Karma : qui blâmer ?

Trois sujets à analyser : le karma, le « moi » et le blâme

Trois sujets doivent être clarifiés pour répondre à la question : « Karma, qui blâmer ? » Ces sujets sont le karma, le « moi » et le blâme. Nous devons clarifier ces trois par l'analyse, car les idées fausses à leur sujet nous causent de graves souffrances, telles que la souffrance de la culpabilité. Une compréhension correcte est nécessaire pour atteindre une véritable cessation de cette souffrance. Pour y parvenir, nous avons besoin d'une analyse approfondie. Comme le souligne toujours Sa Sainteté le Dalaï-Lama, la méditation analytique est le type de méditation le plus efficace pour éliminer la souffrance.

Le karma

Le karma fait référence à la compulsion associée à une action, qu’il s’agisse de façons compulsives de penser, de parler ou de se comporter. Bien que le mot tibétain pour karma, « las », soit le mot familier pour « action », le karma ne se réfère pas à nos actions en elles-mêmes. Le karma est quelque chose dont nous devons nous débarrasser pour atteindre la libération et l'illumination. Si le karma signifiait simplement « action », il suffirait de cesser de penser, de dire ou de faire quoi que ce soit pour être libéré de toute souffrance. Cela n'a aucun sens.

Bien que le Théravada ait une présentation spécifique de la causalité karmique, les Tibétains ne l'étudient généralement pas. Ces derniers suivent plutôt deux présentations en sanskrit :

La plus ancienne est la présentation Madhyamaka, que l'on trouve dans Les Stances Racines de la Voie médiane, intitulée « La conscience discriminante » (dBu-ma rtsa-ba shes-rab, Skt. Prajñā-nāma-mūlamadhyamaka-kārikā) de Nagarjuna, et qui a ensuite été développée par les maîtres indiens Sautrantika-Svatantrika et Prasangika. Cette présentation est fondée sur des soutras Sarvastivada tels que Le Grand Soutra du Mahaparinirvana ('Phags-pa yongs-su mya-ngan-las 'das-pa chen-po'i mdo, Skt. Āryamahāparinirvāṇa Sūtra) et [Le Soutra du] placement rapproché de la présence attentive (pleine conscience) sur le Noble et Saint Dharma ('Phags-pa dam-pa'i chos dran-pa nye-bar gzhag-pa, Skt. Āryasaddharmasmṛtyupasthāna), ainsi que sur plusieurs textes de la Corbeille de l'Abhidharma de l'école Sarvastivada. Vasubandhu, dans le Trésor des sujets de connaissance particuliers (Chos mngon-par mdzod, Skt. Abhidharmakośa), ainsi que ses commentateurs, ont également développé leur pensée à partir de ces sources du soutra et de l’Abhidharma, dans le contexte du système philosophique Vaibhashika.

L'autre présentation sanskrite a été formulée par Kumaralata, le fondateur du système philosophique Sautrantika, qui a rejeté les sources de l’Abhidharma Sarvastivada en faveur d'autres soutras Sarvastivada qui n'ont pas été traduits en tibétain, et n'ont donc pas été préservés dans le Kangyour. Ces soutras proposaient une explication différente du karma, exclusivement en ce qui concerne l'esprit. Vasubandhu a développé les objections Sautrantika à l'encontre du Vaibhashika dans son Autocommentaire à « Un Trésor des sujets de connaissance particuliers » (Chos mngon-pa'i mdzod-kyi bshad-pa, Skt. Abhidharmakośa-bhāṣyā). Asanga a ensuite développé cette version Sautrantika du karma, en la plaçant dans le contexte du système philosophique Chittamatra, dans Une Anthologie des sujets de connaissance particuliers (Chos mngon-pa kun-las btus-pa, Skt. Abhidharmasamuccaya). Cette version du Chittamatra a été acceptée par les maîtres Yogachara-Svatantrika, mais uniquement dans le contexte des autres affirmations de leur propre système philosophique.

Dans les systèmes Madhyamaka-Vaibhashika et Sautrantika-Chittamatra, le karma peut être destructeur, constructif ou non spécifié. « Non spécifié » signifie que le Bouddha n'a pas précisé s'il était destructeur ou constructif, il peut être soit l'un soit l'autre en fonction de l'état d'esprit qui le motive. Dans les trois cas, le karma est provoqué et accompagné par la saisie de l'existence impossible d'un « moi ».

  • Karma destructeur : provoqué et accompagné par une émotion ou une attitude perturbatrice et par la saisie de l'existence impossible d'un « moi » — par exemple, dire des mots blessants à quelqu'un sous l'effet de la colère et ne pas aimer ce qu'il m'a dit, à « moi ».
  • Karma constructif : provoqué et accompagné par une émotion constructive et par la saisie de l'existence impossible d'un « moi » — par exemple, s'abstenir de dire des mots blessants à quelqu'un parce que « je » ne veux pas en subir la souffrance qui en résulte, ou aider quelqu'un sans s'attacher à lui parce que « je » veux être la bonne personne, celle qui aide toujours.
  • Karma non spécifié : provoqué et accompagné simplement par la saisie de l'existence impossible d'un « moi », sans émotion perturbatrice ou constructive — par exemple, manger un repas chaud avec de la soupe à midi parce que l'on croit que « je » suis quelqu'un qui doit toujours avoir un repas chaud avec de la soupe pour le déjeuner et que ce doit être à midi.

Le soi, le « moi »

Il est donc clair que les trois types de comportements karmiques impliquent la saisie de l'existence impossible d'un « moi ». Il est donc crucial de savoir comment le soi, le « moi », existe — celui qui commet des actions karmiques et en expérimente les résultats — et comment le lien est maintenu entre la causalité comportementale et entre le « moi » en tant qu'agent d'une action karmique et le « moi » en tant que celui qui en expérimente le résultat.

La compréhension de la causalité comportementale et du « moi » dépend de ce qu'affirme un système philosophique, de sorte que les analyses du karma et du « moi » doivent toutes deux s'inscrire dans le contexte du même système philosophique afin de s'accorder sans contradictions. Bien que l'explication du karma par le Sautrantika-Chittmatra soit plus simple que celle du Madhyamaka-Vaibhashika et qu'elle soit souvent enseignée en premier, sa vue du vide du soi présente de nombreuses lacunes. Le Chittamatra affirme :

  • L'existence d'une conscience fondatrice (kun-gzhi rnam-shes, Skt. ālayavijñāna) et d'une conscience réflexive [qui se connaît elle-même] (rang-rig).
  • Que les répercussions karmiques, que ce soit la force karmique, les tendances karmiques et les habitudes karmiques constantes, ainsi que le soi, sont des phénomènes d'imputation sur la base de la conscience fondatrice.
  • Que la conscience fondatrice, les répercussions karmiques, le soi et la conscience réflexive ont tous une existence auto-établie, dûment établie indépendamment des mots et des concepts qui s'y réfèrent.
  • Que la conscience fondatrice dûment existante et auto-établie contient les caractéristiques déterminantes trouvables à la fois d'elle-même et du soi dûment existant auto-établi.
  • Que la libération du karma et de la souffrance exige la véritable cessation de la simple saisie du soi comme étant statique, sans partie, existant indépendamment des agrégats et connaissable de manière autosuffisante. Une telle réfutation ne remet pas en cause l'existence d'un soi dûment existant auto-établi.
  • Que les objets physiques, les capteurs cognitifs, la conscience, les facteurs mentaux, la conscience réflexive et le soi dans un moment d'activité mentale ne proviennent pas de sources natales différentes (rdzas). Ils forment un tout issu de la même tendance karmique et ont tous une existence dûment existante auto-établie.

Le Sautrantika suit la présentation d'Asanga, mais sans accepter ces aspects de ses affirmations du Chittamatra qui ne concordent pas avec les vues propres au Sautrantika.

Le Madhyamaka, en général, réfute toutes ces affirmations du Chittamatra. Puisque nous voulons analyser spécifiquement la compréhension Madhyamaka-Prasangika du vide du soi pour atteindre la libération ou l'illumination, nous devons adapter cette compréhension aux affirmations Madhyamaka sur le karma.

Le blâme

Pour identifier l'objet à réfuter concernant le moi, il faut analyser la façon dont nous nous considérons, dont nous considérons le « moi », qui est l'agent du karma. Ensuite, puisque le karma se réfère au caractère compulsif de notre comportement, nous devons identifier ce facteur compulsif. Puis, nous devons examiner si nous pensons que notre comportement compulsif est quelque chose que nous ne pouvons pas nous empêcher de faire. Si nous voyons les choses de cette façon, nous avons une vision dualiste de nous-mêmes, une partie étant le mauvais « moi » et l'autre le « moi » policier. Si nous nous percevons de cette manière dualiste, nous devons alors examiner si cela entraîne des problèmes et de la souffrance.

Si nous avons l'impression de ne pas pouvoir nous empêcher d'agir compulsivement de certaines manières, sommes-nous à blâmer ? Est-ce que c'est de notre faute, de celle des autres ou de celle de facteurs extérieurs comme l'économie ? Pour cela, nous devons analyser le rôle du soi et le rôle des causes, des conditions et des circonstances qui nous poussent à commettre compulsivement diverses actions et à en subir les résultats.

En outre, le blâme implique la culpabilité, ce qui signifie (1) que je suis une mauvaise personne, ou (2) que tu es une mauvaise personne, ou (3) que la société est mauvaise parce qu'elle m'a poussé à agir d'une certaine manière ou parce que c'est à cause d'elle que je subis certains résultats karmiques. Cela signifie que l'on pense (1) que je suis puni pour ce que j'ai fait et que je le mérite, ou (2) que tu dois être puni pour ce que tu as fait et qui m'a poussé à faire ce que j'ai fait, ou (3) que l'ordre social doit être détruit pour m'avoir poussé à faire ce que j'ai fait, comme voler ou prendre de la drogue.

Nous devons ensuite examiner la différence entre le blâme et la responsabilité en relation au karma et à la compréhension du « moi ». Tels sont les sujets que nous devons analyser pour répondre à la question : « Karma : qui blâmer ? »

Les composantes du karma : la présentation Madhyamaka

Une impulsion karmique de l'esprit : une pulsion mentale impérieuse

Le karma mental est le facteur mental d'une pulsion mentale impérieuse (sems-pa), que nous appellerons « impulsion karmique de l'esprit ». C'est le facteur mental qui déplace l'un des types de conscience, ainsi que les autres facteurs mentaux qui l'accompagnent, vers un objet. En général, l'impulsion karmique de l'esprit pousse un continuum mental à s'emparer cognitivement d'un objet. Un continuum mental est une séquence individuelle sans fin de moments d'expérience composés de cinq agrégats.

Les impulsions karmiques de l'esprit comprennent :

  • Une impulsion karmique incitative (sems-pa'i las) — une pulsion mentale impérieuse qui déplace la conscience mentale vers un objet afin d'initier, de poursuivre et d'achever l'action mentale consistant à réfléchir à l'opportunité de commettre une action du corps ou de la parole concernant cet objet, et qui aboutit à la décision de la commettre, que cette décision soit mise en œuvre ou non.
  • Une simple impulsion karmique de l'esprit pour une action de l'esprit — une pulsion mentale impérieuse qui déplace la conscience mentale vers un objet afin d'initier, de poursuivre et d'achever l'action mentale de réflexion sur l'opportunité de commettre une action du corps ou de la parole concernant cet objet, et qui n'aboutit pas à une décision.
  • Une simple impulsion karmique de l'esprit pour une action du corps ou de la parole — une pulsion mentale impérieuse qui déplace la conscience sensorielle vers un objet afin d'engager le corps ou la parole à entreprendre, poursuivre et achever une action physique ou verbale concernant cet objet, que cette pulsion mentale ait été provoquée ou non par une impulsion karmique incitative de l'esprit.

Une impulsion karmique de l'esprit (pulsion mentale impérieuse) de déplacer l'un des types de conscience vers un objet afin de commettre une action physique, verbale ou mentale concernant cet objet est toujours accompagnée d'autres facteurs mentaux qu'elle entraîne avec elle. Les facteurs mentaux les plus significatifs sont la distinction [discrimination], l'intention, ainsi qu'une émotion perturbatrice destructrice, une émotion constructive ou une vision erronée non spécifiée. Selon l'intention et l'émotion qui l'accompagnent, l'impulsion karmique de l'esprit est destructive, constructive ou non spécifiée.

  • L'intention (’dun-pa) est le facteur mental qui consiste à souhaiter ('dod-pa, Skt. abhilāṣa) un objet désigné et à commettre une action délibérée concernant cet objet. Elle est toujours spécifique car elle est toujours accompagnée du facteur mental de la distinction ('du-shes, Skt. saṃjñā), qui spécifie l'objet désigné et l'action délibérée.
  • L'intention peut impliquer le souhait d'obtenir un objet ou de lui faire quelque chose, ou d'atteindre un but, ou de faire quelque chose avec un objet ou un but une fois qu'il est obtenu ou atteint. Elle peut également consister à ne pas vouloir faire l'un ou l'autre de ces éléments.
  • L'intention peut être décisive ou indécise. Si l'intention entraîne l'action mentale de réfléchir — avec les facteurs mentaux de l'investigation (rtog-pa, Skt. vitarka), de l'examen (dpyod-pa, Skt. vicāra) et de la conscience discriminante [sagesse] (shes-rab, Skt. prajñā) — à la mise en œuvre de l'intention et devient décisive, l'intention est alors également accompagnée du facteur mental de la ferme conviction (mos-pa, Skt. adhimokṣa).
  • L'objet visé peut être simplement quelqu'un, n'importe qui, ou une personne spécifique. L'action envisagée peut consister simplement à parler avec cette personne ou à lui dire des mots spécifiques.

Le cheminement d'une impulsion karmique (action karmique)

Une impulsion karmique de l'esprit n'est pas la même chose qu'une action karmique. Une action karmique est équivalente au cheminement d'une impulsion karmique (las-lam) ou « voie karmique ». Une action karmique est ce qui est conduit par une impulsion karmique de l'esprit et s'étend sur tout le déroulé d'une action, de son initiation jusqu'à son achèvement. Ainsi, l'impulsion karmique de l'esprit — qu'il s'agisse d'une impulsion karmique incitative ou d'une simple impulsion karmique de l'esprit pour une action du corps, de la parole ou de l'esprit — ne fait pas partie du cheminement de l'impulsion karmique de l'esprit. Elle ne fait donc pas partie d'une action karmique, comme dans la liste des dix actions karmiques destructrices et des dix actions karmiques constructives, qui sont des cheminements de l'impulsion karmique.

Tout comme un jeu d'échecs est une combinaison de toutes ses pièces et de toutes leurs interactions et mouvements, le cheminement karmique d'une impulsion karmique est l'association d'une série de moments ayant :

  • Une base (gzhi) — l'objet à l'égard duquel l'action est commise.
  • Un cadre mental motivant (bsam-pa) : (a) une distinction ('du-shes) de la base, (b) une intention (dun-pa), (c) une émotion perturbatrice destructrice, une émotion constructive ou simplement une vision erronée non spécifiée (lta-ba nyon-mongs-can).
  • Une mise en œuvre (sbyor-ba) d'une méthode qui provoque l'action.
  • Une finalité ou un résultat atteint (mthar-thug) par l'action.

Les résultats et l'intensité des résultats varieront en fonction de l'exhaustivité de tous ces éléments.

Tout comme un jeu d'échecs est un phénomène d'imputation sur la base comprenant l'échiquier, les joueurs, ainsi que toutes les pièces individuelles et leurs mouvements, le cheminement karmique d'une impulsion karmique qui constitue une action karmique est un phénomène d'imputation qui est une synthèse de la série de moments de toutes les composantes susmentionnées — une base et ainsi de suite — dont certaines sont des formes de phénomènes physiques (la base) et d'autres des façons d'être conscient de quelque chose (la distinction, l'intention et ainsi de suite). Le type de phénomène d'imputation qu'est un cheminement karmique est donc une variable non congruente incidente, qui n'est elle-même ni une forme de phénomène physique, ni une manière d'être conscient de quelque chose.

  • Un phénomène d'imputation (btags-pas 'dogs-pa) est un phénomène lié à une base d'imputation (gtags-gzhi), et qui ne peut ni exister ni être connu de manière valide indépendamment de cette base. Par exemple, un tout et ses parties. La base d'imputation du cheminement d'une impulsion karmique est le continuum de ses quatre composantes, qui font partie des cinq agrégats de l'agent de l'action.
  • Contrairement aux manières d'être conscient de quelque chose, comme la colère, les variables non congruentes incidentes (ldan-min 'du-byed) qui se produisent dans un moment de cognition ne partagent pas cinq choses communes à la conscience et aux facteurs mentaux de cette cognition. Elles ne partagent pas : (1) le même support (capteur cognitif), (2) le même objet focal, (3) le même hologramme mental (aspect), (4) le même temps (qui s'élève, demeure et cesse), (5) la même source natale (chaque facteur dans le moment de cognition provient de sa propre tendance).

Au cours d'une action karmique du corps, de la parole ou de l'esprit, il y a donc deux composantes, qui changent toutes deux à chaque instant :

  • La pulsion mentale impérieuse (l'impulsion karmique de l'esprit) qui pousse le continuum mental à s'engager avec un objet afin d'initier, de poursuivre et d'achever une action karmique du corps, de la parole ou de l'esprit concernant cet objet.
  • Le cheminement karmique en quatre parties de l'impulsion karmique de l'esprit.

Impulsion karmique du corps ou de la parole : une forme révélatrice impérieuse

Les impulsions karmiques du corps et de la parole comprennent :

  • Une forme révélatrice impérieuse (rnam-par rig-byed-kyi gzugs) d'une action du corps ou de la parole.
  • Dans de nombreux cas, une forme non révélatrice impérieuse (rnam-par rig-byed ma-yin-pa'i gzugs) d'une action du corps ou de la parole.

Les formes révélatrices et non révélatrices sont des formes de phénomènes physiques qui font partie de l'agrégat des formes des phénomènes physiques de la personne qui commet l'action karmique.

  • Dans le cas d'une action karmique du corps, la forme révélatrice impérieuse est le mouvement du corps qui change de forme afin de mettre en œuvre une méthode qui provoque l'action du corps, que cette action physique atteigne ou non le résultat escompté.
  • Dans le cas d'une action karmique de la parole, la forme révélatrice impérieuse est la prononciation par la voix des sons changeants de la parole afin de mettre en œuvre une méthode qui produit l'action de la parole, que cette action verbale atteigne ou non le résultat escompté.

Une forme révélatrice impérieuse :

  • Révèle le statut éthique de la conscience qui en est à l'origine. Ce statut éthique dépend du statut éthique de l'émotion qui accompagne la conscience. La forme révélatrice ne révèle cependant pas nécessairement l'émotion spécifique qui accompagne la conscience.
  • Est destructrice, constructive ou non spécifiée, en accord avec le statut éthique de la conscience qui en est à l'origine.
  • Ne dure que le temps de la mise en œuvre de la méthode d'exécution de l'action physique ou verbale.

Les formes révélatrices et le moment initial des formes non révélatrices comprennent :

  • Une impulsion karmique incitée (bsam-pa'i las) du corps ou de la parole — qui a été provoquée par une simple impulsion karmique de l'esprit qui a suivi une action mentale provoquée par une impulsion karmique incitative de l'esprit, à savoir une action mentale qui a abouti à la décision de mettre en œuvre l'action du corps ou de la parole.
  • Une simple impulsion karmique du corps ou de la parole — qui a été provoquée par une simple impulsion karmique de l'esprit qui n'a pas suivi une action mentale qui a été provoquée par une impulsion karmique incitative de l'esprit.

Au cours d'une action physique ou verbale, nous avons maintenant trois composantes, qui changent toutes à chaque instant :

  • La simple impulsion karmique de l'esprit (une pulsion mentale) qui déplace le continuum mental vers un objet afin d'initier, de poursuivre et d'achever l'action physique ou verbale concernant cet objet.
  • L'impulsion karmique du corps ou de la parole (une forme révélatrice) avec laquelle une méthode est mise en œuvre pour provoquer l'action.
  • Le cheminement en quatre parties de l'impulsion karmique de l'esprit et de l'impulsion karmique du corps ou de la parole mentionnée ci-dessus.

Impulsion karmique du corps ou de la parole : une forme non révélatrice impérieuse

Dans sa Lampe pour la conscience discriminante (Shes-rab sgron-ma, Skt. Prajñāpradīpam), Bhavaviveka (Legs-ldan 'byed) définit une forme non révélatrice impérieuse comme quelque chose ayant la nature essentielle d'une forme de phénomène physique et de quelque chose qui fait quelque chose. Ceci est en accord avec l'affirmation de Vasubandhu, qui définit une forme non révélatrice comme quelque chose ayant une nature fonctionnelle à la fois d'une forme de phénomène physique et d'un agent karmique. Elle ne se révèle pas elle-même, ni le statut éthique de la conscience qui la fait surgir, comme le font les formes révélatrices.

Dans son Vaste commentaire à la « Lampe pour la conscience discriminante » (de Bhavaviveka) (Shes-rab sgron-ma rgya-cher 'grel-pa, Skt. Prajñāpradīpam-ṭīkā), Avalokitavrata (sPyan-ras-gzigs brtul-zhugs) précise qu'une forme non révélatrice est une forme imperceptible de phénomène physique générée par une forme révélatrice du corps ou de la parole. Ce qu'elle fait, c'est augmenter notre potentiel karmique positif (mérite) à partir de nos propres actions constructives ou de celles d'autrui qui découlent de cette forme révélatrice ou de l'objet impliqué dans l'action constructive qui l'a engendrée. Ou bien, elle augmente de la même manière notre potentiel karmique négatif provenant de nos propres actions destructrices ou de celles d'autrui dérivant de cette forme révélatrice ou de l'objet impliqué dans l'action destructrice qui en est à l'origine.

Il existe trois types de formes non révélatrices :

  • Celles qui sont contraintes par la prise de vœux (sdom-pa).
  • Celles qu’on avoue et qui ne sont pas contraintes par la prise de vœux (sdom-pa ma-yin-pa).
  • Les formes intermédiaires non révélatrices (bar-ma), qui sont soit constructives, soit destructrices, mais qui ne sont ni contraintes par la prise de vœux, ni non contraintes par la non-prise avouée de vœux.

Les formes non révélatrices contraintes par la prise de vœux comprennent les vœux de pratimoksha, de bodhisattva et tantriques. Les vœux de pratimoksha sont prononcés pour notre seule vie actuelle. Les vœux de bodhisattva et tantriques sont prononcés pour toutes les vies jusqu'à l'illumination. Le Vaibhashika, qui est un système philosophique du Hinayana, n'affirme pas les vœux de bodhisattva ou tantriques. Tant qu'elles ne sont pas abandonnées, les formes non révélatrices contraintes par les vœux continuent à remplir leur fonction d'empêcher la personne qui les a prises de commettre une action dont elle a fait vœu de s'abstenir.

Les formes non révélatrices qui ne sont pas contraintes par la non-prise avouée de vœux sont prises à vie et comprennent, par exemple, la promesse de prendre la vie des poissons lorsque l'on naît membre de la caste des pêcheurs [dans la société indienne] ou que l'on rejoint cette caste. Tant qu'elles ne sont pas abandonnées, les formes non révélatrices qui ne sont pas contraintes par la non-prise de vœux continuent à remplir la fonction de ne pas empêcher la personne qui les a prises de commettre une action dont elle a fait le vœu de ne pas s'abstenir.

Les formes intermédiaires non révélatrices comprennent celles obtenues :

  • À partir de la fabrication ou de l'offrande d'un objet d'usage, sur la base duquel nous et les autres accumulons un potentiel karmique positif ou négatif lorsque nous ou eux en font usage. Dans le cas de l'accumulation d'un potentiel karmique positif, ces objets d'usage comprennent les livres du Dharma, les stoupas et les temples bouddhistes. Dans le cas de l'accumulation d'un potentiel karmique négatif, ces objets d'usage comprennent les armes et les abattoirs. Ces formes non révélatrices ont pour fonction de fournir les circonstances qui nous permettent, à nous et aux autres, d'accumuler un potentiel karmique positif ou négatif lorsque nous et les autres utilisons ces objets. En outre, ces formes non révélatrices continuent d'accumuler un potentiel karmique positif ou négatif sur notre continuum mental, même dans nos vies futures, chaque fois que nous ou d'autres personnes utilisons l'objet que nous avons fabriqué ou offert.
  • En tant que sous-catégorie de ce qui précède, le fait d'ordonner à quelqu'un de commettre des actions destructrices, comme lorsqu'un commandant militaire ordonne aux soldats d'attaquer et de tuer l'ennemi. Cette forme non révélatrice a pour fonction de fournir aux soldats les circonstances nécessaires à l'accumulation d'un potentiel karmique négatif lorsqu'ils exécutent l'ordre et tuent l'ennemi. De plus, la forme non révélatrice continue d'accumuler un potentiel karmique négatif sur le continuum mental du commandant chaque fois qu'un de ces soldats exécute l'ordre, même une fois que le commandant est mort et qu'il a pris une nouvelle renaissance.
  • S'engager à commettre, pour une durée limitée, un acte constructif, tel que méditer chaque jour ou s'abstenir d'un type spécifique de comportement sexuel inapproprié, mais pas de tous les types. De même, s'engager à commettre, pour une durée limitée, un acte destructeur, comme tuer des troupes ennemies pendant qu'on est dans l'armée. La forme non révélatrice de cet engagement a pour fonction de fournir les circonstances permettant à la personne qui s'est engagée à continuer à accomplir l'action promise et continue à accumuler un potentiel karmique chaque fois que la personne répète l'action. Elle ne se poursuit pas dans les vies futures.
  • Commettre, avec une forte pulsion mentale et une forte émotion constructive, une action constructive qui n'est pas associée à la restriction d'un vœu, comme faire preuve de respect ou se prosterner avec un fort sens du refuge. De même, commettre, avec une forte pulsion mentale et une forte émotion destructrice, une action destructrice qui n'est pas associée au fait de maintenir une absence de restriction due à la non-prise avouée d'un vœu, telle que la destruction d'une propriété privée avec une forte colère. En outre, commettre l'une des trois actions destructrices du corps ou l'une des quatre actions destructrices de la parole, même avec une faible pulsion mentale et une faible émotion perturbatrice. Les formes non révélatrices de toutes ces actions ont pour fonction de faire en sorte que chaque répétition de l'action accumule un potentiel karmique encore plus fort, mais seulement dans cette vie.

En outre, une forme non révélatrice :

  • Doit être soit destructive, soit constructive, mais ne peut pas être non spécifiée.
  • Ne révèle pas le statut éthique de la conscience qui la fait se produire.
  • Fait partie d'un continuum mental mais n'est pas ressentie sur ce continuum mental. Dans la terminologie occidentale, cela signifie que la personne qui la possède n'en est pas consciente.
  • N'est pas constituée de particules des éléments grossiers que sont la terre, l'eau, le feu ou le vent.
  • Ne peut être qu'un objet de la cognition mentale.
  • N'est pas une catégorie statique dans laquelle toutes les formes révélatrices des cheminements karmiques pour tous les cas du même type d'action karmique s'intègrent, comme un schéma.
  • N'étant pas statique, elle est affectée par des causes et des conditions et change donc d'un moment à l'autre, mais ne dégénère pas et ne s'épuise pas d'un moment à l'autre.
  • Se produit en dépendance du premier moment de l'apparition d'une forme révélatrice et se poursuit dans un continuum mental après que la forme révélatrice n'est plus présente. Elle se poursuit dans le continuum mental tant que la personne qui la possède continue à s'abstenir des actions qu'elle s'est engagée à ne pas commettre, ou continue à ne pas s'abstenir des actions qu'elle s'est engagée à ne pas se réfréner de commettre, ou continue à commettre l'action qu'elle s'est engagée à commettre avec une forte pulsion mentale et une forte émotion. Elle se poursuit également tant que l'objet d'usage que la personne a fait ou offert continue d'être utilisable. De même, elle se poursuit tant que d'autres personnes exécutent les actions que la personne leur a ordonné de faire. Dans le cas des formes non révélatrices résultant d'actions accomplies avec une forte pulsion mentale et une forte preuve de respect ou une forte émotion perturbatrice, ou accomplies avec une faible émotion perturbatrice dans le cas des sept actions destructrices du corps et de la parole, elles se poursuivent tant que la personne continue à répéter l'action.
  • Disparaît du continuum mental lorsque la personne qui la possède abandonne la restriction due à la prise de vœux ou la non-restriction avouée due à la non-prise de vœux, ou la perd à sa mort, ou lorsqu'elle renonce à répéter l'action qu'elle s'est engagée à faire, ou lorsque l'objet d'usage qu'elle a fabriqué ou offert est détruit ou n'est plus utilisable, ou lorsque l'ordre de commettre l'action est révoqué ou que la personne n'obéit plus à cet ordre. Dans le cas des formes non révélatrices résultant d'actions accomplies avec une forte pulsion mentale et ainsi de suite, elles disparaissent lorsque la personne renonce à répéter l'action.
  • Dans le cas des vœux de bodhisattva et des vœux tantriques et, vraisemblablement, des formes intermédiaires non révélatrices consistant à fabriquer ou à offrir un objet d'usage, ou à ordonner à d'autres personnes de commettre une action destructrice, ou de commettre une action sous l'effet d'une forte pulsion mentale et ainsi de suite, elles ne disparaissent pas lorsque les personnes qui les possèdent meurent.
  • Du point de vue du soutra, les formes non révélatrices, telles que les vœux de bodhisattva et les vœux tantriques, qui se poursuivent dans les vies futures, transitent avec la conscience mentale subtile sous la même forme que celle qu'elles avaient au cours de cette vie, à savoir des formes extrêmement subtiles de phénomènes physiques, semblables aux formes extrêmement subtiles des êtres sans forme. Du point de vue du tantra anouttarayoga, ces formes non révélatrices transitent en tant que partie du vent d'énergie le plus subtil qui soutient la vie.

Au cours du parcours d'un cheminement karmique d'une action karmique physique ou verbale, il y a donc quatre composantes qui changent à chaque instant :

  • La simple impulsion karmique de l'esprit (une pulsion mentale) qui déplace le continuum mental vers un objet afin d'initier, de poursuivre et d'achever l'action physique ou verbale concernant cet objet.
  • L'impulsion karmique du corps ou de la parole (la forme révélatrice) avec laquelle une méthode est mise en œuvre pour réaliser cette action.
  • L'impulsion karmique du corps ou de la parole (la forme non révélatrice) qui se produit en dépendance du premier moment de cette forme révélatrice.
  • Le cheminement en quatre parties de l'impulsion karmique de l'esprit mentionné ci-dessus et des deux types d'impulsions karmiques du corps ou de la parole mentionnés ci-dessus (une forme révélatrice et une forme non révélatrice).

La durée d'une action karmique du corps ou de la parole

La mise en œuvre d'une méthode visant à provoquer une action physique ou verbale (la forme révélatrice de l'action) se déroule en trois phases :

  • Une phase préliminaire (nyer-bsdogs) ou précurseure (sbyor-ba) — comme la traque d'un cerf à la chasse.
  • Une phase principale (dngos) — comme le fait de porter le coup fatal au cerf.
  • Une phase ultérieure (mjug) — comme ramener le cadavre à la maison, le dépecer, le cuisiner et le manger.

La forme révélatrice de l'action se produit avec la phase préliminaire et cesse à la fin de la phase ultérieure, s'il y en a une. S'il n'y a pas de phase ultérieure, elle prend fin à l'issue de la phase principale.

Si la phase préliminaire se déroule avec une forte motivation, la forme non révélatrice se produit au début de cette phase préliminaire. Dans le cas contraire, elle se produit au début de la phase principale. La forme non révélatrice se poursuit tout au long de la phase ultérieure, si une telle phase a lieu, et, comme nous l'expliquerons plus loin, se poursuit également par la suite, jusqu'à ce qu'elle soit perdue de l'une des manières expliquées ci-dessus.

Le cheminement d'une impulsion karmique du corps ou de l'esprit — par exemple, l'action destructrice consistant à tuer un cerf — ne comprend que la phase principale. En outre, la forme révélatrice de cette phase principale n'a lieu que lors de la mise en œuvre de la méthode qui provoque directement la mise à mort, à savoir porter le coup fatal. La forme révélatrice de la phase principale ne se poursuit pas jusqu'à la phase ultérieure , à savoir la mort du cerf, qui peut survenir à tout moment après avoir reçu le coup fatal.

Les actions karmiques de l'esprit n'ont pas de phases préliminaires ou ultérieures.

Les répercussions karmiques

Il existe trois sortes de « répercussions karmiques », un terme que j'ai formulé pour les trois suivantes :

  • La force karmique positive ou négative (potentiel karmique),
  • Les tendances karmiques (sa-bon, Skt. bīja),
  • L'habitude karmique constante (bag-chags, Skt. vāsana).

La force karmique ou le potentiel karmique

Nous pouvons appeler ce type de répercussions karmiques « force karmique » (dans le sens où elle est la force d'un cheminement karmique et de la force qui en résulte) ou « potentiel karmique » (dans le sens où elle est un potentiel qui amène à un résultat). Pour faciliter la discussion, nous appellerons ce type de répercussion karmique « potentiel karmique ».

  • Le potentiel karmique est toujours soit destructeur, soit constructif, jamais non spécifié.

Il existe donc un potentiel karmique positif (bsod-nams, Skt. puṇya, mérite) et un potentiel karmique négatif (sdig-pa, Skt. pāpa, péché).

Le potentiel karmique d'une action mentale

Le potentiel karmique d'une action mentale comporte deux phases :

  • Le potentiel karmique manifeste qui est une action mentale — le cheminement karmique d'une impulsion karmique de l'esprit.
  • Le potentiel karmique obscur qui se poursuit après que l'action mentale a cessé.

L'impulsion karmique de l'esprit (pulsion mentale) qui attire la conscience mentale vers un objet afin d'initier, de poursuivre et d'achever une action mentale concernant cet objet n'est pas un potentiel karmique.

Le potentiel karmique manifeste qu'est l'action mentale — une succession de pensées avec toutes ses composantes cognitives et émotionnelles — est manifeste (mngon-'gyur) dans le sens où il peut être détecté par le facteur mental de la vigilance (shes-bzhin). Une fois que ce cheminement karmique d'une succession de pensées prend fin, le potentiel karmique devient obscur (lkog-'gyur) dans le sens où il ne peut être connu que par la cognition inférentielle.

Les deux phases du potentiel karmique sont des phénomènes d’imputation. Plus précisément, le type de phénomène d'imputation est une variable non congruente incidente.

  • Le potentiel karmique manifeste est un phénomène d'imputation sur la base du continuum des quatre composantes d'un cheminement karmique telles qu'elles sont expérimentées dans le contexte des cinq agrégats de la personne qui commet l'action.
  • Le potentiel karmique obscur est un phénomène d'imputation sur la base du continuum de la personne, du « moi », qui, à son tour, est un phénomène d'imputation sur la base du continuum des cinq agrégats de la personne qui a commis l'action.

Techniquement, le type de phénomène que le potentiel karmique devient après la fin de l'action mentale est un « potentiel karmique positif qui a pris la nature essentielle d'une tendance karmique » (sa-bon-gyi ngo-bor gyur-ba'i bsod-nams) ou un « potentiel karmique négatif qui a pris la nature essentielle d'une tendance karmique » (sa-bon-gyi ngo-bor gyur-ba'i sdig-pa). Comme la tendance karmique (sa-bon), dont il sera question plus loin, il n'apparaît en tant que variable non congruente incidente qu'après la fin de la mise en œuvre d'une action karmique. Mais à la différence d'une tendance karmique, le potentiel karmique reste constructif ou destructeur. Les tendances karmiques elles-mêmes sont des phénomènes non spécifiés.

Le potentiel karmique d'une action physique ou verbale

Le potentiel karmique d'une action karmique physique ou verbale comporte sept aspects :

  • Le potentiel karmique manifeste qui est une forme grossière de phénomène physique — une forme révélatrice (une impulsion karmique du corps ou de la parole).
  • Le potentiel karmique obscur ayant la nature essentielle d'une tendance qui se poursuit après la cessation d'une forme révélatrice.
  • Le potentiel karmique obscur qui est une forme subtile de phénomène physique — une forme non révélatrice (une impulsion karmique du corps ou de la parole).
  • Le potentiel karmique obscur ayant la nature essentielle d'une tendance qu'une forme non révélatrice développe pendant que cette forme reste présente dans le continuum mental — par exemple lorsque d'autres personnes fréquentent un temple bouddhiste que nous avons construit.
  • Le potentiel karmique obscur ayant la nature essentielle d'une tendance qui se poursuit après la cessation d'une forme non révélatrice.
  • Le potentiel karmique manifeste que représente l'action physique ou verbale elle-même — le cheminement karmique d'une impulsion karmique du corps ou de la parole.
  • Le potentiel karmique obscur ayant la nature essentielle d'une tendance qui se poursuit après la cessation d'une action physique ou verbale.

Notons, une fois encore, que les impulsions karmiques (karma) du corps et de la parole sont des potentiels karmiques, alors que les impulsions karmiques de l'esprit ne sont pas des potentiels karmiques. Les impulsions karmiques peuvent être constructives, destructives ou non spécifiées, alors que les potentiels karmiques ne peuvent être que constructifs ou destructeurs. Ainsi, les impulsions karmiques non spécifiées du corps ou de la parole ne sont pas des potentiels karmiques.

Quant aux types de phénomènes que sont ces potentiels karmiques :

  • Les formes révélatrices et non révélatrices, en tant que potentiel karmique manifeste, sont des formes de phénomènes physiques.
  • Les actions physiques ou verbales, qui durent jusqu'à leur cessation, sont des variables non congruentes incidentes — des phénomènes d'imputation sur la base du continuum des quatre composantes d'un cheminement karmique telles qu'elles sont vécues dans le contexte des cinq agrégats de la personne qui commet l'action. Cependant, comme dans le cas de la mort de l'être que l'on tue, la fin de l'action peut ne pas être vécue par l'agent de l'action.
  • Les trois types de potentiel karmique obscur que les formes révélatrices et non révélatrices et les actions karmiques du corps et de la parole produisent lorsqu'elles cessent, ainsi que le potentiel karmique obscur que les formes non révélatrices accumulent pendant qu'elles sont présentes, sont également des variables non congruentes incidentes — des phénomènes d'imputation sur la base du continuum des cinq agrégats de la personne qui a commis l'action. Ces quatre types de potentiel karmique obscurs sont des potentiels karmiques qui ont pris la nature essentielle d'une tendance karmique.

Le réseau du potentiel karmique

Un réseau (tshogs, collection, réserve abondante) de potentiels karmiques, ou réseau de forces karmiques, est une synthèse des différents types de potentiels karmiques accumulés à partir de toutes nos actions karmiques physiques, verbales et mentales commises antérieurement, sans commencement, et qui n'ont pas été éliminés de notre continuum mental. Il s'agit :

  • Des potentiels karmiques manifestes en tant qu'actions karmiques (cheminements karmiques) du corps, de la parole et de l’esprit.
  • Des potentiels karmiques manifestes en tant que formes révélatrices.
  • Des potentiels karmiques obscurs en tant que formes non révélatrices.
  • Des potentiels karmiques obscurs qui ont pris la nature essentielle d'une tendance karmique — à la fois à partir du moment où l'un des trois éléments ci-dessus a cessé et à partir des formes non révélatrices tant qu'elles sont présentes.

Du fait qu'un réseau de potentiels karmiques est une synthèse de formes de phénomènes physiques et de variables non congruentes incidentes, un réseau est lui-même une variable non congruente incidente. En tant que tel, il s'agit d'une imputation non statique sur la base d'un « moi » conventionnel.

Tous nos potentiels karmiques positifs constituent notre réseau de potentiels positifs (bsod-nams-kyi tshogs, collection de mérites). En fonction de la dédicace, un réseau de potentiel positif (collection de mérites) peut (1) développer le samsara, (2) développer la libération, ou (3) développer l'illumination. Parmi les trois, seul le développement du samsara est karmique. Bien qu'il n'existe pas de terme technique pour désigner la synthèse de tous nos potentiels karmiques négatifs, nous pouvons également parler d'un réseau de potentiels négatifs.

Le Prasangika est le seul à affirmer qu'un réseau de potentiel positif développant l'illumination — le réseau de potentiel positif dédié à l'illumination avec bodhichitta — est le facteur évolutif de la nature-de-bouddha (rgyas-'gyur-gyi rigs, le trait de famille évolutif d’un bouddha) qui fonctionne comme la cause d'obtention (nyer-len-gyi rgyu) pour les corps-de-formes d'un bouddha.

  • Une cause d'obtention est ce qui se transforme en un résultat en tant que ce qui succède à cette cause, et qui, ce faisant, cesse d'exister. Par exemple, l'union du sperme et de l'ovule de deux êtres humains est la cause d'obtention du corps d'un humain.

Les variables non congruentes incidentes ne peuvent pas fonctionner comme des causes d'obtention qui se transforment en formes de phénomènes physiques, seules les formes de phénomènes physiques peuvent remplir cette fonction. Par conséquent, seules les formes de phénomènes physiques peuvent être les causes d'obtention d'autres formes de phénomènes physiques.

La cause d'obtention d'un corps ou d'un esprit doit appartenir à la même catégorie de phénomènes que le corps ou l'esprit qui lui succède. L'exemple toujours donné est que seul le dernier instant d'un esprit d'une vie antérieure peut être la cause d'obtention du premier instant d'un esprit de la prochaine vie de cette personne. Ce premier moment de l'esprit ne peut pas découler d'une cause d'obtention physique en tant que successeur. Un spermatozoïde et un ovule réunis, par exemple, ne peuvent se transformer en esprit. De même, un esprit ne peut se transformer en un corps en tant que ce qui lui succède.

Puisque le réseau de potentiel positif de développement de l'illumination est composé à la fois de formes de phénomènes physiques (formes non révélatrices) et de variables non congruentes incidentes, mon hypothèse est qu'un vœu de bodhisattva, en tant que forme non révélatrice, peut être considéré en tant que tel comme une cause d'obtention des corps-de-formes d'un bouddha. Cette hypothèse expliquerait également le mécanisme par lequel certaines actions constructives d'un bodhisattva sont les causes des trente-deux signes excellents (mtshan bzang-po, marques majeures) du Sambhogakaya et du Nirmanakaya Suprême que le bodhisattva atteint et, lorsque ces actions constructives ne sont pas dédiées à l'illumination, elles sont les causes pour renaître avec de tels signes en tant qu'empereur chakravartin. Les formes non révélatrices de ces actions constructives seraient les causes d'obtention de ces caractéristiques physiques.

À partir de l'exemple des trente-deux signes excellents, il est clair qu'un réseau de potentiel positif dépourvu du potentiel positif de la forme non révélatrice d'un vœu de bodhisattva ne peut pas fonctionner comme la cause d'obtention des corps-de-formes d'un bouddha. Cela renforce l'hypothèse selon laquelle, au sein d'un réseau de potentiel positif de développement de l'illumination, c'est la forme non révélatrice d'un vœu de bodhisattva qui se transforme en corps-de-formes d'un bouddha, conformément au principe selon lequel seule une forme de phénomène physique peut se transformer en une autre forme de phénomène physique en tant que ce qui lui succède. Ceci coïncide avec le fait qu'une forme de phénomène physique — à savoir un corps illusoire (sgyu-lus) — est la cause d'obtention des corps-de-formes d'un bouddha dans le tantra anouttarayoga.

Si mon hypothèse est correcte, elle permet d'expliquer l'importance considérable accordée au fait de ne jamais renoncer à la bodhichitta et aux vœux de bodhisattva, même au prix de notre vie. Au cours d'innombrables vies, nous avons pris les vœux de bodhisattva un nombre incalculable de fois, mais nous les avons également abandonnés un nombre incalculable de fois. C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas encore atteint l'illumination. Par conséquent, pour atteindre l'illumination, il est essentiel que nous ne renoncions jamais à nos vœux de bodhisattva et que nous ne perdions jamais la forme non révélatrice qui constitue ce vœu dans notre continuum mental.

Les tendances karmiques

Une tendance karmique (graine karmique) est également une variable non congruente incidente. Elle surgit avec la fin de la mise en œuvre d'une méthode visant à provoquer une action physique, verbale ou mentale, et se poursuit dans le continuum mental en tant que phénomène d'imputation non statique sur la base du « moi » conventionnel.

  • Contrairement aux potentiels karmiques, qui sont toujours soit destructeurs, soit constructifs, les tendances karmiques sont toujours non spécifiées.
  • Contrairement aux potentiels karmiques, les tendances karmiques résultent non seulement d'actions karmiques destructives et constructives, mais aussi d'actions non spécifiées.

Les habitudes karmiques constantes

Une habitude karmique constante est aussi une variable non congruente incidente qui est une imputation non statique sur la base du « moi » conventionnel. Elle se produit à la fin de la mise en œuvre d'une méthode visant à provoquer une action physique, verbale ou mentale, et se poursuit au sein des obscurcissements cognitifs qui empêchent l'omniscience (shes-sgrib). Les habitudes karmiques constantes ne se perdent qu'avec l'atteinte de l'illumination.

Contrairement aux formes non révélatrices, aux potentiels karmiques et aux tendances karmiques, qui ne donnent tous trois des résultats que par intermittence — comme voler ou, lorsque nous avons envie de voler, de nous abstenir de le faire — les habitudes karmiques constantes engendrent des résultats continuellement, sans interruption. Elles sont responsables de notre conscience étroite et limitée, ainsi que de la fabrication d'apparences d'existence auto-établie.

Lorsque les potentiels karmiques ayant la nature essentielle des tendances karmiques et les tendances karmiques elles-mêmes ont fini de produire leurs résultats, ils se transforment en habitudes karmiques constantes. Les potentiels karmiques négatifs ayant la nature essentielle des tendances karmiques se transforment également en habitudes karmiques constantes lorsqu'ils deviennent des « graines brûlées » grâce à l'application des quatre forces d'opposition et à la méditation de Vajrasattva.

Les résultats des répercussions karmiques

Les potentiels karmiques ayant la nature essentielle de tendances karmiques et les tendances karmiques elles-mêmes, souvent en conjonction les unes avec les autres, produisent divers résultats karmiques. Notons que les potentiels karmiques et les tendances karmiques peuvent donner lieu, au fil du temps, à un ou plusieurs résultats karmiques, et que tout résultat karmique qui survient peut découler d'un ou de plusieurs potentiels karmiques ou tendances karmiques, ou d'une combinaison des deux.

En outre, les potentiels karmiques qui sont des formes révélatrices et non révélatrices, ainsi que les actions karmiques physiques, verbales et mentales (cheminements karmiques des impulsions karmiques du corps, de la parole et de l'esprit) ne fonctionnent pas comme des causes antérieures immédiates (dngos-rgyu) qui donnent directement lieu à leur résultat dans l'instant suivant.

Les résultats karmiques comprennent :

  • Des résultats à maturité (rnam-smin-gyi 'bras-bu, Skt. vipākaphalam)
  • Les résultats qui correspondent à leur cause (rgyu-mthun-gyi 'bras-bu, Skt. niṣyandaphalam), que ce soit dans notre comportement ou dans notre expérience. Le terme sanskrit qui les désigne, utpatti, signifie « écoulement »[continuité]. Il s'agit donc de résultats qui découlent de leur cause.
  • Des résultats dominants (bdag-po'i 'bras-bu, dbang-gi 'bras-bu, Skt. adhipatiphalam), également traduits par résultats complets, résultats impérieux ou résultats suprêmes.

Il existe une analyse bouddhique complexe des différents types de causes et des types de résultats qu'elles peuvent engendrer en conjonction avec les principes de la causalité karmique. Les potentiels karmiques ayant la nature essentielle des tendances karmiques et les tendances karmiques elles-mêmes fonctionnent comme plusieurs types de causes karmiques pour plusieurs types de résultats karmiques, et chaque résultat est lui-même plusieurs types de résultats karmiques de plusieurs types de causes karmiques, ainsi que le résultat non karmique de causes non karmiques. Le corps d'un humain, par exemple, est également le résultat créé par l'homme (skyes-bu byed-pa'i 'bras-bu) du sperme et de l'ovule des parents en tant que cause d'obtention. Il n'est pas nécessaire d'entrer dans les détails ici.

Les résultats à maturité

Les résultats arrivés à maturité sont toujours non spécifiés. Ils font référence aux éléments non spécifiés des cinq agrégats de l'état de renaissance (en tant qu’être humain, en tant que mouche, en tant qu’être céleste ou être des enfers, etc.) dont notre conscience fait l'expérience lors de la renaissance. Ces éléments comprennent le corps, ses capteurs cognitifs, les types de conscience, l'éventail possible de sentiments de bonheur ou de malheur, et l'éventail possible d'autres facteurs mentaux non spécifiés, comme la concentration et l'intelligence, qui vont de pair avec le type de corps et d'esprit de l'état de renaissance. Les facteurs mentaux spécifiques qui se manifestent à chaque instant découlent de leurs propres causes et ne sont pas des résultats à maturité des répercussions karmiques.

Plus précisément, les résultats à maturité sont ceux qui surviennent, par le mécanisme des douze liens de la coproduction conditionnée, avec le onzième lien, le lien de la conception (skye-ba, naissance), qui ne dure qu'un instant. Ainsi, au moment de la conception, seuls le corps et la conscience se manifestent en tant que quatrième lien, le lien des facultés mentales nommables avec ou sans forme grossière (ming-dang gzugs, le nom et la forme). Les capteurs cognitifs, les types spécifiques de conscience et les facteurs mentaux non spécifiés ne sont présents que comme des tendances des résultats à maturité.

  • Les résultats à maturité ne comprennent pas les émotions perturbatrices destructrices ou les émotions constructives de l'état de renaissance qui sont également présentes en tant que tendances au moment de la conception. Les émotions proviennent de leurs propres tendances, qui ne sont pas des tendances karmiques.
  • Les résultats à maturité ne comprennent pas non plus les impulsions karmiques pour les actions karmiques.

N'étant pas spécifiés, les résultats à maturité ne peuvent résulter que de causes mûrissantes (rnam-smin-gyi rgyu), qui doivent être soit constructives, soit destructives. Ainsi, seuls les potentiels karmiques positifs ou négatifs ayant la nature essentielle des tendances — et non les tendances karmiques elles-mêmes, qui sont toujours non spécifiées — mûrissent en résultats à maturité.

  • Le mot « mûrissement » (smin-pa) est utilisé comme terme général pour désigner une cause karmique qui mûrit au point de donner un résultat. Il ne faut pas le confondre avec l'usage spécifique de « mûrissement » des termes « causes mûrissantes » et « résultat à maturité ».

La façon dont le corps et l'esprit d'un état de renaissance surgissent au moment du onzième lien, le moment de la conception, tel qu'il est décrit dans les douze liens de la coproduction conditionnée, est la suivante :

  • Tout d'abord, un potentiel karmique ou un ensemble de potentiels karmiques ayant la nature essentielle d'une tendance karmique est activé, au moment de la mort, par les huitième et neuvième liens — les liens de l'envie (sred-pa, Skt. tṛṣṇā, soif) et de la saisie (attitude d'obtention) (len-pa, Skt. upadāna, saisie). Le potentiel karmique activé qui surgit est une « impulsion karmique projetante » ('phen-byed-kyi las), qui constitue le dixième lien, le lien de la poursuite de l'existence (srid-pa, Skt. bhava, devenir). L'impulsion karmique projetante n'est pas le résultat à maturité de ce potentiel karmique. La conscience mentale qui accompagne l'impulsion karmique et qui la propulse vers une prochaine renaissance est le moment final de la phase causale du troisième lien, le lien de la conscience chargée [par ces tendances] (rgyu-dus-kyi rnam-shes).
  • Les [quatre] éléments grossiers de la terre, de l'eau, du feu et du vent qui se produisent dans les capteurs cognitifs sensoriels du corps au moment de la mort sont les composants constitutifs (khams, Skt. dhātu) appropriés (zin-pa, Skt. upātta) de la cognition au moment de la mort. Le corps lui-même, sans compter les cheveux et les ongles, est le capteur cognitif des sensations physiques. Dans le langage commun, ces éléments sont appelés la « matière animée » (sems-pa-dang bcas-pa, Skt. sacetana) (littéralement, les choses qui sont liées à une impulsion karmique de l'esprit, une pulsion mentale) et la « matière vivante » (srog-dang bcas-pa, Skt. sajīva) (littéralement, les choses liées à une force vitale). Il s'agit de ce que la conscience mentale, la pulsion mentale du karma projetant et les autres facteurs mentaux qui l'accompagnent s'approprient, ou prennent, en quelque sorte, comme support physique (rten, Skt. adhiṣṭhāna).
  • La force de l'élément vent approprié du corps au moment de la mort pousse la conscience chargée causale à prendre comme prochain support physique approprié les éléments grossiers du corps de l'état de renaissance, qui ne sont pas encore différenciés en capteurs cognitifs. La phase résultante du troisième lien, le lien de la conscience chargée ('bras-dus-kyi rnam-shes) et le onzième lien de la conception se produisent simultanément à l'appropriation de ce support physique.
  • Les [quatre] éléments grossiers d'un état de renaissance — par exemple, les éléments grossiers spécifiques à l'union d'un spermatozoïde et d'un ovule — que la conscience chargée qui en résulte s'approprie désormais comme son support physique sont des éléments qui découlent (rgyu-thun-pa-las byung-ba, Skt. niḥṣyanda) des moments précédents des continuums propres à ces éléments. Il ne s'agit pas de la continuité des éléments grossiers des capteurs sensoriels et cognitifs du corps au moment de la mort. Notons que la traduction tibétaine du terme sanskrit « écoulement » [continuité] signifie « quelque chose qui se produit correspondant à sa cause ». « Correspondre » signifie être du même statut éthique — dans ce cas, il est non spécifié.

Le corps de renaissance, appelé corps à maturité (rnam-smin-gyi lus), est le résultat du mûrissement du potentiel karmique activé au moment de la mort. Les éléments grossiers de l'union du spermatozoïde et de l'ovule au moment précédant immédiatement l'apparition du lien de la conscience chargée résultante sont la cause d'obtention (nyer-len-gyi rgyu) du corps à maturité. La conscience chargée causale est la condition agissant simultanément (lhan-skyes rkyen). Elle est l'agent (byed-pa-po) de la renaissance.

Bien que ce qui précède soit l'explication habituelle de la renaissance, le dixième lien, le lien de la poursuite de l'existence, comporte quatre phases — l'existence du bardo (bar-do'i srid-pa), l'existence de la conception (skye-srid), l'existence qui précède la mort (sngon-dus-kyi srid-pa) (la période allant du moment de la conception jusqu'à la mort) et l'existence de la mort ('chi-srid). Le onzième lien se produit donc au cours du premier moment de l'existence qui précède la mort.

Puisque les impulsions karmiques projetantes constituent ce dixième lien, elles constituent les quatre phases. Cela signifie qu'un continuum du potentiel karmique activé au moment de la mort s'étend à travers les quatre phases du dixième lien et donne lieu à d'autres impulsions karmiques projetantes à chaque moment de ces quatre phases. Ce potentiel karmique continuera sur la conscience chargée jusqu'à ce qu'il finisse de donner naissance à ses résultats à maturité. Certains résultats à maturité de certains potentiels karmiques engendrent les corps à maturité d'une série de renaissances.

  • Ainsi, tout au long de l'existence qui précède la mort, la force de l'élément vent qui opère présentement, qui sert de support physique à la conscience du moment présent et aux facteurs mentaux qui l'accompagnent, les poussera à prendre comme support physique les éléments grossiers qui découlent du moment suivant des capteurs sensoriels et cognitifs de ce corps.
  • Tant que la force vitale (srog, Skt. jīva) de cette prochaine vie perdure, chaque instant des éléments grossiers des capteurs sensoriels cognitifs du corps de cette prochaine vie continuera à servir de support physique pour la conscience et les facteurs mentaux qui l'accompagnent dans cette vie.
  • Lorsque la durée de vie d'une personne arrive à son terme au moment de sa mort, le continuum ultérieurdes éléments grossiers des capteurs sensoriels et cognitifs de ce corps ne peut plus être utilisé par la conscience de la personne et les facteurs mentaux qui l'accompagnent en tant que support physique. Ces éléments ne sont plus de la matière vivante animée et, par conséquent, le corps devient un cadavre.

Bien que la présentation du soutra des douze liens inclue l'existence du bardo parmi les quatre phases du dixième lien, elle ne fournit généralement pas d'analyse détaillée de la façon dont les impulsions karmiques projetantes fonctionnent au cours de cette existence du bardo. Nous pouvons compléter cette explication par la présentation du bardo selon le tantra anouttarayoga et en déduire une possible présentation à la façon du soutra :

  • Dans la présentation du tantra anouttarayoga, les consciences chargées causales et résultantes sont l'esprit de claire lumière le plus subtil.
  • Avant que la conscience chargée résultante n'ait pris les éléments grossiers du corps de renaissance comme support physique d'appropriation, elle prend d'abord le corps du bardo comme support physique d'appropriation. Le corps du bardo est le résultat à maturité du potentiel karmique activé au moment de la mort. La cause d'obtention du corps du bardo est le vent d'énergie le plus subtil qui est le support physique de l'esprit le plus subtil de claire lumière au moment de mourir. Le vent d'énergie le plus subtil du premier moment d'existence du bardo est ce qui découle du vent d'énergie le plus subtil qui précède immédiatement le moment de la mort. L'esprit le plus subtil de claire lumière au moment de la mort sert de condition d'action simultanée pour le corps du bardo. Notez que l'esprit le plus subtil de claire lumière et le vent d'énergie le plus subtil qui est son support physique constituent une paire inséparable.
  • Ce que l'on appelle la « petite mort » se produit à la fin de l'existence du bardo. La force du vent d'énergie le plus subtil du corps du bardo au moment de cette petite mort pousse la conscience la plus subtile de claire lumière chargée résultante à prendre comme prochain support physique d'appropriation les éléments grossiers de l'union d'un spermatozoïde et d'un ovule, si nous devons renaître en tant qu'être humain.
  • La paire inséparable de l'esprit le plus subtil de claire lumière et du vent d'énergie le plus subtil sert de condition d'action simultanée pour le corps à maturité de la prochaine renaissance. Comme dans la présentation du soutra, les éléments grossiers de l'union du spermatozoïde et de l'ovule au moment précédant immédiatement le moment de la conception de la prochaine renaissance sont la cause d'obtention des éléments qui découlent du corps à maturité de cette prochaine renaissance.

La présentation théorique à la façon du soutra que l'on peut extrapoler à partir de cela est la suivante :

  • Pendant l'existence du bardo, la conscience chargée résultante prend les éléments subtils du corps du bardo comme support physique d'appropriation. Le corps du bardo est le résultat à maturité du potentiel karmique activé au moment de la mort. La condition agissant simultanément pour l'apparition du corps du bardo est la conscience chargée causale.
  • La cause d'obtention du corps du bardo doit être des formes de phénomènes physiques qui sont du même niveau de subtilité que les éléments subtils du corps du bardo. Par conséquent, ils doivent également être des éléments subtils. Mon hypothèse est que ces éléments subtils d'obtention sont les éléments subtils au moment de la mort.
  • Le système médical bouddhique énumère dix vents d'énergie du corps humain, cinq d'entre eux sont les vents d'énergie que les cinq types de conscience sensorielle s'approprient en tant que support physique et qui sous-tendent, en un sens, les éléments grossiers de leurs capteurs cognitifs sensoriels respectifs. Contrairement au vent d'énergie grossier de la respiration, les vents d'énergie qui sont le support physique d'appropriation des cinq types de conscience sensorielle sont des éléments subtils.
  • Mon hypothèse est que ces vents d'énergie subtile font partie d'un ensemble complet d'éléments subtils, et que les éléments de cet ensemble sont les éléments d'obtention qui découlent des éléments subtils du corps du bardo.
  • Cette hypothèse est fondée sur un raisonnement par analogie. Les corps des dieux sur le plan des objets sensoriels du désir et sur le plan des formes éthérées [royaumes de la forme et du sans forme] — y compris leurs capteurs sensoriels cognitifs — sont constitués d'éléments subtils. Ces dieux sont capables de voir le corps qu'ils obtiendront dans le bardo, qui ne s'est pas encore produit, juste avant leur mort. Cela suggère que les éléments subtils de leur corps du bardo seront la conséquence des éléments subtils qui sont la base physique d'appropriation de leurs capteurs cognitifs sensoriels au moment de leur mort.

Les résultats qui correspondent à leur cause dans notre comportement

Dans la littérature bouddhique indienne sur le karma, ainsi que dans la littérature tibétaine sur le karma qui précède Tsongkhapa (Tsong-kha-pa Blo-bzang grags-pa), les résultats qui correspondent à leur cause se réfèrent uniquement à ce qui a été nommé plus tard « les résultats qui correspondent à leur cause dans notre expérience ». Cependant, dans Le Grand Traité de la voie progressive (Lam-rim chen-mo), Tsongkhapa indique brièvement, sans citer leurs noms ou leurs textes, que d'anciens lamas avaient affirmé la division de ce type de résultats en résultats correspondant à leur cause dans notre comportement (byed-pa rgyu-mthun-gyi 'bras-bu) et en résultats correspondant à leur cause dans notre expérience (myong-ba rgyu-mthun-gyi 'bras-bu).

Selon Tsongkhapa, les résultats qui correspondent à leur cause dans notre comportement sont, par exemple, le fait d'avoir de la joie (dga'-bar 'gyur-ba) à tuer, c'est-à-dire d'aimer tuer, de se réjouir de tuer, de prendre plaisir à tuer. Un exemple courant est celui d'un enfant qui aime tuer des insectes dès son plus jeune âge. Ceci est le résultat d'avoir pris la vie d'autrui à plusieurs reprises dans des vies antérieures, et cela se produit lorsqu'on renaît en tant qu'humain après une renaissance dans l'un des pires états de renaissance. En ce qui concerne le comportement constructif, Tsongkhapa se contente de dire que ce type de résultat est l'inverse du comportement destructeur.

Plus tard, le maître Sakya Ngorchen (Ngor-chen dKon-mchog lhun-grub) dans L'Admirable Ornement des Trois Visions (rNam-gsum mdzes-par byed-pa'i rgyan) et le maître Nyingma Patrul (rDza dPal-sprul O-rgyan 'jigs-med chos-kyi dbang-po) dans ses Instructions personnelles de mon gourou totalement excellent (Kun-bzang bla-ma'i zhal-lung, Les paroles de mon maître parfait) suivent l'explication de Tsongkhapa. Ngorchen et Patrul précisent que ce résultat inclut le fait de ne pas aimer commettre un certain type d'action destructrice mais d'aimer, au contraire, commettre l'action constructive de s'en abstenir.

Le fait que nous ayons commis à plusieurs reprises un certain type de comportement destructeur dans des vies antérieures n'implique pas nécessairement que nous aimions le faire. Nous pouvons avoir reçu l'ordre et avoir été forcés de tuer à plusieurs reprises d'autres personnes lors d’une guerre, même si nous n'aimions pas tuer, ou avoir été forcés par la famine ou la faim de voler à plusieurs reprises de la nourriture pour nourrir nos enfants, même si nous n'aimions pas voler. Ainsi, bien que cela ne soit stipulé dans aucun texte que j'ai pu étudier, j'ajouterais le point suivant: si nous avons commis à plusieurs reprises une action destructrice dans des vies antérieures de notre propre initiative et que nous aimions la commettre, alors le résultat correspondant à sa cause serait que nous continuons à aimer commettre cette action destructrice. En revanche, si nous avons été contraints de commettre cette action involontairement et que nous n'aimions pas la faire, le résultat serait de continuer à ne pas aimer commettre cette action.

Dans Une discussion sur les cinq agrégats (Phung-po lnga'i rab-tu byed-pa, Skt. Pañcaskandhaka-prakaraṇa), Chandrakirti cite la joie (rab-tu dga'-ba) comme un facteur mental, la définit comme un état d'esprit de réjouissance et de satisfaction (sems-kyi mgu-ba), et précise qu'elle est différente du bonheur mental (yid-bde-ba). Ainsi, nous pouvons aimer faire quelque chose tout en nous sentant heureux ou malheureux — par exemple, nous pouvons aimer parler avec honnêteté ou aimer bavarder inutilement, que nous nous sentions heureux ou tristes à ce moment-là.

Notez que même si nous aimons pêcher, par exemple, ce qui signifie tuer des poissons, cela n'implique pas que le fait d'aimer pêcher accompagne chaque instant de notre cognition, ni que nous pêchons en permanence. Cependant, lorsque l'idée d'aller pêcher surgit, ou lorsque nous pensons à aller pêcher ou que nous allons effectivement pêcher, cela s'accompagne de ce facteur mental d’aimer pêcher.

En outre, parce que nous aimons pêcher, même si l'idée d'aller pêcher nous vient et que nous y réfléchissons pour décider d'aller à la pêche, il se peut néanmoins que nous ne répétions pas l'action de pêcher et de tuer des poissons. Il se peut aussi que nous allions pêcher, que nous n'attrapions rien et que nous ne tuions donc aucun être.

Par conséquent, le résultat qui correspond à sa cause dans notre comportement ne se réfère pas à ce que nous faisons réellement, mais à l'un des facteurs causaux affectant ce que nous faisons. Le terme désignant ce résultat est donc un exemple de l'attribution du nom de la cause à son résultat, comme le fait d'appeler la méditation visant à développer shamatha « la méditation shamatha ».

Le maître Sakya Gorampa (Go-ram-pa bSod-nams seng-ge), dans Un texte pour discourir sur l'entraînement de l'esprit « S’affranchir des quatre attachements » : Clé des points essentiels profonds (Blo-sbyong zhen-pa bzhi-bral-gyi khrid-yig zab-don gnad-kyi lde'u-mig), pousse l'explication de Tsongkhapa encore plus loin. Il y affirme que les résultats qui correspondent à leur cause dans notre comportement sont le souhait de refaire l'action (slar-yang byed-'dod-pa 'byung) et, par conséquent, de chuter dans une renaissance inférieure. « Souhaiter ou vouloir faire quelque chose » est la même définition que Chandrakirti donne de l'intention ('dun-pa). « Par conséquent, de chuter dans une renaissance inférieure » indique que si la conséquence est une chute dans une renaissance inférieure, l'intention est décisive, qu'une méthode soit ou non mise en œuvre pour que l'action se produise. Le simple fait d'aimer commettre un certain type d'action destructrice et de vouloir la commettre, mais sans décider de la commettre, et encore moins sans la commettre, n'entraîne pas en soi une chute dans une renaissance inférieure.

En résumé, tant le fait d'aimer ou de prendre plaisir à faire quelque chose que le fait de souhaiter ou de vouloir le faire et de décider de le faire sont des résultats karmiques qui correspondent à leur cause : notre comportement dans les vies antérieures. Ce résultat ne se réfère pas à la répétition de l'action.

Postulons une hypothèse d'un résultat correspondant à sa cause dans notre comportement en accord avec l'explication de Tsongkhapa complétée par celle de Gorampa, uniquement dans le cadre d'une action du corps ou de la parole que nous aimons et prenons plaisir à faire :

  • Tout d'abord, l'idée nous vient de répéter une action que nous avons déjà faite. Cette pensée s'accompagne d'un facteur mental, à savoir le fait d'aimer faire cette action. Nous pourrions ne pas reconnaître qu'il s'agit d'une pensée et faire simplement l'expérience d'avoir envie de la reproduire à nouveau, mais, techniquement, il s'agit d'une cognition conceptuelle dans laquelle l'objet qui apparaît (snang-yul) est la catégorie d'objet (don-spyi) d'une action du corps ou de la parole que nous avons faite précédemment. À travers cette catégorie apparaît un hologramme mental d'un mouvement du corps ou un hologramme mental d'une parole prononcée représentant cette action, qui est similaire à celle que nous avons précédemment perpétrée en tant que méthode de mise en œuvre de cette action. Diverses circonstances peuvent provoquer l'apparition de cette pensée, comme une émotion perturbatrice ou constructive, un sentiment de malheur ou de bonheur, une sensation physique agréable ou douloureuse, une considération erronée, l'influence des autres, l'habitude de telles pensées, etc. Bien que cette simple pensée puisse ne pas conduire à envisager de répéter cette action maintenant ou plus tard, le fait d'aimer faire cette action lorsque la pensée surgit peut déclencher une séquence d'événements.
  • C'est alors que naît une intention — l'intention ou le souhait de répéter l'action. L'intention peut déjà être décisive ou accompagner une impulsion mentale de l'esprit pour y réfléchir et prendre une décision.
  • Lorsque l'intention est décisive et que des circonstances favorables se présentent, la combinaison d'un potentiel karmique ayant la nature essentielle d'une tendance karmique et d'une tendance karmique elle-même issue d'actions similaires antérieures est activée sous la forme d'une simple impulsion karmique de l'esprit (une pulsion mentale) de répéter l'action.
  • Cette simple impulsion karmique de l'esprit attire l'un des types de conscience sensorielle (par exemple, la conscience visuelle), ainsi que l'intention décisive, le fait d'aimer faire l'action et d'autres facteurs mentaux qui l'accompagnent, pour connaître un objet qui servira de base à l'action du corps ou de la parole.
  • Simultanément, ou peu après, une impulsion karmique de l'esprit attire la conscience du corps, avec l'intention décisive, le fait d'aimer faire l'action et d'autres facteurs mentaux qui l'accompagnent, pour connaître les éléments grossiers du corps appropriés.
  • Une impulsion karmique de l'esprit fait maintenant fonctionner les éléments grossiers appropriés du corps comme cause génératrice (skyed-pa'i rgyu, Skt. jananahetu) donnant lieu à une impulsion karmique du corps ou de la parole en accord avec l'intention décisive qui accompagne cette impulsion karmique de l'esprit. L'impulsion karmique du corps ou de la parole est la forme révélatrice du mouvement du corps ou de la parole prononcée comme une méthode de mise en œuvre de l'action physique ou verbale.
  • Simultanément à l'apparition du premier moment de la forme révélatrice de la phase principale de l'action, les mêmes éléments grossiers appropriés du corps qui donnent naissance à cette forme révélatrice fonctionnent également comme une cause génératrice donnant lieu à la forme non révélatrice du corps ou de la parole.
  • Les moments suivants des éléments grossiers appropriés du corps servent de cause dépendante (rten-gyi rgyu, Skt. niśrayahetu) pour les moments suivants des formes révélatrices et non révélatrices de l'action.  
  • Le mouvement particulier du corps, que la conscience physique est poussée à faire prendre au corps, ressemble à la forme des mouvements similaires précédents du corps. Le son des mots prononcés, vers lequel la conscience physique est attirée pour que la voix soit émise, ressemble aux précédents sons similaires de la voix. Néanmoins, dans ce cas, le résultat qui ressemble à sa cause dans notre comportement est le fait d'aimer et de vouloir engager le corps et la parole de cette manière, et non le mouvement du corps ou les mots prononcés.

Notons que, comme les impulsions karmiques, le fait d'aimer et d'avoir l'intention de s'engager dans un certain type d'action prend le statut éthique de ce comportement. Ainsi, les résultats qui correspondent à leurs causes dans notre comportement peuvent être destructeurs, constructifs ou non spécifiés. Par conséquent, ce type de résultat découle à la fois des potentiels karmiques ayant la nature essentielle des tendances et des tendances elles-mêmes. Seuls les résultats à maturité ne peuvent provenir des tendances karmiques elles-mêmes, puisque les résultats à maturité ne peuvent être que non spécifiés et que leurs causes pour qu'ils mûrissent ne peuvent être que constructives ou destructives, et que les tendances karmiques elles-mêmes sont toujours non spécifiées.

Il convient également de noter que, bien que les facteurs mentaux tels que le fait d'aimer quelque chose, l'intention de le faire et les impulsions karmiques du corps et de la parole ressemblent à ceux de notre comportement antérieur, la personne qui sert de base au cheminement karmique n'est pas nécessairement dans le continuum de la personne qui a servi de base à nos actions similaires antérieures. Par exemple, nous pouvons tuer la réincarnation d'une personne que nous avons tuée dans sa vie précédente ou tuer quelqu'un d'autre, nous pouvons mentir une fois de plus à la même personne que celle à qui nous avons menti auparavant ou nous pouvons mentir à quelqu'un d'autre.

Les résultats qui correspondent à leur cause dans notre expérience

Il existe de nombreuses variétés de résultats qui correspondent à leur cause dans notre expérience. Tout comme les résultats qui correspondent à notre comportement, ces résultats se produisent également lorsque nous renaissons en tant qu'être humain après, par exemple, une renaissance dans l'un des états de renaissance inférieure. Par exemple, du fait d'avoir tué, notre vie est courte et remplie de maladies et de préjudices — par exemple, nous pouvons être tués en étant renversés par une voiture. Lorsque cela se produit, une impulsion karmique du mouvement de notre corps met nos capteurs physiques en contact avec la voiture qui nous heurte, et notre conscience physique connaît la sensation douloureuse de notre corps qui est percuté. À la suite des dommages subis par le corps, les éléments de notre corps ne sont plus en mesure de servir de cause dépendante pour que notre force vitale perdure et nous mourons.

Du fait d'avoir menti, les autres nous mentent et nous trompent. Dans ce cas, notre conscience auditive est amenée à prendre pour objet le son des mots prononcés par quelqu'un qui nous ment, ou notre conscience visuelle est amenée à lire ces mots.

Notons que dans ces cas, notre connaissance des objets physiques vers lesquels notre conscience sensorielle est attirée — le fait de ressentir physiquement une sensation douloureuse causant notre mort ou d'entendre le son de paroles trompeuses — ressemble à des cognitions que nous avons fait connaître à la conscience sensorielle d'autrui. La cognition de ces objets par notre conscience sensorielle prend le statut éthique des émotions qui les accompagnent et découle des potentiels karmiques ayant la nature essentielle d'une tendance et des tendances elles-mêmes résultant du fait d'avoir précédemment amené d'autres personnes à connaître quelque chose de similaire. Ces potentiels et tendances karmiques ne sont pas à l'origine des actions d'autrui. Ils ne poussent pas quelqu'un à nous renverser avec sa voiture ou à nous mentir. Ils nous amènent seulement à connaître les objets sensoriels — la sensation douloureuse d'être heurté par la voiture ou le son des paroles trompeuses prononcées — dont nous faisons l'expérience en étant la base vers laquelle leur action est dirigée.

Postulons une hypothèse de la manière dont naît notre expérience de la cognition de tels objets sensoriels — par exemple, la sensation douloureuse d'être renversé par une voiture :

  • Tout d'abord, une pensée surgit avec laquelle nous pensons entrer dans une situation qui fournira les circonstances de notre rencontre avec un tel objet cognitif — par exemple, la pensée de traverser la rue à un moment et à un endroit spécifiques. Notez que le résultat — l'expérience de la sensation physique d'être heurté par une voiture — n'existe pas déjà, prédéterminé, à l'intérieur de cette pulsion karmique qui a provoqué cette pensée, ou à l'intérieur de cette pensée, ou à l'intérieur du fait que nous avons traversé la rue. Un résultat ne se trouve pas à l'intérieur d'une cause, attendant d'en sortir. Les causes de la présence de la voiture qui nous renverse ne proviennent pas non plus de notre côté — nous ne sommes pas à l'origine de la présence de la voiture dans cette rue et nous ne sommes pas à l'origine du fait que le conducteur de cette voiture nous percute. Elles découlent de leurs propres causes.
  • Ensuite, une intention apparaît — l'intention ou le souhait d'entrer dans la situation qui fournira les circonstances de la rencontre avec l'objet — l'intention de traverser la rue. L'intention peut être décisive ou indécise.
  • Lorsque l'intention est décisive et que des circonstances favorables se présentent, un potentiel karmique ayant la nature essentielle d'une tendance karmique, ainsi qu'une tendance karmique à faire l'expérience de ce résultat qui correspond à sa cause s'activent comme une simple impulsion karmique de l'esprit (une pulsion mentale) d'entrer dans cette situation.
  • Cette simple impulsion karmique de l'esprit attire la conscience physique, avec l'intention décisive et les autres facteurs mentaux qui l'accompagnent, pour engager une impulsion karmique du mouvement du corps comme méthode pour entrer en contact avec la voiture qui nous heurte. Cette impulsion karmique de l'esprit amène également notre conscience physique à percevoir la sensation physique douloureuse d'être renversé par la voiture.

Les résultats dominants

Les résultats dominants font référence aux circonstances de l'état de renaissance dans lequel nous sommes nés et que nous vivons en commun avec beaucoup d'autres personnes nées dans le même environnement. Par exemple, si nous prenons la vie d'autrui, nous naissons dans un endroit dangereux ou dans un endroit malsain où la nourriture et la boisson sont rares et de mauvaise qualité. En mentant, nous naîtrons dans un lieu où règne la peur, la malhonnêteté et où les projets ont tendance à échouer. Les textes ne précisent pas si ce résultat se rapporte également au fait de s’installer dans de tels endroits au cours de notre vie. Comme ces conditions du lieu où nous pourrions renaître résultent de l'activité humaine, Gorampa les appelle les « résultats créés par l'homme » (skyes-bu byed-pa'i 'bras-bu).

Mon début d’hypothèse est que l'expérience de ces résultats dominants dans notre état de renaissance se réfère aux résultats qui proviennent des impulsions karmiques complémentaires (rdzogs-byed-kyi las) qui sont également activées au moment de la mort à partir de potentiels karmiques ayant la nature essentielle de tendances. Les impulsions karmiques complémentaires font culminer les circonstances dans lesquelles les résultats à maturité se produisent et font partie du dixième lien de la coproduction conditionnée, le lien de la poursuite de l'existence. Si cette hypothèse est correcte, la manière dont l'expérience de ces résultats se produit serait semblable à celle décrite pour l'expérience des résultats à maturité.

Bonheur et malheur

La première des quatre lois du karma, la loi de la certitude du karma, stipule qu'il est certain que tout bonheur que nous éprouvons est le résultat de nos actions constructives antérieures, et que tout malheur que nous éprouvons est le résultat de nos actions destructives antérieures. Cependant, je n'ai jamais vu qu'il était précisé lequel des quatre types de résultats correspondait à ces sentiments qui se manifestent tout au long de notre vie. Mon hypothèse est que ces sentiments de bonheur et de malheur sont une sous-catégorie de résultats à maturité, puisque les sentiments eux-mêmes sont des phénomènes non spécifiés, et qu'ils n'apparaissent qu'à partir de phénomènes constructifs ou destructeurs. Cependant, lorsqu'ils accompagnent une conscience, les sentiments de bonheur ou de malheur prennent le statut éthique de cette conscience, tout comme l'impulsion karmique de l'esprit (la pulsion mentale) et les autres facteurs mentaux qui l'accompagnent.

Analyse de la causalité karmique en fonction des cinq agrégats

Tous les éléments qui composent chaque moment d'un cheminement karmique, ses répercussions karmiques et l'expérience de ses résultats karmiques s'intègrent dans les cinq agrégats qui constituent chaque moment de notre expérience. Analysons uniquement les actions physiques et verbales qui sont soit constructives, soit destructives, et uniquement les phases principales de ces actions.

Pendant la période du cheminement karmique

L'agrégat des formes des phénomènes physiques

  • La vue du corps ou le son de la voix de la base vers laquelle l'action est dirigée, ainsi que l'autre personne vers laquelle l'action est dirigée, en tant que phénomène d'imputation sur cette vue ou ce son. Il peut également s'agir de la vue d'un objet à voler. Cela se réfère à des hologrammes mentaux représentant tous ces éléments, qui sont liés à notre continuum mental. Il ne s'agit pas du corps en tant que tel, de la voix ou du soi conventionnel de cette autre personne, ni de l'objet que nous volons, aucun d'entre eux n'étant liés à notre continuum mental.
  • La forme révélatrice (potentiel karmique manifeste) — la forme du mouvement compulsif de notre corps ou le son des paroles compulsives de notre voix pendant la mise en œuvre de l'action karmique.
  • La forme non révélatrice (potentiel karmique obscur).

L'agrégat de la distinction

  • Le fait de distinguer la base sur laquelle l'action karmique est dirigée.

L'agrégat des autres variables incidentes

  • L'impulsion karmique impérieuse de l'esprit (pulsion mentale)
  • L'intention
  • L'émotion qui motive l'action
  • Le fait d'aimer faire l'action
  • Les autres facteurs mentaux qui accompagnent l'action
  • L'action karmique du corps ou de la parole (le cheminement de l'impulsion karmique du corps ou de la parole, le potentiel karmique manifeste), en tant que variable non congruente incidente.

L'agrégat des sentiments

  • Les sentiments d'un certain niveau de bonheur ou de malheur.

L'agrégat de la conscience

  • La conscience sensorielle qui perçoit la vue du corps ou le son de la voix de la base vers laquelle l'action est dirigée, ainsi que l'autre personne vers laquelle l'action est dirigée, ou qui perçoit la vue d'un objet à voler.
  • La conscience physique qui connaît les éléments de notre corps impliqués dans la production du mouvement du corps ou du son de la voix.

La finalité du cheminement karmique peut être vécue sur notre propre continuum mental, par exemple : (1) distinguer ce que nous avons volé comme étant à nous, (2) éprouver la sensation de plaisir dans un acte sexuel inapproprié, ou (3) bavarder vainement.

Il se peut aussi que la finalité du cheminement karmique ne soit pas vécue comme faisant partie de notre continuum mental — par exemple, dans le cas où l'objet de notre action karmique : (1) meurt, (2) comprend les mots de notre mensonge, (3) comprend les mots de notre langage grossier, ou (4) les deux parties qui sont les objets de notre langage de division perdent leur harmonie, ou bien leur disharmonie s'aggrave. Dans de tels cas, nous n'avons pas besoin de savoir que notre action karmique est arrivée à son terme, bien que nous devions toujours être en vie pour que les résultats de notre action soient complets.

Pendant la période des répercussions karmiques

L'agrégat des formes des phénomènes physiques

  • La forme non révélatrice (potentiel karmique obscur)

L'agrégat des autres variables incidentes

  • Le potentiel karmique ayant pris le caractère essentiel d'une tendance (potentiel karmique obscur)
  • La tendance karmique
  • Les habitudes karmiques constantes.

Les trois autres agrégats sont également présents à chaque moment de l'expérience, y compris les facteurs mentaux destructeurs, constructifs mais souillés, ainsi que ceux qui sont non spécifiés.

Pendant la période où les résultats karmiques se produisent

L'agrégat des formes des phénomènes physiques

  • Le type de corps de renaissance (humain, mouche)
  • Le type de capteurs cognitifs de notre corps de renaissance (des yeux humains ou de mouche).
  • En tant qu'objet de connaissance, la vue, le son, l'odeur, le goût ou la sensation physique de l'environnement dans lequel nous renaissons ou vivons.
  • En tant qu'objet de connaissance, la vue, le son ou la sensation physique de quelque chose qui nous arrive et qui est similaire à ce que nous avons fait dans le passé.

L'agrégat de la conscience

  • Les types de conscience de notre corps de renaissance (conscience visuelle ou mentale humaine, conscience visuelle ou mentale d'une mouche)
  • Le moment de la conscience où l'on perçoit la vue, le son ou la sensation physique de quelque chose qui nous arrive, semblable à ce que nous avons fait dans le passé.

L'agrégat des sentiments

  • Le niveau de bonheur ou de malheur qui accompagne chaque instant.

L'agrégat des autres variables incidentes

  • La simple impulsion karmique de l'esprit (la pulsion mentale) qui pousse la conscience et les facteurs mentaux qui l'accompagnent à la vue, au son ou à la sensation physique de quelque chose qui nous arrive, semblable à ce que nous avons fait dans le passé.
  • Les facteurs mentaux non spécifiés de notre type d'esprit de renaissance (par exemple, la concentration humaine, la concentration d'une mouche, la conscience discriminante et l'intelligence humaines, la conscience discriminante et l'intelligence d'une mouche).
  • Ou, dans le cas d'un résultat qui correspond à sa cause dans notre comportement, le fait d'aimer faire une action similaire à celle que nous avons faite auparavant et l'intention ferme de la répéter.

Bien sûr, il y a aussi, à chaque moment, l'agrégat de la distinction et, en tant que partie de l'agrégat des autres variables incidentes, les facteurs mentaux destructeurs, constructifs et non spécifiés.

Dans les trois situations : pendant le cheminement karmique, et ensuite, avant que les résultats ne se produisent et pendant que les résultats se produisent, les différents types de répercussions karmiques sont également présents dans l'agrégat des variables incidentes tant qu'elles n'ont pas fini de donner leurs résultats.

Le soi en tant qu'agent du karma et celui qui fait l’expérience de ses résultats

Le soi, le « moi » conventionnel, une personne, [qui sont synonymes] sont des variables non congruentes incidentes, des phénomènes d'imputation non statiques sur la base des agrégats en constante évolution tout au long des trois périodes : pendant le temps du cheminement karmique, pendant le temps des répercussions karmiques et pendant le temps où les résultats karmiques surviennent. Les répercussions karmiques qui sont des variables non congruentes incidentes sont des phénomènes d'imputation sur la base de ce moi conventionnel — en un sens, elles « se greffent » sur le moi conventionnel. Le moi conventionnel et les répercussions karmiques qui s'y greffent font partie de l'agrégat des autres variables incidentes. C'est ce moi conventionnel qui commet des actions karmiques et en expérimente les résultats.

Les agrégats, en tant que base d'imputation du soi, ne sont ni statiques (ils changent à chaque instant), ni monolithiques (ils sont constitués de nombreux composants en constante évolution) et ne peuvent exister indépendamment du fait d'être le corps, l'esprit, etc., d'une personne. De même, le soi, une personne, en tant que base d'imputation des répercussions karmiques qui sont des variables non congruentes incidentes, n'est pas non plus statique (il n'est pas immuable, il n'est pas non affecté par les choses et il n'est pas incapable de faire quoi que ce soit), il n'est pas sans parties et il ne peut pas exister de manière séparée et indépendante d'un corps, d'un esprit et ainsi de suite. De même, les répercussions karmiques qui sont des phénomènes d'imputation sur la base du soi ne sont pas non plus statiques (elles ne sont pas immuables, ne sont pas non affectées par les choses et ne sont pas incapables de faire quoi que ce soit), ne sont pas sans parties et ne peuvent pas exister séparément et indépendamment d'une personne, d'un corps, d'un esprit, et ainsi de suite.

  • L'absence totale d'un soi statique, sans partie, existant de manière indépendante est l'absence d'identité grossière ou l'absence de soi de la personne (gang-zag-gi bdag-med rags-pa).
  • Si le soi était statique, il ne pourrait commettre aucune action et ne pourrait expérimenter aucun résultat.
  • Si le soi était sans partie, il ne pourrait pas avoir les deux aspects distincts que sont l'engagement d'une action karmique et l'expérience de ses résultats.
  • Si le soi était indépendant et pouvait exister séparément, de par lui-même, alors il pourrait faire des choses sans corps ni esprit, et le corps pourrait faire des choses sans que personne ne les fasse.
  • Il n'existe donc pas de soi statique, sans partie, indépendant et dissociable, vivant à l'intérieur d'un corps et d'un esprit et le gérant comme sa propriété, commettant des actions karmiques avec le corps, la parole et l'esprit, et faisant l'expérience des résultats de ces actions avec le corps et l'esprit.
  • La relation du soi avec les agrégats est celle d'un phénomène d'imputation lié à une base d'imputation.
  • Le soi est lié, en tant que phénomène d'imputation, à la base d'un réseau d'agrégats différent, bien qu'en rapport, dans chaque vie et à un réseau d'agrégats différent, bien qu’en rapport, à chaque moment de chaque vie.
  • Les répercussions karmiques, étant des variables non congruentes incidentes, liées au soi en tant que phénomènes d'imputation, sont également différentes, bien qu’en rapport, à chaque moment de chaque vie.

En tant que phénomène d'imputation lié aux agrégats comme base d'imputation, le soi ne peut être connu que simultanément avec les agrégats.

  • Son vide [absence] d'être connaissable de manière autosuffisante (rdzas-yod) est l'absence subtile d'identité ou l'absence de soi de la personne (gang-zag-gi bdag-med phra-mo).
  • Si une personne pouvait être connue par elle-même comme « mauvaise », « à blâmer » ou « coupable », alors cette personne pourrait être reconnue comme coupable, de manière valide, par quiconque la verrait, sans savoir de quoi elle est coupable.

En tant qu'objet connaissable imputé (btags-yod), l'existence du soi ne peut être établie qu'en relation avec ce que l'étiquette mentale (concept, catégorie) du « soi » et du mot « soi » désigne sur la base des agrégats. Il n'est pas auto-établi (rang-bzhin-gyi grub-pa, existant de manière inhérente).

  • L'étiquetage mental est conceptuel et s'appuie sur des catégories statiques.
  • La désignation se fait à l'aide de mots désignés sur les catégories et, par le biais des catégories, sur les éléments qui s'inscrivent dans les catégories.
  • L'existence auto-établie de quelque chose est une existence établie par une nature auto-établie (rang-bzhin) trouvable à l'intérieur de l'objet, ce qui en fait une « chose » référente trouvable (btags-don) correspondant à l'étiquette mentale et au mot qui la désignent, plutôt que simplement comme l'objet référent (btags-chos) auquel l'étiquette mentale et le mot se réfèrent.

À l'intérieur de chaque moment d'expérience constitué de composantes de chacun des cinq agrégats, les composantes individuelles n'existent pas en tant qu'entités auto-établies, emballées dans du plastique et séparées les unes des autres. Il en est de même pour le soi. Nous pouvons distinguer ces composantes les unes des autres, les classer conceptuellement dans des catégories et les nommer. Leur existence, elle aussi, ne peut être établie qu'en référence aux concepts, aux catégories et aux mots qui les désignent de manière conventionnelle.

Actions karmiques : le blâme en comparaison avec la responsabilité

L'existence d'un soi, conçu comme celui qui est à blâmer pour une action karmique et celui qui en expérimente les résultats, implique qu'il existe une personne statique, connaissable de manière autosuffisante, dûment existante et auto-établie — c'est-à-dire le soi que nous devons réfuter — qui a commis l'action et qui a fait l'expérience du résultat de cette action. Le « blâme » met l'accent sur ce qui ne se produit plus (l'action karmique) et sur l'expérience du résultat qui se produit actuellement ou qui ne se produit pas encore.

Plus précisément, le « blâme » pour les actions karmiques repose sur l'idée erronée que :

  • Le « soi » conventionnel qui a commis l'action karmique et fait l'expérience de son résultat karmique est le soi à réfuter.
  • Le résultat karmique existe en tant qu'entité statique, auto-établie et prédéterminée, que l'on peut trouver à l'intérieur (1) de l'action karmique qui se produit actuellement et qui ne se produit plus, (2) de ses répercussions karmiques qui ne se produisent pas encore, qui se produisent actuellement et qui ne se produisent plus, et (3) de son résultat karmique qui ne se produit pas encore, qui se produit actuellement et qui ne se produit plus.
  • Les répercussions karmiques mal interprétées sont des phénomènes d'imputation liés à la base du soi à réfuter, qui est un soi qui n'existe pas du tout.

Le soi, comme étant le responsable de ses actions karmiques antérieures, est le soi conventionnel produit en dépendance, connaissable par imputation, en perpétuel changement et non statique. L'accent mis sur « comme étant responsable » concerne soit le « moi » conventionnel qui est responsable de ce dont il fait l'expérience présentement, ou ce dont il ne fait pas encore l'expérience, des résultats de ses actions passées, ou encore, du fait de changer son comportement. En appliquant les forces d’opposition, par exemple, il est possible d'éviter de subir les effets karmiques qui se produiraient autrement.

Conclusion

Pour éviter des souffrances telles que la culpabilité, nous devons décomposer les composantes des trois périodes du karma (le cheminement karmique d'une action karmique, les répercussions karmiques et les résultats karmiques) en les cinq agrégats qui surviennent au cours de ces périodes, et comprendre le soi conventionnel comme un phénomène imputé sur la base de ces agrégats. Nous devons comprendre que toutes les composantes de ces agrégats se produisent en dépendance de leurs propres causes et de leurs propres parties, ainsi de ce à quoi les concepts et les mots se réfèrent. Nous pouvons alors comprendre que le « blâme » concernant notre expérience des résultats karmiques de notre comportement est fondé sur les idées fausses liées à la saisie d'un « moi » auto-établi, alors que la « responsabilité » de notre karma est fondée sur une compréhension correcte du vide et de la coproduction conditionnée. Avec une telle compréhension, nous pouvons travailler avec les différents facteurs impliqués dans le karma, afin de créer les circonstances les plus propices pour atteindre la libération et l'illumination.

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