L’amour
L’amour est l’attitude par laquelle vous souhaitez que tout le monde soit heureux. C’est cela que l’on appelle l’amour. Tous, nous souhaitons être heureux, mais la majorité des gens ignorent la manière de le devenir et se mettent dans des situations difficiles, des situations récurrentes incontrôlables, lesquelles impliquent un grand nombre de problèmes, en conséquence ils n’obtiennent pas le bonheur qu’ils souhaitent. C’est pourquoi il est très important de développer un fort sentiment et une attitude souhaitant que les autres soient heureux. La façon de vous entraîner, c’est de penser d’abord à souhaiter vous-même être heureux, puis à ce que votre mère le soit, puis votre père ; et de s’entraîner de plus en plus en pensant aux amis, aux ennemis ; enfin, de souhaiter que tout le monde soit heureux. Telle est la manière au moyen de laquelle vous méditez sur l’amour.
La résolution exceptionnelle
Ensuite, en plus de cela, vous devez développer un sens de responsabilité universelle grâce auquel vous prenez la responsabilité et ressentez : « Je vais vraiment faire quelque chose pour apporter le bonheur à tous. Je vais vraiment essayer de résoudre les problèmes de tout le monde et les sortir de toutes les situations difficiles dans lesquelles ils se trouvent. » Vous avez besoin de cet état d’esprit exceptionnellement puissant, que l’on connaît sous le nom de résolution exceptionnelle : à savoir le fait de prendre la résolution de faire cela vous-même, par vous-même.
La bodhichitta
Même si vous développez cette résolution exceptionnelle grâce à laquelle vous ressentez : « Je vais apporter le bonheur à tout le monde. Je vais aider à éliminer les problèmes de tout un chacun », néanmoins, quand on s’examine, nous n’avons pas vraiment la capacité de le faire. Nous ne pouvons pas vraiment apporter le bonheur à tous. Nous ne pouvons pas vraiment résoudre les problèmes de chacun. Si nous nous demandons qui a la possibilité de faire cela, c’est seulement quelqu’un dont l’esprit est totalement clair et pleinement évolué, quelqu’un qui a atteint son plein potentiel, à savoir un bouddha. En conséquence, si nous atteignons nous-même l’état d’un bouddha, alors nous serons en mesure d’aider tout le monde.
C’est quelque chose que nous pouvons véritablement accomplir sur la base de cette précieuse vie humaine que nous avons. Nous pouvons véritablement devenir un bouddha pleinement éveillé. C’est la raison pour laquelle l’attitude grâce à laquelle nous nous dédions pleinement aux autres et au fait d’atteindre l’état d’un bouddha afin d’être capable d’aider tout le monde, est ce qui est connu sous le nom de « cœur dédié à la bodhichitta ». Une fois que vous avez développé cette attitude d’avoir un cœur dédié à l’atteinte de l’illumination pour le bien de tous, de grands bienfaits s’ensuivent.
Les bienfaits de développer la bodhichitta
On dit que de développer ce cœur dédié même pour un moment recèle des bienfaits bien plus vastes que si vous offriez le monde entier rempli de joyaux, d’or et de diamants au Bouddha. Si vous deviez n’offrir qu’une simple fleur avec un cœur dédié, sentant que vous faites cela dans le but d’atteindre l’illumination afin d’être capable d’être bénéfique à tous, dès lors dans la mesure où vous le faites avec l’intention que ce soit bénéfique à tous les êtres, le potentiel positif accumulé par cette offrande est proportionnel au but. Il équivaut en nombre et en taille à tous les êtres.
Réaffirmer votre objectif de bodhichitta
Si, en vous réveillant le matin, la première chose que vous ressentez c’est combien fortuné vous êtes de n’être pas mort pendant la nuit, de vous être réveillé et d’être encore en vie, et qu’ensuite vous vous dédiez de tout votre cœur pour toute la journée à ce que « quel que soit le genre de choses positives que je fasse, puisse cela contribuer au bien de tous », dès lors toutes les actions positives et les choses constructives que vous faites vraiment pendant la journée seront soutenues par la force de cette énergie positive et de votre dédicace du matin. Même si vous n’avez pas cette pensée à d’autres moments au cours de la journée, néanmoins, toute votre journée sera portée par cette grande énergie positive que vous avez accumulée grâce à cette puissante intention du matin. C’est pourquoi avoir ce cœur dédié comme motivation est extrêmement important.
À la fin de la journée, vous devriez réexaminer votre comportement ainsi que tout ce que vous avez fait durant la journée. Si vous avez agi très positivement pendant la journée, par exemple, et avez été très constructif, vous devriez grandement vous en réjouir. Vous devriez ensuite dédier le potentiel ainsi accumulé à la réalisation de l’illumination et à votre capacité d’aider tout le monde. Vous devriez dédier cette énergie positive pour le bien de tous les êtres. Puis, quand vous allez dormir, vous devriez pareillement mettre en place la forte intention suivante : « Demain, également, j’agirai d’une manière très positive. Je travaillerai aussi en vue de l’illumination. Je travaillerai afin d’être en mesure d’être bénéfique à tous les êtres. » Si vous allez dormir avec cette attitude, cette énergie positive perdurera à nouveau également tout au long de votre période de sommeil, et cela aussi sera quelque chose de positif.
Si vous dédiez tout le potentiel positif que vous avez accumulé pour servir de racine au mûrissement de votre réalisation de l’illumination, alors ce potentiel continuera à perdurer jusqu’à ce que cette illumination ait été vraiment atteinte. Ce sera une chose qui durera longtemps, et ne s’épuisera pas jusqu’à ce que le but pour lequel elle a été dédiée, à savoir votre illumination en vue d’être capable d’être bénéfique à tous, ait été atteint. Il est important de dédier votre potentiel positif de cette manière, dans une perspective à très longue portée comme celle-ci.
Les deux stades de la bodhichitta
Le cœur dédié de la bodhichitta comprend en vérité deux niveaux. Quand vous souhaitez ou aspirez simplement à réaliser l’état illuminé d’un bouddha afin d’être en mesure d’aider tout le monde, ceci est connu comme le cœur dédié d’aspiration. Il existe un type d’aspiration et un type d’implication du cœur dédié.
Le type d’implication du cœur dédié est l’état d’esprit avec lequel vous sentez qu’il n’est pas suffisant d’aspirer simplement à la réalisation de l’illumination afin d’être en mesure d’être bénéfique à tous, mais qu’il vous faut vous engager dans toutes les pratiques d’un être dédié, ou bodhisattva, lesquelles vous mèneront véritablement vers cet état. Votre cœur est complètement impliqué dans les pratiques qui vous conduiront à l’illumination ainsi que dans la pratique qui sera bénéfique à tous. On les résume dans ce qui est connu comme les six attitudes de longue portée, ou perfections, ainsi que les quatre moyens d’avoir une influence positive sur les autres. L’attitude par laquelle vous souhaitez vous entraîner à ces pratiques est connue comme étant le type de cœur dédié d’implication ou d’engagement.
Un exemple pour comprendre la différence entre ces deux types de cœur dédié serait, par exemple, si vous pensez vous rendre en Inde, le simple souhait d’y aller serait le type de cœur d’aspiration. Mais, pour vouloir aller en Inde, cela ne suffit pas de simplement le souhaiter. Vous devez en passer par les différentes étapes pour vous y rendre. Vous devez obtenir un visa, vous munir d’un billet d’avion, faire les réservations, etc., et quand vous vous impliquez dans ce processus, c’est pareil au type de cœur d’implication.
La générosité
Quant aux moyens grâce auxquels vous vous entraînez à cultiver cette attitude, il s’agit tout d’abord de développer l’attitude de donner. La générosité ou le type d’attitude qui consiste à donner est l’attitude par laquelle vous êtes prêts à tout donner aux autres. Quel que soit le genre de choses que nous avons dans cette vie et dont nous profitons, toutes nos possessions, etc., toutes ces choses sont le résultat de la générosité que nous avons pratiquée dans des vies antérieures. De manière générale, il y a de nombreuses personnes à qui on peut donner des objets. En guise de don, vous pouvez faire des offrandes aux bouddhas, de même vous pouvez offrir des choses à ceux qui sont dans le besoin, par exemple les malades, les pauvres et les nécessiteux. À quelqu’un qui se trouve dans une situation très difficile et déplaisante, vous pouvez offrir, par exemple, quelque chose de très plaisant.
On cite l’exemple tiré d’une vie antérieure du Bouddha où il y avait une tigresse affamée qui se trouvait dans une situation très difficile avec ses petits, et, dans cette vie antérieure, le Bouddha était prêt à offrir son corps pour nourrir la tigresse affamée. Après tout, le corps est une chose que nous chérissons par dessus tout or le Bouddha avait une telle attitude de générosité qu’il était prêt à offrir son corps en nourriture à la tigresse affamée. C’est une anecdote bien connue.
L’autodiscipline éthique
La deuxième attitude de longue portée consiste à garder une stricte discipline morale et cela fait référence à la discipline éthique comme de vous empêcher de tuer, de prendre la vie d’autres créatures ou êtres vivants, et de vous retenir d’agir en accord avec l’une ou l’autre des dix actions destructrices. C’est de cela qu’il s’agit quand on parle de discipline éthique. Si vous n’avez aucune sorte de discipline éthique, il n’y a alors aucun moyen pour vous d’obtenir une renaissance en tant qu’être humain ou en tant que dieu. C’est pourquoi il est très important de garder une stricte autodiscipline éthique si vous souhaitez continuer à avoir une bonne renaissance.
Si vous pratiquez la générosité mais n’avez aucune espèce d’autodiscipline éthique, le résultat en est une renaissance qui ne se fera pas en tant qu’être humain, on renaîtra, par exemple, comme animal ayant une grande quantité de possessions matérielles. Venant de l’attitude de donner vous obtenez les possessions matérielles, mais du fait que vous n’aviez aucune autodiscipline, aucune éthique, alors vous renaissez en tant qu’animal et non comme un humain, et il y a de nombreux animaux qui ont un grand nombre de possessions qu’ils amassent et thésaurisent.
La patience
La troisième chose est d’accumuler tolérance et patience comme habitudes bénéfiques de l’esprit. Si vous n’avez ni tolérance ni patience alors vous vous mettrez en colère, et quand vous êtes en colère cela dévaste et détruit complètement tout potentiel d’énergie positive que vous avez accumulé. Alors même que vous êtes en train de l’accumuler, quand vous vous mettez en colère cela le détruit complètement. C’est comme, par exemple, d’avoir une pellicule photographique qui a été exposée et de la passer à travers les rayons X d’une machine à l’aéroport, cela efface le film. Une fois que vous êtes en colère, il est très difficile de simplement se calmer sur le champ, mais vous devriez vous entraîner à réfléchir à tous les désavantages qui découlent du fait de se mettre en colère et ainsi vous contribuerez à vous empêcher de vous emporter.
Il y a certaines personnes dont les dispositions sont telles que, dû aux anciennes habitudes et aux instincts qu’ils ont accumulés dans le passé, elles ont une forte tendance à être toujours malheureuses et misérables, et à toujours perdre leur sang froid et se mettre en colère. Ce genre de choses arrive. Si ce genre de situation se présente au cours de laquelle vous êtes toujours en colère et, dans certaines occasions, toujours frustré, quand vous rencontrez ce genre de personne ou d’objet, ou tout autre chose qui vous agace inévitablement, il peut s’avérer très utile, parfois, de quitter l’endroit où vous êtes et d’éviter complètement tout ce qui vous met chaque fois en colère. De cette façon, en n’entrant pas en contact avec la chose qui vous met immanquablement en colère, cela peut être très utile et vous aider à dépasser un tel tempérament colérique.
De même, quand il y a de nombreuses causes qui vous mettent en colère, dans ce cas il vaut mieux ne pas y penser. Il est préférable de ne pas fouiller et toujours chercher à investiguer les causes de votre colère, mais simplement d’oublier celles-ci et de ne leur accorder aucune pensée. La raison à cela, c’est que quand vous possédez diverses sortes de connaissances, si vous n’y réfléchissez pas, alors vous oubliez ce que vous avez appris, de même quand vous ne pensez pas à votre colère, vous finissez par l’oublier.
Si vous êtes capables de surmonter votre colère de cette façon en sorte de ne jamais vous mettre en colère, vous ne perdrez pas votre sang froid dans n’importe quelle situation, vous découvrirez alors que tout le monde vous aimera, vous admirera, et dira : « Quelle personne merveilleuse, elle ne perd jamais son sang froid. » Si vous ne cherchez pas à contrôler votre colère mais y cédez toujours, alors vous découvrirez que vous vous mettrez en colère pour la plus petite chose. Que quelqu’un vous dise : « Vous avez un drôle de nez », et immédiatement vous exploserez de colère.
Si vous vous mettez en colère, vous serez alors incapables de maintenir n’importe quel type d’harmonie ou d’équilibre avec les autres, dès lors vous serez dans l’incapacité d’accomplir rien de ce que vous souhaitez faire. Si vous voulez accomplir vos buts, vous devez entretenir des relations harmonieuses avec les autres, ce que vous n’obtiendrez jamais si vous êtes toujours en colère après eux. Si vous êtes capables d’avoir des rapports harmonieux avec celles et ceux avec qui vous travaillez, vous serez alors en mesure d’accomplir de grandes choses. Si vous entretenez des relations harmonieuses avec les autres, vous serez à même d’accumuler une grande force de travail.
La persévérance
L’attitude de longue portée suivante est celle de la persévérance accompagnée d’enthousiasme positif, laquelle se traduit par un sentiment d’endurance, d’enthousiasme et de bonheur à faire quelque chose de positif. Si vous travaillez très dur et engagez une grande somme d’effort dans des affaires ordinaires, mondaines, cela ne s’appelle pas de l’enthousiasme positif. En revanche, si vous mettez une grande quantité de travail et d’effort dans les exercices et les choses spirituelles, c’est cela qu’on appelle l’enthousiasme positif.
Le contraire de la persévérance accompagnée d’enthousiasme positif est connu sous le nom de paresse. Il existe trois différents types de paresse. En premier, il y a le genre de paresse qui est un sentiment d’insuffisance, d’inaptitude, de faiblesse. Par exemple, vous voyez tous ces merveilleux hauts faits que les êtres dédiés, les bodhisattvas, ont accompli comme de donner leurs corps en nourriture aux autres, etc., et vous vous sentez totalement inaptes et pensez : « Il m’est impossible de faire pareil » ; ce sentiment est connu comme celui de l’inaptitude. C’est une forme de paresse ; c’en est une car si vous vous entraînez et pratiquez, vous pouvez réellement atteindre ce point où vous pouvez accomplir de telles choses.
Le deuxième type de paresse est la paresse qui consiste à abandonner, à laisser tomber. Cela arrive quand vous projetez de faire quelque chose de positif : vous travaillez comme un fanatique pendant quelques semaines, ou pendant un mois ou plus, et comme vous n’arrivez pas à faire ce que vous vouliez accomplir, alors vous laissez tomber. C’est une forme de paresse, et il est important de ne pas avoir ce genre d’attitude mais de persévérer avec un effort constant et soutenu et de ne pas abandonner.
La forme de paresse suivante est la paresse de la procrastination, celle de toujours remettre les choses au lendemain. Vous vous dites : « Bon, je le ferai demain ou le jour d’après », et vous remettez constamment la chose. Il s’agit là d’une attitude extrêmement médiocre. Si une personne est paresseuse, il lui sera extrêmement difficile de développer une quelconque bonne qualité, d’acquérir aucune connaissance ou de maîtriser quoi que ce soit. Par nature, la paresse ne semble pas être quelque chose à laquelle on attache une grande faute, mais, en vérité, il s’agit d’une chose extrêmement négative car elle nous fait perdre notre vie tout entière. C’est la raison pour laquelle il est extrêmement important de développer une attitude d’enthousiasme.
Jadis, il y avait un très grand maître du nom de Dromtonpa qui était une émanation de Chenrézig ou Avalokiteshvara, et il avait pris un engagement sans réserve auprès d’un maître spirituel appelé Setsunpa et le servait très sincèrement. Sa pratique consistait à s’asseoir et attendrir avec ses pieds les peaux en cuir de son maître, à baratter le lait avec ses mains, et avec son dos à se balancer d’avant en arrière pour faire du yaourt. Ce faisant, il mettait ses livres à côté de lui, et étudiait de cette façon avec beaucoup d’enthousiasme et de persévérance. Il piétinait les peaux pour adoucir le cuir, la peau des animaux. Si vous voulez faire cela, vous devez aller et venir en marchant dessus. Avec ses mains, il barattait le lait et en balançant son dos il faisait du yaourt. Quand Atisha vint au Tibet et rencontra Dromtonpa, il lui demanda ce qu’il avait fait dans le passé et Dromtonpa le lui expliqua. Il dit alors : « De toutes les pratiques spirituelles que vous avez faites, la plus positive était le genre de services que vous avez rendus, ce genre d’actions. »
Si vous êtes une personne très capable et compétente, vous serez alors en mesure de faire très bien les deux sortes d’activité, mondaine et spirituelle ; mais si vous êtes incompétent vous serez incapable de faire ni l’une ni l’autre. C’est pourquoi je suis très heureux de voir des gens comme vous qui avez des métiers et travaillez dans la journée et qui, dans la soirée, venez assister à divers enseignements spirituels et autres activités. C’est une chose qui me rend extrêmement heureux à constater.
La stabilité mentale
L’attitude de longue portée suivante est celle qui consiste à avoir de la stabilité mentale, un esprit constant. Vous devez développer un état d’esprit qui possède concentration et stabilité mentale. Ce qui est requis, c’est une certaine méthode pour calmer votre esprit et cela se fait en vous focalisant sur un objet de concentration. Quel que soit l’objet que vous choisissez, vous faites alors une méditation en vous fixant et en vous focalisant sur cet objet. Vous devez choisir soigneusement un objet, et quel que soit l’objet, n’en changez pas mais essayez de maintenir votre esprit focalisé sur cet objet. Si vous pratiquez correctement, vous pouvez obtenir un état d’esprit calme, serein et stable (shamatha) avec une concentration parfaite en six mois.
Quand vous commencez à méditer ou essayez d’accumuler des habitudes d’esprit bénéfiques en apprenant à vous concentrer, vous devriez commencer par de très brèves et fréquentes sessions. Par exemple, vous devriez faire quelque chose de l’ordre de dix-huit sessions par jour, et alors votre pratique se passera bien. Nous faisons toutes sortes de pratiques de récitation de diverses déités ; nous essayons d’en avoir des visions et de réaliser la déité, mais nous n’y arrivons pas. La raison pour laquelle nous n’y arrivons pas c’est parce que nous n’avons pas un état d’esprit calme et stable. Nous n’avons pas de concentration. Vous restez assis et essayez de réciter un rosaire de OM MANI PADMÉ HUM et bien que votre corps soit là, votre esprit se promène dans toute la pièce et vagabonde tout au long de votre récitation.
Il y avait quelqu’un qui avait toujours l’habitude d’oublier ce qu’il faisait. Dans ses affaires, à son travail, il oubliait tout, et quand cela lui arrivait il avait coutume de dire aux gens : « Attendez une seconde, je vais m’asseoir et commencez à faire mes prières et alors je me souviendrais. » Il est important d’être très fort et déterminé dans ce que vous allez faire, comme, par exemple, de réciter tout un rosaire de OM MANI PADMÉ HUM et, tout le temps que cela prendra, de ne laisser en aucune façon votre esprit vagabonder ; et si vous pouvez le faire, vous récolterez de grands bienfaits de cette pratique.
Si vous pouvez développer un état d’esprit calme, serein et stable, quel que soit le type de chose positive dans laquelle voulez mettre votre énergie, immédiatement vous serez en mesure d’envoyer votre esprit dans cette direction positive. Si vous pouvez développer un état d’esprit calme, serein et stable, dès lors c’est sur cette base que vous serez capable de développer des perceptions extrasensorielles. Vous n’en acquerrez aucune à moins d’avoir un esprit calme et stable.
Si vous pouvez développer un état d’esprit calme et stable, c’est comme d’avoir un grand avion à votre disposition. Quelle que soit la chose positive vers laquelle vous dirigez votre esprit, vous vous y rendrez immédiatement avec grande force et énergie, et où que vous vouliez fixer votre esprit il y restera et n’en bougera pas.
Même si vous développez un état d’esprit calme et stable, en soi cela n’est pas suffisant. En outre, vous devez développer également un esprit exceptionnellement perspicace, l’esprit de vipashyana, car votre esprit doit être à la fois calme et stable et exceptionnellement aigu en ce qui concerne la réalité.
La conscience discriminante
Il est nécessaire de développer la conscience discriminante grâce à laquelle vous comprenez la réalité, le vide [la vacuité], c’est-à-dire l’absence de tous modes d’existence fantasmée impossibles, et ceci nous amène à la sixième attitude de longue portée qui est celle de la conscience discriminante ou sagesse. Cette conscience discriminante est la conscience avec laquelle vous comprenez qu’il n’existe pas de chose comme une véritable identité tant pour vous-même que pour n’importe quel objet.
Quand ce genre d’affirmation est posé, vous devriez comprendre que ce qui est nié est une chose fantasmée, à savoir que les gens ou vous-même posséderiez une identité véritable qu’on pourrait trouver ; toutefois ce n’est pas nier la fait qu’il y ait des personnes, ou un soi en général. C’est simplement nier le fait qu’il y ait une véritable identité concrète qu’on puisse trouver.
Il est très important d’essayer de différencier correctement les deux types de « je » ; il y a deux types de « je » qui apparaissent, le « je » ou soi qui apparaît. Il y a le soi qui est juste le soi conventionnel ordinaire et il y a le soi qui est complètement fantasmé et qu’on doit réfuter ; et si vous ne différenciez pas soigneusement les deux, alors vous risquez d’avoir beaucoup de problèmes.
Le soi conventionnel est le soi qui se contente d’aller et venir. Je mange, je marche, je fais des choses négatives et fais l’expérience de problèmes à causes d’elles. Je fais des choses positives et je fais l’expérience du bonheur. Il s’agit juste de ce « je » ordinaire. Mais, d’autre part, il y a une forme de « je » fantasmé, qui est un « je » qui existe concrètement de son propre côté. Il n’existe pas simplement comme ce qu’on peut imputer aux agrégats servant de facteurs à votre expérience, mais il semble se tenir là de par lui-même indépendamment de tout le reste. C’est là quelque chose qui est un fantasme total et qu’on doit réfuter, contrairement au « je » conventionnel ordinaire qui, lui, se promène et fait des choses.
C’est pourquoi, sur la base de cette précieuse vie humaine que nous avons, nous devrions essayer de développer cette conscience discriminante grâce à laquelle nous comprenons qu’il n’existe pas de choses telles que des identités trouvables, etc. De même, en plus de ça, nous devrions essayer de développer un cœur dédié à l’esprit de bodhichitta, par lequel nous nous dédions pleinement aux autres et à la réalisation de l’illumination, et à avoir un cœur bon et chaleureux envers les autres. Ce sont là des choses que nous devrions essayer de faire sur la base de notre précieuse vie humaine.
Si vous avez cette conscience discriminante avec laquelle vous comprenez le vide, l’absence totale de tous les modes fantasmés d’existence, alors vous pouvez éliminer tous vos problèmes et obtenir un état libre de toutes les difficultés. Mais, si en plus de cela, vous avez un cœur totalement consacré aux autres et à la réalisation d’un état de totale clarté d’esprit et de pleine évolution dédié à la réalisation de l’état d’un bouddha, alors vous serez vraiment en mesure de réaliser cet état d’un bouddha. Ayant obtenu une précieuse vie humaine, vous devriez essayer de pratiquer de votre mieux ces deux choses.
Conseil final
Si vous employez uniquement votre vie à la poursuite de choses matérielles et courez constamment après de plus en plus de possessions, vous ne ressentirez jamais que vous en avez assez et serez toujours insatisfaits. Aussi est-il très important de développer une attitude comme quoi vous êtes satisfait et content de ce que vous avez, et de ne pas toujours en vouloir plus indéfiniment. Vous devriez savoir quand assez est assez. Si vous n’avez aucune idée ou sentiment du moment où cela suffit, alors, même si vous possédiez tous les biens et les richesses du monde entier, vous ressentiriez toujours que ce n’est pas assez et vous en voudrez plus.
Si vous avez certaine nourriture que vous considérez comme extrêmement délicieuse et aimez beaucoup mais n’avez aucune idée du moment où assez est assez, vous en mangez alors tant que cela vous rend malade et que vous vomissez. Vous devriez apprendre à vous contenter, à vous sentir satisfait, à savoir quand assez est assez, à cultiver la pensée d’aider les autres, à ne jamais blesser personne, à essayer de votre mieux d’avoir un cœur bon et chaleureux et à dire des OM MANI PADMÉ HUM. En pratiquant ainsi, cela donnera un grand sens à votre vie. Ne gâchez pas votre vie simplement en vous impliquant à essayer d’accomplir des choses banales, mais essayer d’accomplir quelque chose de très vaste.
Travaillez de façon bénéfique en sorte d’en faire profiter toutes vos vies futures. En vérité, le point principal de la pratique consiste à toujours avoir un cœur bon et chaleureux ; à toujours se sentir heureux d’aider les autres, et, chaque fois que vous rencontrez quelqu’un, à être heureux et réjoui, et à toujours être bon ; de tous les points, c’est là vraiment le point principal. Ne nourrissez jamais aucun ressentiment, aucune pensée de blesser ou de faire du mal à quiconque. Débarrassez-vous de toutes les pensées nocives et développez des pensées de bonté en souhaitant aider les autres, tels sont les points principaux de la pratique.
Si vous travaillez de la sorte pour les autres en vue de les mener à un état vaste et supérieur, vous découvrirez que vous-même réaliserez l’état d’illumination. Vous-même deviendrez d’abord un bouddha le premier. Par exemple, si vous vous entraînez à acquérir toutes les bonnes qualités et à devenir bien éduqué et instruit, vous deviendrez vous-même d’abord un grand responsable. Ayant réalisé cette position éminente et puissante, vous serez vraiment en mesure d’aider les autres de manière efficace. C’est pourquoi il est important d’avoir ce cœur dédié grâce auquel vous vous consacrez à aider les autres et à réaliser votre potentiel le plus pleinement possible afin d’être en mesure d’agir de la sorte, de prendre ce genre de dédicace comme votre pratique de base. Si vous pouviez chaque jour constamment renouveler votre dédicace, en dédiant à nouveau toujours votre cœur aux autres, encore et encore, en cherchant à réaliser encore et encore votre plein potentiel, en souhaitant encore et encore que tous soient libérés de leurs problèmes et que tous soient heureux, alors ce serait extrêmement bénéfique.
Quand vous entendez parler de ces diverses instructions sur l’amour et sur le fait d’avoir un cœur dédié, vous devriez prendre cela comme un avis personnel, quelque chose que vous devriez essayer de développer dès maintenant. Vous ne devriez pas penser que c’est une chose à pratiquer dans un futur lointain ou une chose très avancée à laquelle vous ne pourrez jamais accéder. Par exemple, quand vous commencez à aller à l’école, dès que vous y êtes vous commencer par apprendre à écrire l’alphabet, en commençant par la lettre A. De là vous progressez ; ainsi, en partant du même exemple, vous devriez commencer par le commencement en dédiant votre cœur aux autres en vue de réaliser votre plein potentiel. Si vous dédiez votre cœur encore et encore de cette façon, vous accumulerez alors cette habitude bénéfique de l’esprit, et elle vous viendra naturellement de telle sorte que ce cœur dédié deviendra quelque chose de très stable en vous. C’est la raison pour laquelle vous devriez essayer de changer vos attitudes vous concernant, vous, le soi et les autres.