Précieuse renaissance humaine, mort et refuge

Une précieuse renaissance humaine

Il est très important d’apprécier le fait que nous disposons d’un précieux corps humain comme base de travail, lequel jouit de toutes sortes de répits et de libertés par rapport à toutes les situations difficiles où la chance de pratiquer est nulle, et possède également les facteurs enrichissants offerts par les diverses opportunités de nous améliorer. C’est sur cette base que nous pouvons pratiquer l’éthique et agir toujours de manière constructive, car si d’aventure nous avions pris renaissance comme animal, nous n’aurions aucun moyen de suivre un quelconque comportement éthique. Ce corps humain que nous avons n’est pas quelque chose que vous pouvez aller acheter dans un magasin. Ce n’est pas non plus quelque chose que vous pouvez acquérir en allant travailler tous les jours, économisant sur votre salaire pour l’acheter ensuite quelque part. C’est quelque chose qu’il est extrêmement difficile de croiser.

Renaître en tant qu’être humain afin de disposer d’un précieux corps humain requiert une cause, et la cause consiste à observer l’autodiscipline éthique. Le fait que nous ayons un corps humain maintenant est une indication comme quoi dans le passé nous avons agi d’une manière très conforme à l’éthique. C’est pourquoi, ayant rencontré toutes ces mesures préventives du Dharma maintenant, dans cette vie, il est extrêmement important pour nous de maintenir une conduite éthique très pure. En plus de cela, il est nécessaire de continuer à pratiquer des choses comme la générosité, la patience, l’énergie persévérante enthousiaste pour ce qui est positif, la stabilité mentale ou concentration, et la conscience discriminante [ou sagesse]. Ces choses sont également nécessaires. 

Si nous jetons un œil sur nous, nous découvrons qu’au lieu d’être généreux et heureux de donner, nous sommes juste l’opposé, nous sommes plutôt avares et parcimonieux ; au lieu d’être très patient et tolérant, nous sommes sujets à la colère et avons très peu de largeur d’esprit. Si nous agissons ainsi, cela va être très difficile de continuer d’obtenir de précieuses renaissances humaines dans le futur.

En plus de ces facteurs, comme cause supplémentaire, nous devons avoir fait de pures prières pour atteindre une précieuse renaissance humaine. Mais, si nous nous considérons, nous ne faisons que très rarement de telles prières et, même si nous prions, nous le faisons pour des choses de cette vie seulement : avoir une bonne santé, ne pas tomber malade, avoir une longue vie, et le reste à l’avenant. De nouveau, cela indique combien difficile ce sera d’obtenir une autre précieuse renaissance humaine dans le futur.

Il est extrêmement rare de rencontrer quelqu’un qui a une véritable orientation spirituelle, au sens fort de ce qu’une pratique spirituelle du Dharma implique : quelqu’un qui s’intéresse à en faire bénéficier ses vies futures. Si vous regardez la région autour d’ici, combien de personnes sont même intéressées par ces questions ? Si vous faites le compte, seulement quatorze ou quinze personnes ont vraiment paru à ces enseignements parmi tous les gens qui vivent dans les environs.

Donc, nous considérons ce que nous avons déjà accompli et nous réalisons qu’à ce jour nous avons une précieuse renaissance humaine. C’est le résultat d’une grande somme d’effort et de travail que nous avons accomplie au cours de vies antérieures. À moins que nous ne nous en préoccupions, il nous sera très difficile d’accomplir cela à nouveau dans les vies futures. Si nous travaillons très, très dur, nous préparerons toutes les causes pour continuer à renaître avec une précieuse renaissance humaine, un précieux corps avec toutes ses opportunités. Si nous ne faisons rien à ce sujet, alors il nous sera extrêmement difficile de renaître avec une pareille chance dans le futur. 

D’autre part, nous pouvons accomplir beaucoup plus avec ce précieux corps humain dont nous disposons car, de fait, nous pouvons devenir complètement lucide, pleinement évolué et atteindre nos plus complets potentiels en devenant un bouddha illuminé. Si nous demandons : « Bien, mais qui a véritablement fait cela ? », alors il y a l’exemple du grand Milarépa qui devint illuminé dans cette seule vie.

Pour ce qui est de la base de travail d’un corps humain que Milarépa possédait et celle que nous avons, il n’y a pas de différence. Ce sont exactement les mêmes, toutes deux sont humaines. Mais Milarépa était quelqu’un qui mettait l’accent principal sur les vies futures au lieu de le mettre sur les choses de cette vie ; et qui, entre le souci de soi et la préoccupation des autres, mettait l’accent principal à travailler pour autrui ; et qui, entre les activités mondaines et les activités spirituelles, mettait l’accent principal sur les questions spirituelles. En plaçant ses priorités sur ces choses, il fut en mesure d’atteindre l’illumination dans cette vie même.

Il alla voir son maître, le traducteur Marpa, et débuta sa pratique et ses études quand il avait déjà atteint l’âge de quarante ans et, de là, commença à pratiquer de manière continue. Si on pense à son exemple, alors nous avons tous la capacité de travailler très dur, il n’y a pas d’excuse. Tous, nous pouvons atteindre les mêmes accomplissements que Milarépa, et tous, nous pouvons devenir illuminés dans cette seule vie. Tout ceci peut être accompli sur la base d’avoir un précieux corps humain.

Vous devez réfléchir à ces choses dont on a parlé, à savoir laisser tomber et s’abstenir de jamais commettre aucune des dix actions destructrices et de toujours essayer d’agir de manière constructive, de mettre en œuvre les actes constructifs, de garder cette sorte de moralité stricte, et de tirer le meilleur parti de votre précieuse renaissance humaine. C’est en travaillant à bâtir des paliers et des étapes que, sur cette fondation, vous serez véritablement capables de réaliser l’illumination. 

Être conscient de la certitude de la mort

Si l’excellente base de travail de notre corps humain devait durer très longtemps, alors nous pourrions rester assis et prendre du bon temps ; mais dans la mesure où ce n’est pas le cas, il est nécessaire de travailler très dur pour en tirer avantage. Par ailleurs, si ce corps était une chose qui n’était pas du tout susceptible de mourir, alors nul besoin d’adopter aucune des mesures préventives pour l’avenir en matière de pratique du Dharma ou, même si vous avez pris certaines des mesures, vous pourriez ne les mettre en pratique que chaque fois que vous en auriez envie. Cependant, comme nous en avons discuté auparavant, même le Bouddha a rendu manifeste le fait de trépasser. Si vous passez en revue tous les grands maîtres du passé, tous les pandits érudits, les mahasiddhas, les maîtres hautement réalisés de l’Inde, et considérez tous les grands maîtres du Tibet, issus de toutes les traditions, Kagyu, Nyingma, Guéloug et Sakya, il y avait autant de maîtres qu’il y a d’étoiles dans le ciel. Pourtant on n’a jamais entendu dire qu’aucun d’entre eux n’ait pas trépassé, ne soit pas mort. Même en ce qui concerne les êtres ordinaires, il y a eu des milliers de grandes figures historiques, de rois, etc., mais personne parmi eux qui ne soit pas mort. Une fois que vous êtes né, il n’y a rien d’autre à faire que de mourir. On n’a jamais entendu parler de quelqu’un qui serait né et qui ne serait pas mort.

Ce sont là de choses que vous devez considérer et auxquelles vous devez réfléchir. Quand vous voulez méditer sur une chose, telles sont les choses sur lesquelles vous devriez méditer. Vous devez accumuler des habitudes d’esprit bénéfiques en pensant encore et encore que rien ne demeure statique : tout est impermanent, en particulier nos propres vies.

En rapport avec cela, à quoi sert de méditer et de construire l’habitude d’esprit d’être toujours pleinement conscient de l’impermanence ? La question est que, quand viendra vraiment pour vous le temps de mourir, si vous pensez à tous les potentiels négatifs que vous avez accumulés et que vous appliquez les diverses forces d’opposition pour vous purifier des conséquences désastreuses qui découleraient de ces potentiels, alors vous n’éprouverez pas de peur. Quand votre temps est écoulé et qu’il est temps pour vous de mourir pour de vrai, peu importe le nombre de bons hôpitaux qu’il y a, ils ne seront d’aucune aide. Que vous soyez en Inde et que vous vouliez revenir à l’Ouest pour vous faire soigner, ou que vous alliez dans des hôpitaux occidentaux sur place, ou alliez voir un médecin tibétain, rien n’y fera, car quand votre heure est venue, c’est fini, et aucun hôpital ne vous aidera. Peu importe le nombre d’amis ou de proches que vous pourriez avoir, même si vous êtes roi avec un nombre prodigieux de sujets et de gens sous vos ordres, quand le moment est venu de mourir, vous serez dans l’incapacité d’emmener ne serait-ce qu’une personne avec vous.

Donc, si la conclusion à laquelle vous parvenez quand vous pensez à tout ça est : « Je dois maintenant prendre des mesures préventives et pratiquer le Dharma ; mis à part cela, il n’y aura aucune méthode ni aucun moyen de gérer la situation de ma mort à venir », ce sera très bien, vous avez fait quelque progrès. Mais si vous pensez remettre à demain, à la semaine ou à l’année prochaine le fait de prendre des mesures préventives pour votre mort, ou quelque chose de cet ordre, vous ne pouvez pas remettre cela à plus tard car il n’y a aucune certitude quant au moment exact où vous allez mourir.

Il n’y a aucune certitude quant au moment où la mort viendra. Vous pourriez très facilement être tué dans un accident de voiture dans la fleur de votre jeunesse. La mort peut venir à vous à tout moment de manière inattendue. Par exemple, les gens qui étaient vivants hier sont morts aujourd’hui ; des gens qui étaient vivants ce matin sont morts dans l’après-midi. C’est très facile, et il n’y a aucun moyen de dire exactement quand votre mort viendra. 

Si vous pensez que, quand vous êtes jeunes et dans les prémices de votre vie, il n’est pas nécessaire de prendre des mesures préventives pour le futur, que vous pouvez laisser cela pour plus tard, vous commettez une grave erreur. Non seulement vous pouvez mourir quand vous êtes jeunes, mais vous pouvez par exemple devenir fou et vous retrouver dans un asile d’aliénés plus tard dans la vie, ou vous pouvez contracter quelque horrible maladie et vous retrouver à l’hôpital, et dans ce genre de situations vous serez incapables de gérer quoi que ce soit. Donc, quand vous envisagez de prendre ces mesures préventives du Dharma, il est nécessaire de le faire immédiatement, en commençant tout de suite.

Si nos corps étaient aussi forts que des diamants ou des rochers et aussi durs, alors il en serait autrement. Mais si vous y réfléchissez, notre corps est fait de chair, d’os et de sang ; les parties internes de notre corps font penser à une montre très délicate, une chose que la moindre secousse peut détraquer. Donc, pensez à la manière dont vos organes internes, votre cœur, vos poumons, votre foie, toutes les diverses veines et artères de votre corps, le système nerveux, etc., sont pareils à un mécanisme d’horlogerie des plus délicats et qu’il lui est très, très facile de se détraquer et se briser.

En outre, il vous faut considérer combien nombreuses sont les circonstances qui peuvent causer votre mort, contrairement aux conditions qui peuvent vous maintenir en vie qui elles sont très rares et minces. Si vous tombez malade et allez à l’hôpital, la médecine peut peut-être vous garder en vie, mais le processus pour vous guérir d’une maladie grave risque d’être très long et difficile. Tandis que si vous réfléchissez à ce qui peut causer votre mort, même la nourriture, qui est une chose dont vous pensez normalement qu’elle vous garde en vie – le simple fait de manger une quantité minime d’un mauvais aliment peut vous tuer. Un fermier, que j’ai connu en Inde et qui cultivait des pommes de terre, avait mis un peu d’huile dans une poêle et faisait frire un morceau de pain pour son déjeuner, or, tandis que cela cuisait sur le feu, il sortit dehors un moment et tomba raide mort.

Donc, en pensant à ces choses de cette façon, à la manière dont vous pouvez tomber raide mort à tout moment au milieu de ne rien faire, vous devez prendre la ferme décision comme quoi, à partir de maintenant, en commençant dès cet instant, vous allez vous engager à prendre ces mesures préventives du Dharma, vous allez commencer à pratiquer. Ce à quoi pratiquer fait référence ici, c’est qu’à partir de maintenant je vais être une personne très vigilante sur l’éthique. Je vais cesser d’agir de manière destructive. Je vais essayer d’être quelqu’un de très constructif et positif dans tout ce que je ferai, dirai et penserai, et essaierai d’avoir un cœur très bon et chaleureux. Pratiquer et prendre des mesures préventives ne veut pas dire s’asseoir de manière pompeuse en prétendant méditer, mais plutôt changer le genre de personne que vous êtes et nourrir des pensées bienveillantes et avoir bon cœur.

Par exemple, nous sommes tous effrayés à la perspective du danger d’un conflit majeur, mais quand vous y réfléchissez, il n’y a aucun moyen d’être certain si la prochaine guerre mondiale va se produire ou non. En ce qui concerne votre propre mort, cependant, ce n’est pas le cas. C’est quelque chose qui arrivera sûrement ; la question n’est pas de se demander ni de spéculer pour savoir si le monde va vers sa fin avec la prochaine guerre mondiale ou non. Il n’y a aucun moyen de soudoyer le Seigneur de la Mort afin qu’il passe son chemin. Vous mourrez quoi qu’il en soit et donc, il s’agit simplement de prendre des mesures préventives de telle sorte que vous puissiez mourir correctement sans que vous soyez dans une terrible et complète confusion. C’est pourquoi, prenez la décision ferme que, dorénavant, vous ne perdrez pas une minute ; vous allez commencer à prendre des mesures préventives et à pratiquer le Dharma dès maintenant.

Quand la mort viendra, vous allez devoir laisser votre corps derrière vous. Vous allez devoir abandonner toutes les possessions matérielles, argent et richesse que vous pourriez avoir. Vous devrez laisser derrière vous tous vos amis et vos proches. Même si vous possédez des centaines de milliers de dollars, il n’y aura aucun moyen que vous puissiez emporter ne serait-ce qu’un billet avec vous. Les seules choses que vous pourrez emporter, ce sont les potentiels positifs que vous aurez accumulés en agissant de manière constructive ainsi que les potentiels négatifs accumulés en agissant de manière destructrice. Les seules choses qui vous accompagneront seront les potentiels que vous aurez accumulés. Dans la mesure où le Dharma, le fait de prendre des mesures préventives, est la façon grâce à laquelle vous accumulez ces potentiels positifs, vous devez prendre la ferme décision que c’est ce à quoi vous allez consacrer tout votre temps et toute votre énergie : c’est-à-dire une pratique spirituelle à même d’accumuler des potentiels positifs, et que vous n’allez pas gâcher votre temps dans les seules poursuites matérielles de la vie mondaine. 

Quand bien même vous décideriez que vous allez consacrer votre vie entière à des recherches spirituelles, il se pourrait qu’il y en ait parmi vous qui possèdent une grande richesse obtenue en conséquence d’avoir accumulé des potentiels positifs dans des vies passées. Si vous êtes une personne très fortunée, il se peut que vous pensiez qu’afin de suivre des buts spirituels, vous devriez jeter à la rivière tout votre argent et tous vos biens, mais il est inutile de faire cela. Ce n’est absolument pas correct. Ce que vous devriez faire avec l’argent que vous pourriez avoir en conséquence des potentiels positifs et des mérites accumulés dans des vies antérieures, c’est de ne pas les dilapider mais de les utiliser correctement. Servez-vous-en pour venir en aide aux pauvres et aux nécessiteux, ou bien utilisez-les pour faire des offrandes aux Trois Joyaux et, en particulier, ne soyez pas avares. Tirez avantage, sagement et correctement, de la richesse et des possessions que vous avez afin d’approfondir votre quête spirituelle.

Si vous réfléchissez aux biens matériels et à la richesse que vous avez, à un niveau ultime ce ne sont pas des choses qui peuvent vous aider en dernière instance ; au contraire, ce sont des choses qui peuvent vous causer beaucoup de tourments et de tort. Par exemple, une fois que vous avez obtenu beaucoup d’argent et de biens, tout ce que vous en tirez c’est une grande quantité de tracas et de problèmes tournant autour de la richesse que vous avez amassée. Prenez l’exemple du Bouddha Shakyamouni. Lui-même était né comme prince, mais il a renoncé et a abandonné sa vie princière et s’est consacré entièrement à la recherche spirituelle.

Bien que Milarépa possédât toutes les réalisations nécessaires pour être en mesure de voler dans les airs et eût toutes sortes de pouvoirs miraculeux, il ne s’en servait pas pour faire de l’argent. Il passa son temps en pratiques de retraites intensives dans des grottes. Comme on peut le voir dans ses représentations, son corps avait viré au bleu-verdâtre parce qu’il se nourrissait de soupe d’orties. Et il ne disposait pas de sel à mettre dedans, il n’avait ni viande ni graisse ou autres douceurs à manger, mais il accomplit une pratique intensive en vivant seulement de soupe à l’ortie. Donc, méditer et s’instruire au sujet de la mort et de l’impermanence, c’est quelque chose que vous n’avez pas à apprendre dans des livres ; pour obtenir une expérience et une compréhension de ces sujets, vous n’avez pas à vous appuyer sur les textes. Regardez plutôt autour de vous. Par exemple, quand vous passez près d’un cimetière, pensez que c’est juste une question de temps avant que chacun de nous ne finisse dans un cimetière.

En pensant de la sorte, il se peut que vous éprouviez un fort sentiment de crainte de la mort. C’est quelque chose de très positif car cela vous poussera à véritablement prendre des mesures préventives et à vous engager dans la pratique du Dharma. Si vous regardez une image de Milarépa, il tient dans la main un bol fait d’une coupe crânienne, coupe dont il se sert pour manger sa nourriture. La raison à cela est d’être toujours conscient de la mort et de l’impermanence. Si vous gardez toujours à l’esprit la question de la mort et de l’impermanence, le fait que vous pouvez mourir à tout moment, et aussi le fait qu’à ce stade vous disposez d’une précieuse renaissance humaine, mais que vous allez la perdre, ce sont là des fondations très importantes car elles vous pousseront à faire vraiment quelque chose, à pratiquer vraiment le Dharma.

Quelle est la personne ou la chose qui peut nous procurer une direction sûre ou un refuge ?

Si nous avons passé nos vies en n’ayant jamais accumulé de potentiels négatifs de telle sorte que le danger d’une renaissance horrible ne nous guette pas, alors il n’y a aucune raison pour que nous soyons effrayés de mourir. Mais si, durant nos vies, nous avons majoritairement accumulé du potentiel négatif en étant très destructeur et négatif, alors ce qui nous attend quand nous mourrons est une renaissance dans un des pires états possibles, les royaumes inférieurs. Dans une telle situation, il est extrêmement difficile d’obtenir à nouveau une précieuse renaissance humaine pareille à celle que nous avons maintenant. Une renaissance dans un de pires états n’est pas quelque chose de très lointain ; c’est quelque chose qui peut arriver juste après une expiration non suivie d’une nouvelle inspiration ; à ce moment-là, vous mourez et vous vous retrouvez dans les royaumes inférieurs. Ce n’est pas du tout éloigné ; vous êtes juste sur le bord. 

Bien que nous ne puissions pas réellement voir ou juger les genres de souffrances et d’horreurs que les créatures infernales et les fantômes avides endurent, en revanche nous voyons toutes les souffrances, les complications et les difficultés par lesquelles passent les animaux. Ce sont des choses très visibles et évidentes. Si nous devions renaître comme animal, songeons à comme il nous serait horrible de faire l’expérience de ces problèmes et difficultés, et donc nous cherchons la personne ou la chose qui pourrait nous procurer une direction sûre ou un refuge sans avoir à expérimenter ces tourments. Hormis les Trois Joyaux, c’est-à-dire les bouddhas, les mesures préventives (le Dharma qu’ils ont enseigné), et la communauté d’intention autour d’eux (le Sangha), il n’y a rien d’autre qui puisse nous procurer une direction sûre et fiable pour que cette situation ne se produise pas.

Pensez aux shravakas, les auditeurs des enseignements, qui se sont débarrassés de leurs propres attitudes perturbatrices ou illusions, et ont acquis une grande quantité de pouvoirs supra-physiques, comme les pouvoirs d’émanation, etc. Bien qu’ils possèdent tous ces pouvoirs, ils ne peuvent pas, de manière ultime, nous tirer de toutes nos situations difficiles. La mère du grand auditeur, le hautement réalisé Maugdalyayana, avait pris renaissance dans un enfer situé sous un système de monde [un univers] très lointain. Dans la mesure où il était encore un être limité à l’esprit limité, et non un bouddha pleinement illuminé, ses pouvoirs eux aussi étaient limités. Bien qu’il possédât des perceptions extrasensorielles, il ne pouvait pas voir aussi loin que ce système de monde extrêmement éloigné où sa mère avait repris naissance dans un enfer. Toutefois, le Bouddha avec ses pouvoirs extrasensoriels illimités pouvait le voir sans effort.

Maugdalyayana, qui ne pouvait pas voir où sa mère avait repris naissance, interrogea le Bouddha à ce sujet et le Bouddha lui dit : « Ta mère a repris naissance dans un enfer situé sous tel système de monde extrêmement éloigné. » Dans ce royaume infernal situé sous ce système de monde, la mère se trouvait dans une maison qui se trouvait elle-même à l’intérieur d’une autre maison, laquelle, à son tour, se trouvait dans une autre maison, et toutes ces maisons étaient dépourvues de portes et de fenêtres et étaient faites de métal chauffé à blanc. Maugdalyayana se servit de ses pouvoirs pour voler jusque-là et contempla ce lieu, mais il ne put trouver un moyen de venir en aide ou de libérer sa mère. Il revint voir le Bouddha et lui demanda quoi faire. Le Bouddha désigna son bâton de moine et dit : « Si tu retournes là-bas et prends ce bâton, et que tu frappes trois fois le sol avec, alors tu seras en mesure de résoudre la situation. » Maugdalyayana retourna donc avec le bâton du Bouddha, frappa le sol par trois fois avec le bâton et la maison où sa mère se trouvait enfermée s’écroula. Un bouddha est donc quelqu’un qui possède de telles fantastiques capacités pour savoir comment résoudre toutes les situations et pour voir toutes choses. C’est pourquoi, seul un bouddha peut nous procurer un refuge. De même, nous pouvons nous-mêmes devenir pleinement illuminés et devenir un bouddha également. Les bouddhas que nous deviendrons nous fournissent aussi une direction sûre et fiable où aller.

Il est important de réfléchir à la mort et à l’impermanence, aux possibilités de renaître dans toutes ces situations et de développer un fort sentiment de crainte que celles-ci ne se produisent. C’est une chose très importante à développer car, avec ce sentiment de crainte, vous chercherez un refuge et une direction sûre à prendre qui vous sauvera d’avoir à faire l’expérience de ces situations horribles. Alors, quand vous regarderez autour de vous et ferez des investigations, vous découvrirez que seuls les bouddhas et les mesures préventives du Dharma qu’ils ont enseigné ainsi que la communauté d’intention du Sangha ont la capacité et le pouvoir de vous procurer véritablement une direction sûre à emprunter et de vous offrir un refuge. Aussi, en réfléchissant à la manière dont, en réalité, ils ont la capacité de le faire, vous développez un grand sentiment de confiance dans le fait d’être capables de vous tourner vers eux et dans le fait qu’ils peuvent véritablement vous procurer une direction sûre et fiable à emprunter.

En outre, vous devez envisager d’effectuer cette démarche non seulement pour vous mais de penser également que tout le monde a besoin de prendre une direction sûre et fiable dans la vie ; tout le monde a besoin d’un refuge. Dans ce sens, quand vous avez pour motivation toutes ces causes, qui sont les causes pour un esprit vaste, ou la manière Mahayana de prendre une direction sûre dans la vie, alors vous tournez votre esprit pour de vrai et complètement dans la direction qu’elles procurent et indiquent. C’est cela qu’on appelle véritablement prendre refuge, ou prendre une direction sûre et fiable dans la vie. 

Les qualités et caractéristiques du Bouddha

Pour ce qui est des bonnes qualités et des caractéristiques d’un bouddha, un être à l’esprit totalement lucide et pleinement évolué, celles-ci incluent, en ce qui concerne son corps, les trente-deux marques excellentes et les quatre-vingts caractéristiques exemplaires, telles que, par exemple, cette grosse protubérance sur le sommet de la tête. Par ailleurs, il a un cheveu qui pousse en spirale entre les deux sourcils, lequel quand on le déroule s’étend à l’infini. Il a des empreintes de roue sur les paumes de ses mains et la plante de ses pieds, etc. ; il possède de nombreuses caractéristiques physiques extraordinaires.

Pour ce qui est des bonnes qualités de la parole d’un bouddha, il possède les soixante caractéristiques d’un discours illuminé. Par exemple, peu importe que vous soyez assis à côté ou loin d’un bouddha, quand il parle tout le monde peut entendre un bouddha avec le même volume de son et, de plus, tout le monde peut comprendre et entendre le bouddha parler dans sa propre langue : le bouddha a la capacité de parler toutes les langues.

En ce qui concerne l’esprit illuminé d’un bouddha, un bouddha possède l’omniscience et est capable de connaître tous les phénomènes quels qu’ils soient. Un bouddha peut donc tout voir aussi clairement que nous pouvons voir un petit objet dans la paume de notre main.

Toutes ces qualités du corps, de la parole, et de l’esprit illuminés d’un bouddha proviennent de causes. Le Bouddha lui-même, dans les divers récits historiques décrivant les cinq cents vies impures avec un corps impur et les cinq cents vies avec un corps pur qu’il a vécues tandis qu’il progressait sur les chemins, a raconté comment il a pratiqué et accumulé un prodigieux potentiel positif au cours de ces existences. Par exemple, nous avons parlé ce matin de l’époque où le Bouddha dans une vie antérieure était un grand singe et avait fait de son corps un pont pour permettre aux animaux de traverser une rivière. De même, il existe de nombreux récits où le Bouddha fit don de parties de son corps dans sa pratique du don généreux. Il a donné sa tête, il a eu la gorge tranchée, il a fait don de ses yeux, etc., et tout ceci afin d’aider tous les êtres limités. Le résultat fut que son esprit devint totalement lucide et pleinement évolué tel celui d’un être illuminé.

Il a pratiqué de la sorte dans le but d’être bénéfique à tous, sans aucun parti pris. Il ne pratiquait pas par attachement vis-à-vis d’amis ou de proches, ni par hostilité et haine vis-à-vis d’ennemis, ni par indifférence envers des étrangers. Il travaillait avec une complète générosité, donnant de façon égale à chacun, et en suivant une pratique complète de don et de discipline éthique. Pour résultat, il délaissa et se débarrassa de tous les défauts, obtint toutes les bonnes qualités et devint pleinement illuminé en dépassant toute crainte qu’il aurait pu avoir pour lui-même. C’est le genre de personne vers laquelle nous devons nous tourner afin qu’elle nous fournisse une direction sûre et fiable à prendre dans la vie. C’est quelqu’un qui peut nous offrir un refuge sûr et fiable.

Par ailleurs, le Bouddha est non seulement dépourvu de toute crainte pour lui-même, mais toute personne vers qui nous nous tournerions pour prendre refuge et qui peut nous procurer cette direction sûre doit, en plus, posséder toutes les méthodes nécessaires pour aider quiconque à se débarrasser de ses peurs. Dans une vie antérieure, le Bouddha était né sous la forme d’une espèce de lion dont chacun des poils de son pelage émettait une lumière brillante. Un jour, alors qu’il était dans une épaisse forêt, il vit quelqu’un qui était tombé d’une falaise et se trouvait dans une position réellement délicate car cela se passait en un lieu isolé au sein d’une épaisse forêt, sans personne pour l’aider ni aucun moyen de remonter la pente. Cette bête sauvage de la jungle, qui était le Bouddha dans une vie passée, conçut une profonde et bienveillante préoccupation pour cet homme et bondit au pied de la falaise pour tenter de le sauver de l’endroit où il était bloqué. Mais ce lion n’avait pas la force de porter cet homme jusqu’en haut, il s’entraîna donc d’abord en transportant des pierres sur son échine. Au début, il transporta un petit rocher puis des rochers de plus en plus gros jusqu’à ce qu’il acquît la force et la capacité de porter cet homme sur son dos, et c’est de cette façon qu’il s’entraîna et le sauva. Après s’être entraîné, il fut en mesure de porter l’homme jusqu’en haut de la falaise. Le lion sauta donc au pied de la falaise et, avec une grande compassion et un souci pour cet homme, il grimpa jusqu’en haut en le portant sur son dos. Puis, après l’avoir secouru, le lion dit à l’homme : « Ne parlez de moi à personne, ne dites pas que je suis ici dans la jungle. »

Or, il se trouva que le roi d’un royaume voisin rêva une nuit qu’il y avait un animal fantastique dans la jungle et il ordonna à tous les chasseurs du royaume d’aller capturer cette bête. Mais les chasseurs ne purent l’attraper. Le roi plaça des affiches partout disant que quiconque pourrait capturer cet animal, il lui donnerait une grosse récompense. L’homme qui avait été sauvé par ce lion avait, bien sûr, vu cet animal et, comme il désirait toucher la récompense, il s’avança et dit qu’il avait vu la bête. Les chasseurs suivirent les instructions qu’il donna pour trouver l’animal, le tuèrent et rapportèrent sa fourrure au roi. C’est ainsi que le Bouddha œuvra au cours de nombreuses vies antérieures pour aider différents êtres, même ceux qui n’étaient jamais reconnaissants. 

Maintenant, ce sont là des récits concernant le Bouddha avant qu’il devînt illuminé. Après son illumination, combien plus encore aida-t-il les êtres en dépit de ce qu’ils lui avaient fait ! Il y avait une fois une riche famille dont l’enfant était complètement difforme et laid. Quand l’enfant devint un peu plus âgé, la famille emmena cet enfant difforme et laid et l’abandonna dans les bois. Le petit garçon demeura dans la forêt, complètement déprimé que sa famille ni personne ne veuille de lui du fait de sa laideur et de son aspect. Bien qu’il fût un être humain, toute partie de son corps que vous regardiez était difforme et laide. Il vécut donc dans les bois, et un jour, comme il errait à la ronde, il rencontra quelqu’un qui était encore plus laid et difforme qu’il ne l’était. En voyant quelqu’un d’encore plus laid que lui, il ressentit un léger bonheur et fut heureux de n’être pas la pire des créatures de ce monde. Cette personne plus laide était une émanation du Bouddha qui avait revêtu cet aspect pour venir en aide au petit garçon. À mesure que le temps passa, le Bouddha se montra sous une apparence de plus en plus parfaite et instruisit le garçon, et finalement le garçon fut à même de se transformer de telle façon que son corps cessa d’être aussi laid et horrible à voir.

Ceci est une illustration de la manière dont le Bouddha est habile dans ses méthodes pour aider les autres à surmonter toutes leurs peurs et leurs problèmes. Il existe de nombreux exemples et récits qu’on peut rapporter pour illustrer cela. Le Bouddha aide tout le monde indépendamment du fait qu’un autre l’ait aidé ou non ; ce n’est pas comme si le Bouddha n’aidait que ceux qui l’ont aidé et qu’il ignorait ceux qui n’ont rien fait pour lui. Par ailleurs, le Bouddha n’a ni préférences ni partis pris, il n’y a pas des gens qu’il considère comme proches de lui, comme ses amis ou ses parents et dont il s’occuperait, et d’autres qu’il considère comme très éloignés et distants, et donc qu’il oublierait. Ce n’est pas du tout ainsi. Le Bouddha n’a pas de favoris ; il est le même envers tout le monde. 

En guise d’exemple, considérez le cousin du Bouddha, Devadatta, qui était jaloux du Bouddha et entrait toujours en compétition avec lui dans l’intention de s’ériger en rival pour essayer d’enseigner et avoir ses propres adeptes. Il y avait alors un roi du nom d’Ajatashatru qui avait assassiné son propre père afin de s’emparer du royaume. Tous deux, Ajatashatru et le cousin du Bouddha, Devadatta, complotaient toujours ensemble pour faire de mauvaises choses à l’encontre du Bouddha. Par exemple, ils essayaient de jeter des blocs de pierre et des rochers sur le Bouddha en utilisant des catapultes et divers d’engins, comme de nos jours nous disposons de canons et de choses semblables, capables de lancer des objets pesants. De même, ils utilisaient toutes sortes de méthodes différentes pour faire du mal au Bouddha ; mais, bien entendu, le Bouddha étant un être illuminé ne pouvait pas être blessé par de telles méthodes. Le Bouddha œuvrait de manière égale pour tous, même envers ces êtres hostiles.

Le corps d’un Bouddha est très fort ; par exemple il a la force de renverser un éléphant d’un simple claquement de doigt. Dans un royaume, il y avait un énorme éléphant et quand cet éléphant mourut, il n’y avait aucun moyen de bouger son corps car il n’existait pas de machines assez grandes ou de véhicules pour le déplacer. La carcasse de cet éléphant se décomposait et dégageait des odeurs pestilentielles à l’origine de toutes sortes d’épidémies dans la région. Le Bouddha vint alors et d’un léger coup de pied fut capable de projeter la carcasse dans une zone lointaine.

Il y avait de grands médecins à l’époque du Bouddha qui offrirent à ce dernier un médicament, or, du fait que le Bouddha avait une telle incroyable force physique, ils lui offrirent une médecine extrêmement puissante. Devadatta qui ne cessait de se mesurer au Bouddha, insista auprès d’eux pour qu’ils lui donnent également une dose de médicament de la même force que celle qu’ils avaient donnée au Bouddha, disant qu’il voulait prendre un médicament aussi puissant que celui que le Bouddha pouvait prendre. Les docteurs dirent à Devadatta que le Bouddha pouvait ingérer une dose extrêmement forte et copieuse à cause de son incroyable force physique, mais ils lui dirent : « En aucun cas vous n’avez la même force pour ingérer cela. »

Devadatta fut réellement contrarié par eux et continua d’insister disant qu’il pouvait assurément prendre une telle dose. Comme Devaddata ne voulait rien entendre, les médecins durent finalement céder et lui donnèrent une dose plus grande que celle qu’ils auraient normalement donnée à une personne ordinaire, et Devadatta la prit. Bien entendu, à cause de la force tellement puissante du médicament, cela rendit Devadatta complètement malade, et il fut sur le point de mourir. Il restait allongé sur le dos, se roulant, grognant et gémissant, mortellement malade. Le Bouddha se rendit à l’endroit où Devadatta se tordait sur le sol et dit : « Si je ne fais pas de différence entre mes sentiments envers mon propre fils Rahula et toi, toi qui essayes toujours de me blesser et de rivaliser avec moi, et te comportes toujours comme quelqu’un de parfaitement nuisible, donc si je n’ai pas de différence d’attitude entre toi et mon propre fils, alors puisses-tu être guéri. » Il étendit alors sa main sur la tête de Devadatta, et Devadatta, de fait, guérit. Une fois remis, il regarda le Bouddha et les seuls mots qu’il put dire au Bouddha furent : « Ôte ta sale main de ma tête. »

Le Bouddha est donc quelqu’un qui n’a pas de favoris et est désireux d’aider les autres en dépit de leur méchanceté à son égard. Seule ce genre de personne, un bouddha pleinement illuminé, peut vous fournir un refuge, une direction sûre et fiable à prendre dans la vie. D’où les incroyables qualités illuminantes du corps, de la parole et de l’esprit d’un bouddha. Vous pouvez étudiez celles-ci dans divers textes. Plus vous en savez à leur sujet, plus grande seront votre croyance confiante, votre foi, et votre respect pour le Bouddha comme étant la personne qui peut assurément vous procurer une direction sûre et fiable et un refuge dans la vie.

Quant aux différents types de Kayas ou Corps d’un bouddha, nous avons déjà discuté du Dharmakaya, un corps qui tout embrasse, ainsi que des différents types de Corps de Forme, le Sambhogakaya, qui est un corps de pleine jouissance, et des Nirmanakayas, les divers types de corps d’émanation. Il n’est pas nécessaire de revenir là-dessus. Vous pouvez véritablement reconnaître et savoir ce qu’est un bouddha, par exemple, en considérant quelqu’un comme Sa Sainteté le Dalaï-Lama.

Par ailleurs, il est important de reconnaître et de regarder toutes les diverses représentations d’un bouddha, telles que les peintures et les statues, avec le plus grand respect. Même la plus petite statue d’un bouddha, de la taille de votre ongle, regardez-la et ressentez qu’elle est véritablement un bouddha, car quand vous avez développé les véritables chemins, elles vous parleront. Il existe cinq véritables chemins. Le premier d’entre eux est appelé le chemin de collection ou chemin d’accumulation, et il se divise en trois parties : un petit, un moyen, et un vaste chemin d’accumulation. Quand vous avez réalisé le stade du vaste chemin d’accumulation, à ce stade vous serez en mesure de recevoir des enseignements de toutes ces diverses représentations que vous avez regardées et reconnues comme étant des bouddhas ; elles vous parleront pour de vrai. C’est pourquoi il est important d’établir dès maintenant cette reconnaissance de toutes ces représentations comme étant de véritables bouddhas. On dit qu’il y a plus de bénéfice à rencontrer ces diverses représentations que vous reconnaissez comme étant des bouddhas qu’à rencontrer le Bouddha lui-même.

Les Joyaux du Dharma et du Sangha

Quant au Joyau rare et précieux ou Joyau du Dharma, les véritables qualités sur le continuum mental d’un bouddha sont définies comme étant le Refuge du Dharma ou Joyau du Dharma. Quand vous pratiquez, vous pouvez alors regarder les divers textes, lesquels sont issus de ces qualités de l’esprit d’un bouddha, comme étant le Joyau du Dharma.

Quant au Joyau du Sangha, la communauté d’intention, en vérité cela fait référence à la communauté des aryas, ou des êtres hautement réalisés, les êtres qui ont contemplé la réalité. Même si c’est un chef de famille qui a perçu la réalité de manière non conceptuelle, cette personne serait aussi considérée comme un membre du Joyau du Sangha, dans la mesure ou lui ou elle serait entré(e) dans les rangs de la communauté d’intention des aryas.

Quant à ce qui représente le Joyau du Sangha, les aryas, cela fait référence à une communauté d’un minimum de quatre moines par exemple, qui travaillent ensemble vers un but positif. Si vous avez seulement un ou deux moines, cela ne peut pas être considéré comme un sangha ou une communauté d’intention, cela peut seulement être considéré comme étant un ou deux moines.

Le rôle individuel de chacun des Trois Joyaux

Les bouddhas sont les vrais êtres qui vous enseignent et démontrent la direction sûre et fiable en laquelle prendre refuge, en nous enseignant, par exemple, d’abandonner les dix actes destructeurs et de pratiquer les dix actions constructives. En somme, la véritable direction sûre et fiable à prendre serait le Dharma, lequel consisterait à suivre l’autodiscipline éthique d’abandonner les actes destructeurs et de pratiquer les dix actions constructives. C’est ce qui a été enseigné par le Bouddha, et l’authentique direction sûre et fiable, ou refuge, serait le véritable développement de cette autodiscipline éthique sur votre continuum mental. Le Sangha, ou communauté d’intention, sont les amis qui vous aideront dans la poursuite de cette prise de direction sûre.

Il y a cette histoire d’un enfant des dieux, Sthiramati, qui vous aidera à comprendre les distinctions entre les Trois Joyaux. Une fois, dans le Ciel des Trente-Trois Dieux, il y avait un enfant des dieux du nom de Sthiramati, qu’on pourrait traduire par « celui dont l’esprit est ferme ». Dans ce royaume divin, le sol et tous les objets sont absolument beaux et éblouissants, recouverts de toutes sortes de joyaux et de pierreries. Et ainsi, cet enfant des dieux fut entouré tout au long de sa vie par des choses extrêmement belles et aimables et il vivait complètement heureux sans aucun souci.

Cependant, dans les royaumes des dieux, quand le moment de la mort approche, vous recevez divers signes comme quoi vous allez mourir, et quand vous recevez ces signaux, vous faites l’expérience d’une prodigieuse somme de souffrance. Comment ces signes se manifestent-ils ? Eh bien, par exemple, tous ces dieux portent des guirlandes de fleurs autour de leur cou, lesquelles restent toujours fraîches, mais sept jours avant de mourir, tout à coup, ces guirlandes commencent à faner et à dégager une mauvaise odeur. De même, les dieux qui sentent toujours bon, commencent à sentir mauvais quand ils vont mourir et, à ce stade, aucun de vos amis dieux ou déesses, qui avaient toujours l’habitude de venir jouer à divers jeux et à passer du bon temps avec vous, ne viendront plus près de vous. Parmi les dieux, il y en a certains qui sont des amis un plus stables que les autres, mais même ceux-là, au mieux, ne feront que vous regarder de loin puis s’en iront ; ils ne voudront plus rien avoir à faire avec vous.

D’autre part, dans un des royaumes divins, quand vous êtes sur le point de mourir, tout le potentiel positif que vous avez accumulé pour être là est épuisé, et vous êtes capables de voir la prochaine renaissance qui vous attend, le lieu où vous allez choir. Cet enfant des dieux, donc, Sthiramati, reçut les signes de sa mort prochaine et fut en mesure de voir qu’il allait renaître tout d’abord dans un enfer, et qu’ensuite il renaîtrait en tant que cochon. À cette idée, la quantité de tourment mental qu’il éprouva était juste inimaginable. Les souffrances physiques et la douleur que vous endurez dans les enfers sont les plus grandes sortes de souffrances physiques, mais en termes de souffrance mentale et d’angoisse, personne n’en fait plus l’épreuve que les dieux quand ils ont de telles visions au temps qui précède leur mort.

Sthiramati ne pouvait en supporter plus et il alla donc trouver le roi des dieux, Indra, et dit : « Je suis si malheureux, j’ai cette angoisse à la vue de cette série de renaissances qui m’attendent, pouvez-vous m’aider, s’il vous plaît ? Avez-vous une méthode pour me sortir de là ? » Indra dit : « Non, je suis désolé, je ne peux vous aider, je ne connais aucune méthode, mais je vais vous emmener voir le Bouddha, et nous lui demanderons. » Ils allèrent donc trouver le Bouddha et le Bouddha dit au dieu qu’il devrait faire les pratiques d’une déité personnelle de méditation appelée Ushnishavijaya, ou Namgyalma en tibétain.

Ushnishavijaya est une déité féminine. Elle a trois faces et huit bras ; la face centrale est blanche, celle de droite jaune, la gauche bleue. Dans la première paire de bras, elle tient un vajra en forme de croix dans sa main droite et tient sa main gauche, munie d’un lasso, au niveau du cœur dans le geste qui effraie et fascine. Dans les trois autres mains droites, elle tient un petit bouddha Amitabha, puis une flèche et enfin la main droite la plus basse fait le moudra du don suprême. Dans ses autres mains gauches, elle tient un arc, la suivante fait le geste du don suprême, et la quatrième main, en bas à gauche, fait le geste de l’absorption totale posée dans son giron et tenant un vase empli de nectars. Le Bouddha dit à cet enfant des dieux de méditer et de faire toutes les pratiques rituelles de cette divinité féminine personnelle. 

Dans le thangka [peinture] concernant cette pratique, à droite de la déité centrale, sur un disque de lune, se trouve Tchenrézig ou Avalokiteshvara, de couleur blanche, tenant dans sa main droite un chasse-mouche fait d’une queue de yak blanc et, dans la main gauche, un lotus blanc. À sa gauche, sur un disque solaire, se trouve Vajrapani assis et tenant dans sa main droite un chasse-mouche fait d’une queue de yak blanc et dans sa main gauche un lys utpala bleu marqué d’un vajra. À l’est, sur le devant, se trouve une déité puissante appelée Achala, qui tient un vajra, et à doite, vers le sud, se trouve Takkiraja, qui est puissante également et tient un joyau. À l’arrière, se trouve une autre déité courroucée appelée Niladanda, tenant un bâton bleu, et au nord, sur la gauche, se trouve la déité irritée Mahabala tenant un trident. Au-dessus, se trouvent deux dieux tenant des vases ornées de joyaux remplis de nectars qu’ils déversent, faisant une offrande d’ablutions. Il s’agit donc d’une série de neuf déités. 

Cet enfant des dieux fit alors toutes les pratiques rituelles de cette série de déités et fut en mesure de purifier tout le potentiel négatif de renaître comme cochon. En outre, il accumula une grande quantité de potentiel positif en conséquence de quoi il renaquit dans le royaume céleste de la joie de Tushita, qui est un royaume divin situé plus haut que le Ciel des Trente-Trois. Bien que les dieux possèdent la perception extrasensorielle de voir les royaumes situés en-dessous du leur, ils manquent du pouvoir de voir aucun des royaumes situés plus haut que celui dans lequel ils se trouvent. Ainsi, Indra, le roi des dieux et gouverneur du Ciel des Trente-Trois, fut incapable de voir que cet enfant des dieux avait pris renaissance dans le ciel de Tushita, un royaume plus élevé que le sien, il demanda donc au Bouddha où Sthiramati avait pris renaissance. Il dut donc faire appel au Bouddha pour le découvrir, et le Bouddha fut en mesure de le lui dire.

Comme vous pouvez le voir d’après cet exemple, le Bouddha a la capacité d’enseigner toutes les différentes sortes d’êtres afin de nous éviter d’avoir à renaître dans un enfer. Aussi, le Bouddha est celui qui peut nous procurer une direction sûre et fiable à emprunter ; il peut nous fournir un refuge pour éviter ces horribles situations. Et la chose qui peut véritablement nous fournir une direction sûre ou refuge serait, comme dans cet exemple, de faire les diverse pratiques de cette déité personnelle Ushnishavijaya, car en faisant cela cet enfant des dieux fut capable d’éviter de renaître dans un enfer. Quant à la communauté d’intention, ou Sangha, qui nous aident à prendre une direction sûre, l’exemple ici serait celui d’Indra qui aida cet enfant des dieux à aller trouver le Bouddha et à apprendre ces méthodes.

La pratique du refuge

La façon d’accumuler cette habitude bénéfique de prendre refuge, de prendre une direction sûre et fiable, consiste à visualiser devant vous, par exemple, la forme d’un bouddha et de répéter cette formule : « Je prends une direction sûre dans les gourous ; je prends une direction sûre dans les bouddhas ; je prends une direction sûre dans les mesures préventives du Dharma ; je prends une direction sûre dans la communauté d’intention, le Sangha. » Vous répétez cela trois fois. Puis vous imaginez que des rayons de lumières et de nectars viennent du bouddha visualisé devant vous et vous purifient ainsi que tous les êtres limités que vous visualisez autour de vous. Telle est la manière grâce à laquelle vous pratiquez véritablement cette prise de direction.

Si, par exemple, vous répétez sept fois : « Je prends une direction sûre dans les gourous » – dans les maîtres spirituels – imaginez que pendant les sept répétitions, des lumières irradient du corps du Bouddha et pénètrent dans votre corps, vous emplissant complètement, vous purifiant et balayant tous les potentiels négatifs que vous avez accumulés à partir d’actions destructrices du corps. Vous imaginez que tous ces potentiels négatifs, obscurcissements et blocages que vous pourriez avoir vous quittent sous l’aspect de goudron et de suie sous forme liquide, hors de vous, et également, par exemple, sous l’aspect d’eau trouble comme celle après que vous avez lavé des vêtements vraiment sales et qu’il en sort une eau réellement souillée, horrible et noire. Vous imaginez donc tous ces potentiels négatifs quittant votre corps sous cette forme. Puis, vous imaginez aussi toutes les diverses pollutions et saletés que vous pourriez avoir en conséquence des diverses choses négatives que vous avez commises dans le passé, et que tout cela quitte votre corps sous formes d’excréments, d’urine, de morve, etc. Finalement, vous imaginez que les diverses maladies que vous pourriez avoir, ce genre de difficultés, vous quittent sous l’aspect de serpents, de scorpions, d’araignées et de crapauds.

Ensuite, quand vous faites la série suivante des sept répétitions et continuez de répéter : « Je prends une direction sûre dans les maîtres spirituels ou gourous », vous imaginez que des lumières viennent vers vous à nouveau et purifient maintenant tous les potentiels négatifs, blocages, pollutions, maladies, etc., en ce qui concerne la parole. Vous imaginez que toutes ces diverses choses sortent de vous maintenant de bas en haut par les orifices supérieurs de votre visage.

Dans la troisième série de sept, vous imaginez à nouveau que des lumières viennent à vous et purifient maintenant tous les potentiels négatifs, etc., que vous avez accumulés au niveau de l’esprit, comme d’avoir eu des pensées de convoitise, de méchanceté et d’avoir soutenu des vues erronées. Vous imaginez que tous les potentiels négatifs issus de ce genre de pensées destructrices sont dans votre cœur sous l’aspect d’une grosse et horrible motte noire. Vous imaginez alors que ces lumières vous pénètrent, dans un éclair brillant, et qu’elles vaporisent et désintègrent la motte tout entière.

Puis, avec la quatrième répétition, sept fois, de cette formule, vous imaginez à nouveau que de la lumière irradie et, pour lors, ces trois processus de visualisation se produisant en même temps, vous éliminez complètement toutes les souillures du corps, de la parole et de l’esprit. En conclusion, juste comme quand vous avez fini de nettoyer un vase en cristal qui est maintenant complètement propre, pur et transparent, de même votre corps tout entier est maintenant devenu propre, pur et transparent. Enfin, vous imaginez à nouveau que des lumières et des nectars viennent et emplissent complètement votre corps, et que vous êtes maintenant remplis de toutes les bénédictions et inspirations pour être en mesure d’avoir une durée de vie complète pleine de potentiel positif, de sagesse, de vision pénétrante, etc.

Vous pouvez répéter ces groupes de quatre visualisations sept fois chacune, ce qui ferait vingt-huit répétitions, ou trois fois chacune, ce qui en ferait douze, ou bien une centaine de fois, ce qui ferait quatre cents répétitions en tout. Indépendamment du nombre que vous faites, il s’agit du type basique de pratique en jeu. Quand vous faites cette pratique, vous pouvez visualiser simplement la forme d’un bouddha en face de vous, en ressentant que le bouddha incarne tous les aspects de la direction sûre et du refuge en un. Alternativement, vous pouvez faire une vision élaborée avec tous les gourous, bouddhas, bodhisattvas, dakas et dakinis, protecteurs du Dharma, yidams, etc. Vous pouvez soit faire une visualisation extrêmement élaborée avec tout un tas de figures, ou tout simplement une visualisation avec une seule figure, à votre convenance, cela ne fait pas de différence. En faisant cela, vous devriez prendre une direction sûre trois fois chaque jour et trois fois chaque nuit, réaffirmant ainsi la direction que vous donnez à votre vie.

Offrandes et autres pratiques

De même, vous devriez faire des offrandes aux bouddhas quotidiennement. Vous pouvez faire cela simplement, en utilisant juste votre tasse à café, peu importe, en la remplissant d’eau et en l’offrant, ou en faisant une offrande de pain ou de gâteaux, ou de tout ce que vous avez l’habitude de manger. Tous, vous mangez trois fois par jour et donc, avant de manger, prenez votre nourriture ou votre bol et faites une offrande de nourriture avant de commencer à manger. C’est une façon très simple de faire ce genre de pratique. C’est largement suffisant de dire en français : « S’il vous plaît, prenez part à cela, Ô gourous prenez part à cela ; s’il vous plaît, Ô bouddhas prenez part à cela ; s’il vous plaît, Précieux Dharma prenez part à cela ; précieuse communauté, s’il vous plaît, prenez part à cela », c’est de cette façon que vous faites une offrande. Nul besoin de le faire dans des langues exotiques d’Asie.

Quand vous avez diverses représentations du Bouddha et des Trois Joyaux, vous ne devriez rien poser dessus : ni vos habits, ni votre rosaire, rien de la sorte, c’est irrespectueux. De même, quand vous regardez des peintures du Bouddha, vous ne devriez pas les critiquer, en disant que ce bouddha louche ou qu’il a un drôle de nez, etc. Si vous voyez un défaut, vous pouvez dire, par exemple, que le peintre n’était pas un très bon peintre ; vous pouvez dire cela, mais vous ne devriez pas dire que le Bouddha a un œil de travers ou que c’est un Bouddha mal fichu, car c’est rabaisser le Bouddha. En outre vous ne devriez pas utiliser des statues de bouddha, et des objets de cet ordre, comme garantie pour avoir de l’argent, disons, chez un prêteur sur gage.

Il y a l’histoire de quelqu’un qui avait trouvé une petite statue en terre d’un bouddha sur le sol et, comme il commençait de pleuvoir et qu’il craignait que la statue du bouddha ne fonde avec la pluie, cette personne enleva sa chaussure et la posa sur la statue pour la protéger. Une autre personne passant par là vit cela, et pensa que mettre une chaussure sur une statue d’un bouddha était complètement fautif, il enleva donc la chaussure. Quand vous considérez ces deux personnes, toutes deux avaient un état d’esprit très pur dans ce qu’elles faisaient. Par ailleurs, vous devez faire usage de votre bon sens, par exemple, en général vous ne devriez pas poser votre rosaire sur un texte, mais s’il y a un vent fort, alors les circonstances demandent que vous mettiez quelque chose dessus pour que les pages ne soient pas emportées par le vent. Dans ce cas, vous avez une bonne raison et une pensée pure, vous pouvez donc poser un chapelet sur un texte bien que normalement vous n’y soyez pas autorisé. Vous devez donc utiliser votre bon sens.

En général, vous ne devriez vous servir d’aucune sorte de papier avec des mots écrits ou imprimés dessus dans un but sale et vil. Par exemple, utiliser du papier journal, avec des mots imprimés, pour envelopper des déchets ou pour envelopper vos chaussures, c’est manquer de respect pour les mots écrits. Poser vos livres sur le sol sans un tissu dessous est pareillement irrespectueux. En outre, quand vous tournez les pages d’un livre, vous ne devriez pas mouiller vos doigts avec de la salive. Si vous devez humidifier vos doigts pour tourner les pages, alors vous devriez avoir un petit bol d’eau, ou une éponge humide à côté, et utiliser cela ; mais n’utilisez pas la salive. Si vous dirigez une imprimerie, vous servir de l’argent que vous gagnez en vendant des livres en vue d’être en mesure d’imprimer et de publier plus de livres, c’est correct, mais utiliser le profit que vous faites en fabriquant et en vendant des livres simplement pour acheter votre propre nourriture ou gagner votre vie, c’est quelque chose d’incorrect.

Il est important de réfléchir à tous ces points concernant la précieuse renaissance humaine dont vous disposez : le fait que vous pouvez la perdre, que vous la perdrez avec la mort ; qu’aucune situation ne demeure statique ; que votre mort viendra sûrement ; et réfléchissez également à la possibilité de tomber dans des renaissances inférieures. Servez-vous de tout cela pour vous motiver à prendre une direction sûre et fiable dans votre vie, à trouver un refuge.

Pensez par exemple à ce que cela serait si vous deviez mourir à l’instant et renaître dans un enfer chaud complètement environné de flammes ? Ou si vous deviez renaître dans un chaudron d’eau en pleine ébullition, que feriez-vous alors ? Imaginant que cela vous arrive, vous éprouveriez un grand effroi mêlé d’horreur et vous vous serviriez de cela pour vous motiver et répéter : « Ô vous, tous les gourous, donnez-moi une direction sûre pour me sortir de là, procurez-moi une direction. » Pratiquez ainsi.

La première étape consiste à penser que vous avez déjà pris renaissance dans un des enfers et que vous demandez une direction sûre pour en sortir. Dans l’étape suivante, vous pensez que vous n’avez pas encore pris renaissance dans un des enfers mais que vous vous tenez juste sur le bord, que vous êtes sur le point de mourir et d’y tomber, et à nouveau vous répétez votre demande de direction sûre pour en sortir. Puis, dans la troisième étape, vous pensez que vous n’avez pas déjà repris naissance dans un enfer ni que vous êtes sur le point d’y tomber, mais que vous disposez d’environ un mois avant d’y tomber et qu’alors, sur ces données, vous pensez très fort : « Ô maîtres, Ô gourous, procurez-moi une direction sûre pour me sortir de là. » Ces pensées vous fournissent une puissante motivation. Alors, vous répétez une nouvelle fois cette formule de refuge et vous vous motivez fortement pour prendre toutes les mesures préventives. Telle est la manière pour vous de faire véritablement une bonne pratique de prise de direction sûre et fiable dans la vie, en plaçant votre vie dans cette direction et en la prenant des maîtres, des bouddhas, du Dharma et du Sangha.

La pratique de générer la bodhichitta

Après avoir fait cela, vous devriez dédier votre cœur totalement pour réaliser l’état d’illumination. Vous devriez dédier votre cœur totalement aux autres et à la réalisation de l’état illuminé en sorte d’être capable de les aider tous. Autrement dit, vous développez la bodhichitta. La manière de pratiquer est d’effectuer ces divers cycles avec les lumières et les nectars venant vers vous, de prendre une direction sûre et fiable dans la vie comme refuge, et après cela, de dédier votre cœur totalement aux autres et de réaliser l’illumination. En conclusion, vous imaginez que le bouddha visualisé en face de vous vient se dissoudre en vous et que vous-même devenez illuminé. Vous devenez vraiment un bouddha, et vous vous visualisez sous la forme du Bouddha Shakyamouni. Puis vous imaginez que vous émettez des rayons de lumière, etc., allant de vous vers tous les êtres autour de vous.

Auparavant, quand vous faisiez la pratique de la prise de direction sûre et fiable, vous la faisiez en vue d’aider tout le monde. Puis, vous dédiiez votre cœur pour être en mesure d’aider tout le monde en devenant illuminé, et maintenant vous imaginez que vous l’êtes devenu, que vous êtes le Bouddha Shakyamouni émettant ces rayons de lumière, et en vérité vous illuminez tous les autres êtres et effacer tous leurs problèmes. À leur tour, tous deviennent Bouddha Shakyamouni et vous visualisez tout le monde sous cette forme. Si vous faites ce genre de pratique, vous trouverez que c’est extrêmement bénéfique. Des questions ? 

Je reviens au point où Rimpotché disait que grâce à vos actions vertueuses antérieures, vous êtes maintenant à l’aise, avec de l’argent et des biens, peu importe, et qu’il est tout simplement incorrect d’en disposer.

Dr. Berzin : Rimpotché a dit : « de les jeter dans la rivière ».

Très juste. Dès lors, l’exemple du Bouddha abandonnant simplement tous ses biens me vient à l’esprit, il ne les a pas jetés dans la rivière mais il y a renoncé. Il a continué sans jamais rien réclamer à leur sujet et cela m’a perturbé un peu. D’autre part, le maître Zen Dôgen, qui a introduit le Zen Soto au Japon et était considéré comme l’un des plus grands maîtres là-bas, a utilisé l’exemple suivant pour expliquer l’esprit de ferme renoncement. Un marchand passablement riche qui s’était intéressé au Dharma a pris toutes ses peintures de valeur, les a mises dans une grand chariot et a commencé à rouler en direction de l’océan, ce qui revient à peu près au même que de les jeter dans la rivière. Quelqu’un l’arrêta et lui dit combien stupide il était, et comment nombre de gens pouvaient les utiliser, et le marchand répondit : « Bon, je les vois comme un fardeau. Pourquoi voudrais-je les donner à quelqu’un d’autre ? » Ceci fut signalé comme un grand exemple de totale implication dans le Dharma.

Tout d’abord, prenons le premier exemple du Bouddha renonçant à tout et s’en allant : il n’a pas emmené sa richesse avec lui et ne l’a pas non plus jetée aux orties, mais il l’a laissée à sa femme et à son enfant, c’est ainsi qu’il est parti.  Cela ne veut pas dire qu’il l’a jetée, car il a pourvu aux besoins de sa femme et de sa famille. L’exemple que vous citez du maître Zen illustre un point différent. Vous devez essayer de comprendre que les divers enseignements sont délivrés afin d’illustrer des points différents, chacun d’entre eux pouvant être également valide. Donc, la question que j’essayai de soulever avant, c’est que vous ne devriez pas penser que vous devez jeter tout ce que vous possédez à la poubelle afin de pratiquer le Dharma. Ce serait du gâchis et vous passeriez à côté de la question. Vous devez utiliser ce que vous avez de manière constructive, c’est de cela qu’il s’agit ici, tandis que dans l’exemple Zen il s’agit d’un point différent.

Au Tibet aussi, il y a de nombreux lamas différents avec différents styles d’enseignement, et qui font diverses choses afin d’illustrer différents points. Par exemple, il y avait un lama qui vivait en haut d’une montagne et quand quelqu’un lui fit des offrandes il les jeta en bas de la montagne dans un endroit désert où il n’y avait personne. Le lama vit que la personne qui lui faisait des offrandes avait une motivation impure et le point qu’il voulait illustrer en les rejetant au loin était que de telles offrandes sont inutiles. D’un autre côté, l’exemple précédent parlait de nous en tant que gens ordinaires. Nous ne devrions pas penser qu’afin de pratiquer le Dharma nous devons prendre tout ce que nous avons et le jeter à la poubelle ; ce n’est pas du tout une façon raisonnable de procéder. Mais si, comme Dôgen, vous avez jeté quelque chose dont vous pensez qu’elle ne vous apporte que des soucis et des difficultés, et qu’elle ne fera qu’en donner à quiconque vous pourriez l’offrir, il s’agit d’une question complètement différente. C’est également une manière de pratiquer le Dharma ; c’est un type d’attitude spirituelle correct. Mais si vous utilisez votre richesse afin de soutenir une communauté spirituelle qui rencontre des difficultés en sorte que tous puissent manger et avoir les conditions adéquates pour pratiquer, c’est un très bon usage de votre richesse. C’est la raison pour laquelle je disais auparavant qu’il y avait une personne qui avait enlevé sa chaussure pour la mettre sur une statue en terre du Bouddha, et qu’il y en avait une autre qui l’avait ôtée de dessus la statue, et que toutes deux accomplissaient une pratique très pure et sincère du Dharma, bien qu’ils eussent des points de vue complètement différents en tête. 

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