Obstacles empêchant les connexions positives avec les autres

Révision

Dans notre première session, nous avons brossé une introduction de base concernant le sujet. Nous avons vu que quand nous parlons du refuge dans le bouddhisme, nous ne parlons pas d’un acte passif consistant à se tourner vers quelque puissance supérieure pour nous protéger, mais plutôt, à prendre certaines mesures pour empêcher nos propres souffrances et difficultés. On peut décrire cela comme le fait de donner une direction positive et sûre à notre vie. Cette direction consiste à travailler sur nous-mêmes pour surmonter et éviter les divers inconvénients et problèmes dans nos vies. Travailler sur soi est quelque chose qui donne un sens à notre vie et c’est dû au fait que nous nous efforçons d’apporter plus de bonheur à nous-mêmes et aux autres. Puis, nous avons examiné ce que veut dire se procurer plus de bonheur, et nous avons vu que ça ne veut pas vraiment dire avoir plus d’amusement, de distraction et de plaisir, car tout bonheur qu’on tire de ces choses ne dure pas. Ce n’est jamais assez. Nous en voulons toujours plus.

Ce qui aurait réellement du sens serait d’avoir une sorte de niveau de bonheur plus basique, plus fondamental. Nous avons vu, en se fondant juste sur la biologie, que ce niveau plus stable de bonheur vient du soutien émotionnel que nous obtenons en étant reliés et en se sentant connectés aux autres – par le simple fait que nous sommes des animaux sociaux, biologiquement.

Nous avons examiné que quand nous sommes fermés et uniquement concernés par nous-mêmes, autocentrés en somme, cela nous coupe des autres et nous nous sentons isolés et seuls. Et cela nous rend malheureux – cela rend tout le monde malheureux. Je pense que nous savons tous cela. À mon avis, pratiquement tout le monde, à un moment donné ou à un autre, sombre dans ce syndrome de se dire : « Pauvre de moi, personne ne m’aime », ce qui est très désagréable, n’est-ce pas ? Tandis que si nous sommes ouverts aux autres, si nous pensons aux autres, prenant soin d’eux et les aidant par de petits actes de bonté, cela nous fait nous sentir plus stables, soutenus et heureux – pas spectaculairement heureux, mais d’un bonheur très calme et réconfortant. Nous faisons une différence entre quelqu’un au cœur chaleureux et quelqu’un qui a le cœur froid. Une personne chaleureuse est une personne ouverte et aimante – fondamentalement, c’est une personne heureuse. Une personne au cœur froid est quelqu’un de renfermé, de glaçant – quelqu’un avec qui personne ne veut être.

Contempler l’entraînement de l’esprit

Comme il est dit dans un des grands textes bouddhiques, L’Entraînement de l’esprit en sept points, faisons porter tout le blâme de nos problèmes sur une chose : notre attitude de nous chérir, de nous préoccuper de nous, de nous sentir uniquement concernés par nous-mêmes. Ailleurs, dans le même texte, il est dit que si toute notre pratique bouddhique en revient à ce seul point, que si tout ce que nous faisons nous le faisons dans l’intention de surmonter le fait de se chérir, alors c’est un signe que notre pratique est couronnée de succès. Aussi, cette présentation du refuge, que nous parcourrons ce week-end, sera d’adopter l’approche de L’Entraînement de l’esprit en sept points, et de voir comment elle peut s’appliquer au plus fondamental, au plus basique enseignement du bouddhisme qui est le refuge. Je pense que c’est cela qui le rend le plus significatif. Quand je dis significatif, ce que je veux dire c’est que cela lui donne plus de sens, quelque chose auquel on peut véritablement se relier. En fait, nous voyons comment le refuge constitue le fondement tout entier de la voie bouddhique.

Le premier pas que nous devons franchir en termes de refuge – pas juste en en parlant de manière théorique mais en l’appliquant chaque jour – est de commencer la journée en donnant une direction, en réaffirmant une direction dans nos vies. La première étape pour faire cela est de réaffirmer l’importance du refuge, pourquoi nous voulons faire cela. Le matin nous commençons par l’intention, puis nous accomplissons notre pratique du Dharma, et nous la dédions. Donc la réaffirmation d’une direction précède l’intention – c’est ce qui nous mène à l’intention. Ce que nous constatons – si la journée paraît maussade, n’allant nulle part, ou très insatisfaisante – c’est que ce n’est pas ce que nous voulons. Ce n’est pas très gratifiant.

Ce qui serait de loin préférable, ce serait de donner un certain sens à notre vie – de faire quelque chose qui ait du sens aujourd’hui. Comme je l’ai mentionné hier, quand nous sentons que nous pouvons au moins créer une petite différence dans le monde, ne serait-ce qu’envers une seule personne en la rendant un petit peu plus heureuse, cela nous donne un sentiment d’estime de soi. Or, ce sentiment d’estime de soi est tellement crucial pour notre niveau basique de bonheur dans la vie. Telle est la direction que nous voulons donner à notre vie – établissez ensuite l’intention d’aller dans cette direction, d’essayer de faire cela. Comme nous l’avons dit dans la première session, c’est le niveau le plus basique du refuge. Puis, si nous le voulons, nous pouvons ajouter de plus en plus de détails concernant le sens de ce que signifie aller dans cette direction, mais d’abord, nous prenons cette direction générale.

Si on se contente de dire : « La direction c’est le bouddha, le Dharma et le Sangha », et que nous pouvons juste dresser la liste de toute la série de leurs qualités, cela n’a pas vraiment de sens dans nos vies ordinaires. Nous devons comprendre ce qu’il y a derrière le refuge, ce qui sous-tend la direction la plus fondamentale. Et comme je l’ai dit auparavant, si nous considérons juste le corps physique d’un bouddha, avec toutes ses caractéristiques, il s’agit d’une infographie où chaque caractère indique quelle en a été la cause, et la cause était de chérir les autres de trente-deux façons différentes. C’est ce que l’infographie signifie. Par exemple, prenons les qualités de la parole d’un bouddha : tout le monde peut comprendre ce que dit un bouddha, dans n’importe quelle langue. De toute évidence, si nous nous soucions des autres, nous prenons soin de communiquer avec eux – de communiquer avec eux d’une façon qu’ils peuvent comprendre. C’est là tout l’enjeu, toute l’idée, derrière ces qualités de la parole. C’est un but vers lequel nous pouvons tendre.  

D’autre part, les qualités de l’esprit, la capacité à comprendre tout le monde – comprendre leurs problèmes, leurs besoins et la manière de les aider vraiment – c’est un but vers lequel nous pouvons vraiment essayer de parvenir. Même au niveau le plus basique, prendre soin des autres est la première étape, et écouter ce qu’ils ont à dire, être réceptif à ce qui se passe en eux, pas juste se dire : « Oh, qu’ils se taisent et me laissent tranquille pour que je puisse retourner consulter ma page Facebook », ce genre de pensée.

C’est comme quand nous sommes dans un métro bondé, voulons-nous seulement nous renfermer et nous perdre dans nos téléphones portables ou nos écouteurs ? Ou bien, est-ce que le fait de prendre le métro nous donne une opportunité de nous sentir connectés à tous ces gens ? Quand pensons-nous jamais de la sorte ? Combien de gens prennent réellement plaisir à se déplacer dans un métro bondé ? Ou d’être pris dans un de ces embouteillages classiques, ici, à Moscou ? Pensons-nous beaucoup à tous ces autres gens pris dans la circulation ? En général, nous avons des pensées très négatives à leur égard.

C’est de cela que traite la pratique de l’entraînement de l’esprit – transformer ces situations difficiles qui nous mettent au défi en situations positives au cours desquelles nous pouvons véritablement développer un souci des autres. Il s’agit de développer la compréhension que personne ne veut se trouver dans cet embouteillage, et que nous y sommes tous ensemble. Fondamentalement, il s’agit de réaliser que nous ne sommes pas les seuls à être coincés. Le trafic ou le métro bondé sont de merveilleuses opportunités pour travailler sur la compassion – la compassion pour tous les autres pris dans la même situation. En faisant des pratiques de tonglen, prenant sur soi toute la frustration de tous les autres, nous souhaiterons, grâce à notre patience, compréhension et ouverture, que tout le monde puisse travailler sur la compassion de cette façon, et nous imaginons que nous leur donnons cette pratique. En faisant cela, nous transformons toute la situation ; c’est de cela qu’il s’agit quand on donne une direction sûre à notre vie – pas juste : « Oh Bouddha, sors-moi de cet embouteillage ! » Le refuge donne donc un sens à notre vie.

Quand, par exemple, nous démarrons la journée le matin avec la pensée : « Oh, mon dieu, il va falloir que je sois pris dans les encombrements pendant deux heures pour aller au travail – quelle torture ! », ou la pensée : « Pauvre de moi ! » – nous nous rendons misérables. Si nous commençons la journée en pensant : « Voilà que j’ai deux heures maintenant pour pratiquer la compassion en allant au travail, et pour travailler sur moi-même afin de voir si je peux réellement gérer cette situation et ne pas être contrarié ? » – cela donne un goût complètement différent à notre vie, n’est-ce pas ? C’est de cela qu’il s’agit quand on parle d’établir l’intention, de prendre refuge le matin quand on se réveille. Ce n’est pas de faire mécaniquement quelques prosternations et de réciter quelques versets. 

Développer cette connexion avec les autres, fondée sur le fait de les chérir et de les aider, sous-tend tout ce que j’ai dit jusqu’à présent. Ensuite, la chose que nous voulons réellement identifier, c’est : qu’avons-nous besoin de surmonter pour être capable de faire cela, pour établir cette connexion avec les autres, et la ressentir ? Qu’est-ce qui m’empêche de le faire ? C’est l’étape suivante.

Bien entendu, le bouddhisme dresse toute une liste de choses qui nous en empêche, mais avant de passer en revue cette liste, je pense qu’il est utile de simplement regarder en nous-mêmes pour voir si nous pouvons éventuellement identifier ce qui nous empêche de ressentir cette connexion, cette ouverture aux autres. Mettons-nous le blâme sur la pensée : « Bon, personne ne m’aime, c’est de leur faute à tous ! » Ou bien, quelle est la source de ce sentiment, réellement ? Est-ce de penser : « Je suis tellement merveilleux, mais personne ne m’apprécie à ma juste valeur », pas vrai ? 

Ce n’est pas très agréable d’examiner le genre d’attitude qui nous fait dire : « Personne ne me comprend. Je suis tellement seul, personne ne me comprend. » Qu’est-ce que ce genre de pensée ? Est-ce qu’elle nous rend heureux, ou malheureux ?

L’exemple auquel je pensais, qui m’a fait ricaner, c’est quand nous sommes avec quelqu’un, quand nous rencontrons un ami – voulons-nous juste lui raconter tous nos problèmes, ou sommes-nous concernés par ce qui lui arrive ? J’ai des amis comme ça, qui ne demande jamais comment je vais, il s’embarque immédiatement dans une longue histoire de toutes les difficultés qu’ils ont eues au cours de la semaine. Nous pouvons donc nous trouver d’un côté ou de l’autre – soit être du côté qui veut juste parler de nous et ne se soucie pas vraiment de l’autre personne, soit se tenir de l’autre côté, reconnaissant que cette personne me raconte tous ses problèmes, avec comme pensée principale dans la tête : « Tais-toi maintenant, car je veux te parler de moi ! » Donc, l’égocentrisme se tient des deux côtés. Cela rend l’interaction très désagréable.

[Méditation]

Dans tous les cas, ce qui aide c’est de passer en revue les divers facteurs qui nous empêchent fondamentalement de nous connecter aux autres, d’être heureux, tels qu’ils sont exposés dans les étapes progressives du lam-rim. Le lam-rim est merveilleux dans ce sens. Examinons ces causes une par une.

La raison pour laquelle nous ne sommes pas connectés aux autres, c’est parce que nous manquons du premier état émotionnel – le premier composant de l’état émotionnel – que nous devons développer afin de véritablement donner cette direction à notre vie, et c’est la peur ! La peur signifie être horrifié de ce que nous faisons en étant égocentriques, ce qui ne fait que créer plus de malheur pour nous-mêmes. Nous sommes horrifiés par cela. Ce n’est pas que nous en avons peur mais que nous pensons que ce que nous faisons est horrible. Nous voulons vraiment y mettre un terme.

Obstacle numéro un : les comportements destructeurs

Le premier obstacle c’est d’agir de manière destructrice. Qu’est-ce que cela comporte ? Être malhonnête avec les autres. Les tromper. Les brutaliser. Leur faire du mal d’une façon ou d’une autre. S’accrocher à eux – « Ne me quitte jamais ! Pourquoi n’as-tu pas appelé ? Pourquoi tu ne m’aimes pas ? » Ou bien les ignorer et être totalement insensibles à eux. Ce sont tous là des types de comportement destructeurs, et ils ne nous gagnent certainement pas des amitiés, n’est-ce pas ?

Les gens ne nous aiment pas si nous sommes malhonnêtes, si nous les trompons ou les maltraitons, etc.

Par ailleurs, si nous les utilisons juste pour notre propre plaisir, en les exploitant : « Qu’est-ce que je peux obtenir d’eux ? » Ce sont des choses à observer dans nos propres relations personnelles. Nous nous examinons pour voir notre comportement dans telle ou telle relation – « Comment est-ce que j’agis, comment est-ce que je me comporte ? Est-ce que j’utilise cette personne pour mon propre bénéfice, mon propre plaisir ? » Ou bien, on se demande : « Quel travail puis-je obtenir de cette personne, ou qu’est-ce que je peux lui faire faire pour moi ? » Est-ce que cela nous empêche réellement de nous sentir connectés avec elle d’une façon positive ? Est-ce que nous l’aidons vraiment ? Est-ce que cela nous rend heureux d’avoir ce genre de relation avec les autres ? 

Ce comportement destructeur est quelque chose à examiner. Si nous trouvons que c’est la manière dont nous agissons avec de nombreuses personnes, cela ne fait qu’accroître l’isolement, rendre plus mauvaises nos relations, et nous sommes horrifiés par notre comportement. « Je ne veux pas faire ça ! C’est autodestructeur. Non seulement c’est désagréable pour l’autre, mais c’est également autodestructeur pour moi ! » En particulier si nous sommes dans la position où nous avons des gens qui travaillent pour nous – est-ce que nous nous contentons de les utiliser ? Les voyons-nous juste comme la fonction qu’ils accomplissent, ou les voyons-nous comme des êtres humains ? Donc, examinons-nous pour voir si nous agissons de manière destructrice. Nous n’avons pas besoin de pousser l’examen à l’extrême qu’on trouve cité dans le lam-rim, vérifiant si nous nous promenons à la ronde en tuant des gens. Il s’agit là d’une catégorie générale. Sous ce principe se tiennent toutes les variantes de la façon de faire du mal à quelqu’un d’une manière ou d’une autre, et pas seulement de tuer des moustiques.

[Méditation]

Obstacle numéro deux : les émotions perturbatrices

La prochaine chose que nous examinons ce sont nos émotions perturbatrices, comme de se mettre en colère après d’autres gens, d’être rempli de désir pour eux, de s’accrocher à eux ou d’être naïf à propos de leurs sentiments. Sommes-nous naïfs à propos de l’effet de notre comportement sur eux ? Sommes-nous inquiets à l’idée qu’ils ne nous aiment pas, ou que peut-être ils nous rejetteront ? Regardons pour voir – est-ce que nous avons ces émotions perturbatrices dans nos relations avec les autres, et est-ce qu’elles nous empêchent vraiment de les aider et d’être connectés à eux d’une façon positive ? Sommes-nous toujours irrités par eux, perdant notre patience ? Ou bien sommes-nous attachés, pensant seulement à ce qu’ils peuvent faire pour nous ? En ayant ces états d’esprit émotionnel perturbés envers diverses personnes dans notre vie, est-ce que cela nous rend heureux ? Ou bien est-ce que cela gâche nos relations avec les autres ? Examinons-nous, et si cela est vrai, nous sommes horrifiés par le fait que cela continue. C’est quelque chose sur quoi nous aimerions travailler et que nous aimerions surmonter, n’est-ce pas ? « Cela m’isole des autres. Cela détruit mes amitiés. »

[Méditation]

Obstacle numéro trois : agir compulsivement de manière constructive

L’obstacle suivant est d’agir compulsivement de manière constructive. Cela inclut le fait d’être concerné de façon excessive par les autres, essayant toujours de les aider, même quand ils ne veulent pas ou n’ont pas besoin de notre aide, comme de donner un avis ou une opinion non désirés ; ou de les corriger constamment, même quand c’est inapproprié. Simplement parce qu’ils ne font pas les choses comme nous les faisons ou que nous aimerions qu’ils les fassent. Nous les corrigeons sans arrêt, pensant que cela leur sera utile, mais en fait ils ne font qu’en éprouver du ressentiment. Fondamentalement, nous nous faisons tout le temps du souci à leur sujet. Ce sont là des façons compulsives, constructives, d’agir avec les autres. 

À nouveau, nous nous examinons et constatons : « Est-ce que cela nous empêche de nous connecter réellement avec eux de façon positive, et est-ce que cela les aide vraiment ? Est-ce que cela nous rend heureux ? Le problème n’est pas de prendre soin d’eux, le problème est d’en faire trop. Si nous avons des adolescents, je pense que ce syndrome devient très clair. De même, si nous dirigeons un bureau, ou travaillons avec d’autres gens dans un service, en les poussant toujours à faire les choses à notre manière, plutôt que de les laisser faire à leur guise, ce qui pourrait s’avérer tout aussi efficace et correct – cela arrive souvent dans un bureau.

Une fois encore, si nous découvrons que nous agissons ainsi avec les autres – peut-être pas avec tout le monde, mais avec un nombre significatif de gens – c’est quelque chose qui nous coupe des autres. Cela empêche une bonne connexion avec autrui. En vertu de quoi nous pensons : « Cela m’horrifie. Je veux réellement surmonter ce comportement. J’aimerais aller dans la direction qui me sortira de cette façon d’agir. »

[Méditation]

Obstacle numéro quatre : les attitudes perturbatrices

Le lam-rim est magnifique ; il énumère étape par étape, degré après degré, toutes ces choses qui sont tellement autodestructrices. Celle que nous explorons ensuite, ce sont nos attitudes perturbatrices centrées autour de notre préoccupation de moi, moi, moi. Certains de ces états sous-tendent notre comportement destructeur, d’autres notre comportement compulsif constructif. Dans le cas de syndromes destructeurs, le fait d’être égoïste revient à penser sans cesse : « Je devrais agir à ma façon, je devrais obtenir ce que je veux, je suis le plus important, je devrais être au premier rang, j’ai toujours raison. » Ou bien ce pourrait être le contraire : « Je ne suis bon à rien, que se passera-t-il s’ils ne m’aiment pas ? » Tout ceci est focalisé sur moi, moi, moi, n’est-ce pas ? Et, dans le cas d’un syndrome compulsif constructif, ce seraient des choses du genre : « Je dois être parfait », la mentalité perfectionniste. Ou bien : « Ce qui est le mieux pour moi, ce que j’aime, c’est ce qui est le mieux pour vous. » Tous ces exemples sont des exemples de cette attitude perturbatrice de la préoccupation de soi – le fait de penser : « Le plus important c’est moi, ce que j’aime, ce que je pense, ce que je veux. »

Quand on commence vraiment à examiner notre façon de penser, il est étonnant de voir combien souvent ce genre de pensées s’élèvent, avec cette voix dans notre tête qui dit : « Je n’aime pas ce que vous avez fait, je veux qu’il en soit ainsi », etc. « Pourquoi n’êtes-vous pas comme je veux que vous soyez ? » On a même fait une étude – Sa Sainteté la cite souvent – comme quoi les gens qui ont le plus fréquemment à la bouche ou dans leurs pensées le mot « je » ou « moi », ce sont ceux qui ont le plus de problèmes cardiaques, de tension sanguine, ce genre de choses. Donc, on s’examine à nouveau : « Est-ce que cette attitude perturbatrice m’empêche d’être connecté aux autres d’une façon positive et de les aider vraiment ? Est-ce que cela me rend heureux ? » Et de nouveau, on est horrifié par cela. Plus nous sommes focalisés sur la pensée de nous-mêmes, en vérité, et plus nous sommes misérables.

[Méditation]

Obstacle numéro cinq : la récurrence incontrôlable

Ces syndromes se répètent, sous une forme ou une autre, avec tous les gens que nous rencontrons, et dans toutes les relations dans lesquelles nous nous engageons. Ces syndromes des émotions perturbatrices, du comportement destructeur, du comportement compulsif constructif, toujours préoccupés par moi, moi, moi, reviennent de manière incontrôlable. C’est de cela qu’il est question dans le samsara. Nous n’avons aucun contrôle dessus. Chaque relation dans laquelle on s’engage et chaque situation ne cessent de se reproduire, encore et encore. C’est réellement terrifiant. À chaque nouvelle relation dans laquelle je m’engage, à chaque nouvelle connexion avec quelqu’un, fondamentalement, ces syndromes les gâchent. Nous ne voulons pas qu’elles soient gâchées, mais nous les gâchons malgré tout. Nous n’avons aucun contrôle. Est-ce quelque chose que nous voulons voir continuer, ou est-ce quelque chose de terrifiant que nous voulons réellement surmonter ?

De nouveau, nous nous examinons. « Le fait que ces émotions et ces comportements se reproduisent de manière incontrôlable, est-ce que cela me procure une meilleure connexion avec les autres, ou une connexion pire ? Est-ce que cela me rend heureux ? Est-ce un schéma que j’aimerais briser ? »

[Méditation]

Obstacle numéro six : ne pas savoir comment aider les autres

Le dernier obstacle, c’est de ne pas savoir comment réellement aider les autres. Nous ne pouvons pas vraiment comprendre toutes les causes et conditions qui affectent les autres dans leur façon d’être à ce moment précis, et nous n’avons aucune idée de l’effet à long terme de tout ce que nous disons ou faisons dans notre tentative d’essayer de les aider. La chose est des plus claires quand on essaie d’élever des enfants – nous ne savons pas vraiment ce qui sera le mieux pour eux. Il se peut que nous ayons nos propres idées, mais en fait nous ne savons pas vraiment. Quoi que nous essayions, nous ne savons pas quel en sera l’effet – c’est plutôt terrible, n’est-ce pas ? En outre, nous ne savons pas comment aider nos amis ou nos parents âgés. Qu’est-ce qui serait le mieux pour eux ? Réellement, nous n’en avons aucune idée, n’est-ce pas ? Toutefois, nous souhaiterions savoir. Réfléchissez donc à tout cela.

[Méditation]

Pensées pour conclure

En résumé, tels sont les obstacles, les choses qui nous empêchent d’être vraiment connectés de manière positive, sensée et constructive avec les autres. Nous agissons de manière destructrice envers eux. Nous avons des émotions perturbatrices, comme de nous mettre en colère après eux. Nous essayons de les aider compulsivement, même quand ils ne veulent pas de notre aide, et nous sommes donc insistants. Nous essayons d’être parfaits. Nous sommes préoccupés par le moi : « Ce que j’aime doit être ce que vous aimeriez ; ce qui est bon pour moi doit être bon pour vous. » Ou bien : « Nous devrions toujours faire les choses à ma façon. » Tous ces syndromes ne cessent de se répéter encore et encore ; il semble que nous n’ayons aucun contrôle sur eux. Et même quand nous essayons d’aider les autres, nous ne savons pas vraiment ce qui sera le mieux. Réfléchir à tout ça, tel que c’est finement exposé dans le lam-rim pour nous, est une chose qui nous horrifie, une chose que nous voulons vraiment éviter. Quand on parle de refuge, on ne parle pas juste de faire cet examen au niveau initial du lam-rim. C’est pertinent tout au long du chemin.

Du fait que le refuge sous-tend le chemin tout entier, ne le limitez pas juste à la pensée : « Bon, j’ai peur d’aller en enfer, donc, Bouddha, sauve-moi. » C’est une façon très limitée d’envisager toute cette question du refuge. Nous regardons tous ces schémas en nous, et c’est ce dont on parle quand on dit de développer la « peur » – cela nous fait horreur. Nous ne voulons pas vraiment que ces émotions perturbatrices et ces comportements continuent. Au lieu de cela, nous voulons donner une certaine direction à notre vie qui nous aidera à empêcher que tout cela ne continue. Dans ce sens, il s’agit de refuge. Il nous sauve de la souffrance.

Rappelez-vous : concernant le refuge, comme pour tout autre sujet du Dharma, pour qu’il ait un sens à nos yeux, il doit être en accord avec nos propres vies personnelles. S’il n’est pas pertinent, si on ne voit pas sa pertinence, alors, au mieux, il s’agit juste d’une information intéressante, au pire d’une information ennuyeuse.

Une brève dédicace : quelle que soit la compréhension qui a surgi de cette discussion, puisse-t-elle s’approfondir de plus en plus, et agir comme cause pour véritablement prendre refuge, et pour atteindre l’illumination pour le bien de tous.

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