Les Quatre Nobles Vérités en tant qu’antidotes aux vues erronées

Être notre propre protecteur

L'un des principaux points abordés par Sa Sainteté dans son enseignement de ce matin est que, dans la pratique du Dharma enseigné par le Bouddha pour transformer notre esprit et atteindre le bonheur, nous devons agir comme nos propres gardiens, nos propres protecteurs. C'est ce qu'elle a dit, n'est-ce pas ? Si nous ne nous protégeons pas nous-mêmes et que nous cherchons quelqu'un d'autre pour nous protéger, alors même le Bouddha ne peut rien pour nous. Par conséquent, nous devons absolument devenir nos propres protecteurs. Sa Sainteté a déjà parlé de ce sujet en profondeur, il n'y a donc rien à ajouter.

Le Bouddha nous a offert les Quatre Nobles Vérités

Nous commémorons aujourd'hui la naissance du Bouddha, jour qui marque trois de ses plus importants actes éveillés. Ces trois grands actes tombent tous ce jour-là. La naissance du Bouddha est particulièrement précieuse car, après avoir honoré ce monde de sa présence, le Bouddha a accompli un autre de ses actes éveillés, il a tourné la roue du Dharma. C'est pourquoi la naissance du Bouddha est un acte si précieux.

Normalement, lorsque nous célébrons un anniversaire, du Bouddha ou de quelqu’un d’autre, nous offrons un gâteau ou un cadeau et présentons nos félicitations. Mais si nous y réfléchissons bien, le Bouddha nous a fait un cadeau inestimable. Il n'y a rien que nous puissions offrir pour l’égaler. Le cadeau rare et précieux que le Bouddha nous a offert est constitué des Quatre Nobles Vérités. Tous les enseignements de portée intermédiaire et avancée s'inscrivent dans le cadre de ces Quatre Nobles Vérités. Les pratiques du tantra s'inscrivent également dans ce cadre.

Le Bouddha nous a donc fait ce précieux cadeau. Pour ce qui est de rendre la bonté du Bouddha, Sa Sainteté a dit ce matin que nous devons contempler les enseignements que le Bouddha a délivrés. Ainsi, aujourd'hui, afin de rendre la bonté du Bouddha et de Sa Sainteté, nous allons contempler les Quatre Nobles Vérités. C'est un jour idéal pour le faire.

Compréhension générale des Quatre Nobles Vérités

La plupart d'entre nous sont capables d'énumérer les Quatre Nobles Vérités et les ont quelque peu contemplées. Quel est le point le plus important ? Pour moi, lorsque je pense à ces Quatre Nobles Vérités, en particulier à la première Noble Vérité de la souffrance, je pense qu'elle se réfère simplement à la souffrance comme à quelque chose que nous ne souhaitons pas. C'est quelque chose dont nous voulons nous débarrasser, que nous voulons éradiquer. En dehors de cela, nous n'avons pas l'habitude de penser à la vérité de la souffrance comme étant l'antidote à une pensée inverse et erronée.

Une explication peu commune des Quatre Nobles Vérités

L'un de mes maîtres m'a un jour transmis une présentation des Quatre Nobles Vérités qui n'est pas celle que l'on décrit habituellement. Il m’a expliqué pourquoi ces Nobles Vérités sont au nombre de quatre et ce que cela signifie. Pour ne pas trop compliquer les choses, nous pouvons généralement considérer que les deux premières vérités, la vérité de la souffrance et l'origine de la souffrance, décrivent la manière dont nous nous engageons dans les affaires de ce monde sans intérêt. Pour aller au-delà des affaires de ce monde et s'engager dans des affaires qui ont un sens supérieur, nous parlons de la véritable cessation et de la véritable voie. C'est l'explication la plus courante pour expliquer que les Nobles Vérités sont au nombre de quatre.

Mais, comme l'a expliqué mon maître, le Tengyour contient une explication moins courante. Il explique les Quatre Nobles Vérités en fonction de quatre vues inverses à la réalité, et que chaque vérité s'oppose à une vue inverse correspondante. Selon cette explication, c’est la raison pour laquelle les Nobles Vérités sont au nombre de quatre.

Les vues inverses auxquelles s'opposent les Quatre Nobles Vérités sont les points de vue erronés :

  • D’une vision trompeuse à propos d'un réseau transitoire
  • Du nihilisme
  • De l’éternalisme
  • De l’idée qu’il n'y a rien à faire.

Lorsque j'ai entendu cela, je me suis senti quelque peu satisfait, car pendant longtemps, lorsque nous parlions de la souffrance et de la cause de la souffrance, je me demandais pourquoi nous devions toujours ajouter « la vérité de » la souffrance et de la cause de la souffrance. Lorsque j'ai entendu l'explication de mon maître, j'ai eu l'impression que mon doute avait été dissipé et je me suis senti assez satisfait, mais c’est un point de vue personnel. Cela peut être erroné, il vous faut aussi le vérifier.

Comment la première Noble Vérité agit comme un antidote

Examinons cette première Noble Vérité du point de vue de cette explication peu commune, et comment chaque vérité agit comme un antidote. Comment agit-elle en tant qu'antidote pour contrer la vision trompeuse à propos d'un réseau transitoire ? Normalement, nous parlons de contrer cette vue erronée en méditant sur l’absence de soi des personnes, ou, au minimum, sur l'impermanence. Nous ne pensons généralement pas à la méditation sur la vérité de la souffrance pour contrecarrer cette vue erronée. Comment comprendre cela ?

Lorsque nous acceptons que les agrégats ne sont pas statiques et que nous nous demandons ensuite si les agrégats sont la personne, nous constatons que non, qu’ils ne sont pas la personne. Après tout, nous trouvons l'explication que les cinq agrégats sont la vérité de la souffrance, mais nous ne trouvons pas l'explication que la personne est la vérité de la souffrance. Supposons toutefois que nous pensions qu'il existe une personne étrangère aux cinq agrégats. La vue inverse à cette vue erronée est que la personne est également la vérité de la souffrance.

Pourquoi ? Parce que ce que nous appelons « une personne » est quelque chose qui a été créé sur la base des agrégats. À l'exception de ce que l'on appelle « les cinq agrégats » comme base de la personne, existe-t-il quelque chose qui possède les caractéristiques définissant une personne et qui soit autre que les cinq agrégats ? Non. Ainsi, une fois que nous avons affirmé que les cinq agrégats sont caractérisés par la souffrance, il est certain que la personne est également caractérisée par la souffrance.

Maintenant, lorsque nous parlons d'une vue trompeuse d'un réseau transitoire, il s'agit de la pensée qu'il existe un « moi » qui ne dépend pas des cinq agrégats. Ainsi, lorsque nous reconnaissons que la personne, le soi, est caractérisé par la souffrance, il s'agit d'une façon particulière de contrer et d’affaiblir cette vue inverse.

Comment cela l’entrave-t-elle ? Les agrégats ne sont pas statiques et sont caractérisés par la souffrance. Le fait qu'ils soient caractérisés par la souffrance est inclus dans les quatre aspects de la vérité de la souffrance : les agrégats ont les caractéristiques d'être non statiques, souffrance, dépourvus (vides) d'un soi statique monolithique et qui peut exister de manière indépendante, et dépourvus d'un soi qui peut être connu de manière indépendante. Ainsi, lorsque nous avons pensé avec attention aux cinq agrégats comme étant la vérité de la souffrance, et que nous avons également compris qu'il n'y a rien qui soit appelé « une personne » qui soit étranger aux cinq agrégats, alors nous comprendrons également qu'une personne est aussi la vérité de la souffrance. Cette compréhension permet de contrer la croyance selon laquelle il existe un « moi » extérieur aux cinq agrégats.

Cette façon de penser n'est donc pas notre façon habituelle de considérer que seuls les agrégats sont caractérisés par la souffrance. Comme je l'ai dit, lorsque nous avons compris plus profondément que les agrégats sont caractérisés par la souffrance, nous comprenons immédiatement que la personne est également caractérisée par la souffrance. Lorsque nous avons compris que la personne est caractérisée par la souffrance, que comprenons-nous ? Nous comprenons qu'une personne, caractérisée par les quatre aspects de la vérité de la souffrance, ne peut être statique, monolithique et exister de manière indépendante. En ayant cette compréhension, nous pouvons nous demander ce à quoi la vérité de la souffrance s’oppose et ce qu’elle affaiblit ? Elle agit comme un antidote qui contrecarre la vision trompeuse à propos d'un réseau transitoire.

L'essentiel est donc de voir la différence entre la méditation sur la souffrance et la méditation sur la vérité de la souffrance, qui comporte quatre aspects.

Comment la deuxième Noble Vérité agit comme un antidote

Passons à la deuxième Noble Vérité. Comment la deuxième Noble Vérité, l'origine de la souffrance, agit-elle comme un antidote au nihilisme ? Prenons l'exemple de nos pensées habituelles. Nous pensons que les agrégats sont non statiques et temporaires, mais que la personne est statique et éternelle, que les agrégats cesseront d'exister, mais que la personne continuera. Mais si nous devions dire que la personne est les agrégats, alors lorsque les agrégats cesserait d'exister, la personne cesserait également d'exister. En réponse à cela, nous disons qu'il n'y a pas de rupture dans la continuité de la personne. En ce qui concerne les agrégats, à l'exception des agrégats de cette vie qui se régénèrent, il y aura d'autres agrégats dans les vies futures. Quelles en sont les causes ? Ce sont les impulsions karmiques et les émotions perturbatrices, ces deux-là. Les impulsions karmiques et les émotions perturbatrices sont à l'origine de la souffrance, n'est-ce pas ?

Lorsque la force des impulsions karmiques et des émotions perturbatrices est présente, qu'est-ce qui est omniprésent et qui en découle ? Il est omniprésent qu'il y aura la continuité d'un continuum mental, en adéquation avec les impulsions karmiques et les émotions perturbatrices. En y réfléchissant bien, nous comprenons que la vérité sur l'origine de la souffrance, comme l’a dit le Bouddha, est l'antidote qui s'oppose à la vue nihiliste selon laquelle la personne cesse d'exister lorsqu’elle meurt.

Comment la troisième Noble Vérité agit comme un antidote 

Après la deuxième vérité, nous arrivons à la vérité de la cessation, la cessation de la souffrance. Quel est le point important à ce sujet ? Les agrégats continuent de se produire sur un continuum. Pourquoi continuent-ils de se produire ? Ils se produisent sous l'effet des impulsions karmiques et des émotions perturbatrices. Si les agrégats continuent d’apparaître sous l'effet des impulsions karmiques et des émotions perturbatrices, que cette continuité se poursuit et qu'il n'y a aucun moyen de la faire cesser, alors il n'y a pas de cessation possible de ces agrégats. Ils seraient donc permanents dans le sens où ils n’auraient pas de fin et seraient éternels.

Il existe un type de permanence dont nous parlons habituellement et qui est fondé sur la notion de continuum sans commencement et sans fin. Cette idée de permanence, ou d'éternité, fondée sur un tel continuum soulève ici un grand doute. S'il y a quelque chose qui continue et ne peut être arrêté, alors l'idée peut naître que les agrégats sont permanents et éternels. Pour contrer cette idée, nous devons comprendre qu'ils ne continuent pas indéfiniment.

Pour cela, nous trouvons dans nos manuels de logique un syllogisme très important, que voici : « En ce qui concerne le sujet, les agrégats d’obtention, c’est-à-dire les agrégats qui contiennent les causes d'obtention d'autres agrégats, il est faux d’affirmer qu’il n'existe pas de force contraire capable de faire cesser leur continuité dans la même classe. Il en est ainsi car il existe une force d'opposition puissante et destructrice qui peut s'opposer à leur continuité dans la même classe. »

En résumé, lorsque nous réfléchissons à ce raisonnement, nous pensons qu'entre les impulsions karmiques et les émotions perturbatrices, les impulsions karmiques surviennent à cause des émotions perturbatrices. Quant aux émotions perturbatrices elles-mêmes, leur racine est la saisie d'un soi impossible. L'esprit qui est l'antidote qui s’oppose directement à la saisie d'un soi impossible est la conscience discriminante qui appréhende l’absence d’un soi. Cette conscience discriminante qui appréhende l’absence d’un soi bloque directement la manière dont la saisie d'un soi impossible prend son objet, et, par conséquent, l’endommage. Non seulement elle endommage cette saisie, mais elle est aussi un puissant antidote qui l'anéantit. Elle est puissante parce qu'elle fait en sorte que la saisie ne puisse plus jamais se manifester. En y réfléchissant, nous parvenons à la vérité de la cessation, et c'est l'antidote qui contrecarre la vue de l’éternalisme.

Comment la quatrième Noble Vérité agit comme un antidote

La vérité de la voie est l'antidote qui contrecarre le point de vue inverse selon lequel il n'y a rien à faire. Contrer ce point est la meilleure chose à faire lorsque nous étudions. Mon maître disait que cela était vraiment très bénéfique pour notre esprit. En quoi cela est-il bénéfique ? Lorsque nous pensons à une façon de pratiquer le Dharma, notre esprit cherche immédiatement une méthode qui annihilera immédiatement nos émotions perturbatrices et nous mènera immédiatement à l'illumination. Il ne nous vient jamais à l'esprit que les émotions perturbatrices, les trois poisons, nous accompagnent depuis des vies antérieures sans commencement, et qu'il est donc difficile de trouver un moyen facile de s'en débarrasser de manière immédiate. Nous ne pensons à rien d'autre qu'à des moyens faciles.

Ainsi, jusqu’à présent, lorsque nous sommes sous l'influence de ces émotions perturbatrices, nous ne pensons qu'à appliquer une méthode facile pour les faire reculer. Lorsqu’une telle situation se présente et que nous ne pensons qu’à appliquer une méthode facile face aux émotions perturbatrices, ne pensons-nous pas en même temps à atteindre très rapidement l'illumination de cette manière ? Mais peut-on atteindre la libération sans travailler dur ? Lorsque nous faisons une retraite de mantra sur une déité tantrique, sans rien faire de difficile, nous imaginons simplement de nombreuses figures au-dessus de notre tête émanant de la lumière qui entre en nous. Ne pensons-nous pas à ce moment-là qu'il s'agit d'une méthode de purification de nos émotions perturbatrices ? La vue inverse qui pense ainsi est la vision selon laquelle il n'y a rien à faire. Pour s'y opposer, le Bouddha a déclaré la vérité de la voie.

En réponse aux gens qui pensent que face aux émotions perturbatrices, les trois poisons, il suffit d'appliquer des méthodes simples, le Bouddha a dit : « Ma réalisation du vide [vacuité] ne peut pas vous aider. » Comme le dit un soutra : « Les bouddhas ne peuvent pas laver les potentiels négatifs des autres, ni supprimer leurs souffrances comme on arracherait une épine d'un pied. Ils ne peuvent transférer leurs réalisations à personne. Ils ne peuvent qu'indiquer la voie en enseignant la réalité. » Cela s'applique exactement à ce point.

D’autres façons dont les Quatre Nobles Vérités agissent comme des antidotes

Montrer comment les Quatre Nobles Vérités fonctionnent comme des antidotes aux vues inversées est une façon de les présenter. Une autre façon d'expliquer la raison pour laquelle les Nobles Vérités sont au nombre de quatre est de les opposer :

  • L'inverse du résultat
  • L'inverse de la cause
  • L'inverse de la libération
  • Et en ce qui concerne l'obtention de la libération, l'inverse de la méthode ou de la voie.

Le Bouddha a enseigné les Quatre Nobles Vérités dans le but de contrer ces quatre points.

La première Noble Vérité

L'inverse du résultat est dû au fait que nous sommes sous le contrôle d'impulsions karmiques et d'émotions perturbatrices, et donc que nous avons des agrégats d’obtention contaminés. Quelle est la nature essentielle des agrégats ? Leur nature essentielle est qu'ils sont impurs, non statiques, souffrances et dépourvus d’un soi. Prendre ce qui est impur pour pur, ce qui est non statique pour statique, ce qui est souffrance pour bonheur, et ce qui est dépourvu de soi comme ayant un soi, c'est s'accrocher à un résultat inversé.

Quel est le résultat des impulsions karmiques et des émotions perturbatrices ? Ce sont les agrégats d’obtention contaminés. Parce que leur nature essentielle est établie ici de manière inversée comme étant propre et ainsi de suite, le Bouddha a enseigné la vérité de la souffrance comme ce qui peut identifier et contrer cela. Telle est la présentation habituelle de cette première Noble Vérité.

La deuxième Noble Vérité

Au lieu de dire que les causes des agrégats d’obtention contaminés sont les impulsions karmiques et les émotions perturbatrices, on dit qu'elles viennent d'Indra ou de Brahma ou de la matière primordiale. Cela revient à affirmer qu'un résultat peut provenir d'une cause sans aucun rapport avec ce résultat, ce que nous ne devrions pas penser. Ainsi, pour contrer la saisie de l’inverse de la cause, le Bouddha a enseigné la vérité de l'origine de la souffrance.

La troisième Noble Vérité

Nous en arrivons maintenant à l'inverse de la libération. Qu'est-ce que l'inverse de la libération ? En laissant de côté à la fois les impulsions karmiques et les émotions perturbatrices, on pense qu'il est suffisant de se couper uniquement des impulsions karmiques. On ne pense même pas à éliminer les émotions perturbatrices, on se contente de restreindre les impulsions karmiques.

S'appuyant sur certains enseignements essentiels, des maîtres érudits non bouddhistes adhérant à divers systèmes philosophiques indiens, en particulier le Samkhya, enseignent des méthodes pour atteindre la libération. Cependant, ils enseignent des méthodes qui aboutissent à l'inverse de la libération. Pourquoi ces méthodes aboutissent-elles à l'inverse de la libération ? Parce qu'elles n'éliminent pas les émotions perturbatrices qui sont la cause de la souffrance. Si elles n'éliminent pas les émotions perturbatrices, c’est, comme le dit l’expression, « couper les branches d'un arbre empoisonné n'extermine pas l’arbre ».

Ainsi, si nous voulons exterminer la souffrance, nous devons d'abord chercher à savoir quelle est sa racine. La racine de la souffrance est la saisie d'un soi impossible. Tant que nous ne nous serons pas débarrassés de cette saisie d’un soi impossible, cette saisie agira comme une cause à la production d'émotions perturbatrices.

En bref, quels que soient les efforts que nous consacrons à une méthode ou à une voie, s'ils ne fonctionnent pas comme un antidote pour contrer la saisie d'un soi impossible, ils sont l'inverse d'une méthode ou d’une voie, et conduisent à l'inverse de la libération. C'est là le point important de l'enseignement du Bouddha sur la vérité de la cessation.

La quatrième Noble Vérité

L'inverse de la voie ou de la méthode vient ensuite. L'antidote contre l'inverse de la voie est la vérité de la voie. L'inverse de la voie ou de la méthode est une méthode erronée. Elle est erronée pour atteindre la libération. Quelle est l'erreur d'une telle méthode pour atteindre la libération ? Si elle ne fonctionne pas comme un antidote pour contrer la saisie d'un soi impossible, si elle ne prend pas la saisie d'un soi impossible pour cible et ne l'annihile pas, alors peu importe les efforts que nous consacrons à cette méthode, c'est une méthode erronée. C'est ce qu'a dit le Bouddha. Même si nous mettons beaucoup d'efforts à faire cent mille prosternations et cent mille récitations de mantras, et même si nous méditons pendant des années et des années, si cela n'endommage pas, ne serait-ce qu'un peu, notre saisie d'un soi impossible, toutes ces méthodes sont l'inverse de la voie.

Pour commencer la pratique du Dharma, il y a les divers enseignements de portée initiale. Mais les enseignements essentiels de la quintessence du bouddhisme commencent en fait avec les enseignements de portée intermédiaire, au-delà de la portée initiale. Où commencent le cœur des enseignements de portée intermédiaire ? Ils commencent par les méthodes indiquées pour éliminer les émotions perturbatrices. Ce que l'on appelle « la vue bouddhique peu commune » y est exposée. Cela étant, à moins que la méthode ou la voie que nous suivons ne fonctionne comme un antidote pour contrer la saisie d'un soi impossible, toute méthode inférieure à celle que nous employons pour atteindre la libération est l'inverse de la voie. La vérité de la voie a été indiquée afin que nous comprenions ce qu'est l'inverse de la voie. C'est ainsi que les Quatre Nobles Vérités sont les antidotes contre ces quatre vues inversées.

La séquence et les aspects de causalité des Quatre Nobles Vérités appliqués à notre pratique

Une fois que nous nous sommes grandement familiarisés avec ces deux façons d’expliquer pourquoi les Nobles Vérités sont au nombre de quatre, la question n'est plus de savoir si nous avons ou non ces deux séries de vues inversées, mais de réfléchir encore et encore à la façon dont nous les avons réellement. Lorsque nous pensons que nous avons l'une de ces vues inversées, nous devons nous rappeler la vérité spécifique que le Bouddha a indiquée comme étant l'antidote à cette vue. Ce n'est qu'à cette condition que cet enseignement sera bénéfique. Ce n'est qu'à cette condition que le Dharma sera bénéfique pour notre esprit. Autrement, malgré notre engagement conséquent dans l’étude et la pratique, lorsque l’on entend parler de ces choses appelées « souffrance » et « libération », on pense qu’elles se trouvent quelque part là-bas, uniquement dans les textes. Il nous est en fait difficile de penser que cela parle de la façon dont nos propres émotions perturbatrices apparaissent et de la façon de les faire cesser. À vrai dire, il est dit que nous n’y pensons jamais. Je vous demande donc à toutes et à tous de vous familiariser avec cela.

Après tout, le Bouddha a fixé le nombre de vérités à quatre de cette manière, en fonction de l'ordre dans lequel nous les pratiquons. Il existe une analogie pour l’expliquer. Nous devons nous considérer comme des patients malades. Nous devons également considérer le Bouddha, qui enseigne les Quatre Nobles Vérités, comme le médecin, le Dharma comme le traitement curatif et le Sangha comme le personnel soignant. Lorsque nous les distinguons de cette manière, nous devons en outre réfléchir à nos propres souffrances individuelles. Nous devons réfléchir à la cause de nos souffrances. Nous devons nous demander s'il existe ou non une cessation de ces souffrances. Nous devons réfléchir à la méthode qui pourrait mettre fin à nos souffrances.

D’un point de vue général, le Bouddha a donc établi l'ordre des Quatre Nobles Vérités par rapport à la causalité. Il a donc donné ces deux explications sur la façon dont sont ordonnées les Nobles Vérités en fonction de l'ordre de notre pratique. Il les a ordonnées de cette manière pour le bien de notre pratique. Gardez cela à l’esprit.

Le temps dont nous disposions ensemble est maintenant écoulé et nous avons presque terminé. Il y aurait encore quelques points à aborder, mais le respect du temps est très important, car, d’après ce que disent les scientifiques sur le fonctionnement de notre cerveau, tout ce qui dépasse une heure est perdu [rires]. C'est donc une excellente excuse pour s'arrêter ici.

Je vous remercie donc de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer. Je ne sais pas si la façon dont j'ai décrit les Quatre Nobles Vérités aujourd'hui vous a été bénéfique, mais de mon côté - il y a là un peu d'auto-chérissement - grâce à votre gentillesse, j'ai eu l'occasion de réécouter mon maître expliquer ce sujet et je me sens très chanceux. Il y a donc un certain bienfait.

Quelques points forts de l'enseignement de Sa Sainteté

La chose la plus importante est ce que Sa Sainteté a dit aujourd'hui sur la façon dont elle a étudié, pratiqué et s'est sentie si confiante dans sa pratique. Elle a essayé de l'expliquer d'une manière très humble et très simple pour que nous puissions nous identifier et nous relier à cela. Je vous invite à prendre au sérieux les paroles de Sa Sainteté, à constater l'ampleur du travail et des efforts qu'elle a déployée, et à réaliser que nous pouvons en faire autant. En voyant les signes positifs qui découlent de sa pratique, nous pouvons être certains que nous sommes capables d'en faire autant. Nous devons avoir une grande confiance en cela.

Lorsque nous pensons au vide, notre esprit devient un peu nerveux. Du moins, c’est mon expérience. Je ne sais pas ce qu'il en est pour les autres, mais en ce qui me concerne, mon esprit devient instable. De même, lorsque nous souhaitons que tous les êtres soient heureux lorsque l’on médite sur la bodhichitta, nous ne ressentons aucune joie. Pourtant, Sa Sainteté a déclaré que lorsqu'elle réfléchit à la façon dont la base à partir de laquelle l'attraction, la répulsion et la confusion apparaissent n'a rien sur quoi reposer, elle développe alors un véritable sentiment de joie dans son esprit. C'est ce qu'a dit Sa Sainteté, n'est-ce pas ?

Et même si de notre côté, nous ne pensons pas au bien de tous les êtres du point de vue du Dharma, lorsque Sa Sainteté pense, du point de vue du Dharma, à travailler pour le bénéfice de tous les êtres, et que certains sont laissés de côté, elle développe le courage de ne laisser personne de côté. C'est ce qu'elle dit et répète si souvent.

Ce sont les grandes lignes de ce que Sa Sainteté a dit. Sa Sainteté ne dit pas directement qu'elle a déjà développé une bodhichitta complète, n'est-ce pas ? Elle dit qu'elle est sur le point de la développer. Elle ne dit pas non plus qu'elle a réalisé le vide. Elle dit qu'elle est sur le point de le réaliser, n'est-ce pas ? Quel est le but de ses propos ? Si Sa Sainteté déclarait qu'elle avait déjà ces réalisations, cela ne nous aiderait pas du tout, soyons honnêtes. Elle préfère dire qu’elle a maintenant atteint un point lui permettant d’avoir un ressenti du vide, et c’est quelque chose que nous devons également obtenir. Ce sont les conseils de Sa Sainteté avec lesquels vous devez vous familiariser encore et encore. Je vous remercie.

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