Phénomènes non statiques considérés comme phénomènes statiques

Comment assimiler les enseignements

Avant de commencer aujourd’hui, je vous ai demandé d’essayer de vous rappeler les points principaux de notre discussion d’hier soir. Il est très important de se prêter à un tel exercice après avoir écouté un exposé ou lu quelque chose. Je ne parle pas seulement de la lecture de journaux ou de réclames en devanture des kiosques, je parle de nos lectures d’apprentissage de quelque chose, que ce soit le Dharma ou autre. Après avoir lu quelque chose ou écouté un enseignement, tout de suite après, nous essayons de nous remémorer les points principaux. Cela laisse une impression plus profonde sur l’esprit. Puis, le lendemain, nous voyons ce que nous avons retenu. 

Nous prenons des notes parce que notre mémoire n’est pas si bonne ou que nos souvenirs ne sont pas très exacts, mais il ne suffit pas de nous reposer uniquement sur nos notes. C’est comme, par exemple, quand l’heure de notre mort arrive, nous ne pouvons pas dire à la mort : « Attendez une minute, je vais chercher mes notes pour me rappeler à quoi je dois faire attention au moment de mourir ». Il faut que tout soit présent à notre esprit, il faut que nous ayons instantanément les informations « au bout des doigts », comme on dit en anglais.

Quand on reçoit un enseignement, que ce soit oralement ou par écrit, des efforts sont nécessaires pour pouvoir le digérer, le mémoriser et en faire une partie intégrante de nous-même. Il ne s’agit pas de se rappeler seulement les blagues et les boutades, mais de se souvenir de l’essence de ce que nous avons entendu ou lu. Cela fait partie de tout le processus de la méditation. La méditation a de multiples facettes et la « révision » en est une, c’est comme la « méditation de révision » qu’on appelle parfois « méditation coup d’œil ».   

Peu importe le type de méditation que nous choisissons, il convient d’abord de nous remémorer les instructions. On ne reste pas assis là en disant : « Aucune idée de ce qu’il faut faire. Je ne me rappelle pas ce que je suis censé faire ». Même pour le type de méditation la plus élémentaire, même si c’est simplement la concentration sur la respiration, nous avons besoin de nous rappeler : « Que suis-je en train de faire » et « pourquoi ? », etc. Ce processus de révision n’est pas un simple exercice intellectuel, il fait partie du processus d’assimilation des enseignements.

Il est souvent utile de mettre nos propres mots sur les choses. Si nous sommes traducteur ou interprète, nous avons sans doute besoin de nous rappeler chaque mot qui a été dit afin de pouvoir le traduire. Néanmoins, il est important aussi de dire les choses avec nos propres mots pour pouvoir confirmer que nous avons bien compris. C’est un exercice que l’on peut faire seul ou avec une autre personne pour nous aider mutuellement, ou en groupe. Quelqu’un explique quelque chose et la personne suivante le rend dans ses propres mots. De cette manière nous nous aidons les uns les autres à mieux comprendre.  

Les moines et moniales tibétains s’entraînent au débat. Le débat consiste essentiellement à mettre au défi la compréhension de chacun en posant des questions et en essayant de s’assurer que l’autre personne a une compréhension cohérente, sans contradiction. Même si l’on ne s’engage pas dans le débat et la logique – lesquels ne sont pas absolument nécessaires, à moins de vouloir réellement aller au fond des choses – néanmoins, si l’on se questionne réciproquement sur ce qu’on a compris et si cette compréhension s’avère incorrecte, on peut toujours se corriger mutuellement ou revenir aux enregistrements, reprendre nos notes, etc., nous pouvons clarifier les choses. Ce processus permet d’obtenir une compréhension plus correcte et plus précise.

C’est à ce stade que la motivation joue un rôle, car nous avons vraiment besoin d’une compréhension claire. Si nous ne faisons pas attention, nous allons assister à un enseignement – justement, nous y voilà ! – mais ce qui entre par une oreille ressort par l’autre, et c’est tout. Cela devient comme un événement social, pas plus. Il faut vraiment avoir la volonté de comprendre. Or, tout dépend de notre motivation. Il y a maints niveaux de motivation et le bouddhisme offre tout un cursus de formation pour développer une motivation de plus en plus forte, mais nous n’avons pas besoin d’entrer maintenant dans les détails.

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