Introduction
Le mot tibétain « ngondro » (sngon-'gro) est généralement traduit par « pratiques préliminaires », mais Tsenshap Serkong Rimpotché, l'un de mes maîtres principaux, a toujours insisté sur le fait que ce n'était pas tout à fait le sens essentiel du mot. Bien qu'il signifie littéralement « aller avant », c'est-à-dire quelque chose qui précède une autre chose et qui mène à ce qui vient ensuite, la connotation première du mot est « préparation ». Si vous envisagez de traverser le Tibet en caravane, vous devez vous préparer avant de partir. Vous devez rassembler tous vos bagages et les charger sur les bêtes de somme. Il est impossible de faire le voyage sans une bonne préparation. De même, pour continuer à avancer chaque jour après s'être arrêté pour se reposer la nuit, il faut recharger les animaux. Chaque jour nécessite une préparation avant d'aller plus loin sur la piste.
C'est l'idée principale de ces pratiques ngondros. Elles sont absolument nécessaires pour entreprendre et soutenir notre cheminement spirituel. Si nous les concevons comme des préliminaires, nous pourrions penser qu’il n’est pas nécessaire de les faire, et se dire : « Je n'ai pas besoin de pratiques préliminaires, je veux juste aller à l’essentiel. » Mais si nous comprenons que ces pratiques nous préparent au voyage et qu'ils nous donnent l'énergie nécessaire pour le mener à bien, nous serons plus enthousiastes pour les faire et les apprécierons.
Façons de pratiquer les ngondros
Comment pratique-t-on ces ngondros ? Dans certaines traditions, en particulier celles où vous faites un ngondro au début de votre pratique du Dharma, vous faites tous ces préliminaires à la suite les uns des autres. C'est la même chose si vous allez faire une retraite de trois ans. Dans certaines traditions, la première partie de la retraite de trois ans consiste à faire le ngondro une fois de plus.
Certaines personnes peuvent faire ces pratiques toute la journée. Par exemple, à Bodh Gaya ou à Boudanath, vous verrez des Tibétains faire 100 000 prosternations au rythme de 3 000 par jour. Pour la plupart d'entre nous, ce serait presque impossible. Mais vous pouvez aussi vous contenter d'une quantité plus modeste chaque jour, soit en quatre sessions par jour, soit une session le matin et une le soir, soit une seule fois par jour. Quelle que soit la manière dont vous le faites, il est très important de ne faire que trois récitations pour la première session du premier jour, et pas plus. Ce nombre devient alors la quantité minimale que vous devrez faire chaque jour. Ainsi, si vous êtes malade ou si vous voyagez, vous vous arrangez pour le faire. C'est la même instruction pour la retraite d'une déité : ne faites que trois récitations de mantra la première fois. Serkong Rimpotché a beaucoup insisté sur ce point, parce que les gens tombent malades et que c'est difficile. Il ne faut pas rompre la continuité. Si vous rompez la continuité, vous devez tout recommencer. Et si vous le faites correctement, vous devez pratiquer au même endroit, sur le même siège, tous les jours.
Il y a parfois des exceptions. Voici ce qu’une fois j’ai vécu : je faisais une retraite à Dharamsala et on m'a demandé d'aller à Manali pour traduire une initiation et des enseignements que Sa Sainteté le Dalaï-Lama donnait. J'hésitais à interrompre ma retraite et à m'y rendre, mais Serkong Rimpotché m'a réprimandé en disant : « Bien sûr que tu y vas. Ne te pose pas de questions et ne doute pas un seul instant. Fais le minimum chaque jour, puis reviens et termine ta retraite. » C'est le genre d'exception qui est acceptable. Et 100 000, ce n'est pas tant que ça, si on y réfléchit bien. Comme Vajrasattva, j'ai fait 300 répétitions du mantra par jour pendant un an, ce qui fait 100 000. Ce n'est pas si horrible et difficile de faire 300 fois quelque chose en une journée.