donc considérerait comme juste ou raisonnable de favoriser une seule personne au détriment des autres ?

Les bodhisattvas travaillent et ne souhaitent que le bonheur des autres. Il n'est pas nécessaire de mentionner que, grâce à cette attitude, ils atteignent l'illumination, mais en plus de cela, pendant qu'ils sont sur le chemin, ils ne deviennent pas malheureux. Plus ils travaillent pour les autres et plus ils s'ignorent eux-mêmes, plus ils sont heureux, ce qui les encourage à travailler encore plus. Mais si nous ne travaillons que pour nous-mêmes et que nous ignorons les autres, tout ce que nous obtenons, c'est le malheur, l'insatisfaction et le découragement. C'est étrange qu’il en soit ainsi. Nous devons donc essayer de réduire notre égoïsme et d'accroître notre intérêt pour les autres autant que possible et, ce faisant, nous nous rendrons compte que nous serons une personne plus heureuse.

Si nous travaillons uniquement dans l'intérêt d'autrui, comme expliqué dans LEngagement dans la conduite du Bodhisattva, nous n'aurons jamais peur de savoir où et dans quelles conditions nous pourrions renaître. Où que nous nous trouvions, nous travaillerons dans le but d'aider les autres. Nagarjuna a souligné le même point dans sa Précieuse Guirlande. Travailler uniquement pour le bien d'autrui et ignorer nos propres objectifs est la voie à suivre pour atteindre la bouddhéité.

Nous disons que nous sommes mahayanistes, mais comme l'a dit Tsongkhapa, nous devons avoir une personnalité Mahayana pour être considérés comme mahayanistes. Par conséquent, nous devons travailler pour le bien des autres. Si nous cherchons des moyens d'être utiles et si nous développons une résolution de bodhichitta, les choses s'arrangeront automatiquement pour le bien de tous. Donc, autant que possible, nous devons suivre l'entraînement et la pratique du Mahayana. Vous comprenez ?

Qu'est-ce qu'un bodhisattva ? Comme je l'ai expliqué pour le mot bouddha, la première syllabe du mot tibétain « bodhi » est « jang » (byang), ce qui signifie éliminer les défauts, tandis que la seconde, « chub » (chub), signifie atteindre toutes les bonnes qualités. En réalité, il existe deux « bodhis » ou états purifiés, et ce dont il est question ici n'est pas l'état inférieur des arhats, mais l'état supérieur de l'illumination d'un bouddha. « Sattva » signifie celui ou celle dont l'esprit vise à atteindre l'état purifié supérieur de bodhi, l'illumination, afin d’être bénéfique à tous les êtres.

Nous avons donc besoin de deux objectifs à la fois. Nous devons viser les êtres limités afin de leur apporter des bienfaits et viser l'illumination pour être en mesure de le faire. C'est la résolution de la bodhichitta et c'est ce que nous devons développer. Comment y parvenir ?

L’échange de soi avec les autres

(11) La pratique dun bodhisattva est d’échanger purement notre bonheur personnel contre la souffrance des autres, car (toutes) nos souffrances, sans exception, viennent du fait de désirer notre bonheur personnel, tandis quun bouddha pleinement illuminé naît de lattitude de souhaiter que les autres aillent bien et soient heureux.

Comment toutes les souffrances peuvent-elles provenir du fait de ne souhaiter que notre propre bonheur ? La réponse est simple : un tel souhait égocentrique nous conduit à commettre de nombreuses actions destructrices afin d'atteindre nos objectifs égoïstes et, en conséquence de cela, nous faisons l'expérience de la souffrance. La bouddhéité, en revanche, provient de l'aide apportée aux autres. Par conséquent, nous devons changer d'attitude et, au lieu de souhaiter notre bonheur personnel et d'ignorer la souffrance des autres, nous devons souhaiter uniquement le bonheur des autres et nous ignorer nous-mêmes.

Pour ce faire, nous nous entraînons à la pratique connue sous le nom de « prendre et donner » (tonglen), c'est-à-dire prendre la souffrance des autres et leur donner notre bonheur. Pour nous aider à y parvenir, il existe une visualisation très utile et efficace. Nous devons nous voir sous notre forme ordinaire, à droite, égoïstes et ne souhaitant que notre propre bonheur. À gauche, visualisez des êtres infinis, innombrables, qui veulent tous être heureux. Ensuite, nous devons prendre du recul dans notre esprit, en tant que témoin, et juger : « Qui est le plus important, cette personne égoïste ici ou tous les autres ? » Réfléchissez au camp que vous privilégieriez et que vous voudriez rejoindre : celui de la personne égoïste ou celui de tous ces êtres qui souffrent et qui méritent tous le bonheur ? Une telle pratique, ainsi que d'autres mentionnées dans LEngagement dans la conduite du Bodhisattva, est très bénéfique.

La conduite d’un bodhisattva : gérer les préjudices

(12) La pratique dun bodhisattva consiste, même si quelquun sous le pouvoir dun grand désir vole ou pousse les autres à voler notre richesse, à lui dédier nos corps, nos ressources, et nos actions constructives des trois temps.

Nous avons maintenant développé une résolution de bodhichitta. Cependant, pour atteindre l'illumination, nous devons adopter une conduite de bodhisattva. Si quelqu'un nous vole, nous risquons de nous mettre en colère. Mais si nous pratiquons pour atteindre l'éveil et que nous donnons tout aux autres, alors ce soi-disant voleur possède déjà nos anciennes possessions. Il les a prises maintenant parce qu'en fait, elles lui appartiennent déjà. Par conséquent, nous devons lui dédier non seulement ces possessions qu'il a prises, ou que nous pensons qu'il nous a volées, mais plus encore, notre corps et nos actions constructives des trois temps.

(13) Si quelquun, alors même que nous navons pas commis la plus légère des fautes, devait nous couper la tête, la pratique dun bodhisattva consiste à accepter pour nous-mêmes les conséquences négatives de son acte, grâce au pouvoir de la compassion.

Si d'autres nous font du mal, nous devons avoir de la compassion envers eux et accepter tous les torts qu'ils nous causent.

(14) Même si quelquun devait publier à travers un millier, un million, un milliard de mondes, toutes sortes de choses déplaisantes sur notre compte, la pratique dun bodhisattva consiste à parler en retour de ses bonnes qualités, avec une attitude damour.

Lorsque les autres abusent de nous ou disent du mal de nous, nous devons cesser de dire du mal en retour. Il ne faut jamais dire des choses désagréables en retour, mais seulement parler d'eux avec bienveillance, comme Shantideva l'a expliqué dans LEngagement dans la conduite du Bodhisattva.

(15) Même si quelquun expose nos fautes et dit des paroles grossières (à notre propos) au milieu dune assemblée de nombreux êtres errants, la pratique dun bodhisattva consiste à sincliner devant lui avec respect, discernant qu (il est nôtre) maître spirituel.

Même si d'autres nous humilient ou nous embarrassent devant d'autres personnes, nous devons agir comme indiqué dans les méthodes de purification de nos attitudes (entraînement de l'esprit). Si les autres nous déshonorent ou soulignent nos défauts, ils sont en fait nos enseignants. Nous devons donc les remercier de nous avoir fait prendre conscience de nos défauts et leur témoigner un grand respect.

(16) Même si une personne dont nous avons pris soin, la chérissant comme notre propre enfant, devait nous considérer comme son ennemi, la pratique dun bodhisattva consiste à lui montrer une affection particulière, comme une mère vis-à-vis de son enfant frappé dune maladie.

Si un enfant est méchant lorsqu'il est malade, peu importe sa méchanceté, sa mère l'aimera quand même. C'est ainsi que nous devons considérer tous les êtres.

(17) Même si un individu, notre égal ou notre inférieur, devait (nous) traiter de manière insultante par le pouvoir de son arrogance, la pratique dun bodhisattva consiste à le recevoir sur le haut de notre tête avec respect, comme un gourou.

Il en va de même lorsque d'autres essaient de nous concurrencer. Nous devons faire preuve de patience. Comme il est dit dans LEngagement dans la conduite du Bodhisattva, si nous n'avions pas d'ennemis, nous ne pourrions pas développer la patience. Nous avons donc besoin de quelqu'un d'ennuyeux envers qui développer une attitude tolérante. Nous ne pouvons pas développer la patience si notre esprit est tourné vers nos gourous ou vers un bouddha. Nous avons besoin d'un ennemi vers lequel le diriger.

Par exemple, je pense à mon propre cas. Si quelqu'un écrit à mon propos de façon malveillante dans le journal ou traite le Dalaï-Lama de pauvreréfugié et ainsi de suite, si je pratique sincèrement, j'essaie de développer de la patience envers cette personne. Puisque nous avons besoin d'un enseignant pour nous aider à apprendre la patience, un ennemi ou quelqu'un qui nous déteste est dans ce cas notre meilleur allié.

Si nous y réfléchissons bien, les ennemis sont extrêmement importants, n'est-ce pas ? Si nous pratiquons le Mahayana, nous devons cultiver la patience et endurer des situations difficiles. Comment pouvons-nous vraiment pratiquer le Mahayana sans ennemis ? En bref, pour changer nos attitudes vis-à-vis de nous-mêmes et des autres, nous avons besoin de beaucoup d'épreuves et de tribulations, de beaucoup de situations difficiles. C'est pourquoi les ennemis ou les personnes très ennuyeuses et difficiles sont extrêmement importants et précieux.

Deux situations critiques requérant la pratique du Dharma

(18) La pratique dun bodhisattva, même si nous sommes dépourvus de moyens de subsistance et sans cesse insultés par les gens, ou affligés de terribles maladies, ou tourmentés par des fantômes, consiste à accepter en retour et prendre sur soi les forces négatives et les souffrances de tous les êtres errants et à ne pas se décourager.

Il existe deux situations très critiques pour la pratique du Dharma. La première est celle où, en raison de causes passées, nous nous trouvons dans une situation très difficile, dans la pauvreté, etc. Nous nous décourageons alors. L'autre situation est celle où nous sommes extrêmement aisés et riches. Nous devenons alors orgueilleux et arrogants.

Nous devons être prudents dans les deux cas. Si nous sommes très malades, par exemple, et que nous pratiquons l'échange de soi avec les autres, ainsi que le fait de prendre et donner, nous nous réjouirons d'être malades. En fait, nous souhaiterons endosser la maladie et la souffrance des autres.

(19) La pratique dun bodhisattva, même si nous sommes agréablement loués, salués par de nombreux êtres errants inclinant leurs têtes, ou avons obtenu (des richesses) comparables à la fortune de Vaishravana (le Gardien de la Richesse), consiste à ne jamais être vaniteux en voyant que la prospérité mondaine est sans essence.

C'est l'autre extrême, l'autre situation potentiellement dangereuse. Si nous sommes très connus et estimés, et que tout va bien pour nous, nous pouvons en devenir très fiers, paresseux et arrogants. Comme cela bloque notre pratique, nous devons comprendre que cette prospérité mondaine n'a aucune essence.

Surmonter l'hostilité et l'attachement

(20) La pratique dun bodhisattva consiste à dompter nos continuums mentaux avec les forces armées de lamour et de la compassion, car, si nous navons pas maîtrisé lennemi qui est notre propre hostilité, alors, même si nous avons maté un ennemi extérieur, dautres surgiront.

Il n'y a pas de pire ennemi que la colère. Si nous observons le monde, par exemple la situation de la Seconde Guerre mondiale, nous pouvons voir que tout cela s’est produit à cause de la colère et de la haine. À l'époque, les nations occidentales et la Russie étaient alliées et bien qu'elles aient gagné la guerre, elles n'ont pas vaincu leur propre hostilité ! Comme ce poison est toujours présent, l'Union soviétique et l'Occident sont aujourd’hui des ennemis. Si la guerre se reproduit à l'avenir, elle se sera à nouveau le fruit de la colère et de la haine. Si nous souhaitons la paix et le bonheur, cela ne pourra jamais se produire sans l'élimination de ces attitudes négatives. La paix et le bonheur ne viendront que si nous développons l'amour et la compassion. C'est pourquoi nous devons nous entraîner aux arts martiaux de l'amour et de la compassion pour vaincre la haine.

(21) La pratique dun bodhisattva est dabandonner sur le champ tout objet causant laccroissement de notre saisie et de notre attachement, car les objets de désir sont comme de leau salée : plus nous (y) avons cédé et plus notre soif (à leur égard) saccroît (en retour).

Peu importe ce qui nous attire, nous n'en sommes jamais satisfaits, nous n'en avons jamais assez. C'est comme boire de l'eau salée : nous ne sommes jamais désaltérés, comme le décrit La Précieuse Guirlande. Prenons l’exemple d’avoir une éruption cutanée. Si nous la grattons, c'est agréable. En revanche, si nous sommes attachés à cette sensation agréable, plus nous la grattons, plus l’éruption s'aggrave. Elle devient alors douloureuse, commence à saigner, s'infecte, et c'est la pagaille. La meilleure chose à faire est de guérir l'éruption cutanée à sa source, de sorte que nous n'ayons plus du tout envie de nous gratter.

Développer la plus profonde bodhichitta, la réalisation du vide

(22) La pratique dun bodhisattva est de ne pas saisir avec lesprit les caractères inhérents des objets de saisie et de lesprit qui les saisit, par la réalisation de leur mode réel dexistence. Peu importe comment les choses apparaissent, elles sont issues de notre propre esprit ; et lesprit lui-même est, depuis le commencement, séparé des extrêmes de la fabrication mentale.

Cela semble être une expression du point de vue Svatantrika, selon lequel les caractéristiques inhérentes existent conventionnellement, mais n'existent pas du tout du point de vue de la vérité la plus profonde, mais ce n'est pas nécessairement le cas. Lorsqu'il est dit ici que les apparences sont « issues de notre propre esprit », cela signifie qu'elles sont le jeu de notre esprit, dans le sens où le karma accumulé par notre esprit engendre toutes les apparences. L'esprit lui-même, depuis le début, est libre des extrêmes de l'existence inhérente.

Si nous comprenons cela, nous ne nous dirons pas : « Voici la conscience qui comprend le vide et voici l'objet de cette conscience, à savoir la vacuité ». Au contraire, nous placerons simplement notre esprit dans une absorption totale sur l’invalidation pure et non impliquée (négation non affirmative) qu'est le vide, à savoir l'absence absolue de toutes les façons impossibles d'exister. C'est la pratique décrite ici.

(23) La pratique dun bodhisattva consiste, quand il rencontre des objets plaisants, à ne pas les considérer comme véritablement existants, même sils apparaissent dans leur beauté, tel un arc-en-ciel d’été, et (ainsi) de nous débarrasser de la saisie et de lattachement.

Bien que les choses apparaissent de manière sublime, tel un arc-en-ciel, nous devons voir qu'elles sont dépourvues d'existence inhérente et ne pas nous y attacher.

(24) La pratique dun bodhisattva consiste, au moment où il rencontre des conditions adverses, à les considérer comme trompeuses, car diverses souffrances sont comme la mort de notre enfant au cours dun rêve, or prendre de (telles) apparences trompeuses pour vraies est une dépense fastidieuse.

Nous devons donc tout considérer comme des apparences trompeuses et ne pas nous laisser abattre par les conditions difficiles. Tels sont les enseignements sur le développement de la bodhichitta conventionnelle et la plus profonde. Vient ensuite la pratique des six attitudes de grande envergure (les six perfections).

Les six attitudes de grande envergure

(25) La pratique dun bodhisattva est de donner généreusement sans espérer rien en retour ni quun karma en mûrisse, car, si ceux qui souhaitent lillumination doivent faire don même de leurs corps, quel besoin de mentionner des possessions externes ?

Ceci est la pratique de la générosité de grande envergure.

(26) La pratique dun bodhisattva est de sauvegarder lautodiscipline éthique sans intentions mondaines, car, si nous ne pouvons pas remplir nos propres buts sans discipline éthique, le souhait de remplir les desseins des autres est une plaisanterie.

Le plus important est d'avoir une autodiscipline éthique, en particulier celle qui consiste à s'abstenir de toute action destructrice. Sans cela, comment pouvons-nous aider qui que ce soit ?

(27) La pratique dun bodhisattva est daccumuler lhabitude de la patience, sans hostilité ou répulsion envers quiconque, car, pour un bodhisattva souhaitant acquérir une abondance de force positive, tous ceux qui causent du tort sont pareils à des trésors de joyaux.

Nous avons besoin de beaucoup de patience. Pour un bodhisattva qui souhaite accumuler la force positive nécessaire pour atteindre l’illumination, ceux qui font du mal, nos ennemis, sont aussi précieux que des joyaux. Grâce à eux, nous pouvons pratiquer la patience. Cela permet de développer et de renforcer notre réseau de force positive, ce qui nous permettra d'atteindre l'éveil.

(28) La pratique dun bodhisattva est de sexercer à la persévérance, la source des bonnes qualités pour le bien de tous les êtres errants, dans la mesure où nous pouvons voir que même les Shravakas et les Pratyékabouddhas, qui naccomplissent que leurs propres desseins, ont une persévérance telle, quun feu qui se serait déclaré sur leur tête ne les ferait pas sen détourner.

Il s'agit d'exercer une persévérance vigoureuse et enthousiaste en vue d'un comportement constructif. Si les pratiquants du Hinayana peuvent travailler si dur pour atteindre leurs objectifs pour eux-mêmes, alors nous, en tant que mahayanistes travaillant pour le bien de tous, devons travailler encore plus dur.

(29) La pratique dun bodhisattva consiste à accumuler en tant quhabitude une stabilité mentale qui dépasse purement les quatre (absorptions) sans forme, en réalisant quun état desprit exceptionnellement perspicace, pleinement doté dun état de calme et de stabilité, peut totalement vaincre les émotions et attitudes perturbatrices.

Dans le contexte des soutras, il s'agit de l'attitude de grande envergure de la stabilité mentale (concentration). Ainsi, pour réaliser un état d'esprit exceptionnellement perceptif de vipashyana (vision profonde), nous devons avoir atteint au préalable un état de shamatha (calme mental) pour le maintenir. Nous aurons alors l’unification inséparable des deux, shamatha et vipashyana.

(30) La pratique dun bodhisattva est daccumuler comme habitude la conscience discriminante associée aux méthodes, laquelle na pas de conceptualisations au sujet des trois sphères, car, sans conscience discriminante, les cinq attitudes de longue portée ne peuvent faire advenir la réalisation de la complète illumination.

Nous ne pouvons pas atteindre l'illumination en nous contentant de la méthode, à savoir les cinq premières attitudes de grande envergure. Nous avons également besoin de la sagesse. Nous devons donc cultiver une méthode et une sagesse inséparables. Nous avons besoin d'une conscience discriminante pour voir que les trois cercles de toute action constructive basée sur ces attitudes de grande portée, à savoir l'agent, l'objet et l'action elle-même, sont tous dépourvus d'existence inhérente.

L'étape suivante concerne la pratique quotidienne d'un bodhisattva.

La pratique quotidienne d'un bodhisattva

(31) La pratique dun bodhisattva consiste à examiner continuellement notre aveuglement et ensuite à nous en débarrasser, car, si nous nexaminons pas nous-mêmes notre aveuglement, il est possible quavec une forme dharmique (extérieure) nous commettions quelque chose de non dharmique.

En d'autres termes, nous devons vérifier chaque jour nos propres émotions et attitudes perturbatrices, car comme il est dit ici, il est tout à fait possible d'apparaître extérieurement comme convenable mais de ne pas l'être du tout en réalité.

(32) La pratique dun bodhisattva consiste à ne pas parler des fautes dune personne qui a emprunté la voie du Mahayana, car si, sous lemprise d’émotions ou dattitudes perturbatrices, nous parlons des fautes des autres qui sont des bodhisattvas, nous-mêmes risquons de dégénérer.

Nous devons cesser de regarder les autres avec l'idée d'essayer de leur trouver des défauts. Nous ne pouvons jamais savoir qui sont réellement les autres ni quel est leur niveau d'accomplissement. En particulier, en tant que pratiquants du Mahayana, nous devons penser uniquement à aider les autres et à leur apporter des bienfaits, et non à leur trouver des défauts.

(33) La pratique dun bodhisattva consiste à nous débarrasser de lattachement aux maisons de proches et damis, et de celles de mécènes, car, sous lemprise de (vouloir) gain ou respect, nous nous querellerons les uns les autres et nos activités d’écoute, de réflexion et de méditation déclineront.

Il y a un grand danger à rester vivre sous le même toit que nos parents ou que nos proches. Nous nous empêtrons inévitablement dans des situations compliquées de disputes et d’autres conflits. C'est pourquoi nous devons éviter de nous attacher à de tels lieux.

(34) La pratique dun bodhisattva est de nous débarrasser dun langage rude, déplaisant pour lesprit des autres, parce que les paroles blessantes troublent leur esprit et causent le déclin de notre comportement de bodhisattva.

La racine de la colère est l'attachement à notre propre camp. Mais ici, c'est la colère elle-même qui est soulignée, en particulier lorsqu'elle conduit à un langage abusif. Ces mots durs détruisent notre force positive, perturbent les autres et causent du tort.

(35) La pratique dun bodhisattva est de faire que les soldats de la pleine conscience et de la vigilance brandissent leurs armes défensives avec force afin de détruire les émotions et attitudes perturbatrices telles que lattachement, etc., et ce, au tout début, dès quelles s’élèvent, car, quand nous sommes habitués aux attitudes et émotions perturbatrices, il est difficile aux antidotes de les faire battre en retraite.

Dès que l'attachement ou l'aversion apparaissent, nous devons immédiatement faire usage de la présence attentive (pleine conscience) et la vigilance pour les contrer.

(36) En bref, la pratique dun bodhisattva est (de travailler) à remplir les desseins dautrui par la possession continuelle de la pleine conscience et de la vigilance afin de savoir, peu importe où et quelle conduite nous suivons, comment est la condition de notre esprit.

Comme il est dit dans LEngagement dans la conduite du bodhisattva, nous devons continuellement examiner notre esprit et voir son état. Ensuite, avec la présence attentive, nous devons immédiatement appliquer les différents antidotes à toutes les émotions et attitudes perturbatrices qui pourraient être présentes. Par exemple, si nous étions dans une caravane et que nous atteignions le plateau nord du Tibet, nous serions très attentifs et vigilants à ne pas aller n'importe où. Nous choisirions très soigneusement le bon chemin, sans quoi nous pourrions facilement nous perdre. De la même manière, nous ne devons pas permettre à notre esprit d'aller n'importe où.

(37) La pratique dun bodhisattva consiste, grâce à la conscience discriminante de la complète pureté des trois sphères, à dédier à lillumination les forces constructives réalisées grâce à de pareils efforts, afin d’éliminer les souffrances des êtres errants en nombre illimité.

Ainsi, la dernière pratique du bodhisattva mentionnée ici consiste à consacrer à l'illumination et au bénéfice des autres la force positive de toutes ces actions. Ceci complète le corps du texte proprement dit. Vient ensuite la troisième partie du plan, la conclusion.

Conclusion

Ayant suivi les paroles des êtres saints et le sens de ce qui a été déclaré dans les soutras, les tantras, et les traités, jai composé (ces) pratiques des bodhisattvas, trente et sept, pour le bien de celles et ceux qui souhaitent sentraîner dans la voie de bodhisattva.

L'auteur a puisé ces enseignements dans diverses sources et les a condensés dans ces trente-sept pratiques.

Du fait de ma faible intelligence et de ma maigre éducation, elles ne sont pas rédigées en mètres poétiques qui plairaient aux érudits. Mais, parce que je me suis appuyé sur les soutras et les paroles des êtres saints, je pense que (ces) pratiques de bodhisattva ne sont pas trompeuses.

Ensuite, l'auteur s'excuse s'il a commis des fautes.

Néanmoins, dans la mesure où il est difficile pour quelquun à lesprit obtus comme moi de mesurer la profondeur des grandes vagues du comportement dun bodhisattva, je fais la requête aux êtres saints d’être patients avec la somme de mes fautes telles que les contresens, le manque de liaison, et autres du même genre.

Puis il termine par la dédicace finale.

Par la force constructive issue de ceci, puissent tous les êtres errants, grâce aux bodhichittas suprêmes, la plus profonde et la conventionnelle, devenir les égaux du Gardien Avalokiteshvara, qui ne réside jamais dans les extrêmes de lexistence samsarique compulsive ou de la complaisance nirvanique.
Ceci a été composé dans la grotte de Rinchen à Ngoulchou par le moine discipliné Togmé, un enseignant en écriture et en logique, pour son propre bénéfice et celui des autres.

Ceci conclut les 37 Pratiques du bodhisattva par Togmé Zangpo.

Lisez et écoutez le texte original des « 37 Pratiques du bodhisattva » de Togmé Zangpo.

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