Nous pouvons répondre à quelques questions sur les points que nous venons d’aborder, et nous poursuivrons ensuite. Posez, s’il vous plaît, des questions spécifiques à ce sujet. Cet après-midi, nous pourrons répondre à des questions plus générales sur le tantra.
Questions et réponses
Renforcer la croyance en la renaissance
Vous avez fait la distinction entre le Dharma allégé et la pratique correcte du Dharma fondée sur la compréhension de la renaissance. Vous avez également mentionné le fait d'avoir ce sentiment instinctif de croire réellement aux vies futures et de pratiquer de cette manière. C'est un défi pour beaucoup d'entre nous jusqu'à ce que nous ayons vraiment réalisé le vide (vacuité). C'est un long chemin à parcourir jusqu'à ce que nous y parvenions. En attendant, quelles seraient vos recommandations pour renforcer cette croyance dans les vies futures, pas seulement sur le plan mental, mais pour que nous la ressentions vraiment au plus profond de nous-mêmes ? Que pouvons-nous faire pour renforcer cette croyance ?
L'approche que j'ai personnellement utilisée a consisté à lui accorder le bénéfice du doute. Cela signifie que nous supposons que c'est correct et que nous voyons ensuite ce qui en découle. On parle de « présomption » dans les modes de connaissance décrits dans l'épistémologie bouddhique. Nous supposons que la renaissance est correcte, même si nous n'en sommes pas vraiment convaincus. Nous voyons ensuite ce qui en résulte. La conséquence de cette croyance, c'est que les vies antérieures donnent un sens aux lois du karma. Elles fournissent une explication à ce qui nous arrive dans cette vie, ce que j'ai trouvé très puissant pour moi-même. Ces lois expliquent ce qui s'est passé dans ma propre vie.
Par exemple, je me suis rendu en Inde à l'âge de 24 ans pour étudier avec la communauté tibétaine en vue de rédiger ma thèse de doctorat et tout s'est immédiatement mis en place. Une semaine après mon arrivée, alors que je n'avais rien prévu, quelqu'un m'a offert une maison où vivre. J'ai rencontré les Tibétains qui allaient être mes maîtres et tout organiser pour moi. Je vivais avec un moine tibétain. En une semaine, tout s'est organisé et je me suis senti très à l'aise. J'avais l'impression que toute ma vie avait été transportée sur un tapis roulant jusqu’ici. Tout cela n'avait absolument aucun rapport avec mon passé, ma famille ou avec quoi que ce soit d'autre. La seule explication possible était que j’avais eu des liens dans des vies antérieures avec tout cela.
Cela m'a aidé à comprendre que ce qui se passait n'était pas insensé. De même, lorsque nous regardons chacun de nous, nous ne sommes pas nés comme des ardoises complètement vierges. Même lorsqu'ils étaient bébés, certains d'entre nous étaient très doux et faciles à vivre. Par exemple, ils ne pleuraient que lorsqu’ils avaient faim, etc. D'autres, en revanche, sortent du ventre de leur mère en colère et se battent tout le temps. D'où viennent ces comportements ? Même des jumeaux identiques physiquement peuvent avoir des comportements très différents.
Cela commence à avoir un peu plus de sens lorsque nous introduisons la renaissance dans la discussion. Ensuite, nous pouvons envisager d'autres choses qui ont un sens, comme l'idée que tout le monde a été notre mère. Il est très difficile d'y réfléchir. Quel est l'avantage d'amener la renaissance ici ? La renaissance est importante parce que si nous ne la prenons pas en considération, nous pourrions avoir l'impression que nous ne pouvons avoir de relations qu'avec des personnes qui nous ressemblent. Nous ne pouvons pas vraiment entrer en relation avec des personnes qui se trouvent à l'autre bout du monde, sans parler des animaux et des insectes. Peut-être ne pouvons-nous nous identifier qu'à des personnes de notre sexe, de notre religion, etc. En revanche, si nous nous ouvrons à l’idée des vies antérieures, cela nous permet d'entrer en relation avec n'importe qui, car personne n'est figé dans la forme actuelle qu'il occupe.
En accordant à la renaissance le bénéfice du doute, nous pouvons voir ce qui en découle, et si cela a du sens, nous pouvons travailler avec. Je pense que c'est très utile. Je vais vous raconter une anecdote amusante. Mon oncle préféré est mort alors que j'étais en Inde. Un jour, il y avait une mouche qui refusait de quitter mon visage. Je n'arrêtais pas de la chasser. J'essayais d'être un bon bouddhiste et je ne voulais pas la tuer ni lui faire de mal, mais elle revenait toujours se poser sur mon visage. J'ai alors commencé à me demander qui était cette mouche. Peut-être que c'était mon oncle défunt qui était devenu cette mouche. Si je renaissais sous la forme d'une mouche, j'aurais ce lien avec cette personne et je voudrais instinctivement être avec elle. J'espèrerais que mon neveu m’accueillerait plutôt que de m’écraser. Cela m'a également aidé à m’ouvrir à l’idée de la renaissance.
Une relation étroite avec mon maître au cours de deux vies
Mais ce qui m'a vraiment convaincu de manière viscérale, c'est d'avoir connu mon maître, Serkong Rimpotché, dans deux vies différentes. J'ai eu une relation étroite avec lui dans sa vie précédente, tandis que le lien étroit qui m’unit à sa présente incarnation s’est manifesté de sa part alors qu’il avait quatre ans. Cela m'a vraiment fait repousser mes limites, et j'ai senti que la renaissance devait être réelle. Cependant, ce n'est pas une expérience que la plupart d'entre nous peuvent vivre.
Pouvez-vous nous raconter l'histoire ?
J'étais très proche de Serkong Rimpotché. À vrai dire, il m'a instruit dans tous les domaines. Il a senti la connexion avec moi et, lorsque j'ai commencé à lui rendre visite, il m'a dit de rester à ses côtés et qu'il me formerait. J'ai traduit pour lui la plupart du temps. Ce n'était pas tous les jours, mais presque tous les jours pendant neuf ans.
À cette époque, le bouddhisme avait dégénéré dans la vallée de Spiti, une région tibétaine située en Inde, à la frontière du Tibet. Il l'a rétabli et a amélioré la situation dans les monastères. C'est là qu'il est mort et que sa réincarnation, son « tulku », a été retrouvé, neuf mois plus tard, jour pour jour. Il n'avait pas perdu son temps à traîner dans le bardo ou quoi que ce soit de ce genre. Comme il était un enseignant très célèbre dans la vallée, la plupart des gens avaient des photos de lui dans leur maison. Quand il fut assez âgé pour parler, il montra une de ces photos et dit : « C'est moi ! » Lorsque ses anciens assistants arrivèrent dans la vallée à la recherche d’enfants de son âge, nés au bon moment, il courut dans les bras de l'un d'entre eux et le salua par son nom. C'est le genre de reconnaissance classique d'un tulku, qui doit venir du côté du tulku et non du côté de ceux qui le regardent.
Ils l'ont ramené à Dharamsala et il n'a pas pleuré une seule fois en disant qu'il voulait rentrer chez lui. La raison n’était pas qu’il détestait ses parents ou qu’ils étaient terribles. Ce sont au contraire des gens merveilleux, mais tout ce qu'il voulait, c'était aller à Dharamsala. Il a dit qu'il sentait qu'il devait y rencontrer quelqu'un de très important. Il s'agissait de Sa Sainteté le Dalaï-Lama. Il avait été l'un des enseignants de Sa Sainteté. C'est tout ce qu'il voulait.
Lorsqu'il avait quatre ans, je suis allé le rencontrer pour la première fois et ses assistants lui ont demandé : « Sais-tu qui c'est ? » Il a répondu : « Ne soyez pas stupide, bien sûr que je sais qui c’est. » Dès le début, il s'est montré très affectueux, chaleureux et à l'aise avec moi. Voilà ce qui s’est passé. De mon côté, j’étais assez sceptique, mais de son côté, il n'y avait aucun problème. Cela m'a en quelque sorte convaincu de ce dont il était question avec la renaissance. Il n'y avait pas d'autre explication.
C'est ainsi que nous travaillons avec la renaissance. Nous supposons qu'elle est valide, nous voyons ce qui en découle et si cela a un sens, alors peut-être que la renaissance est elle aussi sensée.
Merci pour ces bons conseils. J'ai l'impression que certaines traditions bouddhistes ne croient pas en la réincarnation. Je me souviens de ma première rencontre avec des moines de la forêt en Thaïlande et je me rappelle clairement que le moine parlait d'une seule vie et réfutait les vies passées et futures en disant que cette vie-ci était la seule chose que nous connaissions.
Encore une fois, je dirais que le Bouddha a enseigné en utilisant des moyens habiles. On l’invitait à son époque dans différents foyers et, après le repas, on le priait d’enseigner quelque chose au chef et aux membres de ce foyer. Il a enseigné des choses différentes à des personnes différentes parce qu'il reconnaissait que ces personnes étaient à des niveaux différents, avec des dispositions et des antécédents différents. Ayant été traducteur et, dans un sens, dans les coulisses avec de grands lamas, j’ai pu constater qu’ils donnent des explications différentes et se comportent de manière singulière avec chaque personne. Par exemple, ils peuvent être très sévères avec une personne et très doux avec une autre. Ils disent quelque chose à l'un et quelque chose de complètement différent à l'autre. Ce n'est pas parce que ce moine vous a expliqué cela qu'il l'aurait expliqué de la même manière à un Thaïlandais, par exemple.
Il faut également tenir compte du fait que le bouddhisme est passé de l'Inde, où une partie de la culture avait déjà acquis l'idée de la renaissance, à de nombreux autres endroits, y compris la Chine. En Chine, le concept de renaissance n'existait pas. Les Chinois s'intéressaient aux ancêtres et les vénéraient, comme s'ils étaient toujours présents après leur mort. C'était tout à fait contradictoire avec le bouddhisme. Le bouddhisme dit que les défunts prennent une nouvelle naissance et qu'ils sont désormais quelqu'un d'autre, et qu’il est donc inutile de s’attacher aux ancêtres. Néanmoins, dans le bouddhisme chinois ou le bouddhisme vietnamien avec Thich Nhat Hanh, qui est venu de Chine, la vénération des ancêtres est toujours présente. Il s'agit là de moyens habiles.
L'individualité et l'approche progressive présentées dans les différentes écoles philosophiques
En ce qui concerne la rencontre entre le bouddhisme et le monde occidental, j'ai constaté que l'idée de la renaissance nous incite parfois, en tant qu'Occidentaux, à nous intéresser davantage à ce que nous étions auparavant ou à ce que nous pourrions devenir à l'avenir, au lieu de nous préoccuper de cette vie, ici et maintenant. C'est l'un des pièges dans lesquels nous tombons. L'autre piège est la réification de l'idée de « moi ». Je suis quelque chose et cette masse, cette âme, va renaître dans la prochaine vie. Nous commençons à penser de manière presque matérialiste à propos du « moi », à moi-même et à mon ego.
L'une des manières que j’ai d’interpréter la renaissance est que la vie se réincarne à travers moi. Ce n'est pas moi qui me réincarne, mais c'est la vie elle-même qui se réincarne, et je ne serai plus le même « moi » que j'étais. Les formes de vie changent au cours de l'histoire de cette planète, je pense donc que la vie se réincarne à travers moi sous de nombreuses formes différentes dans le futur et dans le passé. Ce type de raisonnement m'aide à ne pas solidifier cette idée d’un « moi ». Cela m'aide également à pratiquer la bodhichitta : puisque la vie se réincarne à travers moi, je peux être un serviteur de la conscience qui s’éveille.
Il y a plusieurs points dans ce que vous venez de dire. Le dernier point est que nous devons faire très attention à ne pas perdre le sens de l'individualité, parce que ce sens est ce qui nous permet d’assumer la responsabilité de ce que nous faisons. Le fait est que nous subissons les conséquences de nos actes. Il ne s'agit pas de dire qu'il existe une « vie » universelle, un esprit universel ou un type de vie universel. Le bouddhisme accepte certainement l’individualité, il ne s'agit pas de penser que nous sommes toutes et tous une grande soupe. Penser ainsi est similaire à certaines idées hindoues selon lesquelles tous les ruisseaux se fondent dans le grand océan et que nous ne faisons qu'un avec Brahma. Ce n'est pas le cas selon le bouddhisme.
Si nous examinons les différentes écoles philosophiques bouddhiques indiennes, nous constatons qu'elles sont présentées dans un ordre progressif. Nous ne passons pas immédiatement au niveau le plus avancé. Les premières enseignent qu'il existe une sorte de solidité du soi. On cherche par la suite à acquérir de manière progressive une compréhension plus profonde et plus subtile de la manière véritable dont le soi existe.
Ainsi, dans l'ordre progressif des enseignements, le sujet de la renaissance se situe dans le contexte de la causalité. Si nous agissons d'une certaine manière, nous sommes responsables et nous en subirons les conséquences. Même si nous n'en faisons pas l'expérience dans cette vie, ces actions ne vont pas expirer et s’invalider, et nous continuerons à en subir les conséquences. Même si nous croyons à l’existence d’un « moi » solide, il est essentiel de comprendre cette base éthique sur la voie bouddhique. Il faut prendre cela en considération.
L'autre point que je voulais mentionner est en réponse à votre remarque sur le danger de trop se focaliser sur le passé. Nous pouvons en effet devenir très curieux de savoir qui nous étions dans une vie antérieure. Et alors ? Même si nous le savions, qu’est-ce que cela changerait ? Quant à savoir qui nous serons dans une vie future, nous avons tendance à toujours penser que nous serons un être humain, mais jamais un poulet ou un cafard. J'ai oublié qui exactement, mais un maître a dit que si nous regardons notre corps, il nous donnera des indications sur nos vies antérieures, et si nous observons notre esprit, il nous donnera des indications sur nos vies futures. Autrement dit, nous devons regarder notre corps et les situations physiques que nous vivons au cours de notre vie, comme dans mon exemple d'être allé en Inde et d'y être resté 29 ans sans jamais avoir de problème de visa alors que tout le monde en avait. D'où viennent ces conditions ? Il fallait bien qu'il y ait une cause préalable. Les choses ne viennent pas sans cause. La chance ou les dieux m'ont-ils aidé ? Non, cela ne se passe pas ainsi.
Si nous observons notre esprit, le type de pensées que nous avons en permanence, cela nous donne des indications sur ce qui nous attend à l'avenir. J'utilise toujours l'exemple amusant suivant : si notre esprit s'agite dans tous les sens et que nous n'arrivons pas à nous concentrer sur quoi que ce soit, qu'est-ce que cela indique ? Eh bien, c’est la mentalité d'une mouche qui ne reste jamais à la même place et qui s’agite ici et là. Les images d'animaux sont très utilisées dans les enseignements tibétains parce qu'elles sont très utiles.
Serkong Rimpotché utilisait toujours l’image d’un chien qui attend qu'on lui tapote la tête en récompense d’avoir fait quelque chose d'utile pour son maître pour décrire notre comportement. Attendons-nous que quelqu'un nous dise : « Tu es un bon garçon ou une bonne fille » ? Et alors, est-ce que nous remuons la queue ? Ce qu'il voulait dire, c'est que nous ne devrions pas faire de bonnes choses pour être remerciés, pour recevoir une tape sur la tête ou pour remuer la queue. Nous faisons de bonnes choses pour être bénéfique à autrui. Ces images peuvent être très puissantes et nous aider à nous en rappeler.
Avec les vies passées et futures, nous pouvons être fascinés et accaparés par ce qui a été et ce qui sera, mais cela peut aussi être utilisé comme un moyen de comprendre ce qui nous arrive maintenant et les causes que nous développons pour l'avenir.
L’initiation ou la transmission de pouvoir
OK. Revenons maintenant à notre sujet, le tantra. Que nous pratiquions le tantra dans une version « allégée » ou dans une version authentique qui inclut la renaissance, nous devons toujours recevoir une initiation ou une transmission de pouvoir afin d'entrer dans la pratique réelle du tantra. Littéralement, le mot tibétain pour initiation, wang, signifie « conférer un pouvoir », et le mot sanskrit, abhishekha, signifie « répandre », répandre des graines qui pousseront, bien qu'il faille les arroser pour qu'elles poussent réellement. Pour recevoir une initiation ou une transmission de pouvoir, nous devons respecter des vœux. Sakya Pandita, un grand maître tibétain, a dit que sans les vœux, il n'y a pas d'initiation.
Prendre des vœux
Nous n'avons pas consciemment pris les vœux si nous sommes simplement présents comme peuvent l’être un chien de compagnie ou un bébé que quelqu'un a amené avec lui, ou si nous sommes juste là et que nous n'avons aucune idée de ce que sont les vœux ou de ce que nous faisons, mais que nous répétons simplement des mots tibétains que nous ne comprenons pas et qui n'ont donc aucun sens pour nous. Si nous nous contentons de dire « bla, bla, bla », nous n'avons pas reçu l'initiation. C'est aussi simple que cela. Les vœux sont essentiels.
Atisha, un autre grand maître indien qui a contribué à l'avènement de la nouvelle période du bouddhisme tibétain, a déclaré que, pour recevoir les vœux de bodhisattva, nous devons avoir comme base un certain niveau des vœux de pratimoksha. Cela ne signifie pas nécessairement que nous devons être moine ou moniale, mais nous devons au moins respecter les cinq préceptes. L’abhidharma stipule qu’au moins un des cinq préceptes est requis. Il n'est pas nécessaire de prendre les cinq, mais de tout de même en avoir pris un minimum comme fondation des vœux de bodhisattva. Par exemple, si nous ne faisons pas au moins le vœu d'arrêter de tuer, comment pouvons-nous prendre le vœu d’œuvrer pour le bénéfice de tous les êtres ? De plus, il n'y a pas de vœux de tantra sans vœux de bodhisattva.
C'est pourquoi, dans toutes les classes de tantra, nous prononçons les vœux de bodhisattva dans le cadre de l'initiation. Dans les deux classes supérieures du tantra, le tantra yoga et le tantra anouttarayoga , il y a, en plus, les vœux tantriques. Il est très important et fondamental de les maintenir du mieux possible. Cela signifie qu'il ne faut pas les transgresser consciemment. Si nous les transgressons, ce qui arrive inévitablement, il faut au moins ne pas s'en réjouir. Ne dites pas qu'il était stupide de prendre les vœux en ayant l'intention de ne pas les respecter.
Un certain nombre de facteurs doivent être réunis pour que les vœux soient pleinement perdus. Si tous les facteurs ne sont pas réunis, nous ne faisons que les affaiblir. Ils peuvent être renforcés ou ravivés en regrettant les actes inappropriés que nous avons commis par la pratique de Vajrasattva et ce genre de choses, mais il vaut mieux ne pas les affaiblir dès le départ. Nous pouvons également reprendre les vœux dans le cadre d'une pratique quotidienne pour réaffirmer nos vœux. Une base éthique est nécessaire pour notre pratique du tantra.
C'est là qu'intervient un problème avec le Dharma allégé, car si nous examinons les vœux, l'une des transgressions des vœux de bodhisattva consiste à renoncer au Dharma sacré en refusant l’idée que les enseignements scripturaux dérivent du Bouddha, ce qui inclut les enseignements sur la renaissance. Si nous disons, par exemple, que la renaissance est stupide et que nous n'en avons pas besoin dans le bouddhisme, ou que le Bouddha n'en a pas vraiment parlé, nous violons nos vœux de bodhisattva. C'est une chose que nous devons nous rappeler. C'est pourquoi j'ai dit qu'il était important de garder l'esprit ouvert et de dire que cela existe dans le bouddhisme et de ne pas nier que cela en fait partie. Nous pouvons admettre que nous ne la comprenons pas encore, mais que nous sommes prêts à l'étudier à l'avenir, lorsque notre compréhension aura évolué. C'est très bien ainsi et cela ne pose aucun problème. Dans ce cas, nous n'avons pas brisé nos vœux de bodhisattva.
Une autre transgression des vœux de bodhisattva consisterait à adopter une attitude antagoniste erronée. Ce terme est généralement traduit par « vues fausses », mais cela ressemble au fait d’être hérétique et ne correspond pas vraiment à ce dont nous parlons. Il ne s’agit pas seulement de nier l'un des enseignements bouddhiques fondamentaux, comme le refuge ou l’illumination, ou qu'il y ait une quelconque valeur à être constructif – et il nous faut intégrer à ces exemples le fait de dénier la renaissance –, il s’agit également de s’y opposer. Ce serait par exemple de penser à se disputer et d’avoir une opinion très arrêtée avec tout le monde, en disant aux gens qu'ils ont tort et qu'ils sont stupides à cause de leur croyance. Il y a toute une liste d'attitudes qui vont de pair avec ce comportement pour que cela entraîne une chute complète. Cela impliquerait d'être vraiment hostile, négatif, contradictoire et conflictuel à ce sujet. Par conséquent, cela signifie que nous devrions au moins être agnostiques sur toute cette question de la renaissance, même si nous prenons ces vœux sur la base du Dharma allégé.
La bodhichitta
Les vœux de bodhisattva et les vœux tantriques indiquent clairement que nous les perdons si nous abandonnons la bodhichitta, et ici, tous les facteurs qui l'accompagnent, comme l'absence de regrets, n'ont même pas besoin d'être au complet. Renoncer à la bodhichitta signifie que nous l'avons déjà développée dans une certaine mesure, n'est-ce pas ? Nous ne pouvons pas renoncer à quelque chose que nous n'avons pas développé.
Il est donc très clair que nous devons avoir au moins un certain niveau de bodhichitta. Beaucoup de gens confondent la compassion et la bodhichitta. Ce n'est pas la même chose. La compassion est la base de la bodhichitta. En tant que souhait que les autres soient libérés de la souffrance et de ses causes, la compassion est le support de la bodhichitta.
La bodhichitta est soutenue par l'amour et la compassion, ainsi que par la volonté exceptionnelle d'assumer la responsabilité universelle d'aider tous les êtres à atteindre l'illumination. Nous n’attendons pas que quelqu’un d’autre le fasse, mais nous prenons la responsabilité d'aider réellement tout le monde. Il ne s'agit pas seulement d'aider les personnes âgées à traverser la rue, mais d'aider tous les êtres à surmonter la souffrance la plus profonde, qui est la renaissance récurrente incontrôlable ou le samsara, et de les conduire ensuite à l'illumination. Il ne s'agit pas seulement de les aider à se libérer du malheur ou du bonheur ordinaire.
Pour générer un état d'esprit très clair, nous devons savoir quel est l’objet de notre attention et comment l'esprit l’appréhende. Que fait-il vis-à-vis de cet objet ? Nous ne pouvons pas méditer sur quoi que ce soit si nous ne savons pas quel est l'état d'esprit que nous essayons de générer et quel est son but. Quel est le but de la bodhichitta ? Il s'agit de notre propre illumination individuelle. Il n’est pas question de l'illumination du Bouddha Shakyamouni ou d'une illumination générale et vague, mais, pour chacun d'entre nous, de notre propre illumination individuelle, qui ne s'est pas encore produite, mais qui peut se produire sur la base de nos facteurs de nature-de-bouddha.
Le temps
Ce point devient intéressant lorsque nous parlons du temps. Pardonnez-moi d'aborder un sujet secondaire, mais je pense qu'il est pertinent ici. Dans le bouddhisme, nous ne parlons pas en termes de passé, de présent et de futur. Nous parlons de « non encore advenu », de « ce qui est en train d’advenir » et de « ce qui est révolu ». Si nous parlons en ces termes : du point de vue d'aujourd'hui, demain n'est pas encore advenu. Mais demain existe-t-il ? Oui, il existe. Nous pouvons validement le planifier. Et, du point de vue d'aujourd'hui, hier est révolu. Le jour d'hier existe-t-il alors ? Nous nous souvenons d'hier, donc oui, il existe, mais il n’est pas en train de se produire présentement.
Par conséquent, ne pensez pas à « mon illumination future ». Cela peut donner lieu à un mode de pensée étrange et hors de propos, comme si le futur existait quelque part là-bas et que si nous allions plus vite que la vitesse de la lumière, nous irions dans le futur. Néanmoins, nous parlons de quelque chose qui n'est pas encore arrivé mais qui peut arriver. Comment cela peut-il se produire ? Cela se produit sur la base des causes qui peuvent l'engendrer.
Par conséquent, cette illumination individuelle qui ne s'est pas encore produite est ce que nous visons à long terme dans notre continuum mental. Comment notre esprit perçoit-il cela ? Il le perçoit comme le fait que nous voulons atteindre cette illumination. Ce qui nous y pousse, c'est l'amour et la compassion. Lorsque nous parlons de motivation dans le bouddhisme, le mot implique quelque chose qui nous pousse à faire quelque chose. Nous devons avoir un objectif et nous devons avoir une base émotionnelle qui nous pousse vers cet objectif. Nous devons également avoir une raison de faire cela. Que ferons-nous une fois que nous aurons atteint cet objectif ? C'est là que se trouve notre motivation.
Par exemple : « Je vais avoir de meilleures vies futures parce que je redoute vraiment de renaître sous la forme d'un cafard et je veux l’éviter. Je suis persuadé qu'il existe un moyen d'obtenir de meilleures vies futures. Que vais-je faire d'une meilleure vie future ? Je vais travailler davantage à la libération et à l'illumination pour aider les autres. Je ferai un usage positif de ma vie future. C'est pour cela que je veux l'atteindre, pour pouvoir continuer sur la voie. »
C'est de cela que parle la motivation. Nous voulons atteindre l'état d'éveil d'un bouddha, notre propre éveil qui n'est pas encore advenu. Nous voulons y parvenir, et la force qui nous motive est l'amour, la compassion et la prise de responsabilité universelle. Tout cela repose sur l'équanimité, c'est-à-dire sur une attitude égale à l'égard de toutes et tous. Nous ne voulons pas seulement aider nos amis. Nous pouvons voir l'égalité de tous les êtres en reconnaissant que tout le monde veut être heureux et que personne ne veut être malheureux. Qu'allons-nous faire une fois que nous aurons atteint l'illumination ? Nous n'allons pas simplement traîner dans une terre pure, mais plutôt travailler au bénéfice du plus grand nombre possible d’êtres réceptifs à notre aide. Le soleil ne peut briller que sur celles et ceux qui s’y exposent. Par exemple, si quelqu'un entre dans une grotte, le soleil ne peut pas vraiment l'atteindre.
C'est de cette sorte de bodhichitta dont nous parlons. Pour l’abandonner, nous devons l'avoir générée au moins un peu intellectuellement et, au minimum, savoir ce qu'elle est et avoir une sorte de sentiment à son égard. Si nous disons que la bodhichitta est trop difficile ou ridicule, et que nous pensons que nous ne pourrons jamais y arriver, ou que nous ne pouvons pas vraiment aider cette horrible personne qui a fait des choses si abominables, et que par conséquent nous n'allons pas travailler à l'illumination pour le bénéfice de tous les êtres, alors nous l’avons vraiment abandonné.
Lorsqu’il est dit dans les enseignements à quel point il est horrible d'abandonner la bodhichitta, ou d'abandonner le refuge ou la direction sûre, ou encore le lien étroit avec un maître spirituel, cela peut être compris à de nombreux niveaux. Au niveau le plus élémentaire, le refuge, la bodhichitta et notre maître spirituel nous montrent tous la voie vers l'état d'illumination d'un bouddha. Si nous les abandonnons, il est dit que nous irons dans un enfer terrifiant. Qu'est-ce que cela signifie ? Nous pouvons comprendre cela au niveau littéral, mais nous pouvons aussi considérer, comme je l'expliquais à propos de la direction sûre ou du refuge, que nous avons renoncé à donner une direction positive et significative à notre vie.
Beaucoup d'entre nous ont l'impression que leur vie n'a pas de sens et qu'elle ne mène nulle part. C’est chaque jour la même chose et nous nous demandons quel est le but de notre vie. S'agit-il simplement de regarder plus de programmes télévisés, d'aller voir plus de films et de manger plus ? De nombreux enseignants aiment utiliser des exemples très imagés, comme le fait que nous utilisons ce corps humain comme une usine qui produit des déchets, de l'urine et des excréments, et que c'est notre travail dans la vie. Nous ingurgitons de la nourriture et nous fabriquons et produisons ces déchets. Est-ce là tout ce que nous faisons de notre précieuse vie humaine ? Espérons que l’on fasse un peu plus que cette usine de fabrication de déchets.
Si nous abandonnons cet objectif de bodhichitta, ce que nous visons et la direction que nous prenons, et que nous disons également qu'il n'y a vraiment personne, pas même un maître qualifié, qui représente la bodhichitta, alors nous nous retrouvons à nouveau dans une vie dépourvue de sens, et c'est l'enfer. La vie, de cette manière, ne va nulle part et n'a aucun sens. C'est vraiment horrible. C'est pourquoi nous ne voulons pas abandonner la bodhichitta. Cependant, nous devons l'avoir générée avant de pouvoir l'abandonner.
Le vœu tantrique de méditer continuellement sur le vide
Le vœu le plus difficile et dont nous devons être particulièrement conscients est le vœu tantrique que nous transgresserions en ne méditant pas continuellement sur le vide ou la vacuité. C'est ainsi que le vœu est exprimé. Nous abandonnons ce vœu si nous ne méditons pas de cette manière. Nous promettons de méditer ainsi chaque jour, et la coutume veut que nous le fassions trois fois le matin et trois fois le soir. Il s'agit simplement d'être conscient du vide ou de la vacuité. Cela signifie que nous devons en avoir une certaine compréhension. Si nous n'avons pas cette compréhension, nous entrons dans une sorte de trip (délire) schizophrénique bizarre qui nous fait croire que nous sommes réellement Tara ou Tchenrezig. Il peut en résulter un ego démesuré et des problèmes psychologiques très graves.
C'est pourquoi il est essentiel de comprendre le vide et de nous en rappeler continuellement pendant la journée et la soirée. Cela ne concerne pas seulement notre pratique tantrique, mais aussi notre vie ordinaire. C'est probablement le vœu tantrique le plus difficile à tenir, et il ne faut pas le prendre à la légère. Comme le dit Sa Sainteté le Dalaï-Lama, lorsque nous participons à ces initiations, nous pouvons y aller en tant que ce qu'il appelle un « observateur neutre ». Nous, Occidentaux, appelons cela « aller chercher les bénédictions », en empruntant un terme chrétien. Il est inspirant et encourageant de participer à une telle initiation, mais nous ne prononçons pas vraiment les vœux, en particulier s'il y a un engagement de pratique qui exige que nous fassions une longue pratique tous les jours pour le reste de notre vie. Nous ne sommes pas vraiment prêts à le faire non plus.
Il est tout à fait possible et merveilleux d’assister à une initiation pour faire grandir notre inspiration. Allez-y en tant qu'observateur neutre. Cependant, pour prendre réellement l'initiation, nous devons prendre les vœux et participer aux procédures de l'initiation en toute conscience et être sérieux dans le respect de nos engagements.
L'un des maîtres Drikung Kagyou a fait remarquer, à propos de la transmission de pouvoir ou de l'initiation, que le mot tibétain signifiait « arroser ». Il s'agit d'arroser les graines dans deux sens. D'une part, cela arrose et nourrit les graines de nos deux réseaux de force positive et de conscience profonde pour qu'elles se transforment et se développent. Nous devons avoir une certaine compréhension du vide ou de la vacuité, une certaine compréhension de la bodhichitta avec un état d'esprit de félicité, être vraiment heureux d'être là, et au moins avoir un certain degré de conscience de ces éléments pendant la transmission de pouvoir. Si c'est le cas, l’initiation permet d'activer les graines déjà présentes dans la nature-de-bouddha et d'opérer cette transformation. En outre, l'expérience de l’initiation permet de planter d'autres graines et de renforcer les réseaux de cette manière. C'est ce qui se passe lors d'une transmission de pouvoir ou d'une initiation.
Les maîtres spirituels
Il y a donc des vœux et une expérience consciente lors d'une initiation, et, bien sûr, nous établissons un lien étroit avec le maître spirituel qui confère l’initiation. Il nous faut avoir analysé cette personne avec attention au préalable. Même si nous ne recevons pas de conseils personnels individuels de la part de ce maître, ce n'est pas grave. Il y a toute une multitude de mentors spirituels qui peuvent être les nôtres.
Quel est le critère pour que quelqu'un soit notre véritable maître ? Si nous regardons les textes, il s'agit de quelqu'un dont nous recevons les vœux. Ensuite, nous établissons réellement un lien avec cette personne. Cependant, nous pouvons aussi avoir un instructeur ou quelqu'un qui nous donne beaucoup d’informations, ou encore un maître avec qui nous nous entraînons, en quelque sorte comme dans un gymnase, qui nous enseigne les rituels et tous les détails de ces pratiques. Il ne s'agit pas de considérer le maître comme un Bouddha avec tout ce que cela implique, c’est encore un autre niveau, mais, au moins, ce maître représente pour nous ce que nous essayons d'atteindre. En outre, nous nous engageons et nous nous connectons sérieusement avec lui ou elle.
Le mot damtsig, samaya, est difficile à traduire. Il s'agit d'un lien, de quelque chose qui nous relie. Il peut nous relier à la pratique ou à un vœu. Il est souvent utilisé en relation avec le maître. En ayant un damtsig, ce que j'appelle un « lien étroit » avec un enseignant, nous avons un lien profond qui est fondé sur un respect incroyable des deux partis, qui repose sur le respect de la nature-de-bouddha et du potentiel de chacun. Comment pourrions-nous nous comporter comme des idiots devant cette personne ? Comment pourrions-nous rester assis et nous curer le nez ou faire toutes sortes de choses ridicules comme perdre notre sang-froid en sa présence ?
Je vais vous donner un exemple. L'un de mes maîtres était Yongdzin Ling Rimpotché. Il était à la tête de l’école Guéloug et le tuteur principal de Sa Sainteté le Dalaï-Lama. C'était quelqu’un d’impressionnant et la plupart des gens étaient terrifiés par lui. Il était l'incarnation de Ra Lotsawa, le maître qui introduisit au Tibet l’énergie très puissante de Yamantaka, Vajrabhairava. Il était extraordinaire, absolument extraordinaire. Lorsqu'il donnait une initiation, Ling Rimpotché pointait du doigt tous les éléments du mandala qui se construisait autour de lui pendant qu'il le décrivait. C'était ce type d'enseignant.
Un jour, je suis allé le voir et je m'assis dans sa chambre. Les Tibétains ont des sortes de canapés bas sur lesquels les gens s'assoient. Il était d'un côté et j'étais de l'autre, et tout à coup, un scorpion est apparu sur le sol, juste devant nous. Ling Rimpotché s’est exclamé d'une manière très dramatique : « Oh, un scorpion, oh, mon Dieu ! » Il m'a regardé et m'a demandé : « Tu n’as pas peur ? » Je lui ai répondu : « Comment pourrais-je avoir peur devant vous ? Vous êtes Yamantaka, Vajrabhairava. Vraiment, comment pourrais-je avoir peur devant vous ? » Il a ri, puis son assistant est intervenu et a mis un verre au-dessus et un morceau de papier en-dessous de l’animal et l'a retiré comme si tout cela avait été mis en scène. C'était très drôle.
Un autre incident s'est produit avec le jeune Ling Rimpotché, sa réincarnation. Je suis un grand amateur d’un certain biscuit. Il s'agit des biscuits Digestive de la marque britannique McVities. Un jour, je suis allé rendre visite à Ling Rimpotché alors qu’il était un jeune enfant, dans le sud de l'Inde, et son assistant est arrivé avec du thé et un paquet de mes biscuits préférés. Ling Rimpotché m'a regardé et a ri avec un regard du type « je sais qui tu es ». C'est Ling Rimpotché et c'est le damtsig, ce lien étroit grâce auquel nous avons tellement de respect pour la personne que nous ne pourrions pas paniquer un seul instant même si un scorpion se pointait devant nous.
C'est ce genre de choses que nous essayons d'établir au minimum et que nous avons l'intention d'établir avec le maître spirituel qui nous confère l’initiation et nous donne les vœux. C'est très important pour le respect des vœux. Avec tout le respect que nous avons pour l'enseignant, nous n'allons pas rompre les vœux. Si nous pensons qu'il y a certaines choses, par exemple les vœux de pratimoksha, que nous ne pouvons pas respecter, nous n'allons pas simplement abandonner et dire : « Au diable ce truc ! » Nous ne voulons pas les rendre, même avec les vœux de bodhichitta. Nous les avons pris pour toujours et nous devons être très sérieux à ce sujet.
C'est pourquoi nous vérifions vraiment les qualités du maître pour voir si nous pouvons avoir ce lien avec lui. S'agit-il d'une personne qui va vraiment nous inspirer ou qui est là simplement par hasard et que tout le monde révère parce qu'il s'agit d'un lama de renom ? Si c'est le cas, mieux vaut être un observateur neutre que de s'engager dans une relation profonde avec le maître. Même si nous ne passons pas beaucoup de temps avec lui, il doit être une personne inspirante pour nous. C'est là tout l'enjeu de la transmission de pouvoir.
Que nous pratiquions le tantra en tant que pratiquant du Dharma allégé pour améliorer cette vie, ou que nous espérions vraiment être celui ou celle, parmi des milliers de milliards, qui atteindra l'illumination dans cette vie, le chanceux ou la chanceuse qui y parviendra dans cette vie même, ou encore que nous pensions que nous sommes là pour le long terme, en sachant que cela prendra beaucoup de temps et ne sera pas facile étant donné que notre esprit est complètement perturbé, quel que soit le niveau auquel nous allons entrer dans l'aventure du tantra, les préliminaires, l'initiation, les vœux et la relation avec un maître sont essentiels.