Éléments essentiels pour comprendre et pratiquer le tantra

Définir le tantra en termes de base, de voie et de résultat

Je suis ravi d'être ici et d'avoir l'occasion de vous parler de l'approche du Vajrayana en tant qu'Occidental. C'est une question intéressante. Y a-t-il vraiment une différence entre aborder le tantra en tant qu'Occidental ou en tant que n’importe quel autre être humain ? Mettons pour l’heure de côté la question de savoir si nous sommes spéciaux et si nous avons besoin d'une manière particulière d'entrer sur cette voie. Nous devons d’abord nous pencher sur ce qu'est réellement le tantra.

Le mot « tantra », traduit en tibétain par rgyud, signifie un courant de continuité, un courant qui se poursuit éternellement. Nous pouvons en parler du point de vue de la base, de la voie et du résultat.

La base : transformer les facteurs de la nature-de-bouddha

Au niveau de la base, nous parlons de la continuité des facteurs de la nature-de-bouddha. Ces facteurs n’ont pas de commencement et continuent jusqu'à ce qu'ils culminent en la bouddhéité. Cependant, il n'est pas garanti qu'ils atteignent ce point. Nous devons faire beaucoup d'efforts pour y parvenir. Lorsque nous parlons des facteurs de la nature-de-bouddha, nous parlons spécifiquement des facteurs qui se transformeront en différents corps-de-bouddha. Autrement dit, il s'agit des matériaux de travail qui nous permettront de devenir un bouddha et qui se transformeront en le corps et l’esprit d’un bouddha.

De quoi s'agit-il en réalité ? Nous parlons de ce que l'on appelle généralement les deux « collections ». Je préfère parler des « deux réseaux ». Ce n'est pas comme si nous collectionnions des timbres ou quelque chose comme ça. Ce sont des réseaux de ce que l'on traduit habituellement par « mérite » et « sagesse ». Cependant, je préfère les appeler respectivement « force positive » et « conscience profonde », et ce pour diverses raisons. Nous accumulons une force positive, comme une charge de batterie, à partir des choses constructives ou positives que nous faisons. À la base, celles-ci donnent naissance au corps et à l'esprit des futurs états samsariques, à ce que nous vivons aujourd'hui et à ce que nous vivrons dans les vies futures. C'est la base, celle du samsara et de la renaissance récurrente incontrôlable, et c'est ce qui se passera à jamais si nous ne faisons rien pour y mettre un terme.

En ce qui concerne les facteurs de la nature-de-bouddha, nous avons également les natures conventionnelle et profonde de l'esprit, qui nous permettront également de devenir un bouddha. Elles sont à la base du samsara et du nirvana.

La voie : les figures-de-bouddha

Sur la voie du tantra, nous essayons d'avoir, à partir de ces réseaux, le corps et l'esprit d'une déité, d'un yidam, de ce que j'appelle une « figure-de-bouddha ». Il s'agit également de choses qui peuvent se poursuivre comme un flux de continuité sans fin. Les figures-de-bouddha ne changent pas de forme. Tchenrezig, par exemple, ne vieillit pas. Il n'a pas besoin de se nourrir ou quoi que ce soit d'autre. Tchenrezig est quelque chose qui se poursuit dans la continuité. L'esprit de Tchenrezig est un esprit qui comprend la bodhichitta, le vide ou la vacuité, etc. C'est le tantra ou la continuité de la voie.

Le résultat : les corps et l'esprit d'un bouddha

Au niveau du résultat, nous avons la continuité sans fin des corps-de-formes et des corps de Dharmakaya d'un bouddha. Il s'agit également d'un phénomène qui ne connaîtra pas de fin.

En résumé, la base, la voie et le résultat sont la signification du tantra lorsque nous l'examinons de la manière la plus classique.

Définir le Tantra comme un métier à tisser

Cependant, le tantra a également une deuxième signification qui vient du sanskrit et qui le définit comme un métier à tisser sur lequel nous tissons de nombreuses choses. Un métier à tisser est ce sur quoi on tisse un tapis ou une étoffe. Les pratiques du tantra nous permettent de réunir ou de tisser ensemble les différentes vues pénétrantes et compréhensions que nous avons développées sur la voie du soutra, et qui sont représentées par les figures-de-bouddha.

Les figures-de-bouddha sont comme des infographies (représentations symboliques) dans lesquelles chacun des bras, visages et jambes ainsi que leurs attributs représentent différents niveaux de signification. Par exemple, les quatre bras de Tchenrezig, Avalokiteshvara en sanskrit, représentent les quatre attitudes incommensurables : l'amour, la compassion, la joie et l'équanimité.

Ce que nous essayons de faire dans le tantra, c'est de rassembler tout ce que nous avons appris et maîtrisé, dans une certaine mesure, sur la voie du soutra. Tout se tient dans un même état d'esprit. C'est l'une des raisons pour lesquelles le tantra est très avancé. Il est extrêmement difficile à réaliser si nous ne nous sommes pas déjà rompus à tous les différents aspects que nous avons appris dans les soutras.

Le soutra et le tantra en tant que voies causales et résultantes

La pratique causale : le soutra

Une autre façon d'expliquer le tantra par opposition au soutra est de décrire le soutra comme la voie causale et le tantra comme la voie résultante. En effet, dans les pratiques du soutra, nous mettons l'accent sur les causes permettant d'atteindre les corps-de-bouddha. Par exemple, si nous examinons les 32 signes majeurs et les 80 signes mineurs du corps-de-forme d'un bouddha et que nous apprenons les pratiques qui sont les causes de chacun d'entre eux, alors, lorsque nous nous concentrons sur une représentation du bouddha, nous pouvons nous focaliser sur toutes les pratiques causales qui mènent aux différents aspects résultants d'un corps-de-bouddha. Par conséquent, en examinant ces signes majeurs et mineurs à un niveau non superficiel, on trouve dans le soutra une forme d’infographie.

Par exemple, un bouddha a une très longue langue, ce qui est la représentation d'une attention portée à autrui avec autant d'affection et de soin qu'une mère animale lorsqu'elle lèche ses petits. La langue du bouddha est donc une représentation de cette cause. Si l’on y regarde de près, ces 112 facteurs (32 signes majeurs plus 80 signes mineurs) d'un bouddha sont en réalité encore plus complexes que les diverses caractéristiques d'un yidam.

Dans la pratique du soutra, nous mettons donc l'accent sur les causes, comme la bonté envers autrui, telle que celle d'une mère animale pour ses petits, afin d'atteindre le corps et la bonté d'un bouddha. C'est un exemple de la pratique causale du soutra.

La pratique résultante : le tantra

Le tantra, quant à lui, est la pratique qui en résulte, car nous nous imaginons déjà comme un yidam ou une figure-de-bouddha. Je n'aime pas trop utiliser le mot « déité » parce qu'il évoque toutes sortes d'associations avec un dieu créateur ou avec les anciens dieux grecs ou hindous, ce qui n'est pas du tout le sens de ces yidams.

Il est très intéressant de voir comment le mot yidam a été traduit. En tibétain, « yi » signifie esprit, et « dam » vient de damtsig, en sanskrit, samaya. Un yidam est donc quelque chose qui associe étroitement notre esprit au corps et à l'esprit d'un bouddha. Le terme provient du sanskrit. On l'appelle iṣṭadevatā. Devatā signifie « déité », c’est pourquoi il est généralement traduit ainsi, mais ce n'est pas exactement le même mot que pour les dieux du mont Mérou. Iṣṭa signifie « ce qui est souhaité », dans le sens où leur état est ce que nous souhaitons atteindre.

Nous avons ces figures-de-bouddha, ces yidams, et dans la pratique du tantra, nous imaginons que nous avons déjà pris la forme d'une telle figure éveillée, tout en sachant parfaitement que nous n'en sommes pas encore là. Il ne s'agit pas d'une sorte de trip (délire) schizophrénique bizarre. Ce n'est pas comme si quelqu'un se promenait en prétendant être Tara ou Tchenrezig. Cela repose entièrement sur une compréhension correcte et sur la génération préalable de la bodhichitta.

Qu'est-ce que la bodhichitta ? La bodhichitta est un esprit qui vise notre propre illumination future, que nous n'avons pas encore atteinte, mais que nous pouvons atteindre sur la base de ces facteurs de la nature-de-bouddha. Nous visons un point de notre continuum mental qui n’est pas encore advenu, mais auquel nous pouvons parvenir si nous nous efforçons d'atteindre la bouddhéité. Ces réseaux, dont nous parlons comme d'une base, peuvent se transformer en corps-de-bouddha.

En outre, nous imaginons que nous avons déjà atteint cet état, mais nous sommes pleinement conscients que cela ne s'est pas encore produit. Il est très important de savoir que l’on peut y arriver. Nous nous engendrons alors sous cette forme. C'est ce que l'on appelle « l'état résultant » ou la  forme « résultante » de la pratique. Même si nous n'avons pas atteint l'esprit complet d'un bouddha où tous les obscurcissements sont éliminés, où nous avons une connaissance non conceptuelle des deux vérités en même temps, du vide ou vacuité et de l'apparence pure en même temps, nous avons quelque chose qui, en tant que voie, se transformera en ces deux vérités.

Il ne s'agit pas de prétendre que nous avons ces réalisations à partir de rien. Nous devons imaginer que nous avons le corps et l'esprit d'un bouddha sur la base d'un certain niveau de génération de bodhichitta et de compréhension du vide. La bodhichitta est soutenue par la compassion et l'amour, etc. C'est la voie du résultat. Il est très important de comprendre cela.

La croyance en la renaissance opère une division entre « Dharma allégé » et  « Dharma authentique »

Voici la question qui se pose lorsque nous demandons s'il existe une manière particulière de pratiquer le Vajrayana pour les Occidentaux. Comment l'aborder en tant qu'Occidental ? Pour la plupart d'entre nous, nous n'avons pas vraiment le bagage culturel qui nous permettrait de croire spontanément à la renaissance, aux vies passées et futures. Toutefois, si l'on se penche sur les enseignements du Dharma, la ligne de démarcation entre les activités mondaines et les activités dharmiques est de savoir si l'on fait quelque chose pour nos vies futures ou non. Il est très clair que l'attention portée aux vies futures est considérée comme le point de départ d'une pratique du Dharma.

En tant qu'Occidentaux, nous sommes dans le meilleur des cas très sceptiques à l’égard de la renaissance, quand nous n’y sommes pas complètement hostiles et, dans son rejet total, qualifions cette idée d’absurde. Cela nous amène à ce que j'ai appelé les expressions de « Dharma allégé » et de « Dharma authentique ». Je définis le Dharma allégé comme une pratique du bouddhisme qui vise uniquement à améliorer cette vie. Quand on examine  sincèrement si nous pratiquons le Dharma pour améliorer les vies futures, beaucoup d'entre nous constateront que, même si nous disons que c'est le cas, au fond de nous-mêmes, nous ne le ressentons pas vraiment de manière viscérale.

C'est très bien si c'est le niveau auquel nous nous trouvons. Nous pouvons déjà certainement tirer un grand profit de la pratique bouddhique. Cependant, nous devons reconnaître que le Dharma authentique comprend l'ensemble des vies futures.

Les vies futures sont très importantes lorsque nous parlons des trois niveaux de portée ou de motivation tels que présentés dans le lamrim, la voie progressive. La motivation de portée initiale consiste à améliorer les vies futures. Dans ce contexte, toute la compréhension du karma est fondée sur la renaissance, car la plupart des choses que nous faisons dans cette vie ne mûrissent pas nécessairement dans cette vie. Par exemple, comment se fait-il que d'incroyables lamas, yogis et maîtres au Tibet aient été jetés dans des camps de concentration lorsque les Chinois ont envahi le pays ? Cela devient très difficile à comprendre. Pourquoi certains dictateurs commettent-ils toutes sortes d'atrocités tout en menant une vie de luxe ? Par conséquent, si l'on ne pense pas à la renaissance et aux conséquences à long terme de nos actes, toute la présentation du karma devient très problématique.

La motivation de portée intermédiaire consiste à atteindre la libération. Mais de quoi souhaite-t-on se libérer ? Nous souhaitons être affranchis de la renaissance récurrente incontrôlable. Lorsque nous examinons les douze liens de la coproduction conditionnée, que décrivent-ils ? Ils décrivent le fonctionnement de la renaissance samsarique et la manière de l'inverser et de s'en libérer. Ainsi, le niveau intermédiaire, comme le niveau initial, est également fondé sur la croyance en la renaissance.

Enfin, dans la motivation de portée avancée, l'objectif est d'atteindre l'illumination afin d'aider tous les êtres à surmonter la renaissance récurrente incontrôlable, le samsara. C'est là ce qui distingue le Dharma authentique.

Il est important que nous reconnaissions que le Dharma allégé n’est pas le cœur des enseignements. Nous ne pouvons pas réduire les enseignements bouddhiques à quelque chose qui doit améliorer uniquement cette vie. Nous pouvons bien sûr affirmer ne pas bien comprendre la renaissance, mais nous sommes ouverts à cette idée au fur et à mesure que nous développons notre compréhension, et nous examinerons ce point à nouveau dans le futur. Nous laissons la porte ouverte et respectons ce concept, tout en reconnaissant que nous n'en sommes pas encore là.

C'est tout à fait normal et, en étant tout à fait honnête, cela nous permet de grandir avec le Dharma et de réfléchir de plus en plus profondément au fur et à mesure que nous progressons. Nous pouvons examiner si ces enseignements sur la renaissance ont un sens. Ils n'ont de sens que si nous comprenons le vide ou la vacuité du soi des personnes ainsi que le vide de la causalité. Sans prendre en considération ces facteurs, nous envisageons la renaissance d'une manière que les bouddhistes rejetteraient. Cela signifierait que nous avons une âme qui passe d'une renaissance à l’autre, un « moi » ou un soi solide. Ce serait comme de penser qu’aujourd’hui je suis Alex et qu'Alex renaîtra ensuite en tant que Fifi le caniche. Ce n'est pas tout à fait ce que le bouddhisme accepterait. Il est bon de commencer par une compréhension approximative du vide, et il est important de savoir que comprendre le processus de la renaissance dans son ensemble est pour nous un niveau très avancé.

Présentation des trois aspects du bouddhisme par Sa Sainteté le Dalaï-Lama

Cette présentation du Dharma allégé et du Dharma authentique s'inscrit très bien dans l'approche de Sa Sainteté le Dalaï-Lama, qui parle de trois aspects du bouddhisme. Il dit qu'il y a la science bouddhique qui traite de la théorie de la perception, de la présentation de la logique, de celle des univers multiples et sans commencement, etc. Il y a aussi la philosophie bouddhique qui traite de la compréhension du vide et en particulier de la façon dont beaucoup de ces enseignements s'accordent de très près avec la physique quantique et des découvertes de cette discipline. Le troisième aspect est la religion bouddhique et c'est là qu’entrent la renaissance et tous les types de pratiques dévotionnelles.

La science et la philosophie bouddhiques sont des disciplines ouvertes à toutes et tous et qui peuvent être utiles au plus grand nombre. Cela s’accorde très bien avec le Dharma allégé. En revanche, lorsque nous abordons la religion bouddhique, nous entrons dans le vif du sujet. Par conséquent, avec cette façon de diviser les enseignements en utilisant cette explication en trois parties que Sa Sainteté utilise, le Dharma allégé et le Dharma authentique sont tout à fait harmonieux l'un avec l'autre.

Le Ngondro est le fondement du tantra

Que nous pratiquions le tantra allégé ou le tantra authentique, il est essentiel que nous pratiquions le ngondro, ou pratiques préliminaires. Le ngondro est la base du tantra. On le retrouve dans toutes les présentations de cette voie. Il n'y a aucune raison de l'écarter ou de le négliger en tant qu'Occidentaux. Souvent, nous voulons obtenir les choses à bon marché. Nous marchandons avec les enseignements : pouvons-nous nous en sortir en ne faisant que tant de répétitions des pratiques du ngondro au lieu de tant ? Ce n’est cependant pas la manière la plus bénéfique de pratiquer.

Pratiques préliminaires communes et non communes

Le mot « ngondro » signifie littéralement « quelque chose qui précède », comme une préparation à quelque chose qui suit. Il y a deux aspects : les préliminaires communs et les préliminaires non communs.

Le terme « commun » donne parfois une connotation erronée selon laquelle ils sont ordinaires ou que seuls les personnes ordinaires les pratiquent, comme si nous étions d’une classe supérieure. Nous pensons que nous n'avons pas besoin de cela. En réalité, le terme traduit ici par « commun » signifie « partagé ». Il s'agit de ce qui est partagé en commun entre le soutra et le tantra. Les préliminaires non communs ou non partagés sont les pratiques qui sont spécifiques au tantra, bien qu'elles soient très utiles pour le soutra également.

Comment contrer les états d'esprit négatifs et les comportements destructeurs ?

Le problème, si nous y réfléchissons, c'est que nous avons des vies sans fin. On parle ici de Dharma authentique. Même si nous ne pensons qu'à cette vie, nous avons vécu un certain nombre d'années avant de nous impliquer dans une quelconque pratique du tantra. Cela signifie que nous avons pris l'habitude de penser de manière négative ou ignorante, c'est-à-dire en désaccord avec la réalité. Nous sommes tellement pris dans nos fantasmes, nos projections, notre égoïsme, notre égocentrisme, notre colère et toutes sortes d'émotions perturbatrices. C'est quelque chose de très profondément ancré en nous. Nous devons développer de nouvelles et meilleures habitudes si nous voulons avoir du succès dans le tantra.

L'un des conseils très utiles que donnent certains grands maîtres est d'examiner notre vie et de considérer le nombre d'états d'esprit négatifs que nous avons engendrés ainsi que toutes les actions nuisibles et destructrices que nous avons commises tout au long de notre vie. Combien de fois avons-nous crié sur quelqu'un, perdu notre sang-froid, été dépendants, avides et égoïstes, etc. Comparez cela au nombre de fois et au temps que nous avons passé dans cette vie à être positifs et constructifs, à avoir l'esprit clair, à être aimants et bienveillants, etc. Nous aurons alors une idée de ce que l'avenir nous réserve.

Nous supposons toujours, même si nous acceptons la renaissance, qu’il est évident que nous renaîtrons toujours en tant qu’être humain. Nous n'envisageons jamais d'être un poulet ou un cafard dans notre prochaine vie. Si nous nous souvenons de nos vies antérieures, c'est toujours en tant qu'être humain. Nous ne nous souvenons d’aucunes de nos vies passées en tant que cafard. Il est très étrange de penser que nous sommes et serons toujours des humains. C'est là le problème.

Nous avons tellement l'habitude d'être égocentriques et d'avoir des modes de pensée improductifs que nous devons y remédier. Comment contrer cela si nous avons eu des millions de répétitions de pensées égoïstes ou de pertes de sang-froid, même au cours de cette vie ? Nous devons, d'une manière ou d'une autre, créer une force très positive pour contrer cela, de sorte qu'au lieu d'être instinctivement en colère, contrarié ou inquiet lorsque nous sommes confrontés à une situation difficile, nous l'abordons automatiquement avec patience, compassion et attention pour les autres.

L'importance de la répétition

D’un point de vue scientifique, comment parvenons-nous à développer de nouvelles voies neuronales ? Nous y parvenons par la répétition, de la même manière que l'on apprend à jouer d'un instrument de musique. Répéter quelque chose 100 000 fois, comparé au nombre de fois où nous avons perdu notre sang-froid au cours de notre vie, n'est qu'un début. Cependant, nous commençons à apprécier l'importance de la répétition. La répétition ne signifie pas de simples « bla bla bla ». Si nous n'avons pas développé un état d'esprit adéquat, le simple fait d'entraîner notre bouche à répéter quelque chose 100 000 fois n'aura pas beaucoup d'effet sur notre transformation.

L'un des mots pour désigner une sadhana, ces pratiques que nous faisons dans le tantra, est « dagkye » (bdag-bskyed) en tibétain, qui signifie « génération de soi-même ». Mon maître, Serkong Rimpotché, a toujours dit qu'il s'agissait d'une autogénération. Il ne s’agit ni d’une génération de la voix, « kakye » (bka’-bskyed) en tibétain, ni d’une génération de la bouche dans laquelle nous générons notre bouche pour dire quelque chose dans ces pratiques. Nous travaillons à l'amélioration de notre personne, à l'amélioration de notre esprit. C'est de cela qu'il s'agit.

Si nous pensons seulement à faire 100 000 répétitions des ngondro ou préliminaires non partagés ou non communs, comme les 100 000 prosternations, les 100 000 mantras de Vajrasattva, etc., et que nous négligeons les préliminaires communs, alors nous nous méprenons nous-mêmes. En réalité, si nous voulions le faire correctement, nous devrions faire en premier 100 000 méditations sur les quatre pensées qui tournent l'esprit vers le Dharma. Il s'agit de la précieuse renaissance humaine, de la mort et de l'impermanence, des souffrances du samsara, puis du karma, c’est-à-dire de la causalité. Ajoutez à cela, bien sûr, le refuge et la bodhichitta et les six paramitas, les attitudes ou perfections de grandes portées, le renoncement, et toutes ces choses. Nous devons les répéter encore et encore, si ce n'est 100 000 fois ou plus, pour qu'elles soient vraiment enracinées.

La direction sûre ou refuge

Quel est l'intérêt de faire 100 000 prosternations et récitations de la prière de refuge si celui-ci ne signifie rien pour nous ? Nous pourrions tout aussi bien faire 100 000 pompes. Il n'y aurait pas beaucoup de différence. C'est notre état d'esprit qui est le plus important. Il nous faut vraiment comprendre ce qu'est le refuge à un niveau profond. Il est très facile de minimiser l'importance du refuge. Le refuge est connu comme la porte d'entrée du Dharma, il doit donc signifier quelque chose pour nous. Le mot « refuge » peut sembler passif en anglais, mais ce n'est pas quelque chose de passif. C'est au contraire quelque chose de très actif. Le refuge signifie que nous donnons une direction sûre à notre vie et que nous nous y engageons avec confiance.

Qu’entend-on par le Joyau du Dharma ? Il s'agit en fait des troisième et quatrième nobles vérités. Cela signifie la véritable cessation de toutes les émotions perturbatrices, des obscurcissements, et ainsi de suite, afin qu'ils ne reviennent jamais. Le Joyau du Dharma est une véritable voie, la véritable compréhension qui permettra d'atteindre cet objectif. C'est ce que nous visons, et cela doit se produire sur notre continuum mental. Les bouddhas sont celles et ceux qui l'ont pleinement atteint et qui nous enseignent la manière d'y parvenir. Le Sangha, plus particulièrement l'Arya Sangha, comprend les membres qui l'ont atteint partiellement. Ces êtres nous montrent qu'il est possible de procéder de manière ordonnée pour atteindre nous-mêmes ce Joyau du Dharma.

C'est ce dont nous parlons et ce que nous imaginons lorsque nous travaillons au niveau résultant du tantra. Le refuge est absolument nécessaire. C'est la direction à laquelle nous nous engageons avec confiance et sur laquelle nous travaillons dans notre vie. C'est le sens que nous devons donner à notre vie. Nous devons travailler sur nous-mêmes et développer quelque chose de très positif afin de nettoyer et de nous débarrasser de tout ce fatras, de toutes ces choses négatives qui obscurcissent notre esprit.

Vajrasattva et le « gourou yoga » ou yoga du maître

À quoi bon pratiquer la méditation de Vajrasattva si ce n'est pas sur la base du refuge ? Dans quel but le faisons-nous ? Qu'essayons-nous d'atteindre ? Pourquoi faire une offrande de mandala ? Qu'offrons-nous en réalité ? Nous offrons nos deux réseaux : les réseaux de conscience profonde et de force positive. Nous les offrons entièrement et les dédions à l'illumination, aux bouddhas et à tous les êtres.

Qu'en est-il du yoga du maître ? Il s'agit d'intégrer en nous l'état éveillé du corps, de la parole et de l'esprit représenté par les maîtres. Nous possédons en nous la même nature-de-bouddha que le maître, et le fait que nous puissions atteindre le même niveau que lui est ce qui nous inspire.

Sans la base fondamentale de ce que nous apprenons dans les soutras, les préliminaires non communs n'ont aucun sens. Nous ne pouvons pas dire qu'ils n'ont aucun bienfait, il est évident qu’ils en ont un même si nous pratiquons sans réfléchir et sans être vraiment conscients de ce que nous faisons. Après tout, on entend souvent parler de l’histoire d'une mouche qui, pendant la mousson, fit le tour d'un stoupa, attirée par une crotte d'âne qui se trouvait non loin et qui accumula de la force positive. Cependant, nous sommes des êtres humains, nous avons une précieuse renaissance humaine, ce qui signifie que nous avons un esprit et un intellect capables de générer ces réseaux. Nous avons la capacité de comprendre. Nous avons la capacité d'écouter quelque chose et que cela produise un effet sur nous. Nous sommes également capables de lire et de comprendre ce que nous lisons. Nous pouvons certainement faire mieux qu'une mouche sur un étron.

Il est absolument essentiel, si nous voulons nous impliquer dans la pratique du tantra, d'être sérieux. Pour être sérieux, nous devons faire ces préliminaires. Mon professeur, Serkong Rimpotché, avait l'habitude d'utiliser cette image de « presser le sens des mots » afin d'en tirer le maximum. Il me demandait toujours la connotation des mots anglais que j'utilisais pour traduire. Il disait que le mot « préliminaires » n'était pas très bon et que le mot « préparation » était plus adapté. Une image qui aurait une connotation sensée en tibétain est celle d'une caravane. Avant de partir pour un long voyage, nous devons nous préparer. Nous devons nous procurer toutes les provisions dont nous aurons besoin, charger les animaux avec soin, penser à l'avance à la nourriture et à toutes ces choses. C'est ce qu'on appelle la préparation, et ce mot a beaucoup plus de sens que le mot « préliminaire ». Quand nous entendons le mot « préliminaire », nous pensons que nous pouvons sauter cette étape. On se dit : « Qui a besoin de ça ? »

Cependant, il s'agit d'une préparation au voyage. De quoi aurons-nous besoin au cours du voyage du Vajrayana, de ce véhicule vajra qui nous mènera jusqu'à l'illumination ? Un vajra, dorje en tibétain, est solide, il ne peut être brisé. On le traduit parfois par « solide comme le diamant ».

Nous pouvons évidemment nous demander à quel niveau nous avons besoin des préliminaires avant de pouvoir nous engager de manière significative dans le tantra. Cette question est sujette à de nombreux débats. La réponse « du moins à un certain niveau » reste très vague. Chacun des préliminaires doit réellement signifier quelque chose pour nous et ne pas être de simples mots.

La précieuse vie humaine et l'impermanence

Ces préliminaires doivent commencer à transformer nos vies de manière que nous comprenions vraiment que nous avons une vie humaine précieuse. Nous devons comprendre toutes les choses positives que nous avons et la chance que nous avons de ne pas être dans une situation désespérée qui nous empêcherait de travailler sur nous-mêmes. C'est ce sur quoi nous nous concentrons : travailler sur nous-mêmes afin d'être non seulement plus heureux, mais aussi mieux à même d'aider davantage les autres, parce que cela nous dérange vraiment de voir qu’ils souffrent et sont malheureux. Nous pensons vraiment que nous devons faire quelque chose à ce sujet, non pas que nous nous prenions pour un dieu tout-puissant, mais nous pouvons au moins aider du mieux que nous pouvons. Cela doit être une réalité pour nous et pas seulement des mots. Ainsi, si nous rencontrons un mendiant ou un sans-abri dans la rue, nous ressentons quelque chose, et nous ne nous contentons pas de penser « ne m'embêtez pas », en préférant fermer les yeux sur la situation de cette personne.

Nous avons une précieuse renaissance humaine, et nous ne donnons pas dans l'attitude du « pauvre de moi, je n'ai pas de sauce à l'ail pour mon döner kebab », un exemple que nous utilisons à Berlin pour illustrer ce que l'on peut appeler les « problèmes de premier ordre ».  « Oh, comme c'est horrible qu'il n'y ait plus de sauce à l’ail », comme si c'était la pire chose au monde. Il est évident que ce n'est pas si terrible. Il nous faut penser aux choses positives et ne pas se contenter de se plaindre tout le temps.

La vie ne va pas durer. Cela ne veut pas dire qu'il faut devenir fanatique, mais qu'il faut utiliser notre temps avec sérieux et se rendre compte qu'il peut se terminer à tout moment. Nous ne devons pas penser uniquement à la mort. Il y a aussi l'impermanence de l'économie, de la guerre, des maladies. Tout peut arriver. C'est pourquoi nous devons vraiment prendre au sérieux ce qui va se passer. Mon ami le plus proche a eu une crise cardiaque sous la douche et est décédé à l'âge de 54 ans. Il semblait en parfaite santé et « bam », en quelques instants, il est mort. Cela peut arriver à tout moment.

Ces prises de conscience du ngondro commun sont essentielles pour une pratique sincère.

Les préliminaires non communs renforcent la force positive et affaiblissent les potentiels négatifs

Qu'essayons-nous de faire avec les pratiques préliminaires non communes ? Nous essayons d'accumuler plus de force positive et de purifier, dans une certaine mesure, les potentiels négatifs. Cela se fait sur la base des facteurs de la nature-de-bouddha, à savoir nos deux réseaux de force positive et de conscience profonde. Nous développons la force positive par la prosternation et nous purifions et affaiblissons la force négative par la pratique de Vajrasattva afin que la transformation puisse s’opérer. Au lieu que ces deux réseaux engendrent de plus en plus de samsara, ne serait-ce que dans cette vie, ils donnent naissance à quelque chose de plus éveillé sur la voie et aux niveaux résultants.

Pour que cette transformation ait lieu et que ces deux réseaux cessent d'engendrer tous ces problèmes et donnent naissance à quelque chose de plus positif, nous devons évidemment renforcer cette force positive et affaiblir celle qui est négative. C'est là le problème du Dharma allégé, car nous ne voulons pas développer cette force positive dans le seul but d'améliorer le samsara dans cette vie. C'est ce qui se passe et c'est la raison d'être du karma. Lorsque nous faisons beaucoup de choses positives et que nous ne les consacrons pas à l'illumination, que se passe-t-il ? Au mieux, cela améliore notre samsara plus tard dans cette vie. Nous pourrions par exemple être plus riches et avoir plus d'amis, ou bien les gens seraient plus honnêtes avec nous, etc. Mais, bien sûr, cela peut aussi ne pas mûrir dans cette vie, mais seulement dans une vie future.

Cette amélioration est bien belle, mais elle reste problématique si l'on pense aux inconvénients du samsara, qui est l'une des quatre pensées qui tournent l'esprit vers le Dharma. Le bonheur ordinaire ne dure pas, il n'est jamais satisfaisant. C'est un type de problème fondamental de la renaissance récurrente incontrôlable. Nous voulons au minimum dédier cette force positive pour qu’elle contribue à notre éveil plutôt qu’à l’amélioration du samsara. Pour cela, nous devons avoir un certain niveau de bodhichitta et de dévouement lorsque nous faisons nos préliminaires, sinon, nous ne ferons qu'améliorer le samsara, et ce n'est pas notre but.

Nous devons alors nous poser une question. Peut-on atteindre l’illumination en pratiquant le Dharma allégé, c’est-à-dire en ne croyant pas encore à la renaissance, ou en étant à moitié convaincu de son existence ? Oui, c’est possible. Cela soulève la question de l'illumination en une seule vie, néanmoins, cette possibilité infime d’y parvenir existe bel et bien, donc cela reste possible. Dans ce cas, nous pouvons toujours penser à la perspective de cette seule vie lorsque nous pratiquons le Dharma en tant qu'Occidental ne croyant pas encore tout à fait à la renaissance. Toutefois, se consacrer à l'éveil sur la base de la bodhichitta est essentiel si nous voulons transformer ces réseaux, aussi appelés collections, en réseaux de développement de l'éveil.

Nous parlons de ce qui permet de développer l'éveil. Cela vient de la connotation sanskrite du mot traduit par « collection ». Littéralement, il signifie « quelque chose qui construit ». C'est Guéshé Wangchen qui me l'a fait remarquer. Il était de son vivant le tuteur de la réincarnation de Ling Rimpotché, le tuteur principal de Sa Sainteté. Il a souligné la véritable signification de ce terme en s’appuyant sur le sanskrit et les commentaires. Il parlait de quelque chose qui construit, développe le samsara, la libération ou l'illumination. Tout dépend si nous dédions ou non cette force positive. Le mot sanskrit est sambhara, « quelque chose qui construit ».

Les préliminaires sont donc très importants. Le point le plus important est que nous devons les pratiquer dans le bon ordre. L'ordre approprié est de commencer par le ngondro commun. Ne sautez pas simplement la voie du soutra. Nous devons comprendre que c'est la préparation requise pour s’engager dans le Vajrayana. Si nous ne le faisons pas, ce serait comme partir en voyage avec des bagages vides ou comme si nous partions sans les avoir mis dans le coffre de la voiture. Nous ne pourrions pas non plus enregistrer nos bagages à l’aéroport parce que nous ne les aurions pas préparés, nous serions les mains vides, sans rien. En fait, nous devons nous préparer.

Cette pratique préparatoire du soutra nous permettra de donner plus de sens aux pratiques telles que les prosternations, Vajrasattva et ainsi de suite. Nous ne devrions pas nous méprendre en n'emportant pas assez de vêtements ou de nourriture pour ce long périple. Au bout du compte, nous souffrirons. Il est très facile, dans la pratique du tantra, de se lancer dans une sorte de voyage mystérieux et fantastique avec toutes ces visualisations, etc. Il est très facile de devenir un peu fou et de perdre le contact avec la réalité. Ce n'est certainement pas ce que nous voulons, cela ne nous sera d’aucune aide. Nous clamons notre admiration pour Milarépa et prenons l’attitude d’un grand yogi, et nous évitons de faire face à la vie en nous engouffrant dans ce monde imaginaire enchanté de la visualisation. Ce n'est pas non plus ce que nous voulons.

C'est pourquoi nous avons les préliminaires communs, et seulement après, les préliminaires non communs. Essayons d’intégrer cela quelques instants avant de continuer. Si nous avons fait ces pratiques préparatoires, ou si nous envisageons de les faire, essayons d'examiner ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons. Qu'espérons-nous accomplir ? Il nous faut se poser ces questions, car entreprendre ces pratiques préparatoires va être difficile. Elles demandent beaucoup de temps et d'efforts, et ce ne sera pas une partie de plaisir. Si nous ne savons pas clairement pourquoi nous faisons des pratiques préliminaires et ce qui va nous soutenir pendant que nous les faisons, nous allons avoir des difficultés. Nous ne voulons pas abandonner en plein milieu avec une attitude défaitiste ou penser que c'est stupide et se demander pourquoi nous les faisons.

C'est pourquoi nous avons ce mot que l'on traduit généralement par « secret ». Il y a une part de secret dans le tantra. Il ne s'agit pas d'un sombre secret dont on ne peut parler à personne ou d’un secret d'enfant que l'on veut garder. La connotation de ce mot est « privé ». Nous voulons que notre pratique reste privée. Nous ne voulons pas que les autres le sachent, car cela pourrait nous exposer à la moquerie de certaines personnes, ou encore qu’elles essaient de nous décourager en disant que ce que nous faisons est vraiment bizarre ou stupide. Nous ne voulons pas nous exposer à cela, nous n’en avons pas besoin.

Nous devons être très clairs en ce qui concerne notre motivation, ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons. Nous pouvons en faire part à notre mentor spirituel, car nous avons confiance en lui. Nous avons pris soin de vérifier ses qualités et ses compétences, nous ne nous contentons pas d'un nom ou de penser que puisque tous les autres membres du groupe font les préliminaires, nous devons les faire aussi. Comme l'a dit Serkong Rimpotché, nous ne voulons pas être quelqu'un qui se précipite sur un lac gelé et, une fois au milieu, se retourne pour vérifier si la glace est assez solide. Nous devrions d'abord vérifier les choses avant de nous précipiter.

Nous concluons ce contrat, ce lien étroit avec les pratiques du tantra. Nous nous engageons à les pratiquer et à les garder privées. Les autres n'ont pas besoin de le savoir. Cela devient alors quelque chose de sacré. C'est important qu’il en soit ainsi. Nos pratiques du tantra et du ngondro sont des choses que nous devons faire avec respect. D'autres personnes peuvent leur manquer de respect, mais elles ne le feront que si elles savent ce que nous faisons. Il n'est pas nécessaire qu'elles le sachent. Faites-les en privé. C'est beaucoup mieux.

Encore une fois, si nous sommes engagés dans ces pratiques ou si nous envisageons de le faire, réfléchissons quelques instants à notre attitude et à ce dont nous avons discuté jusqu'à présent.

[Pause pour contempler]

Le Tantra : Une continuité sans fin fondée sur les réseaux de force positive et de conscience profonde

Résumons ce que nous avons abordé jusqu'à présent afin de ne pas nous perdre dans cette discussion. Tantra signifie une continuité sans fin. Cette continuité repose sur ces réseaux de force positive et de conscience profonde. La conscience profonde concerne le fonctionnement de notre esprit. À son apogée, cela signifie la pleine compréhension des quatre nobles vérités, avec les seize aspects et la compréhension du vide des quatre nobles vérités, etc.

Cependant, à un autre niveau, la conscience profonde consiste simplement à parler du fonctionnement de notre esprit, avec les cinq types de conscience profonde :

  • Nous sommes capables d'absorber des informations.
  • Nous sommes capables de percevoir des schémas et de voir comment les choses fonctionnent entre elles.
  • Nous sommes capables de reconnaître l'individualité des choses.
  • Nous sommes capables d'accomplir des choses et savons ce qu'il faut faire.
  • Nous sommes capables de savoir ce que sont les choses.

C'est le mode de fonctionnement de base de l'esprit. Nous disposons d'un réseau de conscience profonde et d'un réseau de forces positives. À la base, ces réseaux donnent lieu à de plus en plus d'expériences dans cette vie et dans les vies futures. Cependant, sur la voie, nous voulons qu'ils cessent de donner naissance à des choses samsariques et qu'ils donnent naissance à quelque chose de similaire au résultat : ces figures-de-bouddha que nous pouvons utiliser comme une voie pour nous amener au résultat.

Au niveau résultant, lorsqu’ils deviennent des potentiels d’éveil, ces réseaux peuvent donner naissance aux corps-de-bouddha. La nature pure de l’esprit et d’autres facteurs vont permettre à cette transformation d'avoir lieu. Comment faire pour que cette transformation ait lieu ? Dans le tantra, nous devons tisser ensemble les différentes pratiques et les faire toutes ensemble et en même temps, tout en imaginant que nous sommes dans cette forme-de-bouddha. Cette forme-de-bouddha est une infographie  et tout ce que nous visualisons est une représentation d'une sorte de compréhension profonde et d'états d'esprit acquis grâce à notre pratique du soutra. Cela inclut les quatre incommensurables, etc.

Certaines de ces déités ont six bras, lesquels représentent les six paramitas. D’autres ont quatre visages, qui représentent les quatre corps-de-bouddha, les quatre Kayas. Toutes ces choses différentes une signification. Il ne s’agit pas d’avoir réellement six ou quatre bras ou de tenir tous ces éléments éternellement dans nos mains. Ce n'est pas du tout cela dont il est question. Ces préparations et ces pratiques concernent plutôt ce que nous allons tisser ensemble et ce dont nous avons besoin pour réaliser cette transformation. Nous faisons cela pour que nos facteurs fondamentaux de la nature-de-bouddha ne continuent pas simplement à engendrer plus de samsara et plus d'ennuis. Ils donneront à la place lieu à la libération et à l'illumination. Il s'agit d'une vue d'ensemble de ce que nous avons abordé jusqu'à présent. C'est la base. Nous pratiquons quelque chose de similaire au résultat que nous visons à atteindre.

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